Ukraine – Russie (mais pas que…) 13

  • Guerre en Ukraine : contribution SUD-Rail
  • Francine Sporenda : L’Ukraine sur les réseaux sociaux : EXCUSER UN AGRESSEUR
  • Déclaration des Zapatistes (Mexique) : Il n’y aura aucun paysage après la bataille (à propos de l’invasion de l’armée russe en Ukraine)
  • Rassemblements inter-associatifs sur toutes les places de France #SolidaritéUkraine
  • Russie. « Nous entrons dans une nouvelle réalité politique ». Entretien avec Ilya Budraitskis conduit par Amy Goodman
  • Nik Afanasiev : Ukraine-Pologne. Des initiatives bénévoles solidaires effectives. L’Etat : gardien de nuit estompé
  • Bernard Ravenel : Arrêter la guerre avec les armes de la politique
  • Michel Capron : Quelques éclairages historiques sur la Russie de Poutine
  • Pas de démocratie sans droits des peuples à disposer d’eux-mêmes
  • Les peuples du monde entier demandent au Fonds Monétaire International (FMI) d’annuler la dette injuste de l’Ukraine
  • Le Comité National de « Résister Aujourd’hui » : Le chant des partisans
  • FBU (syndicat des pompiers britanniques) : Invasion et guerre en Ukraine
  • Pour la paix en Ukraine, les raisons de se mobiliser
  • Ben Cramer : L’Ukraine en manque d’Europe
  • Réunion Solidarité Ukraine
  • Liens avec d’autres textes

Guerre en Ukraine : contribution SUD-Rail

A propos de la guerre menée par la Russie en Ukraine, la fédération des syndicats SUD-Rail rédige cette note et fait quelques propositions, qui sarticulent tant avec le travail international mené par Solidaires depuis des années, quavec des initiatives, contacts et publications de ces derniers jours … et permettre de répondre à des communications patronales ou dautres organisations syndicales.

Cest le pouvoir russe, le régime de Poutine, qui porte la responsabilité de cette guerre. Nous devons partir de ce constat. Il sagit, après notamment lannexion de la Crimée, dune nouvelle intervention militaire impérialiste, de la part dun régime dictatorial qui exerce une très forte répression envers les mouvements populaires, dont le mouvement syndical lorsquil est indépendant.

Ce constat ne retire rien au fait que nous étions, depuis longtemps, partie prenante de collectifs et initiatives réclamant la dissolution de l’OTAN. Il n’y a aucune raison de remettre cela en cause, c’est un de nos rôles en tant qu’organisation d’un pays membre de l’OTAN, mais l’exigence de dissolution de l’OTAN ne doit pas être utilisée comme un argument qui viserait, volontairement ou non, à « équilibrer » les responsabilités vis-à-vis de ce qui se passe en Ukraine.

Cest aussi pour cela que nous ne pouvons pas avancer comme mot dordre « la paix négociée ». Ce serait renvoyer dos à dos agresseurs et agressé∙es. Ce n’est pas envisageable en termes de revendication, exigence, message politique. Ce serait s’aligner sur la politique de celles et ceux qui se limitaient à dire « paix au Vietnam » ou « paix en Algérie », sans revenir à 1939 avec l’invasion de la Pologne, en gommant la résistance des peuples vietnamiens, algériens, polonais et l’occupation américaine, française, allemande, en refusant de soutenir celles et ceux qui résistaient aux forces d’occupation et de répression. Pour l’heure, il faut soutenir la lutte de la population d’Ukraine contre l’invasion militaire russe, pas revendiquer une « paix négociée » qui entérinerait la situation créée par l’agression impérialiste de l’Etat russe.

Même chose vis-à-vis du gouvernement ukrainien, des forces politiques présentes en Ukraine : le premier est critiquable, c’est une évidence. Mais il n’a rien de comparable à une dictature. Parmi les secondes, il existe des groupes d’extrême droite ; cela renforce la nécessité pour nous d’avoir des contacts directs, notamment avec des syndicalistes, mais ça ne justifie aucune restriction au soutien à la résistance contre l’invasion et l’occupation russes (des forces d’extrême droite existent en France ; heureusement, nos partenaires internationaux n’ont pas décidé de rompre les relations avec nous pour autant).

Avec la résistance ukrainienne, l’autre clef de la situation est ce qui se passe en Russie, avec les mouvements de contestation et/ou refus de la guerre, avec les « interrogations » qui se font jour parmi les soldats. Soutenir la résistance en Ukraine et les désobéissances en Russie sont des impératifs aujourdhui, car on ne construira pas la paix dans le monde si la résistance ukrainienne est écrasée et que le régime de Poutine sort renforcé par la guerre.

Notre propos n’est ni celui d’organisations humanitaires, ni celui d’institutions type ONU, ni de commentateurs ou commentatrices de l’actualité internationale. Nous pouvons bien entendu nous nourrir d’analyses diverses, nous ne pouvons pas nous limiter aux analyses et à débattre des insuffisances de tel ou tel texte. Notre activité syndicale internationaliste doit être … syndicale ; syndicale au sens où nous l’entendons, c’est-à-dire en assumant toute sa dimension politique, mais à partir de la défense et des intérêts de notre classe sociale et dans une perspective émancipatrice. Tous ces mots ont un aspect dérisoire dans une situation de guerre. Pour limiter le caractère dérisoire de notre activité face à cette situation, nous proposons quelques axes de travail pour notre Union syndicale Solidaires, dont notre fédération fera le maximum pour y participer et notamment par la commission internationale.

Les peuples d’Ukraine sont directement touchés par la guerre et ses effroyables conséquences. Disposer des moyens pour résister est, pour eux, une nécessité vitale. Soutenir les millions de personnes condamnées à l’exil en est une autre. Ce sont deux impératifs vitaux pour les populations locales, deux axes prioritaires pour notre engagement syndical internationaliste. Le troisième axe est le soutien (notamment par l’information) à celles et ceux qui, en Russie, combattent la guerre et le régime de Poutine. Tout cela, faisons-le à partir de nos réalités, nos actions, ici et maintenant. Ce sera plus utile que de multiplier les déclarations conclues par un appel aux gouvernements, à l’Union européenne ou autre institution organisatrice de l’ordre capitaliste qui est au cœur de la situation actuelle

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Une de nos priorités est de donner la parole aux syndicalistes dUkraine, de Russie, de Biélorussie, de Pologne, etc. Nous devons poursuivre et amplifier le travail entamé à travers le Réseau syndical international de solidarité et de luttes Plusieurs déclarations, appels et interviews ont été publiés (http://www.laboursolidarity.org). Plusieurs organisations Solidaires (SNJ, Solidaires Douane, …) ont communiqué à partir des réalités de leur secteur professionnel ; c’est important.

Il faut continuer à faire connaître les expressions et actions des syndicalistes dans les pays concernés, poursuivre le travail de contacts, échanges, etc.

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Concernant les réfugié∙es, lUnion syndicale Solidaires et plusieurs des organisations membres interviennent sur ce sujet depuis bien longtemps. Face à la situation présente des initiatives spécifiques ont été prises : par exemple, par SUD-Rail (https://sudrail.fr/Communique-de-Presse-RSISL) ou SUD Education (https://www.sudeducation.org/communiques/des-moyens-pour-accueillir-et-scolariser-les-eleves-et-etudiant⋅es-ukrainien⋅nes/). Celles-ci s’inscrivent, bien évidemment, à la fois dans le moment que nous vivons et dans le positionnement de fond de notre organisation. Nous parlons bien, dans le cas présent, des « réfugié∙es d’Ukraine » et pas des « réfugié∙es de nationalité ukrainienne ».

Ce que nous pouvons obtenir pour elles et eux doit servir de point dappui pour montrer que cest possible pour toutes et tous les réfugié∙es. C’est une évidence pour toutes et tous les camarades de Solidaires impliqué∙es dans ces luttes depuis des années ; mais peut-être que cela va mieux en le (re)disant. Ajoutons que lorsqu’on parle de réfugié∙es, de migrant∙es, d’exilé∙es, les grèves de travailleurs sans-papiers comme les trois qui ont lieu depuis des mois en Ile-de-France sont aussi en plein dans le sujet ; le soutien actif est une des réponses à celles et ceux qui veulent trier les réfugié∙es.

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Localement, des collectifs, des militantes et militants Solidaires, sont impliqué∙es dans des initiatives visant à faire parvenir à la population dUkraine ce qui lui est nécessaire pour vivre, survivre, continuer la résistance à lagression de lEtat russe. Nous pouvons être utile en faisant connaître ces initiatives, en mettant en contact avec des syndicalistes d’Ukraine, de Pologne, etc., comme nous avons commencé à le faire, grâce au Réseau syndical international de solidarité et de luttes. Se pose la question de prendre une initiative du même ordre, mais « nationalement ». Ceci est discuté aussi dans la CGT et la FSU ; de même au sein du Réseau syndical international de solidarité et de luttes. A partir de lexpérience de lassociation Convoi syndical lors des guerre en Bosnie, en Tchétchénie, nous pouvons nous fixer lorganisation dun tel convoi en avril, dans la suite de la rencontre du Réseau ; cela permettrait à des organisations présentes à Dijon pour ces rencontres de participer à l’initiative, de lui donner un caractère internationaliste encore plus affirmé ; les camarades de CSP-Conlutas (Brésil), par exemple, sont partant∙es (la proposition n’a pas été faite « publiquement » au sein du Réseau pour l’instant, bien entendu). La commission internationale Solidaires, dont la composition – comme toutes les commissions – demeure ouverte à toutes les organisations membres, pourrait se charger de la mise en œuvre. Cette échéance en lien avec le Réseau et cohérente avec le nécessaire temps de préparation, n’exclue nullement le travail avec la CGT et la FSU : cela peut s’articuler aux mêmes dates et le convoi ne serait alors plus seulement « du Réseau », cela peut aussi se traduire par une initiative plus restreinte mais plus rapide dès mars.

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Au-delà de l’urgence et des réponses que nous pouvons tenter d’y apporter, la guerre en Ukraine amène aussi à se reposer les questions liées aux ventes d’armes, à la fabrication d’armes et donc à la reconversion, aux budgets engloutis dans l’armement, aux politiques militaristes, aux guerres qui ont lieu ailleurs dans le monde. Un travail de réflexion avec des collectifs militants intervenant sur ces sujets est à reprendre, dans une perspective syndicale.

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Pour l’Union syndicale Solidaires, le soutien aux populations d’Ukraine et la lutte contre cette guerre ne doivent pas se faire au détriment d’autre champs de notre activité internationale, d’autres causes (Palestine, Kurdistan, Syrie, Françafrique, Afghanistan, etc.) A ce propos, dans la suite de liens anciens et repris en 2021, nous travaillons à la venue en France de militantes afghanes de Rawa, association de femmes qui luttent pour les droits des femmes, pour le respect des droits humains, contre la guerre, depuis 1977 et donc contre l’occupation soviétique, contre les talibans, contre l’occupation américaine …

St Denis, le 9 mars 2022

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L’Ukraine sur les réseaux sociaux : EXCUSER UN AGRESSEUR

Un décodage féministe de la guerre en Ukraine. Parce qu’il y a un lien évident entre tyran domestique et tyran chef d’Etat : la masculinité toxique.

