Solidarité avec la résistance des ukrainien·nes. Retrait immédiat et sans condition des troupes russes [19] 

  • Etienne Balibar : Sur la guerre européenne au 21ème jour
  • Ukraine : une pétition des salariés ukrainiens de Leroy Merlin
  • Vietnam : Des militants empêchés de participer à un événement en Ukraine
  • Le Syndicat indépendant des universités de Russie revendique le droit pour tout citoyen d’exprimer une position anti-guerre.
  • Nous, avocat/e/s & gens de droit, appelons les professions juridiques à soutenir sans délai les avocat/e/s d’Ukraine
  • Aleksandr Dugin est le prophète réactionnaire de l’ultranationalisme russe. Un entretien avec Benjamin Teitelbaum
  • Résolution de la CES sur l’Ukraine
  • La Gauche et l’Ukraine (débat)
  • Charles R. Davis : Les socialistes démocratiques ukrainiens favorables à l’envoi d’armes pour combattre l’« agression impérialiste » de la Russie
  • Sin Fein : L’invasion russe de l’Ukraine est une agression
  • Patrick Cockburn : Marioupol. La ville est peut-être détruite, mais des exemples nous ont appris que même les ruines peuvent être défendues
  • Stephen Cornish : Marioupol écrasée par l’état de siège


Sur la guerre européenne au 21ème jour

Avec l’aimable autorisation de l’auteur

Dans une situation d’incertitude aussi tragique, en constante évolution, il faut prendre position sans équivoque. Ou du moins il faut essayer. Le philosophe, parfois crédité de lumières particulières, n’est pas le mieux placé pour cela. Car, d’un côté, le philosophe n’a pas de privilège : il est un citoyen parmi d’autres, sommé comme eux de répondre à l’urgence, cherchant à s’informer pour choisir son camp dans les « différends » politiques. Pensons au décret de Solon (VIIe-VIe siècle av. J.C.) frappant de bannissement quiconque prétendrait rester neutre dans les conflits de la cité… Mais de l’autre sa « vocation » comporte une sorte de devoir d’état, disons « parrêsiastique », qui est d’être en désaccord ou de différer à l’intérieur de son propre camp, pour en déceler les points aveugles. Et ceux-ci ne manquent jamais. Répondant à la demande de Philomag, je me risque donc à quelques « complications » (sans exhaustivité).

1. Je dirai d’abord que la guerre des Ukrainiens contre l’invasion russe est une guerre juste, au sens fort du terme. Je sais bien que cette catégorie est douteuse, et que sa longue histoire en Occident (de Saint Augustin à Michael Walzer) n’est exempte ni de manipulations ou d’hypocrisie ni d’illusions désastreuses, mais je n’en vois pas d’autre qui convienne et je la reprends en lui ajoutant les précisions suivantes : la guerre « juste », c’est une guerre dont il ne suffit pas de reconnaître la légitimité du côté de ceux qui se défendent contre une agression (critère du droit international), mais dans laquelle il faut s’engager à leurs côtés ; et c’est une guerre dans laquelle même ceux (dont je suis) pour qui toute guerre (ou toute guerre aujourd’hui, dans l’état du monde) est inacceptable ou désastreuse, n’ont pourtant pas le choix de rester passifs. Car la conséquence en serait encore pire. Je n’éprouve donc aucun enthousiasme, mais je choisis : contre Poutine.

2. Telle qu’elle se développe sous nos yeux, la guerre en Ukraine (et donc en Europe : l’Ukraine, la Russie sont des nations européennes) est à double face. Elle a deux caractéristiques. C’est, localement, une guerre « totale » contre un peuple que le danger d’anéantissement a mobilisé dans une unité patriotique qui efface ses divisions traditionnelles, une guerre de destruction et de terreur conduite par l’armée d’un pays voisin plus grand et plus puissant, que son gouvernement veut enrôler dans une aventure impérialiste sans possibilité de retour. Mais c’est aussi, plus largement, une guerre « hybride » dans laquelle ce même voisin, avec quelques alliés dispersés dans le monde, aux intérêts et aux principes très hétérogènes, affronte le reste de l’Europe (dont nous faisons partie), qui est aussi le détachement avancé de l’OTAN, c’est-à-dire d’une alliance militaire également impérialiste, survivante d’un autre âge mais actuellement incontournable. Cet affrontement se déroule sur le terrain des armements, des mobilisations de troupes, des communications et de l’information, mais surtout des pressions et des contre-pressions économiques, qui s’avèrent figurer au cœur de la guerre moderne. Plus elle va durer, plus, semble-t-il, ces deux aspects deviendront inextricables. Chacun imposera à l’autre sa « logique », sa « logistique » et sa durée propre.

3. On ne peut qu’être effroyablement pessimiste quant aux développements à venir (je le suis), ce qui veut dire que les chances d’éviter le désastre sont infimes. Pour trois raisons au moins. Premièrement l’escalade est probable, surtout si la résistance à l’invasion réussit à se prolonger, et elle peut ne pas s’arrêter aux armes « conventionnelles » (dont la frontière avec les « armes de destruction massive » est devenue très floue). Du côté de la guerre « totale » elle va achever de détruire sous nos yeux un pays, une civilisation. Du côté de la guerre « hybride », elle va avoir des coûts gigantesques dans le monde entier (par exemple en termes de ressources alimentaires pour les populations du Nord et surtout du Sud). Deuxièmement, si la guerre aboutit à un « résultat », celui-ci sera désastreux en tout état de cause : si Poutine arrive à ses fins, évidemment, par l’écrasement du peuple ukrainien et l’encouragement apporté à d’autres entreprises semblables ; s’il est contraint de s’arrêter ou de reculer, par le retour à la politique de blocs dans laquelle se figera le monde. Dans les deux hypothèses, par la flambée du nationalisme et de la haine dans laquelle on s’enfoncera pour longtemps. Troisièmement, enfin, parce que la guerre (et ses suites) retardent la mobilisation de la planète contre la catastrophe climatique et même contribuent à précipiter celle-ci, alors que trop de temps a déjà été perdu.

4. La guerre crée une situation politique totalement nouvelle en Europe et pour l’Europe, c’est-à-dire pour sa « constitution » et sa « construction ». L’aspect qu’on souligne le plus, c’est le renforcement par en haut de la cohésion étatique, en particulier à travers la militarisation de l’Union et la relance du débat sur sa « souveraineté ». S’y ajoutent des débats loin d’être clos sur l’intérêt ou non de procéder immédiatement à des « élargissements » dans une situation d’exception : s’agit-il ou non d’une garantie de sécurité, et pour qui ? d’une forme d’escalade ? Mais il y en a un autre, tout aussi déterminant à terme : celui qu’engendre l’afflux des réfugiés ukrainiens sur le territoire de l’UE, sans précédent depuis les déplacements de population au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Il s’agit là, et sur une échelle encore élargie, de ce que j’avais appelé en 2015 (quand la chancelière Merkel prit, seule contre tous, la décision d’accueillir les réfugiés de Syrie) un « élargissement démographique » de l’UE. Le territoire ukrainien (et notamment les villes rasées par l’aviation) devenant inhabitable, ces millions de réfugiés ne retourneront pas « à la maison » de sitôt. Il faudra donc bien qu’ils soient aussi « chez eux » dans l’UE. Les mesures d’urgence actuelles sont un premier pas, mais il faudra qu’il y en ait d’autres. Ou, pour le dire selon un autre code : l’Ukraine est déjà entrée en Europe dans les faits, par une fraction de sa population « en exil ». La frontière s’est déplacée vers l’Ouest. Reste à trouver la formule institutionnelle de cette intégration…

5. Un danger majeur – peut-être le principal si on se situe sur le terrain de ce que Clausewitz appelait le « facteur moral » de la guerre – réside dans la tentation de mobiliser les opinions publiques qui, à juste titre, sympathisent avec les Ukrainiens, dans la forme d’une russophobie dont on voit ici ou là les symptômes, alimentés de demi-connaissances sur l’histoire russe et soviétique, et de confusion volontaire ou involontaire entre les sentiments du peuple russe et l’idéologie du régime « oligarchique » actuel. Appeler à sanctionner ou boycotter des artistes, des institutions culturelles et universitaires dont les liens avec le régime et ses dirigeants seraient avérés est une arme qui va de soi (même s’il y a lieu d’observer sans complaisance le grand écart qui se creuse entre les appels intransigeants au boycott culturel et la réalité des compromis qui continuent d’être passés sur le terrain des « sanctions économiques », en particulier pour ce qui concerne les achats de gaz et leur financement). Mais stigmatiser la culture russe comme telle est une aberration, s’il est vrai qu’une des rares chances d’échapper au désastre repose sur l’opinion russe elle-même. Et demander aux citoyens d’une dictature policière de « prendre position » s’ils veulent continuer d’être accueillis dans nos « démocraties » est une obscénité.

6. Toutes les complications « philosophiques » qu’on peut vouloir introduire (et il y en aurait d’autres), soit dans une perspective de court terme, soit en vue du long terme, ne peuvent cependant occulter l’urgence. Or l’urgence, l’impératif immédiat, c’est que la résistance des Ukrainiens tienne bon, et pour cela qu’elle soit et se sente soutenue réellement, par des actions et non de simples sentiments. Quelles actions ? Ici commence le débat tactique, le calcul de l’efficacité et des risques, de la « défensive » et de « l’offensive ». Toute forme d’engagement dans une guerre ou pour en influencer le cours n’est pas une tactique intelligente (encore une formule de Clausewitz qui nous revient : la direction de la guerre, c’est « l’intelligence de l’Etat personnifiée »…). Les exemples abondent de tactiques capables de précipiter la défaite. Ou pire. Mais l’intelligence n’est pas de voir venir. Wait and see n’est pas une option.

Etienne Balibar

Texte publié sur Philosophie Magazine

https://www.philomag.com/#node-34883

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Ukraine : une pétition des salariés ukrainiens de Leroy Merlin

Lettre ouverte aux dirigeants mondiaux d’ADEO et à l’Association Familiale Mulliez (AFM), de toutes les personnes concernées par la décision de l’AFM, dont Leroy Merlin, de poursuivre ses activités en Russie

Dès le premier jour de la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine, les magasins Leroy Merlin Ukraine ont fermé leurs portes à leurs clients et leurs employés ont commencé à travailler à titre gratuit, exclusivement avec des volontaires, l’armée ukrainienne et la défense territoriale, pour renforcer les positions des militaires, mettre en place des points de contrôle, des abris anti-bombes et d’autres installations pour se protéger contre les actions agressives des occupants russes et des saboteurs.

Au même moment, les collaborateurs de Leroy Merlin Ukraine ont été informés de la décision du groupe ADEO de continuer son activité en Russie (il s’agit de Leroy Merlin Russie).

Leroy Merlin Russie compte parmi les dix plus gros contribuables de Russie.

Chaque jour de travail de cette entreprise, chaque rouble apporté au budget de l’Etat-agresseur sous la forme d’impôts, aide à financer l’armée et à détruire encore plus de vies ukrainiennes, parmi lesquelles celles d’enfants, de femmes enceintes, de personnes en territoire occupé qui se trouvant dans une situation de crise humanitaire.

Il faut souligner que le Groupe ADEO (maison mère de Leroy Merlin) fait partie de l’Association Familiale Mulliez (AFM), entreprise multinationale de la famille Mulliez, l’un des plus riches empires commerciaux familiaux de France. AFM comprend aussi des sociétés telles qu’Auchan et Decathlon, qui continuent également leur activité en Russie. Si l’on additionne les impôts payés par ces trois sociétés en Russie, cette multinationale monte encore plus haut parmi les contribuables au budget du pays agresseur.

La position du groupe ADEO concernant la solidarité avec ses collaborateurs, notamment russes, ne ne peut supporter la comparaison avec le fait qu’un soutien aussi important à l’économie du pays-tueur n’est rien d’autre qu’une collaboration à un crime contre 42 millions d’Ukrainiens.

Malgré l’escalade des hostilités de la part de la Russie et, par conséquent, l’augmentation incontrôlable des décès d’Ukrainiens dus aux frappes aériennes et aux missiles, il est prévu d’élargir la gamme et les emplois de Leroy Merlin Russie pour soutenir l’économie terroriste et continuer cette guerre agressive.

C’est inadmissible !

« Human first », « L’Homme au cœur de l’entreprise » : depuis des années, le groupe ADEO affiche et met en œuvre ses principes auprès de ses collaborateurs, non seulement au sein de Leroy Merlin Ukraine mais aussi partout dans le monde.

On aimerait croire qu’ADEO reste fidèle à ces valeurs.

  • Nous, citoyens ukrainiens, qui sommes maintenant contraints de défendre notre pays, nos vies, la vie de nos enfants, parents et amis,

  • Nous, citoyens de l’Union européenne et des autres démocraties du monde, qui sommes avant tout des HUMAINS qui démontrent au monde entier notre capacité à défendre les valeurs humaines et démocratiques,

  • NOUS appelons CHACUN catégoriquement à arrêter le business en Russie, ce qui privera à son tour l’agresseur de la possibilité de financer les hostilités et les massacres en Ukraine.

Nous voulons que nos revendications soient entendues, comprises et traitées de manière adéquate tant au niveau des dirigeants du Groupe Adeo qu’au niveau de l’Association Familiale le Mulliez (AFM).

Aidez-nous, aidez le monde entier à retenir l’agresseur, arrêtez le business en Russie ! Prouvez au monde entier que les valeurs universelles : préservation de la vie humaine, décence, honnêteté, dignité et empathie, sont supérieures à la performance, aux résultats financiers, au chiffre d’affaires et à l’argent !

Passez ce test d’Humanité !

Arrêtez le business en Russie !! Nous voulons croire qu’ADEO est restée fidèle à ses principes.

Nous sommes les citoyens de l’Ukraine, qui sont maintenant obligés de défendre notre pays, nos vies, les vies de nos enfants, de nos parents et de nos amis,

Nous sommes les citoyens de l’Union européenne et des autres pays démocratiques du monde, qui sont avant tout des PEUPLES, qui démontrent au monde entier leur capacité à défendre les valeurs humaines et démocratiques,

NOUS demandons tous instamment à ADEO GROUP et à AFM de cesser leurs activités en Russie, ce qui privera l’agresseur de la possibilité de financer les hostilités et les meurtres de masse en Ukraine.

Nous voulons être entendus, compris et répondre au niveau des dirigeants du Groupe Adeo et de l’Association Familiale Mulliez (AFM).

Aidez-nous, aidez le monde entier à retenir l’agresseur, à arrêter les affaires dans la fédération russe ! Prouvez au monde entier que les valeurs humaines globales : préservation de la vie humaine, décence, honnêteté, dignité et empathie sont plus importantes que les résultats financiers, le chiffre d’affaires et l’argent !

Passez le test d’humanité !

20 mars 2022

Leroy Merlin Ukraine de Kyiv

http://www.laboursolidarity.org/Ukraine-une-petition-des-salaries

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Vietnam : Des militants empêchés de participer à un événement en Ukraine

Mettez fin aux restrictions à la liberté de mouvement motivées par des considérations politiques

(Bangkok) – Les autorités vietnamiennes ont empêché plusieurs partisans de la démocratie d’assister à un événement organisé à Hanoi pour soutenir l’Ukraine le 5 mars 2022, après l’invasion russe, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. L’ambassade d’Ukraine organisait « un bazar de charité destiné à collecter des fonds pour les personnes dans le besoin en Ukraine ».

Le gouvernement vietnamien viole régulièrement la liberté de mouvement et d’autres droits fondamentaux en soumettant des militants, des dissidents, des défenseurs des droits de l’homme et d’autres personnes à une assignation à résidence pour une durée indéterminée, à un harcèlement et à d’autres formes de détention pour les empêcher d’assister à des manifestations, des procès pénaux, des rencontres avec des dignitaires étrangers et d’autres événements. Parfois, les autorités détiennent les personnes juste assez longtemps pour leur faire manquer l’événement.

« Les agents de sécurité vietnamiens restreignent fréquemment les mouvements des militants, les empêchant de quitter leur domicile ou leur quartier pour les empêcher d’assister à un événement que le gouvernement considère comme problématique », a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint pour l’Asie à Human Rights Watch. « Maintenant, le gouvernement vietnamien a étendu sa politique de répression du militantisme en empêchant les gens de manifester leur soutien au peuple ukrainien assiégé. »

Hoang Ha (connue sous le nom de Song Que), une militante des droits de l’homme, a indiqué que la veille de l’événement caritatif ukrainien, des agents de sécurité des districts et des quartiers lui ont demandé si elle comptait y assister. Le matin du 5 mars, un agent de sécurité en civil l’a empêchée de sortir de chez elle, alors qu’elle avait promis de se rendre uniquement chez un ami pour le déjeuner.

Dang Bich Phuong a écrit sur sa page Facebook : « Peuple ukrainien, s’il vous plaît, sympathisez avec nous. Lorsque nous exprimons notre soutien en ligne, nos comptes sont bloqués. Lorsque nous avons essayé de descendre dans la rue pour vous soutenir, ils ont bloqué nos portes. Au moins, les Ukrainiens jouissent de plus de liberté que nous ». Parmi les six amis que Dang Bich Phuong avait invités à déjeuner chez elle avant de se rendre à l’événement caritatif dans l’après-midi, seuls trois ont été autorisés à se rendre chez elle. Chacune d’entre elles était accompagnée d’une « filature » de deux agents de sécurité à qui l’on avait apparemment demandé de les empêcher de se rendre au bazar après le déjeuner. Dang Bich Phuong a écrit que, lorsqu’elle est descendue chercher la nourriture qu’elle avait commandée, elle a vu « une rangée de six types assis dans le hall ». En conséquence, Dang Bich Phuong et ses amies ont compris qu’elles ne seraient pas autorisées à se rendre au bazar.

Les agents de sécurité ont empêché au moins huit militants de la démocratie de se rendre à l’événement organisé par l’ambassade d’Ukraine : Nguyen Xuan Dien, Hoang Ha, Nguyen Nguyen Binh, Nguyen Khanh Tram, Nguyen Van Vien, Pham Thi Lan (épouse du prisonnier politique Nguyen Tuong Thuy), Dang Bich Phuong et Nguyen Hoang Anh.

Lors du vote du 2 mars 2022 à l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’adoption d’une résolution appelant la Russie à mettre fin à son offensive militaire en Ukraine et dénonçant les violations par la Russie du droit international humanitaire et des droits de l’homme, le Vietnam s’est abstenu.

Comme Human Rights Watch l’a détaillé dans son rapport de février, « Locked Inside Our Home : Locked Inside Our Home : Movement Restrictions on Rights Activists in Vietnam », le gouvernement vietnamien utilise fréquemment diverses méthodes pour maintenir les gens en résidence surveillée, notamment en postant des agents de sécurité en civil à l’extérieur des maisons, en utilisant des cadenas pour enfermer les gens à l’intérieur, en érigeant des barrages routiers et d’autres barrières pour empêcher les gens de sortir de chez eux et les autres d’y entrer, en mobilisant les voyous du voisinage pour intimider les gens afin qu’ils restent chez eux, et en appliquant des adhésifs très forts – comme de la « superglue » – sur les serrures.

Dans une autre affaire, le 2 mars, le poète Thai Hao a quitté sa maison de Thanh Hoa pour l’aéroport. Il prévoyait de s’envoler pour Ho Chi Minh-Ville afin de recevoir un prix de poésie lors d’une cérémonie informelle organisée par le groupe littéraire Van Viet. Thai Hao a indiqué qu’avant son voyage, des agents de sécurité s’étaient rendus chez lui et lui avaient « conseillé » de ne pas y aller. Il était déterminé à y aller, mais avant qu’il ne puisse aller très loin, des policiers en uniforme l’ont arrêté sur la route. Deux hommes en civil ont alors traversé la rue et l’ont attaqué, le frappant au visage.

Dans un premier temps, les policiers en uniforme ne sont pas intervenus. Ce n’est que lorsque Thai Hao a crié à plusieurs reprises pour demander de l’aide que les policiers présents sur les lieux ont dit aux deux hommes d’arrêter de le frapper. La police a infligé une amende à Thai Hao pour infraction au code de la route et l’a emmené au poste de police, où il est resté trois heures. Thai Hao a manqué son vol et a dû rentrer chez lui.

Hoang Hung, un poète qui a participé à l’organisation du rassemblement informel de Van Viet, a écrit que les autorités ont empêché tous les invités qui ne vivaient pas à Ho Chi Minh-Ville de participer à l’événement. Ceux qui vivaient à Hô Chi Minh-Ville se sont réunis dans un café le 3 mars, entourés d’agents de sécurité en civil. Lorsqu’un participant a levé un papier sur lequel figuraient les noms des lauréats, un agent de sécurité lui a arraché le papier des mains.

Le 7 mars, Van Viet a publié une lettre qui « dénonce l’obstruction du gouvernement à l’attribution de ses prix et le harcèlement de ses lauréats ».

« La police et les agents de sécurité vietnamiens harcèlent et maltraitent les critiques et les militants des droits de l’homme de la manière la plus flagrante, toujours en toute impunité », a déclaré M. Robertson. « Les gouvernements concernés devraient condamner d’urgence cette litanie d’abus et appeler à la fin des violations par les autorités du droit des personnes à la liberté de mouvement en raison de leurs croyances et de leur discours. »

https://www.hrw.org/news/2022/03/16/vietnam-activists-blocked-ukraine-event#

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

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NonGuerre

Le Syndicat indépendant des universités de Russie revendique le droit pour tout citoyen d’exprimer une position anti-guerre.

Version française :

La dénommée « opération spéciale des forces armées russes sur le territoire ukrainien », entrainant pertes humaines et destructions, aggrave également terriblement la situation des droits de l’homme en Russie même. Les médias de masse indépendants de l’État sont fermés, les réseaux de médias sociaux sont bloqués, et des lois sont adoptées qui limitent considérablement la liberté d’expression. En réalité, c’est l’introduction d’une censure de type militaire.

Les droits des enseignants sur leur lieu de travail et les libertés académiques sont eux aussi menacés. Les administrations universitaires font pression sur les salariés de l’enseignement supérieur qui s’opposent à l’action militaire. Plusieurs collègues ont été contraints de quitter leur emploi. De tels faits ont été signalés à la Faculté de droit de l’État de Saratov, à l’Université syndicale des sciences humaines de Saint-Pétersbourg, à l’Université d’État de médecine pédiatrique de Saint-Pétersbourg, à l’Institut pédagogique d’État de l’Oural, à l’Université d’État d’Adyguée, à l’Université nationale de recherche – École supérieure d’économie – et dans plusieurs autres. Les étudiants sont également mis sous pression : pour avoir participé à des manifestations pacifiques contre l’action militaire, ils sont menacés de sanctions et d’expulsion des établissements d’enseignement supérieur.

Le syndicat Solidarité universitaire condamne avec force toute persécution d’enseignants et d’étudiants pour leur activité civile. Nous appelons tous les collègues confrontés à des violations de leurs droits dans leur travail à envoyer des informations à notre syndicat à ce sujet et à rejoindre Solidarité universitaire, afin que nous puissions nous unir et lutter contre tous les abus des administrateurs de l’éducation.

Dans le même temps, une campagne internationale visant à isoler la Russie se développe rapidement, comprenant des mesures pour couper tout contact avec la communauté universitaire russe. La recherche, qui est internationale par nature, ne peut se développer en vase clos. On est très loin d’un soutien de tous les chercheurs et enseignants russes à la dite opération spéciale, et donc un boycott académique total qui les touche serait illogique et dommageable. Nous appelons la communauté internationale de la recherche et de l’enseignement à agir en solidarité avec nos collègues ukrainiens et russes.

Il ne fait aucun doute que l’isolement de la Russie entraînera un déclin économique massif, une aggravation des problèmes sociaux et, par conséquent, une baisse du niveau de vie. La forte hausse des prix à la consommation se traduit déjà par une détérioration substantielle de la situation de tous les citoyens russes, enseignants compris.

Aujourd’hui, alors que l’on nous impose la propagande de caserne du patriotisme militaire, il est important de le souligner : le véritable patriotisme ne consiste pas à satisfaire les autorités de l’État et à cautionner tout ce qu’elles font, mais à s’efforcer d’affirmer dans son pays les principes de justice, d’humanisme et de paix. Nous espérons que cette compréhension de l’amour pour son pays est partagée par la majorité de nos collègues.

Par la lutte nous ferons valoir nos droits !

https://unisolidarity.ru/?p=8903

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Nous, avocat/e/s & gens de droit, appelons les professions juridiques à soutenir sans délai les avocat/e/s d’Ukraine

Communiqué de presse

Versailles & Québec, mardi 15 mars 2022

§1. – Nous, avocat/e/s & gens de droit francophones & français/es pour l’Ukraine : A2F UKRAINE ; appelons les juristes & toute personne attachée aux valeurs d’un État de droit à soutenir les avocat/e/s & gens de droit ukrainien/ne/s.

§2. – A2F UKRAINE invite d’abord à suivre les consignes publiées par la FBE (Fédération des barreaux d’Europe) en vue de soutenir, par virement bancaire, les avocat/e/s ukrainien/ne/s représenté/e/s par l’UNBA («Ukraine National Bar Association»), sur son site Internet : http://www.fbe.org/statement-of-the-fbe-ukraine-2 [en].

§3. – A2F UKRAINE vous invite au préalable à solliciter de votre banque qu’elle renonce, gracieusement, aux frais contractuels en cas de virement international.

§4. – A2F UKRAINE rappelle que les acteur/e/s du droit sont parmi les premières cibles des dictatures. En 1940, les massacres commis en Pologne, notamment à Katyń par l’armée alors « soviétique » les visaient aussi. En 2022, la brutalité du président POUTINE, qui bombarde des populations civiles & menace du feu nucléaire, présage du pire.

§5. – Alors que des «kill lists» russes viseraient les personnes susceptibles de défendre les valeurs d’un État de droit, la communauté du droit – comme déjà celles des arts ou des sciences [1] – peut s’exprimer en suivant ou cosignant cet appel : fb.me/A2F.Ukraine.