Qu’est ce qu’il y a de plus antagoniste au féminisme que Poutine, ce dictateur, concentré de masculinité toxique, tueur sans états d’âme qui parade sa virilité dans des mises en scène grotesques –torse nu à cheval – avec toute la subtilité d’un exhibitionniste entrouvrant son imperméable dans le métro ? Qu’est ce qu’il y a de plus clair que les chars d’un pays immense et puissant franchissant les frontières d’un petit état souverain, et des volées de roquettes s’abattant sur ses populations civiles, alors que l’Ukraine ne menaçait en rien son colossal agresseur, qu’il n’était même pas membre de l’OTAN et dont l’adhésion (demandée par Zelensky) a peu de chances d’aboutir pour le moment ?

Pourtant, nombreux sont les justificateurs de Poutine sur les réseaux sociaux, qui lui cherchent des excuses à qui mieux mieux, dans une frénésie de « blame the victim » consternante.

J’ai déjà parlé de leur principal argument : « l’OTAN, c’est le diable »: Poutine a raison d’être en rage contre l’Occident qui l’a humilié, offensé, provoqué, parce que 14 pays ex-satellites soviétiques ont déjà rejoint le Pacte atlantique et que plusieurs autres veulent candidater.

Comme je l’ai déjà expliqué, ce n’est pas les Etats-Unis ou l’Europe de l’Ouest qui ont fait pression sur ces 14 pays pour les faire adhérer à l’OTAN ; comme le montrent les demandes d’adhésion qui se multiplient récemment (Ukraine, Géorgie, Finlande et Suède), ce sont ces pays qui sont demandeurs de protection face aux agressions militaires répétées de Poutine en Europe depuis 1999 (Tchétchénie, Géorgie, Crimée, Ukraine) – sans parler de l’intervention russe en Syrie – et à ses menaces réitérées de recours à la force nucléaire, y compris en réponse à une attaque militaire conventionnelle – ce qu’aucun autre pays des 5 détenteurs de l’arme nucléaire n’a osé envisager avant lui.

Cette explication de « mais l’OTAN l’a provoqué » est pur aplatissement devant l’argument de la force brutale : on dit de facto aux pays voisins de la Russie qu’avant tout, ce qui importe, c’est de ne pas provoquer Poutine, de ne rien faire qui puisse l’irriter, donc de ne rien faire pour se protéger, et surtout de ne pas entrer dans l’OTAN – parce que – admirez la logique imparable : « si vous vous protégez d’une attaque russe, vous allez provoquer une attaque russe » ! Que Russia Today utilise cette rhétorique est dans l’ordre mais que des Occidentaux la recyclent est pour le moins surprenant.

J’ai conseillé des femmes victimes de violences « domestiques », c’est-à-dire masculines, pendant quelques mois dans une maison des femmes. J’ai laissé tomber, parce que je ressentais, devant ce défilé ininterrompu d’horreurs, cette surenchère de sadisme masculin (la femme que son mari brûlait à la cigarette devant ses enfants, la jeune femme battue par son mari quand ses frères se sont vantés devant lui de l’avoir violée etc.), le sentiment de ne servir à rien, que la société était indifférente au sort de ces femmes, et qu’elles seraient toujours aussi nombreuses à venir se faire aider à la Maison des femmes, sans que rien ne change. Mais surtout, ce qui me déprimait plus que tout, c’est que beaucoup de ces femmes trouvaient des excuses à leur bourreau (le repas n’est pas toujours prêt quand il rentre, alors il se met en colère, c’est normal, je ne sais pas cuisiner comme il aime, quelquefois je suis trop fatiguée par mon travail et les enfants pour avoir des rapports sexuels, il est frustré, c’est normal, donc il me frappe…)

Cet argument du « mais l’OTAN l’a provoqué » me fait penser à la façon dont ces femmes excusaient leur conjoint violent et marchaient tout le temps sur des oeufs pour ne pas déclencher sa colère : attentive au moindre froncement de sourcil, se pliant à toutes ses exigences pour ne pas « provoquer » sa violence, tremblant en permanence de le mécontenter.

Aucune des excuses avancées ne pouvait justifier les coups du batteur, et c’est ce qu’elles n’avaient pas intégré : elles lui reconnaissaient des droits sur elles qu’elles se refusaient à elles-mêmes, comme le droit de les frapper si leurs services domestiques et sexuels ne le satisfaisaient pas. Elles pensaient que c’était LEUR comportement qui provoquait les coups, et que c’était LEUR responsabilité de ne pas « provoquer » leur tyran domestique. Plus l’oppression des femmes est extrême, plus grande est leur identification à l’agresseur. 

Les poutinistes raisonnent selon une ligne assez similaire : à les entendre, la Russie de Poutine, leader d’un pays immense qui est la première puissance nucléaire et a la deuxième armée du monde, aurait le droit d’être protégée contre les menaces d’attaques militaires improbables de petits pays frontaliers dont l’armée fait figure de naine par rapport à celle de leur géant voisin, mais pourrait par contre légitimement s’estimer provoquée si les petits états frontaliers en question recherchent aussi une protection : c’est à eux d’éviter de provoquer le géant russe.

Rappelons que les effectifs militaires ukrainiens représentent moins du 1/4 des effectifs de l’armée russe, qui est dotée en outre d’armes high tech (missiles hypersoniques) que même les Etats-Unis ne possèdent pas. Qui peut croire qu’un petit pays comme l’Ukraine va attaquer un colosse surarmé comme la Russie, et pour quelle raison le ferait-il ? Qui peut ajouter foi (sauf des esprits intoxiqués par le complotisme) à la rumeur d’une attaque de la Russie par l’OTAN ? Qui a besoin de protection, et contre qui ? Historiquement, ce sont généralement les grands pays qui attaquent les petits, l’inverse est rare.

La menace d’une attaque de pays riverains par la Russie n’est que trop réelle, comme vient de le montrer l’actualité et comme aurait dû nous en avertir la liste des guerres déclenchées par Poutine depuis des années. Vu ce palmarès guerrier impressionnant, il est stupéfiant que la plupart des Occidentaux et leurs gouvernements n’aient pas pris au sérieux les informations américaines annonçant que des dizaines de milliers de soldats russes étaient massés à la frontière avec l’Ukraine et qu’une attaque était imminente : la propagande, c’est quand les gens voient ce qu’on leur fait croire et ne croient pas ce qu’ils voient.

Un point juridique qui a son importance: les poutinistes affirment que leur héros a dû avoir recours à une « attaque préventive » (il aurait attaqué pour ne pas être attaqué) face à la menace d’une invasion par l’Ukraine soutenu par l’OTAN. S’il existe bien dans le droit international, l’utilisation de ce concept de « guerre préventive » pour justifier une agression militaire est soumis à des conditions strictes : une « guerre préventive » ne peut être légitime qu’en cas d’absolue certitude, prouvée irréfutablement, d’une attaque ennemie imminente – mais ces preuves sont faciles à truquer : il faut rappeler que les Etats-Unis ont présenté leur attaque de l’Iraq comme une guerre préventive sous le prétexte fallacieux de la détention par Saddam Hussein d’« armes de destruction massive » imaginaires, prétexte fabriqué de toutes pièces par les Etats-Unis. Historiquement, l’argument de « guerre préventive » a plus souvent été utilisé pour présenter une guerre d’agression comme une guerre défensive qu’en cas de menace réelle. Poutine n’a pas réussi à fabriquer des preuves crédibles prouvant qu’une attaque de l’armée ukrainienne contre la Russie était imminente. Et la notion de « guerre préventive » en l’absence des conditions spécifiées est contraire au droit international – dont Poutine se contrefiche manifestement.

Cet argument des poutinistes « mais l’OTAN l’a provoqué, Poutine est une victime des Occidentaux » ne résiste pas à l’examen, parce que c’est un leurre. Mais derrière cet affichage purement idéologique, on peut discerner d’autres raisons, les vraies raisons du soutien à Poutine.

Je ne doute pas que des crimes aient été commis des deux côtés dans le Donbass, c’est généralement le cas dans les guerres civiles. Mais cela ne change rien au fond du problème : cela ne donne pas le droit à Poutine d’envahir la totalité du territoire d’un Etat souverain. Et si l’on est féministe, une chose devrait être absolument claire : chercher des excuses à l’agresseur n’est pas féministe. Et le concept intrinsèquement patriarcal de dictature est absolument incompatible avec les fondamentaux du féminisme.

Francine Sporenda

https://sporenda.wordpress.com/2022/03/11/lukraine-sur-les-reseaux-sociaux-excuser-un-agresseur/

 

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Déclaration des Zapatistes (Mexique) : Il n’y aura aucun paysage après la bataille (à propos de l’invasion de l’armée russe en Ukraine)

Aux signataires de la Déclaration pour la Vie :

A la Sixième nationale et internationale :

Compagnons, sœurs et frères :

Nous vous disons nos mots et nos réflexions sur ce qui se passe actuellement dans la géographie que vous appelez l’Europe :

PREMIER.- Il y a une force d’agresseur, l’armée russe. Il y a des intérêts du grand capital en jeu, des deux côtés. Ceux qui souffrent aujourd’hui des délires des uns et des calculs économiques rusés des autres, ce sont les peuples de Russie et d’Ukraine (et, peut-être bientôt, ceux d’autres géographies proches ou lointaines). En tant que zapatistes que nous sommes, nous ne soutenons pas un État ou un autre, mais plutôt ceux qui se battent pour la vie contre le système. Lors de l’invasion multinationale de l’Irak (il y a presque 19 ans), menée par l’armée américaine, il y a eu des mobilisations à travers le monde contre cette guerre. Personne de sensé ne pensait que s’opposer à l’invasion revenait à se ranger du côté de Saddam Hussein. Maintenant, c’est une situation similaire, mais pas la même. Ni Zelensky ni Poutine. Arrêter la guerre.

DEUXIÈMEMENT.- Différents gouvernements se sont alignés d’un côté ou de l’autre, en se basant sur des calculs économiques. Il n’y a aucune valeur humaniste en eux. Pour ces gouvernements et leurs « idéologues », il y a de bonnes interventions-invasions-destructions et il y en a de mauvaises. Les bonnes sont celles perpétrées par leurs proches, et les mauvaises sont celles perpétrées par leurs contraires. Les applaudissements pour l’argument criminel de Poutine pour justifier l’invasion militaire de l’Ukraine se transformeront en regrets lorsque, avec les mêmes mots, l’invasion d’autres peuples dont les processus ne sont pas du goût du grand capital sera justifiée.

Ils envahiront d’autres géographies pour les sauver de la « tyrannie néo-nazie » ou pour en finir avec les « narco-États » voisins. Ils reprendront alors les mêmes propos de Poutine : « nous allons dénazifier » (ou son équivalent) et abonderont en « raisonnements » de « danger pour leurs peuples ». Et puis, comme nous le disent nos camarades en Russie : « les bombes, les roquettes, les balles russes volent vers les Ukrainiens et ils ne demandent pas leurs opinions politiques et la langue qu’ils parlent », mais la « nationalité » de l’un et de l’autre va changer. des autres.

TROISIÈME.- Les grandes capitales et leurs gouvernements « occidentaux » se sont assis pour contempler – et même pour encourager – comment la situation se détériorerait. Puis, une fois l’invasion déjà commencée, ils attendaient de voir si l’Ukraine résisterait, et faisaient des comptes sur ce qu’on pouvait tirer d’un résultat ou d’un autre. Alors que l’Ukraine résiste, elle commence à émettre des factures « d’aide » qui seront perçues plus tard. Poutine n’est pas le seul surpris par la résistance ukrainienne.

Ceux qui gagnent dans cette guerre sont les grands consortiums d’armes et les grands capitaux qui voient l’opportunité de conquérir, détruire/reconstruire des territoires, c’est-à-dire créer de nouveaux marchés pour les biens et les consommateurs, pour les personnes.