1er/e/s signataires. – Me David AUERBACH, avocat au barreau de Versailles (david.auerbach.avocat@gmail.com) ; Me Emmanuel DAOUD, avocat associé au barreau de Paris, ancien membre du conseil de l’Ordre, inscrit sur la liste des conseils de la CPI, Cour pénale internationale (daoud@vigo-avocats.com) ; Me François BORDELEAU, avocat criminaliste au barreau du Québec [2] ; M. Jérôme BENZIMRA-HAZAN (université Paris-II Panthéon-Assas);  Me Jade LEMAIRE, avocate (Val-d’Oise);  Me Afsanekh KHAKPOUR, docteure en droit, avocate (Versailles); Me Freddy BRILLON, avocat (Paris; président du Crom, Cercle de réflexion sur les outre-mers & membre du Crefom, Conseil représentatif des Français/es d’outre-mer); Me Daniel MUGERIN, avocat (Paris) [2] ; Mlle N’nan Djénéba TESSOUGUE, étudiante en master en droit de la santé (universités d’Évry & de Paris-Saclay) ; Mlle Fatou DEME, étudiante en master en droit des affaires (université de Paris-Saclay)

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Aleksandr Dugin est le prophète réactionnaire de l’ultranationalisme russe

Un entretien avec Benjamin Teitelbaum

La plupart des gens n’ont jamais entendu parler d’Alexandr Dugin ou de son obscure philosophie traditionaliste. Pourtant, tous deux ont discrètement exercé une influence importante sur la politique russe au cours des dernières décennies.

La plupart des gens n’ont probablement jamais entendu parler d’Alexandr Dugin ou de la tendance traditionaliste mondiale à laquelle il appartient. Mais le penseur russe – et ses analogues au Brésil, en Amérique et au-delà – ont semblé exercer une réelle influence sur la droite mondiale à partir d’une position d’ obscurité relative. Mêlant ultranationalisme et idées antimodernes, la philosophie de Dugin est discrètement devenue un élément important de la toile de fond intellectuelle du poutinisme et un objet de fascination pour les réactionnaires d’Occident.

Qui sont les traditionalistes et quelles sont leurs idées fondamentales ? Dans quelle mesure la pensée de Dugin joue-t-elle un rôle dans l’invasion actuelle de l’Ukraine par la Russie, et comment comprendre son influence sur la politique russe dans son ensemble ? Avec ces questions en tête, Luke Savage de Jacobins’est entretenu avec Benjamin Teitelbaum, professeur associé à l’Université du Colorado Boulder et auteur du livre War for Eternity (2020) : The Return of Traditionalism and the Rise of the Populist Right.

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LS : Le nationalisme est évidemment une caractéristique essentielle de la droite contemporaine, et nous avons également beaucoup entendu parler du « populisme » défini de manière plus nébuleuse depuis 2016. Votre récent livre a beaucoup à dire sur ces choses, mais il s’intéresse à quelque chose d’un peu plus obscur appelé le traditionalisme.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce terme, qu’est-ce que le traditionalisme et comment caractériseriez-vous son rôle/influence à travers l’extrême droite mondiale ?

BT : Le traditionalisme est avant tout une école spirituelle et religieuse plutôt qu’une idéologie politique. Il s’infiltre dans l’extrême droite, mais c’est certainement plus que cela aussi. Certains disent qu’il n’a aucun rapport avec la droite et je ne les crois pas. Ce n’est pas un hasard si, lorsqu’elle croise la politique, elle y entre par la vieille droite non libérale.

En ce qui concerne la politique, les traditionalistes croient qu’il existait autrefois une véritable religion – laTradition avec un T majuscule – qui s’est perdue au fil des âges et dont les vérités et les idées se sont fragmentées en diverses traditions à travers le monde. L’hindouisme, pense-t-on, est la meilleure de ces traditions en raison de son ancienneté et de sa préservation intégrale. Mais aussi l’islam ésotérique, le christianisme, et toutes ces branches. Et le traditionaliste se consacre à l’une de ces branches, le plus souvent en s’engageant dans une sorte de religion comparative pour essayer de reconstruire ce qu’était cette Tradition.

Les deux éléments qui ont compté pour les personnalités qui ont porté le traditionalisme en politique sont, premièrement, le temps cyclique : la croyance que le temps n’est pas linéaire et que nous revenons toujours à un passé. Et plus précisément que le temps suit une trajectoire ou un mouvement descendant dans lequel, à mesure que le temps avance, les choses empirent, sauf à un moment exceptionnel où l’on assiste au retour d’un âge d’or, après quoi le déclin s’installe à nouveau. L’autre concept clé pour les traditionalistes est la hiérarchie sociale et une hiérarchie des castes qui ressemble beaucoup à celle de l’hindouisme, avec une caste de brahmanes au sommet et une caste de Shudras ou d’esclaves à la base – cette hiérarchie comporte un certain nombre de principes qui finissent par avoir de l’importance en politique.

L’un d’eux est l’opposition entre la spiritualité et l’immatériel. Les castes supérieures sont parfois, aux yeux de certains traditionalistes, racialisées. Si, historiquement, il y a une association entre les Aryens et les Brahmanes, par exemple, cela prend une compréhension plus moderne de l’aryanisme pour les traditionalistes, où il s’agit d’une sorte de groupe racial hyper-blanc opposé aux autres non-Aryens au bas de la hiérarchie. Le sommet est considéré comme masculin, tandis que la base est féminine ; le sommet est qualitatif, tandis que la base est quantitative dans cette hiérarchie. Et cela interagit avec le cycle du temps, de sorte que lorsque nous vivons dans un âge sombre, selon les traditionalistes, nous sommes également dans un âge défini par des poursuites matérialistes où la politique, la culture et la société ne sont pas seulement matérialistes, mais aussi quantitatives dans leurs valeurs.

Nous allons donc avoir des systèmes gouvernementaux qui sont à l’opposé des théocraties. Il s’agira plutôt de systèmes axés sur les quantités de corps – ce qui serait la démocratie, le communisme, etc. De plus, et c’est essentiel, lorsque vous passez d’un âge d’or à un âge sombre, la hiérarchie elle-même se désintègre et tout le monde tombe au niveau le plus bas. Implicitement, dans ce concept, il y a la notion que, lorsque nous sommes dans l’âge sombre, il n’y a pas de limites, il n’y a pas de frontières, nous ne souffrirons pas que quiconque ait une essence, un destin, une identité ou une place distincts.

Quelle que soit la manière dont vous pouvez imaginer étendre le concept de limites et de frontières, un traditionaliste ira dans ce sens : il peut s’agir de limites raciales, de limites entre hommes et femmes, de limites nationales, de limites épistémologiques – l’idée qu’au lieu d’une seule d’entre elles soit liée à la science des Lumières, et que le monde entier doive se plier à cette unique communauté.

Pour les traditionalistes, le moyen de s’en sortir est, tout d’abord, de traverser un âge sombre et de voir les institutions modernes qui ont permis cette nouvelle interconnexion ou cette absence de frontières s’effondrer (la destruction, en d’autres termes). Mais à sa place, ils veulent voir un nouveau monde sans frontières où les hommes et les femmes sont différents les uns des autres, où les différents groupes culturels, ethniques et raciaux sont séparés les uns des autres, où les frontières nationales réapparaissent, où les fédérations et les empires se désintègrent s’ils sont vraiment des colonisateurs, où il existe différentes conceptions de la vérité qui sont autorisées à coexister sans se mélanger et s’influencer mutuellement. C’est là le véritable objectif.

En ce qui concerne l’influence du traditionalisme sur le populisme et le nationalisme aujourd’hui, cette influence n’est pas due au fait qu’il est populaire. Il n’y a pas de masse critique de personnes, encore moins d’électeurs ou de partisans, pour ces mouvements qui s’enfuient au milieu de la nuit dans des tariqas soufies pour subvertir les épistémologies des Lumières ou autre. Au lieu de cela, l’influence traditionaliste provient d’une petite poignée d’individus très bien placés. Celles sur lesquelles je me concentre dans mon livre sont au nombre de trois : Steve Bannon, le Brésilien Olavo de Carvalho (décédé récemment) et Alexandr Dugin en Russie. Aucun d’entre eux n’est lui-même un homme politique. Aucun d’entre eux n’évangélise avec son traditionalisme ou ne semble le défendre publiquement. Mais ils ont tous une histoire avec lui. Dans le cas de Carvalho, il a été officiellement initié à une secte traditionaliste par un homme nommé Frithjof Schuon (et Carvalho porte un nom musulman soufi, ce qui est très étrange étant donné qu’il est devenu si influent dans le gouvernement de [Jair] Bolsonaro).

Aleksandr Dugin a appris l’italien afin de traduire les œuvres des penseurs traditionalistes d’extrême droite, il veut donner à des écoles le nom de penseurs traditionalistes et s’exprime en ces termes. Bannon se qualifie lui-même de traditionaliste, avec des degrés divers de qualification. Mais cela a été son intérêt constant pendant une grande partie de sa vie. Il semble être un véritable dilettante à d’autres égards – passant d’une personne à l’autre, d’un emploi à l’autre, d’une quête à l’autre – mais il s’intéresse à la spiritualité alternative en général et à la spiritualité alternative antimoderne (et au traditionalisme en particulier) depuis très longtemps. C’est cohérent.

Ce sont donc les trois figures clés, mais certains traditionalistes ont également été conseillers au sein du parti Jobbik en Hongrie. Il y a quelque chose à dire sur son influence sur les partis populistes en France, en Autriche et, dans une moindre mesure, en Scandinavie également. Certains individus s’y sont retrouvés, mais aucun d’entre eux n’a eu autant de succès, ou n’a été aussi proche du pouvoir que Bannon, Carvalho et Dugin.

LS : Passons à Dugin, que certains considèrent comme le philosophe maison du poutinisme – analogue, à certains égards du moins, au rôle que Steve Bannon a fugitivement joué dans le projet Trumpien. Il a eu une trajectoire bizarre et éclectique qui l’a vu essayer d’organiser un « parti national bolchevique », représenter la Russie à divers postes diplomatiques et politiques, et aussi combattre en Géorgie. Avant d’aborder les idées ou l’influence de Dugin, que pouvez-vous nous dire sur sa vie et sa trajectoire générale ?

BT : C’est une biographie folle. Surtout à l’âge adulte, chaque fois que l’on dit : « Oh, il est extrêmement influent. C’est le cerveau de [Vladimir] Poutine », il fait quelque chose qui a l’air assez nul, de telle sorte qu’on a l’impression qu’il a juste séduit les médias pour qu’ils le mettent en valeur. Mais ensuite, si vous dites : « Oh, ce type est une blague. C’est un imposteur, ignorons-le », il apparaît dans un contexte diplomatique extrêmement tendu, et il semble qu’il soit un agent politique russe clé qui a été sous-estimé. Il a toujours rebondi sur les bords. Il a fait preuve d’un bon instinct tout au long de sa carrière, ce qui a été la clé de son succès : il sait quand il faut augmenter ou diminuer son ésotérisme. Il est très intéressé par la magie et l’ésotérisme étranges et effrayants. Mais il a aussi une realpolitik plus sèche et calculatrice.

Il a écrit un manuel, par exemple, sur ce qu’il considérait comme le rôle de la Russie dans le monde après la chute de l’Union soviétique, intitulé Foundations of Geopolitics. C’est encore, à mon avis, le noyau de son influence aujourd’hui. Il a été enseigné à une génération de chefs militaires et à l’élite militaire en Russie depuis la chute de l’URSS, et il n’y a presque pas de trucs farfelus sur les cycles temporels ou sur le traditionalisme. Il ne s’agit que du droit divin de la Russie à s’imposer et à étendre sa sphère d’influence, de la manière dont elle peut le faire, de la manière dont elle peut réimaginer le monde et de la raison pour laquelle elle doit rejeter la carte politique telle qu’elle a été dessinée par l’Occident depuis les années 1990.

Il présente également un grand nombre de suggestions pratiques sur la manière dont la Russie peut subvertir la démocratie en Occident, et ces suggestions incluent la fomentation de toutes sortes de séparatisme ethnique, de confiance anti-gouvernementale et de critique des médias. Il va même jusqu’à diffuser des messages contradictoires destinés à semer la discorde dans le corps politique américain. Il crée des partis politiques qui peuvent être plus radicaux que le gouvernement russe. Lorsque la Russie a envahi la Géorgie et l’Ukraine, elle le fait passer à l’antenne sur ses chaînes de médias d’État afin de le laisser raconter ce qu’elle fait.

Et cela a été très clair. Charles Clover, un journaliste du Financial Times, en a fait une excellente analyse : il semblait évident que Poutine écoutait Dugin parler, car lorsque Poutine sortait ensuite, il recyclait et apprenait de Dugin, le laissant presque lui apprendre comment caractériser la guerre et le rôle de la Russie dans le monde. Mais à travers tout cela, il n’a pratiquement pas eu de rôle officiel significatif dans le gouvernement russe. C’est ce qui le rend si difficile à caractériser.

LS : Son influence semble en effet un peu difficile à cerner. D’une part, toute l’entreprise du traditionalisme apparaît comme quelque chose d’assez marginal et abscons, même au sein des parties déjà obscures de l’extrême droite. D’autre part, Dugin a occupé des postes au sein de l’État russe et est devenu un objet de fascination pour certaines sectes de l’extrême droite occidentale. Dans quelle mesure diriez-vous que le traditionalisme de Dugin façonne activement la politique russe, sa politique et sa politique étrangère ? Ou bien se contente-t-il de synthétiser, d’articuler et de formaliser des idées et des tendances qui étaient déjà présentes ?

BT : Je pense qu’il est impossible de répondre à cette question de manière définitive. Le mieux que je puisse faire, c’est que lorsque j’entends quelqu’un d’autre donner une réponse affirmative qui va trop loin dans une direction, je peux trouver des raisons pour lesquelles il a tort. Il est certain que son influence sur la narration compte : promouvoir une Russie plus agressive est importante, tout comme donner un sens à la guerre, de sorte qu’il ne s’agisse pas seulement d’une guerre entre deux États mais d’une guerre entre deux idéologies différentes. C’est là que Dugin est utile et influent : lorsqu’il y a une opposition perçue non seulement entre l’Est et l’Ouest ou entre les valeurs libérales et les valeurs conservatrices, mais aussi entre la modernité et la tradition ou le matérialisme et la spiritualité.

Si la Russie se caractérise ou s’est déjà caractérisée comme un phare de l’immatériel et du spirituel dans le monde (ce que l’on entend de temps en temps de la part de Poutine – nous en avons entendu une version au début de son discours sur l’Ukraine juste avant l’invasion), c’est le territoire de Dugin. C’est dans les cadres les plus profondément messianiques et eschatologiques de cette guerre que l’on peut voir l’influence de Dugin.

LS : Dugin a rencontré Steve Bannon à Rome en 2018, et un schisme assez prévisible est apparu lors de cette rencontre : le premier estimant que le libéralisme occidental (et, par extension, les États-Unis) est le grand ennemi, et le second trouvant plutôt cela en Chine. Que pouvez-vous nous dire de cette réunion ? Et qu’y a-t-il de significatif à ce que ces différents traditionalistes aient des récits similaires mais des antagonistes si différents ? Il semble que cela pourrait limiter leur capacité à forger un projet commun.

BT : Vous le caractérisez parfaitement. C’est l’un des problèmes du traditionalisme. Je veux dire, je vous en ai donné un bref aperçu, mais même si vous m’aviez donné deux heures pour parler, cela ne devient pas beaucoup plus précis que ce que j’ai dit. Malgré tout, ces grandes catégories ont très peu de contenu, et je pense que cela a empêché les traditionalistes de progresser en tant qu’acteurs politiques. En fait, ils ont eu tendance à être ces conseillers solitaires qui n’ont pas accès au pouvoir officiel, ne peuvent pas détenir de pouvoir politique et ne peuvent pas très bien se coordonner avec d’autres personnes. Mais, dans ce cas, nous avons vu deux traditionalistes – Dugin et Bannon – tenter de se coordonner l’un avec l’autre et tenter de tirer parti d’un système de valeurs commun. Et ils n’y sont finalement pas parvenus parce que, comme vous le dites, ils ne sont pas d’accord sur les acteurs.

Pour Dugin, la source de la modernité est les États-Unis. Pour Bannon, c’est la Chine. Il pense que la Chine est le véritable moteur de la mondialisation, du cosmopolitisme, du sans-frontiérisme, et qu’il y a cette petite couche supérieure aux États-Unis qui interagit avec elle. Donc, pour lui, l’américanisme pourrait plutôt être trouvé dans une sorte d’essence américaine plus archaïque, voire prérévolutionnaire, qui pourrait coexister avec la Russie et peut-être collaborer avec elle au niveau international.

Dugin n’était pas intéressé. Il a été très amusé par cet effort et a vu comme un développement positif le fait que les choses étaient vraiment en train de changer dans le monde et au cœur des États-Unis à un moment où il semblait qu’Hillary Clinton était sur le point de prendre le pouvoir (dans son esprit, elle est essentiellement un avatar de l’obscurité ultime), puis tout d’un coup, de nulle part, il y a un traditionaliste sous Trump qui fait avancer les choses.

Il se moque un peu du contenu de leur discussion car il pense que d’autres forces, plus importantes, sont en jeu et que Bannon n’est qu’un outil pour elles. Pour Bannon, la réunion a été frustrante. Et elle l’est encore plus aujourd’hui, car ce qu’il voulait vraiment, c’était un réalignement. Il voulait une Russie qui fasse partie de l’Occident et s’aligner sur le Brésil, qu’il considérait comme un îlot de tradition européenne et d’essence culturelle – tout le plan étant de s’unir pour isoler la Chine.

Non seulement il n’a pas convaincu Dogin d’aller faire de la propagande pour ce réalignement, mais l’ensemble du projet s’est complètement effondré. C’est en ruines aujourd’hui. L’histoire que j’ai à raconter est donc en grande partie une histoire d’échec. Il s’agit de tentatives ratées de coordination en coulisses et elles sont basées sur des idées beaucoup plus obscures et aliénantes que ce que la plupart des gens réalisent ou associent aux mouvements populistes de droite. Cela ne signifie pas, bien sûr, que des dommages réels ne se produisent pas en cours de route.

LS : L’invasion de l’Ukraine par la Russie, dont les motivations sont diverses mais dont l’impulsion ultranationaliste est claire, ressemble de plus en plus à un échec, voire à un désastre pour Vladimir Poutine – à la fois en termes d’objectifs militaires contrecarrés mais aussi sur le plan économique. La réponse à cette question est peut-être évidente mais, en supposant que cette impression se confirme dans les semaines et les mois à venir, pensez-vous que le résultat affaiblira ou renforcera les idées et les thèmes ultranationalistes associés à Dugin ? À quoi ressemble l’avenir du traditionalisme en Russie et au-delà ?

BT : Il y a donc beaucoup de questions. J’ai aussi l’impression d’un échec militaire, voire d’une catastrophe. Les traditionalistes n’aiment évidemment pas cela. En revanche, ils aiment les sanctions. Dugin est très enthousiaste à leur sujet : McDonald’s a disparu, toutes ces entreprises occidentales ont disparu. Il y a une gestion croissante de la sphère informationnelle, ce qu’il adore. La Russie s’est détachée de la finance occidentale, de la perturbation du système capitaliste mondial et des flux d’argent et de marchandises. Les traditionalistes comme Dugin aiment toutes ces choses. Si c’est le résultat final d’une campagne militaire ratée, je pense qu’il pensera toujours que la campagne a été l’une des meilleures choses que la Russie ait jamais faites – même s’il veut avoir l’Ukraine et aimerait toujours la voir plier sous la volonté de la Russie et s’éloigner de l’Occident.

Tous ceux qui le suivent, y compris moi, s’attendaient, à l’annonce des sanctions, à ce qu’il s’en réjouisse. Hier encore, par exemple, au milieu des nouvelles sur la gestion d’Internet, il est sorti et a dit : « Oh, c’est fantastique. C’est génial. » Je pense qu’il est probablement dans une position plus forte maintenant. Je ne pense pas que vous verrez – et c’est une critique des sanctions – vous ne verrez pas tout le monde se retourner contre Poutine pour cette raison. Dans de nombreux cas, vous les verrez probablement se rallier par défi et embrasser une nouvelle identité. Ce sera le seul moyen pour eux de conserver une certaine dignité face à des conditions économiques difficiles. Donc cela va le renforcer. Et cela renforcera cette cause : créer cette île, une île de Russie. Que va-t-il se passer avec les traditionalistes à l’avenir ? C’est finalement très lié aux individus, car ce n’est pas un mouvement de masse.

Donc, pour répondre à cette question, il faut considérer ce qui va se passer avec ces figures particulières. Olavo de Carvalho – qui était celui qui avait probablement l’influence la plus incontestable parce qu’il était le gourou de Bolsonaro – personne ne doutait vraiment qu’il avait une faction du cabinet qui était entièrement laviste. Il est mort, et sa faction a été affaiblie et se divise en conséquence. On ne sait pas vraiment ce qui va se passer ni s’il sera remplacé dans le contexte politique brésilien par un autre traditionaliste, peut-être simplement un ultraconservateur (mais ce n’est pas tout à fait la même chose). En ce qui concerne Dugin, j’ai le sentiment qu’il pourrait être conforté par le résultat, même si c’est une défaite militaire.

C’était une mode en 2018-19, lorsque j’écrivais mon livre, de dire que Bannon n’était plus pertinent, mais plus personne ne dit cela – ce discours, aux États-Unis du moins, s’est simplement estompé. Il n’est pas un leader politique. Il ne sera plus le conseiller principal d’un président. Mais sa plateforme et son podcast se sont lentement développés pour devenir le média le plus important du mouvement MAGA [Make America Great Again]. C’est le centre d’échange pour les candidats qui font avancer le Trumpisme et l’agenda MAGA. Et, si cela échoue, il trouvera autre chose. Il ne va nulle part.

Mais voici l’autre chose à garder à l’esprit concernant le traditionalisme. Ces figures  – Duggin, Bannon, Olavo, et Tibor Baranyi en Hongrie – ont toutes plus ou moins surgi indépendamment les unes des autres au même moment, du moins dans un sens historique global. Nous ne parlons ici que de quelques décennies, mais personne avant eux ne leur ressemble. Sans vouloir paraître moi-même trop effrayant ou participer aux étranges eschatologies de Dugin, je me demande si le fait que les revendications du populisme soient également assez insipides et mal définies n’en dit pas long sur le populisme… et lorsque vous avez un tel vide en termes de messages et d’idéologie, je pense que vous allez obtenir une véritable section transversale de marginaux.

Dominic Cummings en Grande-Bretagne, même s’il n’était pas un traditionaliste, voulait vraiment sonder les limites de la pensée anti-libérale et anti-moderne. Je pense que cela va continuer à se produire. Pour les vrais idéologues radicaux qui veulent une alternative spectaculaire au statu quo, le populisme de droite va leur fournir un espace. Et je ne serais pas surpris si nous ne voyions pas davantage de ces figures à l’avenir. Pas en grand nombre, mais peut-être à des postes de pouvoir et d’influence.

https://jacobinmag.com/2022/03/aleksandr-dugin-putinism-reactionary-prophet-russian-ultranationalism-traditionalism/

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Benjamin Teitelbaum est professeur associé à l’Université du Colorado Boulder et l’auteur de War for Eternity : The Return of Traditionalism and the Rise of the Populist Right.

Luke Savage est rédacteur à Jacobin.

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Résolution de la CES sur l’Ukraine

Approuvée par le Comité exécutif des 16-17 mars 2022

La CES répète qu’elle condamne l’invasion d’une nation souveraine en violation du droit international, et demande à la Russie de respecter l’intégrité territoriale ukrainienne, exige l’arrêt immédiat des opérations militaires, insiste sur le départ des troupes russes et appelle au dialogue et aux pourparlers de paix.

La CES exprime sa solidarité avec tous les citoyens, travailleurs et syndicats d’Ukraine. 

La recherche de la paix et de la démocratie est une valeur fondamentale du mouvement syndical et une condition essentielle pour assurer la sécurité, la justice sociale et les droits des travailleurs et de l’Homme.

La CES soutient toutes les initiatives politiques et diplomatiques ainsi que les sanctions visant à garantir la paix, et demande que soit déployée une aide humanitaire pour la population ukrainienne en Ukraine, et que l’Europe accueille et soutienne les réfugiés.

La CES dénonce et condamne la répression en Russie contre ceux qui s’opposent à la guerre en Ukraine et s’engage à soutenir les syndicats, travailleurs, activistes et pacifistes russes qui s’opposent non violemment à la guerre, et exprime sa solidarité avec les peuples russe et biélorusse touchés par les répercussions des sanctions ou par les formes de discrimination pour une guerre dont ils ne sont pas responsables.

La CES appelle les institutions internationales, et en particulier l’Union européenne et les États membres à :

  • Agir immédiatement par tous les moyens possibles pour parvenir au cessez-le-feu et faciliter les négociations afin d’entamer un processus de paix, dans le respect de la démocratie, des droits de l’Homme et des conventions internationales. L’Union européenne doit s’affirmer en tant qu’institution et ne pas laisser les efforts diplomatiques et les actions de paix aux seuls gouvernements et dirigeants.

  • Dans l’intervalle, pousser Poutine et son gouvernement à mettre fin à l’agression et à l’invasion et à entamer une véritable négociation, renforcer la pression par toutes les formes de sanctions nécessaires qui ciblent spécifiquement les intérêts et les biens des dirigeants et élites russes, et étendre ces mesures en Biélorussie pour sa participation dans l’agression militaire sur l’Ukraine.

  • Enquêter sur les crimes contre l’humanité commis en Ukraine pendant l’invasion et traduire les responsables en justice.

  • Assurer la sécurité et la protection aux frontières et pour les populations des États membres de l’UE et des pays voisins les plus exposés aux opérations militaires russes, actuelles et potentielles.

  • Ouvrir un dialogue concret avec l’Ukraine concernant le processus d’adhésion du pays à l’Union européenne. Même si un tel processus et le respect des exigences prendront du temps et devront suivre toutes les étapes prévues par les règles de l’UE, la démarche donnerait un signal très fort à la Russie et à la communauté internationale que l’Ukraine est la bienvenue et disposée à participer au projet d’intégration européen dans un esprit de paix et de solidarité. Le même dialogue devrait être ouvert avec les autres pays qui se sont associés à l’UE comme la Géorgie et la Moldavie, afin que leur soient garanties la stabilité et l’égalité de traitement. Ce dialogue devrait intervenir sans nuire au processus d’adhésion en cours des Balkans occidentaux.