QUATRIÈMEMENT.- Au lieu de recourir à ce que les médias et les réseaux sociaux des parties respectives diffusent – et que les deux présentent comme des « nouvelles » -, ou aux « analyses » de la soudaine prolifération d’experts en géopolitique et à la nostalgie du Pacte de Varsovie et L’OTAN, nous avons décidé de trouver et d’interroger ceux qui, comme nous, sont engagés dans la lutte pour la vie en Ukraine et en Russie.

Après plusieurs tentatives, la Sixième Commission zapatiste a réussi à entrer en contact avec nos parents en résistance et en rébellion dans les géographies qu’ils appellent la Russie et l’Ukraine.

CINQUIÈME.- En résumé, ces nos proches, qui brandissent aussi le drapeau du @ libertaire, tiennent bon : les résistants qui sont dans le Donbass, en Ukraine ; et en rébellion ceux qui marchent et travaillent dans les rues et les champs de Russie. Ils sont détenus et battus en Russie pour avoir protesté contre la guerre. Ils sont assassinés en Ukraine par l’armée russe.

Elle les unit entre eux, et eux avec nous, non seulement le NON à la guerre, mais aussi le refus de « s’aligner » sur les gouvernements qui oppriment leur peuple.

Au milieu de la confusion et du chaos des deux côtés, leurs convictions tiennent bon : leur lutte pour la liberté, leur répudiation des frontières et de leurs États-nations, et les oppressions respectives qui ne font que changer de drapeau.

Notre devoir est de les accompagner au mieux de nos capacités. Un mot, une image, une mélodie, une danse, un poing qui se lève, un câlin – même de lointaines géographies -, sont aussi un soutien qui animera leur cœur.

Résister c’est persister et triompher. Soutenons ces proches dans leur résistance, c’est-à-dire dans leur lutte pour la vie. Nous le leur devons et nous le devons à nous-mêmes.

SIXIÈME.- En raison de ce qui précède, nous appelons la Sixième nationale et internationale, qui ne l’a pas encore fait, à manifester contre la guerre et en soutien aux Ukrainien@s, selon leurs calendriers, géographies et méthodes, et russ@s qui se battent dans leurs géographies pour un monde de liberté.

De même, nous appelons à un soutien financier pour la résistance en Ukraine dans les comptes qui nous seront indiqués à ce moment-là.

De son côté, la Sixième Commission de l’EZLN fait de même, en envoyant un peu d’aide à ceux qui, en Russie et en Ukraine, luttent contre la guerre. Des contacts ont également été pris avec nos proches à SLUMIL K´AJXEMK´OP pour créer un fonds économique commun pour soutenir ceux qui résistent en Ukraine.

Sans ambigüité, nous crions et appelons à crier et à exiger :

DEHORS L’ARMÉE RUSSE DE L’UKRAINE !

*-*

La guerre doit être arrêtée. S’il reste et évolue de manière prévisible, alors peut-être que le paysage après la bataille ne sera pas remarqué.

Des montagnes du sud-est mexicain.

Sous-commandant insurgé Moisés. SupGaleano.

Sixième Commission de l’EZLN.

2 mars 2022.

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article61537

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Appel places de France

Rassemblements inter-associatifs sur toutes les places de France #SolidaritéUkraine

Jeudi 17 mars : grande mobilisation nationale sur les places de France

Les associations signataires de l’appel ci-dessous appellent à organiser des rassemblements le jeudi 17 mars à partir de 18h sur toutes les places de France. Ils seront, organisés à l’initiative des associations signataires, pour affirmer un message commun : « Russie hors d’Ukraine. Solidarité et accueil envers la population ukrainienne, les Russes et Bélarusses contre la guerre », ainsi que « pour l’accueil de toutes les personnes exilées ».

Tous les lieux de rassemblement déclarés seront référencés et cartographiés sur la page suivante : www.tinyurl.com/solidariteukraine17mars

« Russie hors d’Ukraine, solidarité partout ! »
Rassemblements en France le jeudi 17 mars

Collectif Solidarité Ukraine

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Alors que l’inacceptable invasion russe se poursuit en Ukraine, réunissons-nous ce jeudi 17 mars 2022 sur les places de France pour montrer notre solidarité envers la population ukrainienne, les Russes et Bélarusses engagé·e·s contre la guerre, et toutes les personnes exilées.

Ces rassemblements sont organisés à l’appel d’un large collectif inter-associatif, avec le soutien de syndicats, et de membres des différentes diasporas afin de porter collectivement les revendications suivantes :

Appel à manifester contre la guerre en Ukraine

En solidarité avec la population d’Ukraine, et les Russes et Bélarusses engagé.es contre la guerre et avec toutes les personnes exilées

Les associations signataires appellent à venir manifester le jeudi 17 mars, dans toutes les villes de France, pour exprimer notre solidarité avec la population d’Ukraine victime du crime d’agression commis par le gouvernement russe contre leur pays.

Les associations organisatrices invitent tous les responsables politiques européens à mobiliser toute leur énergie pour :

  • obtenir un cessez-le-feu et le retrait des troupes russes d’Ukraine,

  • obtenir la fin immédiate des attaques ciblées et indiscriminées contre les civils et infrastructures civiles en Ukraine,

  • fournir aux victimes de la guerre toute l’assistance humanitaire possible, et assurer un passage sûr pour les civils pris dans le conflit,

  • accueillir dans les différents pays toutes les personnes fuyant l’Ukraine à la recherche d’un refuge,

  • s’assurer qu’aucune personne, quelle que soit sa nationalité, ne soit bloquée aux frontières ukrainienne ou européenne (externes ou internes de l’UE), et que toutes puissent trouver une protection dans des conditions dignes et respectueuses de leurs droits, dans l’Union européenne,

  • mobiliser des moyens pour que les activistes ukrainien·nes pour la démocratie et les droits humains soient protégé·es, accueilli·es, et soutenu·es,

  • assurer par tous les moyens possibles un soutien et une protection aux acteurs de la société civile russe et bélarusse qui sont opposés à la guerre,

  • préserver les canaux d’information permettant aux populations ukrainienne, russe et bélarusse de recevoir des informations fiables, soient préservés.

  • lutter contre l’impunité des responsables de crime d’agression et de crimes de guerre.

A l’heure où une guerre aux graves conséquences sévit en Europe, il est impératif que vive la solidarité internationale pour la défense des libertés de toutes et tous.

Le jeudi 17 mars, soyons nombreuses et nombreux à manifester pour exprimer notre solidarité et notre soutien aux citoyen·ne·s et organisations ukrainien·nes, russes et belarusses engagé·es pour l

Appel lancé à l’initiative des associations suivantes

ACAT-France, Agir ensemble pour les droits humains, Alliance Internationale pour la défense des droits et des libertés, Alliance sciences société, Amnesty International France, Anafé, Article Premier, Assemblée européenne des citoyens, Association Abraham Mazel, Association des Travailleurs Maghrébins de France, Association Habitat-Cité, Attac France, Atelier des artistes en exil, Barreau de Paris, CartONG, la Chaîne de l’Espoir, CCFD-Terre Solidaire, CEDETIM, Centre Primo Levi, Cimade, Coalition française pour la Cour pénale internationale, Collectif Bienvenue (Bordeaux), Collectif Ivryen de Vigilance Contre le Racisme, Collectif Stand with Ukraine, Communauté des Belarusses à Paris, Communauté des Belarusses des Savoies, Coopératives européennes Longo Maï, Coordination SUD, CRID, Électriciens sans frontières, Elena, Emmaüs Europe, Emmaüs France, Emmaüs International, Ensemble contre la peine de mort, European Prison Litigation Network, Euro Créative, Femmes Solidaires (Marseille), FIDH, Fondation Copernic, Fondation Danielle Mitterrand, Forum Civique Européen France, Gisti, Groupe accueil et solidarité, Groupe Initiatives, Humatem, IPAM, La Maison Ouverte, LDH Gironde, Les Nouveaux Dissidents, Maison des Droits de l’Homme (Limoges), Médecins du Monde Caen, Memorial France, Mouvement de la Paix, Pax Christi Nice, Première Urgence Internationale, Russie-Libertés, Secours Catholique-Caritas France, SOS Africaines en danger, Terre des Hommes France, Utopia 56, YMCA France

Avec le soutien de

Syndicats : Confédération Générale du Travail (CGT), Fédération Syndicale Unitaire (FSU), SUD-PTT, Syndicat de la Magistrature, Syndicat des Avocats de France, Union syndicale Solidaires

Personnalités, universitaires, chercheurs et chercheuses, avocats : Delphine Bechtel, universitaire (Paris-4) ; Christian Benedetti, metteur en scène ; William Bourdon, avocat ; Vincent Brengarth, avocat ; Aurore Chaigneau, directrice UFR (Paris 10) ; Claude Charlot, directrice recherches CNRS ; Isabelle Charpentier, professeure des universités (Amiens) ; Karine Clément, sociologue ; Yves Cohen, directeur d’études EHESS ; Emmanuel Daoud, avocat ; Stéphane Dudoignon, directeur de recherche CNRS ; Laurence de Cock, historienne ; Bernard Defrance, philosophe ; Didier Epsztajn, écrivain ; Michel Forst, ancien rapporteur spécial des Nations Unies ; Cathérine Géry, professeure (INALCO) ; François Gieres, professeur des universités (Lyon 1) ; Dominique Glaymann, professeur émérite (Paris Saclay) ; Catherine Gousseff, directrice recherches CNRS ; Inna Harmagnies, avocate ; Fabien Jobard, directeur de recherches CNRS ; Jean-Paul Laurencin, économiste ; Véronique Jobert, professeur émérite (Paris Sorbonne) ; Michèle Leclerc-Olive, chercheuse ; Anne Le Huérou, maîtresse de conférence (Paris 10) ; Philippe Marchesin, enseignant- chercheur (Paris 1) ; Gus Massiah, fondateur du CEDETIM et de l’IPAM ; Danielle Mérian, avocate ; Olivier Nay, professeur des universités (Paris 1) ; Marie-Gabrielle Philipp, chercheuse ; Nadège Ragaru, directrice de recherche (CERI-ScPo-CNRS) ; Patrick Silberstein, éditeur ; Ewa Tartakowsky, chargée de recherche CNRS ; Stéphanie Tchiombiano, maîtresse de conférence (Paris 1)

Rejoignez et partagez l’événement sur facebook et les réseaux sociaux avec le hashtag #SolidaritéUkraine.

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Russie. « Nous entrons dans une nouvelle réalité politique »

Entretien avec Ilya Budraitskis conduit par Amy Goodman

Nous publions ici la transcription – « faite dans l’urgence », selon les termes même d’Amy Goodman qui anime le site Democracy Now (version TV-en ligne) – d’un entretien qu’elle a eu, le 7 mars 2022, avec l’historien et militant Ilya Budraitskis, auteur de Dissidents Among Dissidents: Ideology, Politics and the Left in Post-Soviet Russia, publié par Verso en janvier 2022.

Amy Goodman. « Nous nous entretenons avec le militant et historien russe Ilya Budraitskis après que plus de 5000 manifestants contre la guerre ont été arrêtés dimanche 6 mars dans le cadre d’une vaste répression de la société civile ainsi que des médias russes. En Russie, les militants s’appuient sur les médias alternatifs tels que les médias sociaux pour s’informer, alors que le gouvernement russe continue de censurer les principaux organes d’information. Selon Ilya Budraitskis, des écrivains et des organes de presse indépendants, tels que Novaya Gazeta, ont été menacés d’enquêtes pénales pour avoir diffusé de la « désinformation », notamment en utilisant les mots « invasion » et « guerre » pour décrire les actions militaires de la Russie en Ukraine. Nous avions parlé avec Ilya Budraitskis, pour la dernière fois depuis Moscou en février. Depuis il a quitté la Russie. »

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Amy Goodman : Nous sommes maintenant rejoints par Ilya Budraitskis. Bienvenue à Democracy Now!, Ilya, pouvez-vous nous parler de la répression des manifestations et de la presse? Encore une fois, à ce stade, je pense que plus de 13 000 personnes ont été arrêtées en Russie pour avoir manifesté.