  • Établir des corridors humanitaires entièrement protégés pour permettre aux personnes déplacées de se rendre dans des régions plus sûres d’Ukraine, et à celles qui ont besoin de protection de quitter le pays en toute sécurité, et mettre en place des plans d’accueil et de relogement au sein de l’UE.

  • Fournir une aide financière immédiate pour assurer un soutien humanitaire à l’Ukraine et à sa population, et prendre toutes les mesures nécessaires pour aider les personnes qui ont fui le pays et sont arrivées dans les États membres voisins de l’UE et d’autres pays de la région.

  • Accueillir tous les réfugiés et les personnes fuyant l’Ukraine et d’autres pays, y compris la Russie et la Biélorussie, indépendamment de leur nationalité et de leur statut de migration et leur permettre les droits de mobilité sur le territoire de l’UE, sans exiger de passeports biométriques, et mettre en place des mesures adéquates pour la relocalisation, l’accueil et l’intégration dans les pays de l’UE.

  • Dans cette optique, mettre pleinement en œuvre la directive de protection temporaire (activée pour la première fois par le Conseil européen le 4 mars 2022 sur proposition de la Commission européenne) par la solidarité et la responsabilité partagée entre les États membres de l’UE, en garantissant l’ensemble des droits prévus par la directive, en ce compris l’accès au marché du travail, le logement, les soins de santé, l’éducation et le soutien social, pour tous ceux qui ont droit à cette protection : les ressortissants ukrainiens et les membres de leur famille, les apatrides et les ressortissants de pays tiers qui ont bénéficié d’une protection internationale ou d’une protection équivalente en Ukraine, ainsi que les membres de leur famille. Les États membres devraient étendre la protection temporaire aux ressortissants de pays tiers résidant légalement en Ukraine qui ne peuvent pas retourner dans des conditions sûres et durables dans leur pays ou région d’origine.

  • Reconnaître la situation spécifique des femmes et des enfants dans les zones de conflit et à leur arrivée, y compris les risques d’exploitation et de violence à caractère sexiste, en particulier les violences sexuelles et la traite des personnes.

  • Reconnaître la situation particulière des personnes âgées et vulnérables et veiller à ce qu’une protection adéquate soit fournie pour répondre à leurs besoins particuliers.

  • Reconnaître la situation spécifique des Noirs et des minorités ethniques et prendre des mesures pour prévenir la discrimination et le racisme auxquels ils sont confrontés à la frontière ukrainienne et pour empêcher toute autre discrimination lorsqu’ils traversent l’Europe.

  • Ouvrir des voies d’intégration sur le marché du travail pour les réfugiés et les personnes qui ont quitté leur pays à cause de la guerre, leur garantir un traitement égal sur le lieu de travail et dans la société, et prévenir et lutter contre toute forme d’exploitation et de discrimination.

  • Introduire des mesures de compensation et d’approvisionnement alternatif en biens et sources d’énergie, afin de lutter contre la spéculation et de réduire les impacts négatifs de la guerre et les sanctions connexes sur les populations des États membres de l’UE et des pays voisins. Ces mesures devraient inclure la mise en place d’un financement de l’UE visant à minimiser la hausse des prix et tarifs, et la poursuite des mesures d’urgence utilisées avec succès par l’UE pour lutter contre l’épidémie de COVID-19 (telles que SURE), en les refinançant et en les recentrant pour faire face aux conséquences de la guerre sur l’économie et l’emploi.

  • La CES met en garde contre les tentatives d’utiliser la guerre pour justifier un programme de déréglementation sur les droits des travailleurs et la protection sociale, ou pour revenir à l’austérité et aux règles fiscales restrictives, qui exacerberaient encore davantage les conséquences économiques et sociales négatives du conflit et les sanctions qui y sont liées.

La CES est en contact permanent avec les syndicats ukrainiens pour leur témoigner solidarité et soutien, et en coordination avec ses affiliés, ainsi qu’avec la CSI et le PERC, elle est disposée à :

  • Faire pression sur les institutions européennes et les gouvernements nationaux, ainsi que sur les institutions internationales, y compris le Conseil de l’Europe, pour appuyer les demandes de la CES et maintenir la pression à un niveau élevé.

  • Soutenir le processus de paix dans le respect de la démocratie, des droits de l’homme et des conventions internationales.

  • Réfléchir et analyser les racines historiques de ce conflit et les tensions géopolitiques qui y sont liées, et développer une stratégie à long terme pour construire la paix, la démocratie, la croissance durable et la justice sociale en Europe.

  • Soutenir les syndicats dans leurs actions, y compris les grèves, les blocages et d’autres formes d’action industrielle, pour faire pression sur les entreprises européennes qui ont choisi de rester en Russie ou de poursuivre leurs activités économiques et commerciales avec la Russie.

  • Fournir une aide financière pour assurer l’assistance humanitaire à la population ukrainienne restée dans le pays par le biais des syndicats ukrainiens.

  • Fournir une assistance financière et humanitaire aux réfugiés ukrainiens qui ont fui le pays, par le biais des syndicats des États membres de l’UE et de la région voisine.

  • Soutenir les syndicats affiliés à la CES dans les pays de la région les plus exposés aux conséquences des attaques russes, et soutenir les syndicats, la société civile et les individus en Russie qui se sont ouvertement opposés à la guerre.

  • Condamner fermement les déclarations du FNPR en faveur de l’agression de Poutine contre l’Ukraine, qui vont à l’encontre de nos valeurs et principes.  Appeler le FNPR à renoncer à sa position et à s’exprimer clairement en faveur de la paix et de la démocratie, ainsi qu’à faire preuve de solidarité avec le peuple ukrainien.

  • Aider à établir des corridors humanitaires en soutien aux réfugiés ukrainiens ; et contribuer à assurer un passage sans danger aux frontières de l’UE pour les citoyens des pays tiers résidant en Ukraine qui ne possèdent pas de visa Schengen.

  • Engager des actions de mobilisation pour la paix en Ukraine au niveau européen et national, à coordonner à l’échelle mondiale.

Afin de fournir l’aide financière pour assurer une assistance humanitaire à la population ukrainienne via les syndicats ukrainiens, et de soutenir les réfugiés ukrainiens qui bénéficient d’une protection dans les États membres de l’UE et dans les pays de la région :

  • Des contributions spéciales au Fonds de solidarité de la CSI et via une plateforme publique ont été lancées avec la CES.

  • Des réserves de la CES allant jusqu’à 500 000 EUR, contribuant elles aussi à la levée des fonds européens, ont été mises à disposition pour qu’une aide humanitaire soit offerte à la population ukrainienne en coopération avec les syndicats ukrainiens, et aux réfugiés déplacés dans les États membres de l’UE et les pays de la région aux côtés des syndicats de ces pays.

  • Des fonds du projet de l’UE mis à la disposition du UnionMigrantNet de la CES seront mobilisés et redirigés pour aider les réfugiés ukrainiens aux frontières de l’UE et sur le territoire de l’UE.

  • Un « groupe de travail sur la paix » chargé de coordonner ces actions et un « groupe de surveillance de la paix » responsable de l’échange d’informations avec et entre affiliés ont été mis en place à la CES.

Le secrétariat de la CES rendra compte en détail au Comité de direction et au Comité exécutif de tout soutien financier et de la manière dont il est utilisé par les bénéficiaires, en veillant à ce qu’il soit exclusivement consacré à l’aide humanitaire. Une évaluation des premiers paiements effectués sera présentée au Comité de direction en avril.

https://www.etuc.org/fr/document/resolution-de-la-ces-sur-lukraine

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La Gauche et l’Ukraine

Jeudi 31 mars à 18h30

Au Maltais Rouge, 40 rue de Malte 75011 Paris

L’invasion de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine viole les principes élémentaires du droit international. Elle a été très largement condamnée. Après près d’un mois de bombardements, qui n’épargnent pas la population civile, la résistance du peuple ukrainien et de son gouvernement s’organise. Des manifestations contre la guerre se déroulent en Russie, malgré une répression sévère.

Quelles propositions pour la gauche, au-delà de mesures d’urgence comme un cessez-le-feu immédiat, le retrait des troupes russes d’Ukraine et l’ouverture de négociations sous l’égide de l’ONU ?

Cette agression montre en effet qu’il est urgent d’exclure l’emploi de la force pour résoudre les conflits, d’assurer le respect dans tous les pays des libertés fondamentales et de l’État de droit, seuls de nature à instaurer une paix durable. Comment concevoir et faire adopter un pacte de sécurité collective incluant tous les États du continent européen et dissoudre les alliances militaires ?

Bernard Dreano, président du Cedetim, membre de l’Assemblée européenne des citoyens qui coopère avec des mouvements russes et ukrainiens

Catherine Samary, économiste altermondialiste, spécialiste de l’Europe de l’Est, membre du Conseil scientifique d’Attac

Pierre Coutaz,conseiller confédéral au secteur international de la CGT

Inscription obligatoire dans la limite des places disponibles

inscription@gabrielperi.fr

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Les socialistes démocratiques ukrainiens favorables à l’envoi d’armes pour combattre l’« agression impérialiste » de la Russie

Les socialistes démocratiques d’Ukraine offrent un soutien critique au gouvernement centriste Zelensky. Vladyslav Starodubcev est l’un des dirigeants du parti de gauche Sotsialniy Rukh (Mouvement social). Le jeune homme de 19 ans a déclaré à Insider qu’il souhaitait que l’Occident fournisse des armes à l’Ukraine.

En tant que socialiste démocratique, Vladyslav Starodubcev a trouvé beaucoup de choses à critiquer dans l’administration « néolibérale » du président ukrainien Volodymyr Zelensky, comme une proposition de réforme du droit du travail du pays qui aurait permis aux employeurs de licencier plus facilement leurs employé·e·s pour n’importe quelle raison.

Mais s’exprimant depuis Kiev, avec le bruit des tirs d’artillerie en arrière-plan, Starodubcev, 19 ans, leader du Sotsialniy Rukh, ou Mouvement social, un petit parti de socialistes démocratiques qui s’est largement concentré sur les actions anticapitalistes de base par opposition à la politique électorale, a déclaré qu’il n’y avait aucun doute sur le camp dans lequel lui et ses camarades se trouvaient lorsque la Russie a lancé « cette guerre horrible » dans leur pays. [En juillet et août 2021, le Mouvement social a illustré et dénoncé des agressions de l’extrême-droite ukrainienne contre des militants démocrates de gauche. Réd].

« J’ai pris la décision, le premier jour de la guerre, de rester », a-t-il déclaré à Insider. Sa famille a choisi de fuir la capitale ukrainienne, le laissant seul dans leur appartement, où il se réfugie dans le salon lorsque des missiles de croisière frappent la ville. « Il est difficile de dormir car une roquette peut simplement tirer sur mon immeuble et cela peut arriver à tout moment ».

Mais, ajoute-t-il, « je reste parce que je veux prendre ma part dans cette situation pour défendre mon pays, pour aider les gens dans le besoin. Et si l’Ukraine est occupée, pour résister à cette occupation. »

Pour lui, résister à l’invasion de la Russie, c’est aider à distribuer l’aide humanitaire, comme la nourriture et les médicaments. Pour d’autres socialistes, c’est « participer à l’effort de guerre pour soutenir l’armée ». Et pour l’instant, cela signifie soutenir le gouvernement, Starodubcev félicitant Zelensky d’avoir « uni le pays » avec son défi médiatique.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de critiques – dans la ville assiégée de Marioupol, par exemple, il pense que l’Etat aurait pu et dû faire plus pour préparer la population à une attaque russe, la ville étant une cible stratégique évidente, et maintenant fait face à une catastrophe humanitaire. 

La question de « l’envoi d’armes »

Mais il s’inquiète de la réponse de certains à gauche, à l’étranger. Alors que de nombreux partis de gauche ont condamné l’invasion de l’Ukraine, cette condamnation a souvent été formulée sous la forme de ce qu’il considère comme une recherche d’excuse, à savoir la conviction que la guerre d’agression du Kremlin a été provoquée par l’Occident, au lieu d’être le produit du nationalisme russe revanchard.

Juste avant de s’adresser à Insider, Vladyslav Starodubcev était en conversation téléphonique avec des membres de Podemos, le parti « populiste » de gauche en Espagne et partenaire junior du PSOE dans une coalition au pouvoir sous direction du Parti socialiste.

« Ils ont soutenu la position selon laquelle « nous sommes contre l’envoi d’armes ». Ils s’opposent aux autres partis en Espagne qui essaient d’aider les Ukrainiens – c’est juste une politique stupide, horrible », a-t-il déclaré.

« Ils ont cette idée que la Russie se défend contre l’expansion de l’OTAN et qu’ils ont juste leurs raisons d’attaquer – c’est tout simplement faux et stupide. Cette idée de ne pas envoyer d’armes parce que cela peut prolonger la guerre est juste une mauvaise compréhension des politiques russes », a-t-il déclaré. « L’objectif de la Russie est d’installer un gouvernement fantoche et de détruire l’Ukraine en tant que pays souverain, menant une politique indépendante du Kremlin. Donc leur argument est de fait pour l’occupation ».

Ironiquement, ou peut-être pas, « les militants de gauche russes sont moins pro-russes que des militants de gauche occidentaux », a déclaré Starodubcev. « Ils comprennent leur gouvernement beaucoup mieux que DSA aux Etats-Unis ou Podemos ou Stop the War Coalition en Grande-Bretagne. Ils s’opposent fermement à Poutine. Ils s’opposent fermement à la guerre – ils essaient de la saboter. »

Les socialistes ukrainiens réclament des actions concrètes, comme l’annulation de la dette extérieure du pays – qui s’élève aujourd’hui à près de 130 milliards de dollars, soit près de 10 fois ce qu’elle était en 2000. Cela n’est pas contesté par les militants de gauche ailleurs.

Mais ce dont l’Ukraine a besoin maintenant, c’est d’un soutien à la lutte armée contre le militarisme russe, a déclaré Vladyslav Starodubcev.

Les Ukrainiens contre « l’agression impérialiste »

« Bien sûr, nous soutenons l’envoi d’armes à la résistance ukrainienne et à l’armée ukrainienne» , a-t-il déclaré. « Je pense que de nombreux socialistes devraient pousser leur gouvernement à envoyer des avions à envoyer des armes anti-aériennes ou anti-chars, pour défendre le peuple ukrainien ».

« C’est une guerre du peuple ukrainien contre l’agression impérialiste », a-t-il ajouté. « Et je trouve très étrange la réponse de la gauche occidentale, qui ignore tout simplement le fait que le peuple ukrainien se bat pour sa vie – pour son indépendance. »

En dehors de l’Ukraine, les chaînes d’information câblées et les groupes de discussion de gauche ont passé un temps excessif à débattre de ce que Vladyslav Starodubcev et le gouvernement américain considèrent comme voué à l’échec : une zone d’exclusion aérienne.

Il s’agit d’une exigence déclarée de Volodymyr Zelensky qui impliquerait que les membres de l’OTAN puissent abattre des avions russes en Ukraine – ce qui conduirait à un conflit direct entre puissances nucléaires.

« J’évite la plupart du temps ce débat sur la zone d’exclusion aérienne parce que c’est vraiment irréel – cela n’arrivera pas », a déclaré Vladyslav Starodubcev. Elle n’est pas non plus nécessaire, a-t-il ajouté. Volodymyr Zelensky ne la demandant peut-être que comme une tactique afin d’obtenir ce qu’il veut vraiment : la capacité d’en imposer une lui-même.

Le pays n’a pas besoin de troupes militaires étrangères sur le terrain ou d’avions de l’OTAN dans le ciel. Il « a besoin d’avions de combat [1] et d’équipements anti-aériens pour défendre ses villes contre les bombes et les roquettes », a déclaré Starodubcev. «J e pense que l’Ukraine peut tenir – si elle avait suffisamment d’armes ».

Rester sur place pour envoyer un message

En attendant, il prévoit de rester sur place, déterminé à aider à construire une Ukraine socialiste sur les cendres de la guerre.

La gauche en Ukraine même n’est pas particulièrement forte, même si ses politiques en matière de soins de santé et de travail organisé sont populaires, et elle [Parti communiste ukrainien] a été rendue plus faible par son association populaire avec la Russie. Lorsque Moscou a annexé la Crimée en 2014, elle l’a fait avec le soutien du Parti communiste ukrainien. Et si ce parti n’est pas particulièrement progressiste – combinant le conservatisme social avec la nostalgie du stalinisme et de l’empire soviétique – il a terni la gauche au sens large aux yeux d’une population qui a embrassé l’identité ukrainienne.

C’est, en partie, la raison pour laquelle Starodubcev reste à Kiev. C’est la bonne chose à faire, croit-il (bien qu’il ne juge pas ceux qui sont partis), mais c’est aussi une sorte de propagande par l’action : montrer que les nationalistes de droite ukrainiens – un vrai problème, concède-t-il, aggravé par la guerre mais exagéré par la propagande russe – n’ont pas le monopole du patriotisme en temps de guerre.

C’est aussi la raison pour laquelle il a insisté pour que son vrai nom soit publié, même si cela le met potentiellement en danger si Moscou s’empare un jour de la capitale.

« Dans cette situation, pour que notre position soit entendue, il vaut mieux utiliser nos vrais noms parce que nous essayons de [montrer] que la gauche vote pour la livraison d’armes » – et se dresse contre une invasion étrangère de l’Ukraine, a-t-il dit. En outre, « je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de risques, car les services de renseignement russes sont assez stupides, je dirais. »

[1] L’envoi d’avions de combats qui, par exemple, appartiennent à la Pologne débouche sur le thème de la «z one d’exclusion ». (Réd.)

Charles R. Davis

Publié par Insider, 21 mars 2022 ; traduction rédaction A l’Encontre

http://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/ukraine-les-socialistes-democratiques-ukrainiens-favorables-a-lenvoi-darmes-pour-combattre-lagression-imperialiste-de-la-russie.html

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L’invasion russe de l’Ukraine est une agression

John Brady – député au Parlement d’Irlande du Sud (TD) et porte-parole de Sinn Féin pour les Affaires étrangères et la Défense – a condamné l’invasion russe de l’Ukraine, insistant sur l’agression subie par un état souverain de la part du Président russe Vladimir Poutine et de l’ambition impérialiste que cette agression démontre.

« Je veux ajouter ma voix au chœur des condamnations de l’invasion russe de l’Ukraine. Il s’agit tout bonnement d’un acte d’agression contre un état souverain, l’Ukraine.

Quelles que soient les justifications présentées par le Président Poutine, la réalité est que la Russie veut imposer ses ambitions impérialistes dans la région.

« Je soutiens les appels pour que les plus lourdes sanctions possibles soient prises contre la Russie. Cette attaque est une violation des règles internationales et doit être universellement condamnée.

« L’Europe que les pays de l’Union, comme l’Irlande, ont travaillé à construire, est celle du respect mutuel, de la coexistence pacifique et de la coopération. Cette vision de l’Europe est aujourd’hui mise au défi par le comportement de Poutine.

« Le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borell, a décrit cette invasion comme les heures les plus noires de l’Europe depuis la 2ème guerre mondiale : « Il n’y a aucun doute sur le fait que les actions de la Russie présentent le plus grand des dangers »

« J’ai rencontré Josep Borell et rappelé le soutien de Sinn Féin pour les sanctions contre la Russie. »

Sinn Féin, European Newsletter, mars 2022

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Marioupol. La ville est peut-être détruite, mais des exemples nous ont appris que même les ruines peuvent être défendues

Le bombardement russe de Marioupol et d’autres villes ukrainiennes est similaire au pilonnage et au bombardement, par le gouvernement syrien soutenu par la Russie, de quartiers tenus par les rebelles à Damas et à Alep au cours de la dernière décennie.

Elle n’est pas non plus très différente des bombardements de l’armée de l’air des Etats-Unis sur Mossoul en Irak et Raqqa en Syrie, des bombardements israéliens sur Gaza et des bombardements saoudiens sur le Yémen au cours de la même période. Ces attaques sont toutes censées viser des cibles militaires et pourtant toutes tuent des civils par milliers.

Il ne s’agit pas de laisser les Russes de se tirer d’affaire pour ce qui est des crimes de guerre, car frapper les villes ukrainiennes pour les dépeupler et finalement les capturer semble être la principale tactique russe à l’heure actuelle. Cela leur permet de maintenir une pression généralisée sur les Ukrainiens sans grand coût militaire pour eux-mêmes, même si le prix politique sera lourd et peut-être insoutenable pour Moscou à long terme.

L’assaut sur Marioupol n’aura peut-être pas l’impact de la destruction de Guernica – la ville basque anti-franquiste bombardée par l’armée de l’air allemande en 1937 pendant la guerre civile espagnole, et le sujet du tableau antifasciste de Picasso le plus internationalement connu. Mais il y aura beaucoup d’autres villes détruites comme Marioupol, et dans chacune d’elles, des écoles et des abris anti-bombes seront détruits. Les morts et les blessés seront instantanément photographiés sur des téléphones portables et les images diffusées dans le monde entier.

Les Russes prennent-ils délibérément pour cible les civils ? C’est peu probable, mais il est inévitable qu’ils les touchent dès qu’un bombardement général commence. Les forces aériennes et d’artillerie affirment que leurs armes sont aujourd’hui d’une précision mortelle, ce qui n’était pas le cas dans le passé, mais cela élude la question la plus importante concernant la cause des pertes civiles : ceux qui emploient une puissance de feu massive contre les villes ne savent pas où se trouve l’ennemi, alors ils tirent sur presque tout.

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Il existe d’autres raisons plus blâmables pour un bombardement massif : terrifier les civils, montrer qui a le pouvoir de les tuer ou de les mutiler, et les chasser de chez eux. Il n’est pas indispensable de s’emparer de la totalité d’une ville comme Idlib, tenue par les rebelles dans le nord de la Syrie, pour qu’elle cesse d’être une plaque tournante régionale pour l’administration, le commerce, l’information et la résistance militaire. Si une partie suffisante de la population est chassée et que les infrastructures, telles que l’approvisionnement en eau et en électricité, sont détruites, la ville cessera d’être un centre utile pour l’autre camp.

Les bombardements et les tirs d’obus ont donc toujours le caractère d’une punition collective des civils, quoi que prétendent leurs responsables. Les gens s’imaginent que la destruction massive est principalement causée par les bombardements aériens, mais en Syrie et en Ukraine, les tirs d’artillerie soutenus sont les vecteurs les plus courants.

Cela fonctionne-t-il?  Le fait d’être sous un feu incessant pendant des jours signifie que la tension nerveuse ne diminue jamais. Pendant la guerre civile libanaise (1975-90), qui a duré 15 ans, la capitale Beyrouth était constamment sous le feu des obus, si bien que ses habitants avaient une carte dans le cerveau pour savoir quelles rues étaient plus sûres que les autres. Mais rien n’était totalement sûr.

Je me souviens avoir été pris dans un barrage d’artillerie près de l’aéroport de Beyrouth et, alors que les obus commençaient à tomber de plus en plus près, être entré dans une maison pour demander si nous pouvions nous abriter le leur sous-sol. « Pas de sous-sol », ont-ils répondu, alors nous nous sommes jetés à terre et l’obus le plus proche a projeté du sable sur nous mais a manqué la maison. Un an plus tôt, notre voiture était entrée dans un trou d’obus rempli d’eau grise et sale. Nous ne pouvions pas voir le cratère et avons dû abandonner la voiture, qui a ensuite été détruite par un obus.

Les Libanais ont vécu ce genre d’expériences pendant tout ce temps et ils se sont, dans une certaine mesure, habitués à un degré élevé de danger dans leur vie, en grande partie parce qu’ils n’avaient pas le choix en la matière. Le moral des civils ne s’est jamais effondré à cause de la guerre. La situation en Syrie, trente ans plus tard, fut différente parce que le gouvernement syrien a encerclé les districts rebelles et les a pilonnés jusqu’à ce que les civils piégés qui ont survécu se réfugient en Turquie et au Liban.

***

Sur le plan militaire, du point de vue de ceux qui assiègent un quartier urbain ou une ville, la destruction de bâtiments et leur transformation en tas de décombres est une réussite à double tranchant, car les ruines peuvent être faciles à défendre et difficiles à attaquer.

Des bâtiments en ruines, du béton cassé, des tours effondrées – voilà le genre de terrain qui convient aux snipers solitaires et aux petites unités en embuscade, comme l’armée allemande l’a découvert à ses dépens à Stalingrad en 1942/43. Mais la même chose s’est produite à Mossoul et Raqqa, les capitales de facto de l’Etat islamique en Irak et en Syrie, en 2016/17.

Daech avait construit une série de points forts dans des maisons, souvent reliés par des passages souterrains, qu’ils utilisaient pour placer des snipers et lancer des attaques surprises avant de les abandonner rapidement avant que la maison ne soit touchée par une frappe aérienne de représailles. Ils n’ont été délogés que lorsque la majeure partie de la vieille ville de Mossoul a été réduite en ruines, avec de terribles pertes civiles. Si la réaction internationale a été si faible, c’est parce que Daech était largement diabolisé et ne se souciait guère des pertes civiles.

Je doute que la même chose puisse se produire en Ukraine sur une longue période, car les atrocités seront plus visibles qu’à Mossoul. De plus, la tactique initiale des Russes semble avoir échoué, dès lors ils se sont rabattus sur les bombardements et les tirs d’obus parce qu’ils étaient incapables d’encercler, et encore moins de capturer, les villes ukrainiennes.

Même si elles sont fortement malmenées, cela ne signifie pas que ces villes se rendront ou que la Russie pourra les tenir sans installer des garnisons au milieu des ruines.

Patrick Cockburn

Article publié le 21 mars 2022 sur iNews ; traduction  A l’Encontre)

http://alencontre.org/europe/russie/marioupol-dossier-la-ville-est-peut-etre-detruite-mais-des-exemples-nous-ont-appris-que-meme-les-ruines-peuvent-etre-defendues.html

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Marioupol écrasée par l’état de siège

Alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine entre dans sa quatrième semaine, la majorité de la population de Marioupol reste piégée dans la ville assiégée, sous des bombardements quasi constants, privée d’électricité, de chauffage et de réseau de téléphonie. La nourriture, l’eau et les médicaments s’épuisent rapidement. Les tirs d’obus et les bombardements aériens ont directement endommagé d’innombrables immeubles d’habitation et fait sauter les fenêtres de beaucoup d’autres.