Ilya Budraitskis : Oui c’est la réalité. En fait, nous entrons actuellement dans une nouvelle réalité politique en Russie, parce que toutes les anciennes, disons, lois du jeu ne fonctionnent pas. Si auparavant, il y a seulement quelques mois, même deux mois, vous pouviez être arrêté pour avoir participé à une manifestation de rue et passer quelques jours en prison ou payer une amende, aujourd’hui, si vous êtes arrêté ou si vous diffusez simplement une information différente du point de vue officiel, vous pouvez être emprisonné pendant des années. Telle est la nouvelle situation. C’est un niveau de risque nouveau pour le mouvement de protestation en Russie. Bien sûr, ces gens qui, hier encore, sont descendus dans les rues des principales villes russes, sont extrêmement, extrêmement courageux. Je pense qu’ils devraient faire partie de la « fraction héroïque » de l’histoire des mouvements anti-guerre mondiaux.

Amy Goodman : Pouvez-vous nous parler de l’identité des manifestant·e·s et de la quantité d’informations qui circulent sur ces manifestations dans toute la Russie en ce moment, malgré la répression de la presse ?

Ilya Budraitskis : La plupart de ces personnes sont des jeunes. Ce sont, disons, des étudiants ou simplement des jeunes de moins de 25 ans. Malheureusement, cette partie de la population qui s’oppose activement à la guerre est très réduite en termes de générations et d’accès à l’information. Comme cela a probablement déjà été dit dans vos programmes, dans les médias officiels russes, l’image de la réalité, l’image de ce qui se passe en Ukraine, est totalement différente. C’est comme une réalité alternative. Il n’y a pas d’images des bombardements des villes ukrainiennes. Il n’y a même pas d’informations véritables sur les actions des unités militaires russes en Ukraine. Donc, en fait, la majorité de la population a une très mauvaise compréhension de ce qui se passe réellement en Ukraine. Donc, ceux qui ont participé à ces manifestations ces derniers jours obtiennent principalement leurs informations alternatives de certains médias sociaux, du moins qui sont encore accessibles dans le pays; ou, disons, de sites Internet alternatifs d’opposition, qui pour la plupart d’entre eux sont maintenant bloqués. Toutefois, vous pouvez toujours y accéder en utilisant le VPN (réseau virtuel privé), ce qui est accessible à peu de personnes.

Amy Goodman : Que signifie le fait que Dimitri Muratov – qui a remporté le prix Nobel de la paix en 2021 et dirige le journal Novaya Gazeta – ait déclaré qu’ils n’allaient plus en parler [de la « guerre »] à cause de la censure ?

Ilya Budraitskis : Oui, c’est un fait. Vous avez donc une nouvelle situation avec le type actuel de censure. Comme vous le savez probablement, même les termes « guerre » ou « invasion»  sont définis comme relevant de la désinformation ou des fake news en Russie. Vous pouvez – selon la nouvelle loi adoptée par le parlement il y a quelques jours – être emprisonné jusqu’à 15 ans pour la diffusion de telles « désinformations ». Nous savons que, déjà, des enquêtes criminelles sont en cours sur des personnes qui ne se contentent pas d’écrire quelque chose de ce genre, mais qui repostent simplement des nouvelles sur les médias sociaux qui appellent cette guerre une « guerre ».

Amy Goodman : « Guerre » ou « invasion », vous ne pouvez pas utiliser ces termes?

Ilya Budraitskis : « Invasion » : vous ne pouvez pas utiliser le terme. Vous pouvez utiliser uniquement le terme « opération militaire spéciale de maintien de la paix ». Vous ne pouvez pas diffuser d’informations alternatives sur les pertes de l’armée russe, et vous ne pouvez utiliser que les informations officielles du ministère russe de la Défense. La différence entre ces chiffres – donc si vous regardez les chiffres rapportés par le côté ukrainien et ceux rapportés par le côté russe – est très grande. Il y a quelques jours, le ministère russe de la Défense a reconnu officiellement, pour la première fois, qu’environ 500 soldats russes étaient déjà morts en Ukraine. Selon les sources ukrainiennes, l’information circule que plus de 7000 soldats russes ont déjà été tués.

Certes, le pouvoir ne pourra pas perpétuer cette censure pendant une longue période de temps, parce que tous ces soldats qui sont déjà morts en Ukraine, tous ces soldats russes, ont des proches. Ils ont leurs familles dans les différentes régions de la Fédération de Russie. Et, bien sûr, cela va aboutir à former un point de vue différent parmi une partie du peuple russe.

Amy Goodman : Les gens entendent-ils les appels des Ukrainiens ? Vendredi 4 mars, le président Zelensky a appelé les Russes à organiser des manifestations pour protester contre la prise par les forces russes de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, Zaporojie. Maintenant, des milliers d’Ukrainiens fuient cette région. Puis vous avez les Ukrainiens qui disent aux mères russes de venir chercher leurs fils soldats en Ukraine. Entendez-vous ces appels ? Sont-ils entendus en Russie ?

Ilya Budraitskis : Malheureusement, comme je l’ai déjà dit, l’accès à l’information est très limité. Je pense que ce discours de Zelensky n’a été accessible que pour ceux qui ont accès à l’information alternative, à ce genre de médias sociaux.

Amy Goodman : Ilya, nous n’avons pas beaucoup de temps, et je voudrais aborder quelques points. Les sanctions, l’effet de ces sanctions sur le peuple de Russie, la population ?

Ilya Budraitskis : C’est déjà énorme. Les effets sont déjà énormes. Elles vont conduire à l’effondrement, disons, de la classe moyenne en Russie. Cela conduira à la destruction de l’avenir pour – je ne sais pas – des millions de jeunes dans le pays. Et cela conduira à une catastrophe sociale. Et je ne suis pas sûr que les dirigeants actuels de la Russie puissent gérer cette catastrophe sociale et diriger le pays dans ce contexte.

Amy Goodman : Pensez-vous que cela mènera à un accord ? Dans la minute que nous avons, pensez-vous que cela pourrait conduire Poutine à un accord avec l’Ukraine ?

Ilya Budraitskis: Je ne sais pas, en fait, parce que nous voyons que ses décisions sont assez irrationnelles, assez irrationnelles.

Amy Goodman : Irrationnelles ?

Ilya Budraitskis: Nous ne pouvons pas en discuter de manière, disons, rationnelle.

Amy Goodman : Avez-vous été choqué par ce qui s’est passé ?

Ilya Budraitskis: Bien sûr. Bien sûr, comme des millions de personnes dans mon pays.

Amy Goodman : Pensez-vous que les manifestations vont se poursuivre ?

Ilya Budraitskis : Je l’espère, malgré la pression très, très brutale et très agressive que nous subissons de la part des dirigeants.

Amy Goodman : Avez-vous fui à cause de ce qui se passe ?

Ilya Budraitskis : En fait, je ne veux pas trop en parler.

Amy Goodman : OK… Ilya Budraitskis, je vous remercie beaucoup d’avoir été avec nous.

Entretien publié sur le site Democracy Now, le 7 mars 2022 ; traduction rédaction A l’Encontre

http://alencontre.org/europe/russie/russie-nous-entrons-dans-une-nouvelle-realite-politique.html

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Ukraine-Pologne. Des initiatives bénévoles solidaires effectives. L’Etat : gardien de nuit estompé

Elle veut juste que ses enfants ne vomissent pas dans le bus, mais personne ne la comprend. La mère ukrainienne s’énerve et parle au chauffeur de bus allemand, d’abord en ukrainien, puis en russe. Ses enfants sont toujours malades dans le bus. Ils auraient besoin de comprimés contre le mal des transports ou d’une place à l’avant, de préférence les deux. Des nuages blancs et touffus de gaz d’échappement s’échappent du bus dans la nuit glaciale, une pancarte est collée derrière son pare-brise : « Berlin – for free ».

Des réfugiés ukrainiens sont assis dans le bus, le chauffeur est un bénévole, la mère est désespérée. Ses deux filles se tiennent derrière elle, les yeux écarquillés. Elles ont visiblement du mal à rester éveillées. Je m’approche et traduis ses paroles au chauffeur de bus. Il l’autorise à chercher une pharmacie à la gare toute proche. Elle se met à courir, passant devant onze policiers polonais qui restent figés au coin de la rue, comme s’ils étaient des statues.

Ces jours-ci, des millions de personnes fuient l’Ukraine vers l’Ouest. Ils ont déjà transformé de nombreuses localités frontalières, surtout en ce qui concerne l’équilibre entre l’initiative privée et les structures étatiques. Comme certains en ont longtemps rêvé, l’Etat ne semble plus être qu’un veilleur de nuit, un policier fixant la nuit comme une simple colonne qui surveille les principaux carrefours – mais rien de plus.

En Allemagne, ce gardien de nuit sera même bientôt fortement armé, lorsque les 100 milliards d’euros de « fonds spéciaux » [annoncés par le gouvernement d’Olaf Scholz] annoncés seront versés à l’armée fédérale. Au moins un autre terme aurait été approprié, car le Kremlin appelle sa guerre d’agression « opération spéciale ». Dans un conflit, les ennemis se ressemblent souvent plus qu’ils ne veulent l’admettre, ne serait-ce que sur le plan terminologique.

Mais à Przemysl, en Pologne, la première semaine de la guerre n’est pas consacrée à la dissuasion, mais à la prise en charge des personnes qui ont fui.

C’est en fait un miracle que cela fonctionne, que tous obtiennent un repas et des couches pour leurs plus petits, un transport et des cartes SIM polonaises gratuites, distribuées par une agence d’intérim. Souvent, les bénévoles arrivent et demandent à qui ils doivent s’adresser pour aider, qui coordonne tout ici – personne ne le sait, car personne ne coordonne tout ici. Outre les policiers, la présence la plus visible de l’Etat est un hall logistique ouvert pour l’occasion non loin du poste frontière de Korczowa, rempli de lits de camp sur lesquels sont allongés des gens venus d’Asie centrale. Beaucoup racontent qu’ils ne savent pas où aller. Un vol vers leur pays d’origine serait cher, « et il n’y a pas de travail chez nous au Kirghizistan » !

Soudain des hooligans

On voit à quelle vitesse la situation peut dégénérer lorsque des hooligans apparaissent soudainement à Przemysl. Ils postent d’abord une photo sur le service de messagerie en ligne Telegram, plus de 100 hommes vêtus de noir, autoproclamés protecteurs de leur patrie. Puis ils se divisent en groupes d’environ cinq hommes et, selon leurs propres dires, « patrouillent », c’est-à-dire font la chasse aux étrangers non blancs.

En compagnie d’un journaliste polonais, je demande à un de ces groupes ce qu’il fait en ville. Les hommes – cheveux courts, vestes imperméables, baskets – font référence à des rapports publiés sur les réseaux sociaux selon lesquels des migrants auraient attaqué une femme polonaise avec un couteau et dévalisé des magasins. Les membres du groupe nous disent qu’ils « feront en sorte que l’ordre règne » à présent.