Il est pratiquement impossible de trouver un endroit sûr, car il semble que les civils soient délibérément pris pour cible. Depuis le début du bombardement de Marioupol, le 24 février, les autorités ukrainiennes estiment que 2500 personnes ont été tuées et beaucoup plus blessées.

Avec des températures nocturnes inférieures à zéro et des systèmes de chauffage qui ne fonctionnent plus, la température à l’intérieur des appartements et dans les sous-sols est désormais la même qu’à l’extérieur : le gel.

L’équipe de Médecins Sans Frontières (MSF) de la ville et leurs familles se sont également réfugiées pendant des heures dans le sous-sol du bureau, la peur étant palpable dans leurs voix lorsque nous parvenons à les contacter.

Pendant les quelques heures par jour où les bombardements s’arrêtent, la lutte pour la survie l’emporte sur la peur et ceux qui le peuvent sortent de la clandestinité pour essayer de trouver le peu de nourriture, de médicaments et de soins qui restent dans la ville, pour couper du bois de chauffage et recueillir de l’eau des ruisseaux, des sources ou de la neige fondue.

Les équipes MSF se sont rendues à plusieurs reprises dans la ville pour évaluer la situation, faire don du matériel médical restant et offrir aide et soins à ceux qui en ont besoin.

De nombreuses personnes vulnérables ne peuvent ou ne veulent pas quitter leur domicile. La situation est particulièrement grave pour les personnes âgées et les personnes handicapées qui dépendent de l’aide et des soins des autres, notamment pour trouver de la nourriture, de l’eau et du bois pour faire du feu. Les rapports que nous avons reçus de notre personnel piégé sont très durs à écouter.

Depuis des semaines, presque personne n’a pu entrer ou sortir de la ville, y compris les travailleurs humanitaires et les autres personnes qui tentent d’apporter des fournitures de base.

Le siège a effectivement piégé la population. Elle s’est vu refuser le droit de se mettre en sécurité et n’a plus accès aux produits de première nécessité indispensables à sa survie.

Après Deraa, Darayya, Raqqa, Kaboul, Sarajevo et tant d’autres conflits, c’est maintenant le tour de Marioupol. Plusieurs tentatives pour créer un passage sécurisé pour les personnes piégées à l’intérieur de Maroiupol sont tombées à l’eau avant que les autorités ne rapportent que des milliers de personnes (dont certains membres du personnel MSF et leurs familles) ont pu quitter la ville sous les bombardements grâce à un passage sécurisé unique le 14 mars.

Chaque conflit est unique, mais MSF a appris de première main qu’un passage sécurisé unique ne suffit pas. S’il peut être utile pour ceux qui veulent ou peuvent partir, à condition bien sûr que les soi-disant couloirs humanitaires ne soient pas ciblés, ce qui arrive aux civils qui ne peuvent ou ne veulent pas partir est une préoccupation majeure.

Parmi eux, le personnel médical qui choisit de rester pour s’occuper des malades et des blessés. Ces passages dépendent de la bonne volonté de toutes les parties au conflit, qui fait manifestement défaut. En outre, la mise en place de ces passages ne peut et ne doit pas exonérer toutes les parties concernées de leur responsabilité de protéger les centaines de milliers de personnes qui restent piégées dans la ville assiégée.

Indépendamment des trêves temporaires, le droit international exige que tous les belligérants fassent tout leur possible pour épargner tous les civils à tout moment. MSF et d’autres organisations humanitaires sont prêtes à apporter à Marioupol les fournitures et le soutien dont elle a tant besoin, mais nous avons besoin de toute urgence de l’assurance de toutes les parties que nos équipes seront autorisées à passer en toute sécurité.

Ainsi, alors que nous sommes occupés d’apporter notre aide dans d’autres régions d’Ukraine, avec Marioupol, nous nous sentons impuissants, observant les destructions catastrophiques et les pertes tragiques de vies, tout en appelant sans cesse à la sécurité des civils et au respect du droit humanitaire international. Mais une fois de plus, nous appelons toutes les parties qui ont le pouvoir de faire en sorte que cela se produise, de le faire tant qu’il y a encore des gens à sauver à Marioupol.

Stephen Cornish

Stephen Cornish est le directeur général du centre opérationnel de Médecins Sans Frontières (MSF) à Genève.

Article publié sur le site d’Al Jazeera, le 23 mars 2022 ; traduction rédaction A l’Encontre

http://alencontre.org/europe/russie/marioupol-dossier-la-ville-est-peut-etre-detruite-mais-des-exemples-nous-ont-appris-que-meme-les-ruines-peuvent-etre-defendues.html

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Liens avec d’autres textes

La colère d’une cinéaste ukrainienne : « Ce n’est pas Poutine, c’est vous ! » 

https://www.lapresse.ca/international/europe/2022-03-05/la-colere-d-une-cineaste-ukrainienne/ce-n-est-pas-poutine-c-est-vous.php?

Ekaterina Pierson-Lyzhina : Alexandre Loukachenko, un dictateur vassal de Vladimir Poutine dans la guerre en Ukraine

https://theconversation.com/alexandre-loukachenko-un-dictateur-vassal-de-vladimir-poutine-dans-la-guerre-en-ukraine-179639

« Le tragique ne nous a jamais quittés ». Sur la guerre en Ukraine. Entretien avec Bruno Cabanes

https://laviedesidees.fr/Le-tragique-ne-nous-a-jamais-quittes-Sur-la-guerre-en-Ukraine.html

Bertrand De Franqueville et Adrien Nonjon : « L’extrême droite ukrainienne existe et elle est déjà bien documentée »

https://www.la-croix.com/Debats/Lextreme-droite-ukrainienne-existe-deja-bien-documentee-2022-03-21-1201206132

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En complément possible

Pierre Dardot et Christian Laval : Réinventons l’internationalisme

  • Face au nationalisme grand-russe, réinventons l’internationalisme (1/4)

  • La faillite d’un « anti-impérialisme à sens unique » (2/4)

  • La responsabilité écrasante de l’Union européenne (3/4)

  • Pour un nouvel internationalisme (4/4)

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/23/pierre-dardot-et-christian-laval-reinventons-linternationalisme/

Il est plus facile d’être solidaire avec les Ukrainiennes mortes qu’avec les Ukrainiennes qui résistent

Denys Gorbach : Une guerre gênante : que faire lorsque la Russie attaque l’Ukraine mais que tu es de gauche ?

Gilles Lemaire : L’heure est au soutien sous toutes les formes, humanitaire, politique, militaire, au courageux peuple ukrainien qui résiste à l’agression d’un dictateur fauteur de guerre et auteur de crimes contre l’humanité. Mais il faut éclairer demain !

Thaisa Semenova : Ukraine. Des civils du Donbass, sans aucune formation militaire, enrôlés de force par des supplétifs pro-russes

Nadejda Soukhoroukova : Marioupol, dans cette ville, tout le monde est en train d’attendre la mort

Assemblada Occitana : Soutien à l’Ukraine, aux réfugiés et aux démocrates russes

Rapport (extrait) de L’ISW du 20 mars

Leo Ganiev : Décès De Ivan Dziouba

Liens avec d’autres textes

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/22/solidarite-avec-la-resistance-des-ukrainien·nes-retrait-immediat-et-sans-condition-des-troupes-russes-18/

Leila Al-Shami : L’anti-impérialisme des imbéciles

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/20/lanti-imperialisme-des-imbeciles/ 

Notes de l’ISW (18 mars 2022)

Solidarité Internationale : appel à dons pour un convoi syndical en Ukraine

Protection temporaire pour l’Ukraine : encore des efforts pour être à la hauteur des enjeux

« La guerre doit être arrêtée par nous-mêmes – hommes et femmes de Russie ». Manifeste de la coalition « socialistes contre la guerre »

Déclaration de la Gauche Indépendante sur l’Ukraine

Union syndicale Solidaires : Guerre en Ukraine. Réflexions et propositions d’actions syndicales internationalistes

Taras Bilous : La guerre en Ukraine et les pays du Sud

Notes de l’ISW (19 mars 2022)

Aris Roussinos : « La vérité sur les milices ukrainiennes d’extrême droite. La Russie a renforcé des factions dangereuses de l’armée de Zelensky »

Liens avec d’autres textes

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/21/17/

Bernard Dreano : Jours gris en temps de guerre

Notes de l’ISW (17 mars 2022)

Anshel Pfeffer et Ohad Zwigenberg : Portrait d’une ville qui organise toutes les facettes d’une résistance : Mykolaïv

Face à la censure, la profession doit soutenir l’information en Ukraine et en Russie. Communiqué SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes, FIJ, FEJ, JNE, AJSPI, AJE

Poutine en justice

Antoine Artous, Francis Sitel: Ukraine : la guerre !

Répression au Kazakhstan

Vitaly Dudin : Oppose ton veto au projet de loi 7160 ! Protèges les travailleurs !

Alexeï Sakhnin : La guerre de Vladimir Poutine répand le désespoir dans la société russe

Pjotr Sauer : « Marina Ovsyannikova affirme qu’elle assume ses actes » : son irruption lors du JT de la TV “Pervy Kanal”

Patrick Cockburn : « Des “siloviki”, de la corruption et de la guerre »

Vladislav Siiutkin, João Woyzeck: Activisme anti-guerre après la répression dimanche

Ioulia Galiamina : Je n’ai pas peur

Abbie Cheeseman : La guerre en Ukraine pourrait déclencher une catastrophe au Moyen-Orient

Pour une position unifiée du peuple syrien en révolution

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Jean Vogel : Solidarité avec la résistance du peuple ukrainien

Daria Saburova : La guerre en Ukraine et les dilemmes de la gauche occidentale

Pjotr Sauer : Russie. « Ne croyez pas la propagande. Ici, ils vous mentent. » Le vrai courage…

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Patrick Cockburn : « Diaboliser la Russie laisse Poutine s’en tirer à bon compte, avec le risque de rendre tout compromis impossible et de prolonger la guerre »

Ricardo Gutierrez, secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes réfute la propagande d’Ilan Pappe qui reprend l’argumentation russe sur la nazification de l’Ukraine.

Notes de l’ISW (15 mars 2022)

« Les gens sont devenus plus aimables. » Un habitant décrit la vie à Kiev.
Témoignage recueilli par Diane Taylor

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Gal Kirn : « Contre la guerre en Ukraine et le nouvel impérialisme : une lettre de solidarité avec les opprimé·e·s »

Andrea Ferrario : « Ni avec la Russie, ni avec l’OTAN » et « pas d’armes pour l’Ukraine » : deux slogans erronés et contre-productifs

Patrick Silberstein : Ukraine : « L’armée russe est un tigre de papier et le papier est maintenant en feu »

Sotsyalnyï Roukh : L’heure est à la solidarité internationale contre la guerre  (article antérieur à l’invasion de l’Ukraine par les troupes armées russes)

Tess McClure, Peter Beaumont et Luke Harding : Les forces russes se rapprochent de la capitale ukrainienne, après 16 jours de guerre

Une blague circulant à Moscou

L’Université Lomonossov de Moscou : Contre La Guerre

Illia Ponomarenko : La Russie concentre sa puissance militaire pour l’assaut de Kiev

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Contre les mensonges de Poutine et de ses soutiens : Que s’est-il passé sur Maïdan ?