L’atmosphère est angoissante dans la ville, de nombreux étudiants venus d’Inde y séjournent. La plupart d’entre eux ont étudié à l’université technique de Poltava, dans l’est de l’Ukraine, comme ils le racontent. Ils ne savent pas qu’ils sont en danger, avec mon collègue journaliste, je préviens un groupe de trois jeunes Indiens de l’arrivée des hooligans. L’un d’entre eux ne porte qu’un pull fin et une couverture sur les épaules alors que les températures sont négatives. Tous trois semblent totalement épuisés par leur longue fuite. Ils disent qu’ils vont chercher un hôtel, ne veulent pas retourner à la gare, qui est sûre mais bondée.

Un petit supermarché est encore ouvert dans le centre de Przemysl, à un moment donné, une vingtaine de hooligans se rassemblent devant, ils crient des slogans, se saluent poing contre poing, fêtent avec bonne humeur. Ils ont pris le contrôle. Une question à la vendeuse du supermarché : « Vous sentez-vous menacée par tous ces hommes dehors ? » Sa réponse : « Non, maintenant je me sens en sécurité. Ils me protègent des migrants. »

Le lendemain, les médias polonais écrivent que les messages sur les actes de violence commis par des fugitifs sur Telegram étaient inventés. Selon eux, de sérieux indices montrent qu’ils ont été diffusés de manière ciblée par une source russe. Ils rapportent en outre que les hooligans ont passé à tabac trois jeunes Indiens, l’un d’entre eux ayant été battu et a dû être hospitalisé. Je ne sais pas s’il s’agit des trois étudiants indiens que nous avions essayé de prévenir.

Il faut ensuite attendre un jour de plus pour que la police intervienne et que les hooligans disparaissent du paysage des rues de Przemysl. Le « gardien de nuit » [l’Etat] réagit, même si c’est avec un étrange retard.

Il n’y a probablement jamais eu de guerre en Europe dont la gestion est autant marquée par l’initiative privée, très souvent bénévole, avec des Etats impuissants et par contre des aides courageuses. Même dans le cas des sanctions contre la Russie, il semble parfois que le retrait des grands groupes, d’Apple ou d’Ikea par exemple, soit presque plus important que les mesures de sanction officielles de l’Etat, du moins plus tangible pour les gens et donc plus tranchant. Parallèlement, même les armes européennes sont parfois acheminées en Ukraine avec l’aide d’entrepreneurs privés. L’attaque de la Russie contre l’Ukraine accélère la domination du secteur privé sur le secteur public.

Au poste frontière de Medyka, à un quart d’heure de Przemysl, la solidarité et l’entraide sont grandes. De nombreux réfugié·e·s ont les larmes aux yeux lorsqu’ils passent la frontière du côté polonais, la plupart d’entre eux ont voyagé pendant des jours. Dans le sens inverse, c’est-à-dire vers l’Ukraine, des hommes isolés continuent de rouler, surtout des Ukrainiens émigrés qui repartent désormais volontairement pour faire la guerre.

A un moment donné, Paul Ziemiak – secrétaire général de la CDU (Christlich Demokratische Union Deutschlands) jusqu’à récemment et né à Szczecin en Pologne – apparaît à Medyka. Il raconte qu’il conduit deux familles à Hambourg dans son petit bus et qu’il est donc venu de sa propre initiative. Ziemiak dit : « Avec toutes les crises que nous avons en Europe, nous sommes d’accord : c’est la force du droit qui prévaut et non le droit du plus fort. » Il se réjouit visiblement qu’au moins quelqu’un parmi les journalistes ait remarqué ce qu’il fait ici. Paul Ziemiak est suffisamment décontracté pour ne pas prévenir lui-même quelqu’un, mais tout de même assez politicien pour vouloir que sa bonne action soit remarquée.

Toutes les places sont bientôt occupées dans son bus. Paul Ziemiak prend la route, direction Hambourg. Si même l’homme qui était encore secrétaire général de la CDU aide à titre privé, la primauté de l’initiative personnelle sur l’organisation étatique semble scellée.

« Ruskie » est biffé

Les initiatives privées ne veulent pas toutes la paix. Dans un restaurant de Przemysl, le plat populaire « Pierogi ruskie » a été rebaptisé, le mot « ruskie » a été biffé, désormais les raviolis sont ukrainiens. Une famille ukrainienne arrivée s’assoit là à la table et commence à discuter à voix haute. « Il ne s’agit quand même pas de diaboliser tout ce qui est russe ! », dit une femme âgée en colère. Sa petite-fille lui répond en ukrainien : « C’est quand même eux qui nous ont attaqués ! »

Przemysl reste bruyante et agitée ces jours-ci. Les ambulances traversent toujours la nuit à toute vitesse, gyrophares allumés et klaxons d’intervention bruyants. La petite gare de la ville est en permanence bondée. On ne peut pas imaginer ce qui se passerait ici si des bénévoles ne distribuaient pas gratuitement des burritos et de l’eau, des poussettes et des manteaux chauds.

Dans un centre commercial en principe abandonné, les gens sont répartis sur des surfaces de magasins où l’on vendait autrefois des parfums et des sacs pour dames et où sont désormais collés des papiers avec « Francfort » ou « Prague », afin que les bénévoles sachent qui veut aller où. C’est ici qu’est née l’image d’une petite Europe solidaire, qui pourrait survivre idéalement à la guerre actuelle.

Nik Afanasiev

Article publié sur le site de Der Freitag, le 10 mars 2022 ; traduction rédaction A l’Encontre

http://alencontre.org/europe/pologne/ukraine-pologne-les-initiatives-benevoles-solidaires-effectives-letat-gardien-de-nuit-estompe.html

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Arrêter la guerre avec les armes de la politique

Le cauchemar d’une nouvelle guerre incluant une issue nucléaire en Europe s’est matérialisé dans la nuit entre les 23 et 24 février 2022…

D’abord soyons clairs. L’intervention militaire de la Russie contre l’Ukraine ne constitue pas une action légitime de défense des deux Républiques du Donbass selon l’article 5 de la Charte des Nations Unies comme prétendu par Poutine mais constitue une violation de l’interdiction de l’usage de la force contre l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tout Etat interdite par l’article 2, alinéa 4 de la Charte des Nations unies.

De plus, cet usage de la force s’exerce, comme cela est trop souvent le cas, en dehors de tout respect du droit de la guerre (notamment ne pas viser les civils) inscrit dans les conventions de Genève. L’action de la Russie constitue une violation du droit international semblable à l’agression perpétrée par les Etats-Unis contre l’Irak le 20 mars 2003 visant à abattre le régime politique de ce pays et à le remplacer par un autre gouvernement.

Formellement ces deux violations s’équivalent. Il faut voir maintenant la diversité des motivations. Dans le premier cas les Etats-Unis ont estimé avoir été amenés à agresser un Etat distant de 10 000 km de leurs frontières avec le prétexte – évidemment faux – de la présence d’armes de destruction massive (ADM) ; dans le deuxième cas la Russie a agi avec le prétexte de garantir sa sécurité face à l’Ukraine, pays frontalier qui envisageait de s’assurer la protection des ADM de l’Otan.

Aujourd’hui les Etats-Unis, le Royaume Uni et l’UE ont décidé d’appliquer des sanctions toujours plus dures vis-à-vis de la Russie. Rappelons que J. Biden avait menacé de sanctions très sévères pour décourager toute intervention militaire mais çà n’a servi à rien. La menace de sanctions donc la politique de dissuasion s’en est trouvée, dans l’immédiat plutôt amoindrie…

Aujourd’hui il faut s’interroger sur ce qui a fait que le climat de détente, de démilitarisation en Europe créé par Gorbatchev avec le démantèlement du mur de Berlin, le retrait des troupes soviétiques de l’Europe orientale et la dissolution du Pacte de Varsovie, s’est transformé en son contraire.

En fait la fin de la guerre froide a été interprétée par l’Occident comme une grande victoire, amenant les vainqueurs à maintenir à proximité, au « contact », la structure militaire installée dès 1949, l’Otan, malgré la dissolution de son adversaire militaire, le Pacte de Varsovie. Il en est résulté une sorte de sentiment d’humiliation, favorisant une renaissance de l’orgueil national russe et d’un nationalisme revanchard (un peu comme l’Allemagne après le traité de Versailles).

Dans ce contexte il ne suffit pas d’exiger bruyamment la paix pour que les armes se taisent – un cessez-le-feu. Les sanctions, pour avoir une utilité, doivent s’accompagner d’une prise en compte des problèmes politiques réels posés : appartenance ou non de l’Ukraine à l’Otan et à ses dispositifs militaires, non dépendance vis-à-vis de la Russie, une certaine autonomie aux zones majoritairement peuplées de populations russophones mais garantissant les frontières actuelles de l’Ukraine, etc…

Quel soutien au peuple ukrainien ?

Quelle solidarité avec le peuple ukrainien et avec les pacifistes russes ? Quel soutien à la résistance populaire ukrainienne ? Pour une solution politique : Quelles sont les armes de la politique, c’est-à- dire de la diplomatie ? En même temps faut-il livrer les armes c’est-à-dire prendre part au conflit en fournissant des moyens de guerre et bientôt des soldats ou des avions ?

Pour une réponse à ces questions cruciales il faut prendre en compte les évolutions technologiques qu’a connues la guerre depuis le début de ce siècle et même avant : missiles hypersoniques, drones pilotés à distance, robots tueurs, cyberguerre, et peut-être plus grave encore, miniaturisation de l’arme atomique pour être utilisables.

Trois remarques initiales 1) Le risque d’une guerre nucléaire est désormais à l’ordre du jour (pendant la guerre froide elle le fut deux fois au moins : crise de Cuba en 1962, crise des Euromissiles en 1978-1979). 2) Situer notre engagement pour une mobilisation permanente et élargie à toute l’Europe ce qui signifie travailler pour la construction d’un nouveau mouvement pacifiste et antinucléaire. 3) C’est la génération de lutte contre le « global warming » qui se trouve devant la menace de la guerre qui peut devenir nucléaire. En ce sens, considérant que la guerre actuelle détruit plus que jamais le vivant et devient une démarche suicidaire pour l’humanité (prévue par le philosophe allemand Gunter Anders) la lutte contre la guerre se situe désormais comme lutte fondamentalement écologique et donc comme priorité à égalité avec la lutte contre le réchauffement climatique.

Dans l’immédiat la mobilisation pour la paix c’est d’abord se battre pour une protection et une assistance – une défense – des droits de la population de l’Ukraine sans distinction de langue et de culture, être avec la société civile, avec tous ceux et celles Ukrainiens, Russes et Biélorusses qui n’approuvent pas la guerre. Ce qui signifie demander la garantie des corridors humanitaires, envoyer une aide médicale, et l’accueil des réfugiés.

Ces exigences doivent accompagner bien sûr celle du cessez-le-feu. Peut-on contribuer à l’arrêt du conflit avec l’envoi d’armes et même de soldats à l’Ukraine ?

La question de l’envoi d’armes aux Ukrainiens fait évidemment débat non seulement sur le principe, elle pose d’énormes questions : envoyer des armes sur le champ de bataille est-ce servir la paix ou amener les Russes à négocier ou à frapper plus fort ? Faut-il envoyer des armes défensives (des armes anti-char par exemple ? Quelles logistiques supposent-elles ? Qui décide ? Quel contrôle, au départ et à l’arrivée ? Qui en profiterait ? Comment favoriser une nécessaire désescalade militaire ? Et éviter une course aux armements dans une Europe qui se militarise toujours davantage (cf l’Allemagne).