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Guerre en Ukraine : contribution SUD-Rail

Francine Sporenda : L’Ukraine sur les réseaux sociaux : EXCUSER UN AGRESSEUR

Déclaration des Zapatistes (Mexique) : Il n’y aura aucun paysage après la bataille (à propos de l’invasion de l’armée russe en Ukraine)

Rassemblements inter-associatifs sur toutes les places de France #SolidaritéUkraine

Russie. « Nous entrons dans une nouvelle réalité politique ». Entretien avec Ilya Budraitskis conduit par Amy Goodman

Nik Afanasiev : Ukraine-Pologne. Des initiatives bénévoles solidaires effectives. L’Etat : gardien de nuit estompé

Bernard Ravenel : Arrêter la guerre avec les armes de la politique

Michel Capron : Quelques éclairages historiques sur la Russie de Poutine

Pas de démocratie sans droits des peuples à disposer d’eux-mêmes

Les peuples du monde entier demandent au Fonds Monétaire International (FMI) d’annuler la dette injuste de l’Ukraine

Le Comité National de « Résister Aujourd’hui » : Le chant des partisans

FBU (syndicat des pompiers britanniques) : Invasion et guerre en Ukraine

Pour la paix en Ukraine, les raisons de se mobiliser

Ben Cramer : L’Ukraine en manque d’Europe

Réunion Solidarité Ukraine

Liens avec d’autres textes

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/12/ukraine-russie-mais-pas-que-13/

Pour le droit à l’autodéfense par tous les moyens nécessaires

Les Cahiers de l’antidote : Liberté et démocratie pour les peuples d’Ukraine (Volume 2)

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/11/pour-le-droit-a-lautodefense-par-tous-les-moyens-necessaires/

Denis Sieffert : Donner aux Ukrainiens ce qu’ils demandent

« Bilan » des manifestations en Russie

Michel Roche : La Russie de Vladimir Poutine : un régime bonapartiste

Mike Davis : Poutine, Biden, Xi… « Thanatos triomphant »

L’observatoire de la liberté de création s’oppose au boycott des artistes russes

Solidarité de la gauche avec l’Ukraine

Karine Clément : L’opposition à la guerre en Russie

Guerre en Ukraine : dix leçons de la Syrie. Exilés syriens sur la façon dont leur expérience peut éclairer la résistance à l’invasion

Gilbert Achcar : L’anti-impérialisme aujourd’hui et la guerre en Ukraine. Réponse à Stathis Kouvélakis

La Syrie, est le laboratoire de la barbarie guerrière que Vladimir Poutine perpétue aujourd’hui en Ukraine

La guerre en Ukraine vue depuis le terrain. Entretien avec Oksana Dutchak

Interview de Slavoj Žižek : « Quelle idéologie se cache derrière l’expansionnisme de Poutine ? »

Liens avec autres textes

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/10/ukraine-russie-mais-pas-que-12/

Étienne Balibar : « Le pacifisme n’est pas une option »

Valerie Hopkins (LVIV, Ukraine) : « Des Ukrainiens constatent que des membres de leur famille en Russie ne croient pas que c’est une guerre »

Razem quitte Progressive International et DiEM25

La Cimade : Protégeons le peuple ukrainien, défendons les droits de toutes les personnes exilées

Yassin al-Haj Saleh : Pourquoi l’Ukraine est une cause syrienne

Pavlo Lodyn : L’agression de Poutine et la menace d’une catastrophe environnementale en Europe

Amélie Poinssot : L’agression russe sur l’Ukraine, un cauchemar pour l’écologie

UPJB : Sur la guerre en Ukraine

Mouvement socialiste de Russie : Le pouvoir russe se prépare à combattre jusqu’au dernier soldat

Déclaration intersyndicale de soutien à l’Ukraine (Québec)

Sudfa : Les Soudanais-e-s dénoncent la collaboration entre Hemetti et Poutine

Collectif Pour une Syrie Libre et Démocratique : De Grozny à Kiev en passant par Alep, allons nous indéfiniment laisser Vladimir Poutine terroriser les populations qui revendiquent la liberté et la justice ?

Siné mensuel

Solidarité avec les ukrainiens et ukrainiennes

Yorgos Mitralias : Poutine : « Lénine est l’auteur de l’Ukraine d’aujourd’hui » ou comment tout ça est la faute à… Lénine et aux bolcheviks !

Crimes contre l’humanité et CPI

Liens avec autres textes

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/09/ukraine-russie-mais-pas-que-11/

Déclaration de fondation du Comité de solidarité avec le peuple ukrainien et avec les opposant·e·s russes à la guerre (Suisse)

Viktoriia Pihul : Les gens du monde entier demandent au FMI d’annuler la dette injuste de l’Ukraine

6 grandes ONG s’unissent face à l’ampleur des besoins humanitaires : c’est l’alliance urgences

Timothy Snyder : « Comment parler de la guerre ? » Histoire et mythe dans les écoles russes, selon « Novaya Gazeta »

Entretien avec Denys Pankratov, organisateur de l’Union des grutiers de la région de Lviv – Ukraine

L’université Lomonossov de Moscou (MGU) contre la guerre

Agression russe en Ukraine : Communiqué de l’assemblée européenne des citoyens

UJFP : Le droit international pour tous et partout, sans exception !

Liens d’initiatives de soutien à la population ukrainienne

Liens vers d’autres textes publiés dans la presse

En débat : Campisme ou anti-impérialisme. Quelques textes

Deux livres de Svetlana Alexievitch

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/07/ukraine-russie-mais-pas-que-10/

CGT : Douze questions sur la guerre en Ukraine Paix en Ukraine – Liberté en Russie

Maxime Combes, Amélie Canonne, Nicolas Haeringer : Quels sont les intérêts de TotalEnergies en Russie ?

Appel à l’action de la Confédération européenne des syndicats (CES) – La guerre en Ukraine doit cesser maintenant !

Roger Martelli : Dans la guerre ukrainienne, la gauche joue une part de sa survie

Lettre ouverte de géographes russes à Vladimir Poutine : « Nous voulons vivre sous un ciel pacifique »

Luke Harding (Lviv) : Des soldats russes démoralisés expriment leur colère d’avoir été « trompés » dans la guerre

Réseau des GLI : déclaration de solidarité avec le peuple ukrainien et ses organisations syndicales et contre la guerre menée par un régime autoritaire

Union Syndicale Solidaires : Stop au tri raciste des réfugié-es qui fuient les guerres !

Marc Bonhomme : Ukraine : la guerre de tous les risques de plus en plus cruelle

Israéliens solidaires de l’opposition russe à la guerre d’Ukraine

Volodymyr Artiukh : L’Ukraine – à la gauche occidentale, sur vos et sur nos erreurs

Michael Shank : Nous nous soucions davantage de l’Ukraine parce que les victimes sont blanches

Association France Palestine Solidarité : Non à l’agression de la Russie contre l’Ukraine, il faut faire respecter le droit… partout dans le monde

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/05/ukraine-russie-mais-pas-que-9/

Dockers néo-zélandais solidaires avec l’Ukraine

Pierre Baudet : La guerre en Ukraine menace la paix dans le monde…

L’édito de PEPS : L’Ukraine, une guerre aux multiples enjeux écologiques

Francine Sporenda : Poutinophilie : « c’est l’Otan le problème »

Richard Abernethy : Arrêtez la guerre impérialiste de la Russie contre l’Ukraine ! Solidarité avec la résistance du peuple ukrainien !

Ecrivains du monde entier solidaires avec l’Ukraine

Igor Ilyash : Quels sont la place et le rôle de la Biélorussie dans l’invasion de l’Ukraine par la Russie ?

Un appel d’un socialiste russe : Poutine intensifie la répression

Non à la guerre en Ukraine. Non à l’Otan. Contre les guerres impérialistes, femmes des peuples du monde entier Solidarité

Akram Belkaïd : Le pas de côté : Non au campisme

Québec : Déclaration intersyndicale de soutien à l’Ukraine

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/04/ukraine-russie-8/

Les Cahiers de l’antidote n°1 « Spécial Ukraine » : Liberté et démocratie pour les peuples d’Ukraine !

Lettre ouverte des travailleurs russes des arts et de la culture contre la guerre avec l’Ukraine

Pascal Boniface : Poutine attaque l’Ukraine et fait perdre la Russie

Yorgos Mitralias : Нет войне! Non à la guerre ! Нет войне!

Izabella Marengo et Pierre Jasmin : NON à l’invasion de l’Ukraine ! NON à l’expansion de l’OTAN

Message du président de la confédération syndicale indépendante bélarusse devant le pire

Les Russes veulent-ielles la guerre ? Réflexions depuis Moscou, le 1er jour de l’invasion de l’Ukraine

Tentons d’être à la hauteur de la résistance ukrainienne

Stefan Bekier : « Démilitariser » et «dénazifier » l’Ukraine ?!

Manifeste de la plate-forme « Arrêtons la guerre »

Déclaration intersyndicale : Non à la guerre : retrait immédiat des troupes russes, solidarité avec le peuple ukrainien

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/03/ukraine-russie-7/

Interview de Witalij Machinko, Syndicat de solidarité des travailleurs (Trudowa Solidarnist, Kiev)

Appel du « Center for civil liberties » Ukraine

Roane Carey : Comment la gauche devrait réagir à l’invasion de l’Ukraine par la Russie

MMF France : Non à la guerre en Ukraine, Non à Poutine ! Soutien à la démocratie ukrainienne, soutien au peuple ukrainien !

Leyla Binici, Jérôme Gleizes, Abdessalam Kleiche, Myriam Laïdouni-Denis, Didier Claude Rod : Réflexions écologistes sur l’agression de Vladimir Poutine contre l’Ukraine.

La Cimade demande une protection pour toutes les personnes qui quittent l’Ukraine

Amb el poble d’Ucraïna!

Nous, Européen·ne·s de l’Est…

Patrick Cockburn : La Blitzkrieg pré-annoncée de Poutine en échec. Un danger encore plus grand (…)

NON à la guerre en Ukraine !

Des militant·es pour la démocratie au Myanmar organisent des rassemblements pour soutenir l’Ukraine

Razem : « Chère gauche occidentale, on ne vous demande pas d’aimer l’OTAN… »

Fondation Frantz Fanon : Guerre d’agression contre l’Ukraine : qui a mis K.O le droit international ?

William Bourdon et Véronique Nahoum-Grappe : Poutine et ses sbires : un jour dans le box de la Cour Pénale Internationale ?

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/02/ukraine-russie-6/

Hugues Le Paige : Ukraine : pour la solidarité, contre la chasse aux sorcières

Lettre de l’Union syndicale Solidaires et de la fédération Sud-Rail

Les experts de l’ONU appellent à la fin de l’agression russe contre l’Ukraine et à la protection urgente des droits de l’homme

Russie : Contre l’impérialisme russe, ne touchez pas à l’Ukraine !

Lettre ouverte de scientifiques et journalistes scientifiques russes contre la guerre

María R. Sahuquillo : Des milliers de volontaires civils rejoignent la résistance pour repousser l’avancée des troupes de Poutine

Pierre Khalfa : De la difficulté d’une politique internationale altermondialiste

En Russie, les féministes descendent dans la rue contre la guerre de Vladimir Poutine

Mario Kessler : Les fantasmes antibolcheviques de Poutine pourraient causer sa perte

Zbigniew Marcin Kowalewski : Impérialisme russe

Solidarité avec les réfugiés ukrainiens

Nicole Roelens : La lutte internationale des femmes contre le meurtre de masse utilisé comme outil de pouvoir

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/01/ukraine-russie-5/

Gilbert Achcar : Invasion russe de l’Ukraine : Vladimir Poutine dans les pas de Saddam Hussein ?

Bernard Dréano : La guerre de Poutine en Ukraine, des questions et quelques réponses

David Broder : Cessez de prétendre que la gauche serait du côté de Poutine

Gilbert Achcar :Mémorandum sur une position anti-impérialiste radicale concernant la guerre en Ukraine

Déclaration commune de syndicats ukrainiens

Mykhailo Volynets : La Russie a attaqué et commencé l’invasion de l’Ukraine

Contre la guerre impériale de Poutine en Ukraine, une prise de position de la revue LeftEast

À quoi pense Vladimir Poutine ? Entretien avec Ilya Boudraitskis

Invasion russe de l’Ukraine : Vladimir Poutine dans les pas de Saddam Hussein ?

Solidarité de la communauté scientifique avec l’Ukraine

Esprit : Pour une Ukraine libre !

MAN : Pour une résistance civile non-violente en Ukraine

Attac Espagne : Non à la guerre !

Halya Coynash : Le grand rabbin d’Ukraine démolit l’excuse de Poutine pour l’invasion de la Russie  

Edo Konrad : L’invasion de la Russie devrait être un miroir pour la société israélienne

Professeurs chinois : notre attitude face à l’invasion russe de l’Ukraine

Déclaration des étudiant·es des universités de Hong Kong sur la guerre d’invasion menée par la Russie contre l’Ukraine

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/28/ukraine-russie-4/

Non à l’agression impérialiste de la Russie contre l’Ukraine

Déclaration du Comité exécutif du Congrès des syndicats démocratiques de Biélorussie

Danya P. :Pour le défaitisme révolutionnaire

Sotsialnyi Ruh : Arrêtez Immédiatement L’agression De Poutine !

Une déclaration du Comité national de l’OZZ Inicjatywa Pracownicza (Syndicat d’initiative des travailleurs) sur l’agression russe contre l’Ukraine

Communiqué de la Confédération du travail de Russie (KTR)

Les femmes l’exigent : Non à la guerre en Ukraine, Non à l’OTAN !

Taras Bilous :« Une lettre de Kiev à une gauche occidentale »

Stop à l’agression russe en Ukraine ! Pour une Ukraine libre et souveraine pour les travailleurs et travailleuses !

Santiago Alba Rico :« Non à la guerre ». Le sens de certains slogans face à l’invasion de l’Ukraine par le régime de Poutine ?

Vanesa Jiménez : Comme c’est triste de regarder la guerre

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/26/textes-sur-lukraine-3/

Déclaration commune de syndicats ukrainiens

Mykhailo Volynets : La Russie a attaqué et commencé l’invasion de l’Ukraine

Vicken Cheterian :Le long hiver qui s’annonce : la Russie envahit l’Ukraine

Plate-forme TSS : Non à la Guerre. Pour une Politique Transnationale de la Paix

Communiqué LDH : Solidarité avec le peuple ukrainien

Pjort Sauer et Andrew Roth :L’opposition s’exprime en Russie contre l’invasion de l’Ukraine. La répression poutinienne la combat

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/25/invasion-de-lukraine-quelques-textes/

Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

Renaud Duterme : Les leçons géopolitiques de la crise ukrainienne

Appel : Non à la guerre – Russie, bas les pattes devant l’Ukraine !

Russie-Ukraine : « Une situation pire que durant la guerre froide ». Entretien avec Ilya Boudraitskis

Ilya Matveev, Ilya Budraitskis : Les Russes ordinaires ne veulent pas de cette guerre

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/04/les-dirigeants-des-grandes-puissances-jouent-avec-le-feu/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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