C’est un renforcement des sanctions économiques avec effet immédiat qui doit être l’arme « politico-économique » utilisée par l’UE pour faire reculer Poutine, y compris si cette arme entraîne des coûts importants pour notre économie. Cf le cas de Total qui refuse de plier bagage et autres exemples de ce type.

Quelques remarques supplémentaires :

Un processus de négociation efficace ne peut passer par l’OTAN (construite sur le principe de l’affrontement avec la Russie) mais par les organisations internationales comme institutions dédiées à la recherche des moyens d’aboutir à la paix et à la sécurité partagée. C’est le cas en particulier de l’OSCE qui est la seule institution où Russie, Etats-Unis et tous les pays de l’Europe et d’Asie centrale peuvent dialoguer sur un pied d’égalité, dans un cadre multilatéral et qui doit être agrée par l’ONU.

Accorder une grande place à la problématique nucléaire, à un moment où on entend parler d’une possible utilisation d’armes nucléaires tactiques en Ukraine par Poutine. À ce problème s’ajoute la question de toutes les installations nucléaires en Ukraine (notamment les 15 réacteurs) qui sont autant de menaces nucléaires avec risque d’accidents du fait de missiles tombant sur un réacteur, désorganisation du personnel qui assure la sécurité, circuit de refroidissement endommagé, etc.

Dans l’immédiat, à l’occasion des présidentielles, il faut noter deux prises de position importantes et intéressantes : celle de Mélenchon à l’Assemblée nationale et celle issue du débat des Verts à partir d’un texte de Jérôme Gleize, soutenue par notre camarade Didier Rod, qui situent leur position sur la non-violence dans ce conflit. Le problème reste la capacité de Jadot de la prendre en compte, ce qui est loin d’être assuré… Il faut signaler un point de vue intéressant de Pierre Khalfa de la Fondation Copernic.

Cette situation repose la question centrale de la constitution d’un mouvement mondial issu de la société civile contre l’armement nucléaire. C’est probablement de cela qu’il faudrait discuter.

Bernard Ravenel 9 mars 2022

https://www.institut-tribune-socialiste.fr/wp-content/uploads/2022/03/R220309-Le-retour-de-la-guerre-en-Europe-BR.pdf

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Quelques éclairages historiques sur la Russie de Poutine

Un impérialisme ne peut être justifié par le rejet d’un autre impérialisme.

La notion de social-impérialisme avait été forgée au début du 20ème siècle par des marxistes de la social-démocra1e allemande pour distinguer les organisations ou les États qui étaient « socialistes dans les mots, impérialistes dans les ac1ons » (Lénine, L’Etat et la révolution, 1916). La phrase a été utilisée pour la première fois dans les cercles marxistes au cours des discussions du début du 20ème siècle au sein de la 2ème Internationale ouvrière concernant l’imminence de la Première Guerre mondiale.

L’usage de cette notion s’est retrouvé plus tard dans la critique maoïste de l’Union soviétique. Pour Mao, l’Union soviétique était elle-même devenue, après la mort de Staline, un pouvoir impérialiste tout en maintenant une façade socialiste. L’expression fut reprise par l’Albanie socialiste d’Enver Hodja pour qualifier à la fois l’Union soviétique et la Chine maoïste.

Aujourd’hui, aux côtés de l’impérialisme dominant mais déclinant des USA et d’impérialismes secondaires, britanniques, français… avec leur bras armé (l’OTAN), un impérialisme plus national-impérialiste que social-impérialiste cherche à s’affirmer à travers la politique de Poutine : un impérialisme nationaliste russe qui, emboîtant le pas au social-impérialisme de la Russie soviétique, renoue avec l’impérialisme tsariste des siècles antérieurs au 20ème siècle.

On a, en effet, trop vite oublié ou pas suffisamment mis l’accent dans l’Histoire mondiale sur le fait que la Russie a été un grand pays colonisateur qui a opprimé beaucoup de peuples n’ayant rien à voir avec la civilisa1on russe. Du 17ème siècle jusqu’à la fin du 19ème, elle a conquis progressivement la Sibérie, des terres à l’est de l’Oural, habitées par des peuples asiatiques (Tatars, Iakoutes, Koriaks, etc.) qu’elle a asservi grâce à sa puissance militaire ; elle n’a achevé cette conquête sur les bords de l’Océan Pacifique qu’au début du 20ème siècle avec une guerre avec le Japon, mais qu’elle a perdu. Après la défaite japonaise en 1945, l’URSS s’empara de l’île Sakhaline et des îles Kourile au nord du Japon qui font encore l’objet en par1e d’un contentieux entre les deux puissances.

En Asie centrale, pendant le 19ème siècle, ce sont des peuples musulmans, kazakhs, turkmènes, ouzbeks, kirghizes, tadjiks qui ont été colonisés avant de devenir des républiques membres de l’Union soviétique, portées par le premier congrès des peuples d’Orient organisé par l’Internationale communiste à Bakou en septembre 1920, mais rapidement inféodées à Moscou par Staline. Dans le Caucase, la Géorgie et l’Azerbaïdjan avaient été conquis au début du 19ème siècle.

A l’Ouest, en Europe, la Russie a conquis la Finlande et les pays baltes au 18ème siècle avant de les perdre après la guerre de 14-18, puis les trois Etats baltes ont été intégrés de force dans l’URSS en 1944 ; la Moldavie (ex-Bessarabie), à population majoritairement roumaine, a suivi à peu près le même sort. La jeune république d’Ukraine a aussi été intégrée dans l’URSS en 1922, et la moitié de la Pologne (déjà annexée en par1e aux 18ème et 19ème siècle) a été annexée après le pacte germano-soviétique de 1940.

La Russie a guerroyé contre les impérialismes britannique et français autour de la mer Noire pour tenter de récupérer une partie de l’empire ottoman en décomposi1tin à la fin de la Première guerre mondiale ; c’est ainsi que l’Arménie, après le génocide perpétué par les Turcs, a été intégrée en 1920, avant même la constitution officielle de l’URSS en décembre 1922.

L’ambition de Poutine, avec les guerres en Géorgie, conduisant à l’indépendance autoproclamée de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud, en Tchétchénie, l’annexion de la Crimée, la vassalisation de la Biélorussie, la répression féroce du récent mouvement populaire par l’armée russe au Kazakhstan et maintenant l’invasion de l’Ukraine n’est pas de reconstruire l’URSS dont il est si éloigné idéologiquement, mais de reconstituer la « Grande Russie » des tsars, en étant encouragé par le repli américain et poussé par un ressentiment nationaliste du à l’effondrement de l’URSS, vécu comme une humiliation du peuple russe.

Pour l’instant, Poutine n’a réussi qu’à isoler le peuple russe de la communauté internationale et à raviver l’OTAN ; même la Suède et la Finlande, si attachées à leur neutralité, commencent à s’interroger sur leur adhésion à l’OTAN. Partout dans le monde ont lieu des manifestations de soutien au peuple ukrainien. On n’a pas entendu de manifestations de soutien à l’armée russe, surtout pas en Ukraine. Mais c’est peut-être une censure des médias occidentaux dépendants de CNN…

« Le traves1ssement de l’agression en victimisation est le piège tendu par la propagande poutinienne qui y dissimule sa volonté de puissance en nécessité défensive. La supposée menace militaire de l’OTAN est brandie pour étouffer l’aspiration démocratique des peuples d’Europe centrale et orientale. » (Edwy Plenel, Mediapart, qu’on ne peut pas soupçonner d’être à la botte de l’OTAN).

«...la gauche interna1onaliste, qui n’a l’habitude de combattre que l’impérialisme occidental, devrait repenser sa stratégie » (appel du Mouvement social, organisa1on de gauche ukrainienne).

Michel Capron – 7 mars 2022

https://www.institut-tribune-socialiste.fr/wp-content/uploads/2022/03/Quelques-éclairages-historiques-sur-la-Russie-de-Poutine-par-Michel-Capron.pdf

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Pas de démocratie sans droits des peuples à disposer d’eux-mêmes

Dans son discours du 21 février, Vladimir Poutine niait l’existence-même d’un État et d’un peuple ukrainiens qui n’auraient été qu’une « invention » de la révolution russe de 1917. Trois jours plus tard, les actes suivent les paroles et l’armée russe commence une invasion de l’Ukraine pour la « démilitariser » et la « dénazifier ». C’est une guerre qui a commencé, et l’agresseur en ce 24 février 2022 est bien la Russie de Poutine.

La guerre a confirmé pour les uns, révélé à d’autres, renforcé en tous cas, l’existence d’une solidarité nationale et surtout provoqué une auto-organisation populaire – tout autant spontanée qu’encouragée par les institutions – combinant initiatives citoyennes et actions administrative, gouvernementale, militaire.

A l’initiative des travailleur·uses, la reconversion de la production de nombreuses entreprises pour soutenir l’effort de guerre a été organisée. Une usine de métallurgie fabrique maintenant des barrages anti-chars. « On a eu juste besoin d’une journée, l’ingénieur nous a dessiné le prototype et on l’a mis en production » explique un ouvrier. Le directeur de l’entreprise ajoute « Nous avons arrêté notre production habituelle pour nous consacrer à la fabrication de ces structures métalliques qui serviront de barrages pour arrêter les chars des occupants. Depuis le début de l’invasion, on est mobilisés pour fabriquer tout ça. Mais nous sommes vite arrivés à court de matière première. Heureusement des bénévoles nous ont apporté plus de métal et on a pu élargir la production de ces barrages. On a un groupe sur l’application Telegram qui réunit une quinzaine d’usines de la région. Certaines fabriquent des herses également. » À Lviv des femmes et des enfants se sont organisé pour fabriquer des filets de camouflage pour l’armée. Une brasserie qui dispose d’un stock de bouteilles s’est reconvertie en usine de fabrication de cocktails molotov. Une bibliothèque s’est reconvertie en manufacture de filets de camouflage. Les exemples sont nombreux de reconversion d’entreprises de reconversion à des fins militaires. Le directeur français d’une entreprise textile française en Ukraine raconte que le week-end les ouvriers et les ouvrières utilisent les machines et le matériel de l’usine pour fabriquer des filets de camouflages. Avec son consentement.

Municipalités, administrations locales, groupes d’habitants organisent ensemble la vie quotidienne, le ravitaillement, les soins, les évacuations. C’est en coopération que l’armée régulière et les collectifs d’autodéfense de volontaires agissent. C’est l’amalgame qui nous évoque celui des soldats de l’an II défendant la République à Valmy contre les monarchies et empires européens en 1792.

En tant que partisans de l’autogestion, nous sommes défenseurs du droit des peuples de disposer d’eux-mêmes, et c’est aux Ukrainiens – et non à la Russie ni à tous autres Etats ou puissances – de décider à leur place de leur présent et de leur avenir. Le retrait des troupes russes de l’Etat souverain d’Ukraine constitue une revendication démocratique élémentaire. Le soutien à la résistance du peuple ukrainien d’une part, comme d’autre part à celles et ceux qui en Russie même s’opposent à la guerre en sont le moyen.

https://autogestion.asso.fr/pas-de-democratie-sans-droits-des-peuples-a-disposer-deux-memes/

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Les peuples du monde entier demandent au Fonds Monétaire International (FMI) d’annuler la dette injuste de l’Ukraine

Jeudi 24 Février 2022, la Russie a lancé une guerre à grande échelle contre l’Ukraine

L’indépendance de l’Ukraine est menacée par une invasion russe à grande échelle sur le territoire de notre pays.

L’état ukrainien ne peut plus se permettre de rembourser sa dette car l’économie ukrainienne est déstabilisée à la suite de la campagne militaire, de l’augmentation des dépenses militaires et de la nécessité de faire face aux conséquences de la guerre.

Actuellement, les ukrainiens sont à l’épicentre de la guerre, incapables de travailler et de gagner leur vie, nous perdons nos maisons, notre économie et nos biens. De plus, la campagne d’occupation militaire de la Fédération de Russie détruit des sites et des entreprises d’infrastructures stratégiques et critiques, des artères de transport et le potentiel économique de notre pays, alors que toutes les ressources possibles sont mobilisées pour soutenir la campagne de défense militaire.

Actuellement, la dette extérieure de l’Ukraine s’élève à cent vingt cinq milliards de dollars. Les dépenses de service de la dette pour 2022 devraient être d’environ six milliards et deux cent millions de dollars. Cela représente environ douze pour cent de toutes les dépenses budgétaires de l’état.

La dette de l’Ukraine envers le FMI est de deux milliards et sept cent millions de dollars. Cela équivaut à seize millions cinq cent mille dollars de pensions mensuelles moyennes en Ukraine.

Au nom de tous les ukrainiens, nous demandons l’annulation de la dette qui étouffe actuellement notre état et nous demandons une aide financière multiforme. Nous demandons que l’Ukraine soit libérée du joug de la dette.

La dette est injuste car l’Ukraine est un des pays les plus pauvres d’Europe, qui est désormais obligé de se défendre contre l’agression et l’offensive militaire de l’armée russe, la deuxième plus grande armée du monde. Les dépenses budgétaires consacrées aux armes et aux besoins médicaux des blessés ont augmenté de façon exponentielle. Au lendemain de la guerre, l’Ukraine aura également besoin d’argent pour reconstruire ses maisons et ses infrastructures.

Dans ces conditions, le service de la dette n’est possible que si l’Ukraine refuse à ses citoyens la satisfaction de leurs besoins les plus urgents.

Les emprunts chaotiques et la conditionnalité antisociale de la dette étaient le résultat d’une oligarchisation totale. Peu disposés à combattre les riches, les dirigeants de l’état continuaient de s’endetter davantage. 

Les prêts ont été émis dans des conditions de réduction des dépenses sociales et, pour leur remboursement, il faudra économiser sur les besoins vitaux et appliquer l’austérité aux secteurs fondamentaux de l’économie.

En raison du manque de fonds, les hôpitaux ukrainiens sont mal équipés, les emplois de travailleurs médicaux de tous grades sont supprimés et ceux qui ont des emplois restants sont sous-payés, tout comme les enseignants et les autres travailleurs du secteur public. Par exemple, beaucoup de travailleurs dans certaines industries minières ne sont pas payés du tout, les salaires sont en retard.

Les plus grandes organisations syndicales du pays qui représentent cinq millions de travailleurs se sont également jointes à l’appel à l’annulation de la dette.

Qui bénéficierait de l’annulation de la charge de la dette ? Une telle décision aiderait le peuple ukrainien car, en raison de l’invasion militaire, il a besoin de fonds pour protéger ses civils, fournir des logements aux personnes déplacées et des médicaments aux blessés.

Une telle décision serait bénéfique pour nos voisins de l’Union Européenne car elle revigorerait l’activité économique en Ukraine, elle réduirait ainsi le risque d’une guerre en cours en Europe et elle permettrait de reconstruire l’économie ukrainienne et les infrastructures détruites par les bombes. Le bien-être de l’Ukraine est d’une importance cruciale pour la stabilité de toute l’Europe et du monde entier.

Quelles seraient les conséquences de l’annulation de la charge de la dette ? Cela faciliterait la reconstruction des entreprises stratégiques et des infrastructures détruites à la suite d’une action militaire.

Elle stopperait l’austérité dans le domaine social, elle permettrait, avec le temps, de reconstruire leur fonctionnalité et leur qualité, elle permettrait à leurs travailleurs de vivre décemment, elle établirait la justice dans les relations entre l’Union Européenne et l’Ukraine et elle serait un autre acte significatif de solidarité.

Nous exprimons notre gratitude au parti polonais Razem qui a déjà demandé que les obligations de l’Ukraine soient prises en charge par la Banque Centrale Européenne (BCE) et par d’autres créanciers.

https://www.openpetition.eu/petition/online/people-around-the-world-demand-imf-to-cancel-ukraines-unjust-debt

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Le chant des partisans

En 1943, en France, « Le Chant des partisans » avait pour but de motiver la Résistance et les Résistants dans leur engagement à lutter contre le nazisme, pour la défense des Libertés.

 Aujourd’hui, c’est l’alarme en Ukraine, le Peuple ukrainien se soulève comme le faisaient les Résistants, nous saluons leur courage et leur détermination et exigeons, avec eux, le retrait de l’envahisseur et des négociations pour le bien le plus précieux, la Paix, car l’offensive décidée par Vladimir Poutine viole les règles internationales et fait couler le sang d’enfants, de femmes et d’hommes innocents ukrainiens et russes.

L’efficacité de la Résistance provenait de l’union de françaises et de français décidés à vaincre la dictature nazie, de tous horizons politiques et religieux, ils n’ont pas hésité à risquer et sacrifier leurs vies pour lutter contre l’occupant.

Ils s’appelaient Jean Moulin, Lucie et Raymond Aubrac, Missak Manouchian, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Geneviève De Gaulle-Anthonioz, Honoré d’Estiennes d’Orves, Danielle Casanova……..

En Ukraine le président Zélinsky, l’armée et le peuple ukrainiens, unis, résistent..

Le programme du Conseil National de la Résistance constituait l’armature d’une nouvelle façon de vivre ensemble s’appuyant sur un fort esprit de solidarité et de fraternité et celles et ceux qui parlent, aujourd’hui, du grand remplacement substituent dans leurs discours la haine et l’exclusion à la Fraternité.

Aujourd’hui, c’est aussi, l’alarme en France, la marée brune s’étend dangereusement, le sulfureux polémiste Eric Zemmour, président de « Reconquête », grand admirateur du président russe, déclarait en septembre 2018 au journal l’Opinion : 

« Je rêverais d’un Poutine français, mais il n’y en a pas » A qui pensait-il ?  Veut-il l’incarner ? et quelle serait son Ukraine ?

Odieux, il tente de normaliser Vichy et Pétain, qui a mis en place le code des juifs et a organisé la rafle du Vél d’Hiv’ et la déportation.

Nous retrouvons, autour de ce personnage, des grognards du R.N., des transfuges des Républicains, des orphelins de la droite catholique et de la Manif pour tous, des membres de l’Ultra droite soutiennent ce candidat qui a déclaré la guerre à l’Islam aux côtés d’Identitaires, de royalistes et de néo-nazis.

Cet individu, condamné plusieurs fois pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciste, odieux et méprisable, a pour véritable intention de renverser la République.

Il doit être inéligible en application de l’article 24 de la loi de 1881 où il est indiqué que l’individu condamné pour provocation à la haine raciste peut être privé de son éligibilité pendant une période de cinq ans au plus.

Oui c’est l’alarme en France quand Marine le Pen, tente de se dédiaboliser quand son agence de communication est dirigée par Paul-Alexandre Martin, un ancien cadre de FNJ (Front National Jeunesse) lié aux milieux néofascistes italiens et à l’ultra-droite identitaire.

Elle veut nous faire oublier la photo où elle pose avec le Waffen SS Franz Schönhuber et ses nombreuses rencontres avec des néo-nazis de toute l’Europe.

Par ailleurs, nous apprenons que les membres de « Génération identitaire », association islamophobe et néofasciste, dont nous avions exiger la dissolution, aussitôt dissoute, s’engagent au sein d’Académia Christiana, groupe intégriste et catholique de la jeunesse qui déclare « nécessaire de mener une véritable guerre de défense ou de reconquête (mot troublant) et pour cela les chrétiens doivent s’y engager, en se formant au maniement des armes. »

Il est grand temps que les femmes et les hommes de France, conscients de ces risques, se ressaisissent.

Une des principales leçons de la seconde guerre mondiale, c’est que le fascisme ne peut arriver au pouvoir que par des alliances avec la droite et le centre et dans la passivité de leurs électeurs.

Or, à la veille des présidentielles, les rapprochements entre la droite et l’extrême droite se multiplient.

Des personnalités du Rassemblement National, de Reconquête et des Républicains emploient le même vocabulaire et n’hésitent plus à s’afficher côte à côte.

La « préférence nationale », une des propositions-phares de Jean-Marie Le Pen est reprise aujourd’hui par Eric Zemmour, Marine Le Pen et même Valérie Pécresse.

Conscients de ce danger, ne soyons pas passifs… n’oublions pas qu’Hitler est arrivé au pouvoir avec 33% de voix.

Ne nous trompons pas de colère… ! Ne soyons pas dupes …. !

En Ukraine, exigeons le retrait des troupes d’invasion !

Stoppons l’engrenage de la haine et de l’exclusion, osons la fraternité…évitons le pire…..

en France, votons et faisons voter contre les extrême-droites.

Le Comité National de « Résister Aujourd’hui »

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FBU (syndicat des pompiers britanniques) :
Invasion et guerre en Ukraine

1. Nous nous opposons et condamnons l’invasion russe en Ukraine. Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat et au retrait immédiat de toutes les forces armées russes d’Ukraine.

2. La guerre en Ukraine est un développement extrêmement dangereux. La situation comporte implicitement le risque qu’elle s’étende et s’intensifie, entraînant d’autres pays dans un conflit international croissant. La classe ouvrière n’a rien à gagner de la guerre et en paiera le prix le plus élevé, tant en Russie qu’en Ukraine.

3. Malgré la terrible situation, nous soutenons la construction de l’unité entre les travailleurs au-delà des frontières nationales. Les travailleurs d’Ukraine et de Russie ont des intérêts communs.

4. Nous sommes solidaires de ceux qui, en Russie, ont protesté contre l’invasion, malgré la répression policière. Nous soutenons la construction d’un mouvement anti-guerre de masse, y compris parmi les troupes russes.

5. Nous soutenons les travailleurs en Ukraine qui agissent indépendamment du régime de Zelensky et qui construisent leurs propres organisations et prennent des mesures indépendantes. Cela devrait inclure des tentatives pour établir un dialogue et des liens avec les troupes de base des forces d’invasion russes.

6. Nous condamnons tout groupe d’extrême droite ou fasciste, d’un côté ou de l’autre de ce conflit, cherchant à profiter de la guerre pour construire leur propre organisation et activité en provoquant davantage les tensions nationales et ethniques.

7. Nous adressons notre solidarité aux pompiers ukrainiens et aux autres travailleurs des services d’urgence, qui fournissent un service humanitaire dans les conditions les plus effroyables. Nous chercherons à construire un soutien et à envoyer une solidarité pratique là où c’est possible, y compris par le biais du syndicat concerné, le cas échéant.

8. Cette guerre est également un conflit par procuration entre la Russie et l’OTAN, provoqué par l’expansion de l’OTAN en Europe centrale et orientale. Nous nous opposons à cette expansion et à toute intervention des forces de l’OTAN dans ce conflit.

9. Nous notons que les sanctions économiques toucheront de manière disproportionnée les travailleurs, et seront perçues comme une mesure agressive par l’Occident et pourraient bien renforcer le soutien à Poutine.

10. Nous n’avons aucune confiance dans le gouvernement Johnson sur cette question ou sur toute autre. Ils ont démontré pendant plus de deux ans leur mépris total pour la vie humaine par la mauvaise gestion délibérée de la pandémie, conduisant à la perte de plus de 150 000 vies au Royaume-Uni.

11. Nous notons l’hypocrisie de ceux qui, au sein du gouvernement britannique, critiquent la répression étatique des manifestations en Russie, alors que le projet de loi sur la police, la criminalité et les peines servira à créer des restrictions autoritaires sur les manifestations et la démocratie au Royaume-Uni.

12. Nous nous opposons à la restriction honteuse du gouvernement britannique sur le droit des réfugiés fuyant la guerre d’entrer au Royaume-Uni. Nous demandons que les réfugiés de ce conflit et d’autres soient accueillis.

13. En temps de guerre, comme en temps de paix, nous défendons le droit démocratique de s’exprimer, de discuter, de débattre et de protester. Nous condamnons les tentatives du leader du Parti travailliste de mettre fin à de telles discussions au sein du Parti travailliste et d’intimider et menacer ceux qui ont des opinions différentes.

14. Les travailleurs d’Ukraine et de Russie – et du monde entier – ont des intérêts communs. Même dans cette situation épouvantable, nous défendons l’unité des travailleurs et l’internationalisme.

https://www.fbu.org.uk/circulars/2022hoc0131mw/executive-council-statement-invasion-and-war-ukraine

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

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1. We oppose and condemn the Russian invasion of Ukraine. We call for an immediate ceasefire and for all Russian armed forces to immediately withdraw from Ukraine.

2. The war in Ukraine is an extremely dangerous development. Implicit in the situation is the risk that it may spread and escalate, drawing other countries into a growing international conflict. The working class has nothing to gain from war and will pay the biggest price, both in Russia and Ukraine.

3. Despite the terrible situation, we support the building of unity among workers across national boundaries. The workers of Ukraine and Russia have common interests.

4. We stand in solidarity with those in Russia who have protested against the invasion, despite police repression. We support the building of a mass anti-war movement, including among Russian troops.

5. We support workers in Ukraine acting independently of the Zelensky regime and building their own organisations and taking independent action. This should include attempts to build dialogue and links with rank-and-file troops in the invading Russian forces.

6. We condemn any far right or fascist group, on either side of this conflict, seeking to take advantage of the war to build their own organisation and activity by further provoking national and ethnic tensions

7. We send our solidarity to Ukrainian firefighters and other emergency service workers, delivering humanitarian service in the most appalling conditions. We will seek to build support and send practical solidarity where possible, including through the relevant trade union where appropriate.

8. This war is also a proxy conflict between Russia and NATO prompted by NATO expansion into central and Eastern Europe. We oppose this expansion and any intervention in this conflict by NATO forces.

9. We note that economic sanctions will disproportionately hit working people, and will be seen as an aggressive measure by the west and may well strengthen support for Putin.

10. We have no trust or confidence in the Johnson government on this or any other matter. They have demonstrated for more than two years their utter disregard for human life through the deliberate mishandling of the pandemic, leading to the loss of more than 150,000 lives in the UK.

11. We note the hypocrisy of those in the UK government criticising the state repression of protest in Russia, whilst the police, crime and sentencing bill will serve to create authoritarian restrictions on protest and democracy in the UK.

12. We oppose the UK government’s disgraceful restriction on the right of refugees fleeing the war to enter the UK. We call for refugees from this and other conflicts to be welcomed.

13. In wartime, as in peace time, we defend the democratic right to speak out, discuss, debate and protest. We condemn the attempts by the leader of the Labour Party to shut down such discussion within the Labour Party and to bully and threaten those with different views.

14. Workers in Ukraine and Russia – and across the world – have common interests. Even in this appalling situation, we stand for workers’ unity and internationalism.

https://www.fbu.org.uk/circulars/2022hoc0131mw/executive-council-statement-invasion-and-war-ukraine

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Pour la paix en Ukraine, les raisons de se mobiliser

Dans une note dédiée, la Cgt expose son analyse de la guerre déclenchée le 24 février dernier et des positions syndicales qui s’expriment, en Ukraine comme en Russie. Questions à Pierre Coutaz, conseiller confédéral au secteur international.

Quelle analyse la Cgt fait-elle du déclenchement de la guerre ?

Incontestablement, cette guerre revient à Vladimir Poutine. Il en rêve depuis des années. Il en a fixé lui-même l’ampleur et la temporalité. Vladimir Poutine est au pouvoir depuis 22 ans. L’homme est enfermé dans ses certitudes et enivré par son propre pouvoir. Même s’il est très entouré, il gouverne seul. Ses proches ne lui disent que ce qu’il est capable d’entendre. Si les occidentaux ont une responsabilité, c’est d’abord et surtout celle de l’avoir laissé annexer la Crimée en 2014 et d’en avoir au fil du temps entériné la situation, y compris sur un plan géopolitique.

Quel rôle a joué l’Otan ?

Depuis 2008, l’organisation transatlantique joue un jeu dangereux en ayant laissé envisager une adhésion à plusieurs pays de l’ex-Urss, l’Ukraine et la Géorgie notamment. Au moment de l’unification de l’Allemagne, elle avait exclue la possibilité de toute extension de l’alliance vers l’Est. Et puis, il y a eu la chute de l’Urss, l’élargissement de l’Otan à la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque puis à sept autres pays dont les pays baltes. En aucun cas, ce processus n’a apporté la paix promise. En Europe, les frontières continuent, de gré ou de force, d’être redessinées et plusieurs conflits non résolus couvent sur le continent. Mais notons que, dès le 24 février au soir, Joe Biden a clairement exclu toute intervention de l’organisation ce qui démontre, espérons-le, la conscience qu’une telle intervention pourrait avoir.

Quelle analyse faites-vous du prétexte avancé par Vladimir Poutine sur l’urgence d’une « opération de dénazification » du pays ?

Certes, lors des mobilisations de Maïdan qui ont conduit en 2014 à la chute de Viktor Yanoukovitch, puis à la prise de la Crimée et à la guerre dans le Donbass, de nombreux groupes d’extrême droite ont occupé la rue et fait régner la terreur en pesant sur le président Petro Porochenko et son administration. Mais le contexte est bien différent aujourd’hui. Elu par une jeunesse qui rêve de paix et d’ouverture, Volodymyr Zelensky n’est ni dans la surenchère ni dans la provocation à l’égard de la Russie. C’est un libéral qui porte la responsabilité d’une réforme amoindrissant gravement les dispositions du code du travail mais certainement pas un nazi. Ni un drogué comme l’affirme la propagande du Kremlin ! En revanche, on connaît les liens de Poutine et de son parti avec de nombreuses formations d’extrême droite en Europe !

Des contacts que vous pouvez avoir avec les syndicats ukrainiens, que pouvez-vous nous dire de leur état d’esprit ? Et qu’en dit la population ?

Les deux organisations syndicales du pays, la Fpu et la Kvpu, affiliées toutes deux à la Csi, s’accordent à appeler à résister à l’agression russe et à ce qu’elles dénoncent comme des forces d’occupation. Cette unité est remarquable. Toutes deux réclament le maintien des pressions diplomatique et économique internationale sur la Fédération de Russie, le retrait des troupes russes du territoire ukrainien et le soutien défensif et financier des nations étrangères à la population. Des dizaines de militants syndicaux se sont engagés dans les détachements populaires de résistance. Après l’abattement des deux premiers jours succède une résistance de plus en plus ouverte.

Et en Russie, comment les choses se passent-elles ?

Pour une grande majorité de la population, la guerre contre le peuple ukrainien est tout simplement inconcevable. La télévision d’Etat concentre ainsi son récit sur les combats qui se déroulent dans les « Républiques populaires » de l’Est de l’Ukraine, comme s’il s’agissait juste d’une opération de protection des populations civiles de de ces régions. Autrement dit, la majorité des russes n’est pas au courant que leur pays a envahi l’ensemble de l’Ukraine. Mais, malgré la répression, le mouvement pour la paix prend de l’ampleur. Les lettres ouvertes et les pétitions se multiplient. L’une d’entre elles a déjà recueilli plus d’un million de signatures.

Et au niveau syndical ?

Les deux organisations russes se sont exprimées sur le sujet le jour même de l’invasion pour la Fnpr et le lendemain pour la Ktr. La première pour soutenir sans condition le président Poutine en lui demandant simplement d’être attentif à l’économie en cette période difficile ; une déclaration qui reprend les arguments présidentiels de façon tellement scandaleuse que des dizaines d’organisations ont demandé l’exclusion du syndicat de la Csi. La seconde, la Ktr, a fait une déclaration particulièrement courageuse compte tenu du contexte, où désormais la propagande pacifiste est passible d’une réclusion criminelle de 15 ans. S’affirmant comme partie intégrante « du mouvement syndical international » et « se sentant directement responsable envers les travailleurs de Russie, d’Ukraine et du monde entier », elle a exprimé « sa confiance dans la nécessité d’une cessation rapide des hostilités, la reprise d’un dialogue pacifique et la coexistence entre les peuples multinationaux de Russie et d’Ukraine ».

Comment les organisations syndicales internationales réagissent-elles à ce conflit ?

Dès le 24 février, la Ces et la Csi ont réagi par une déclaration commune en appelant à « la cessation immédiate des hostilités et du conflit », demandant que soient « engager des négociations de bonne foi pour résoudre cette crise dans l’intérêt des populations ». Ensemble, toutes deux ont réclamé « que des mesures urgentes soient prises pour que, tous ensemble, les responsables politiques concernés définissent un cadre pour la sécurité commune, à l’instar de celui initié à Helsinki ». Autrement dit, mettent fin au cadre de l’Otan pour lui en substituer un nouveau. C’est important de le dire comme l’est de rapporter la réaction des syndicalistes du Congrès des syndicats démocratiques du Belarus, le Bkpd, organisation qui, non seulement, a vivement condamné « le fait que le gouvernement russe ait déclenché une guerre contre l’Ukraine aujourd’hui (mais aussi) que l’agresseur ait envahi l’Ukraine depuis le territoire du Bélarus ».

Quelle place la Cgt peut-elle tenir pour retrouver le chemin de la paix ?

Si les sanctions sont nécessaires, elles ne peuvent suffire. Le principal espoir réside dans la résistance de la population ukrainienne et dans l’aspiration au changement des peuples de Russie et du Belarus. D’où l’urgence de renforcer la solidarité. Le premier jour de la guerre, la Cgt a participé à une manifestation à Bruxelles avec le mouvement syndical européen et international. Nous appelons tous les salariés à se joindre à toutes les initiatives qui militent pour la paix en Ukraine et contre l’inacceptable agression dont Vladimir Poutine s’est rendu coupable. Pour concrétiser notre engagement, nous travaillons avec d’autres organisations syndicales à l’envoi d’un convoi chargé de produits de première nécessité et matériels de soin aux blessés sur le modèle du convoi syndical pour la Tchétchénie que nous avions soutenu dans les années 90 ».

Propos recueillis par Martine Hassoun

Cette interview de Pierre Coutaz, conseiller confédéral au secteur international de la CGT, est parue dans Options, revue de l’Union des ingénieurs, cadres et techniciens  (UGICT). 

https://syndicollectif.fr/ukraine-une-interview-de-pierre-coutaz-du-secteur-international-cgt/

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L’Ukraine en manque d’Europe

« Aucune carte du monde n’est digne d’un regard si le pays de l’utopie n’y figure pas » Oscar Wilde.

Dans cette guerre qui n’est pas une guerre ukrainienne mais une guerre européenne, nous avons échoué de penser une nouvelle architecture européenne. Nous y sommes tous pour quelque chose.

Le désarmement en panne

Y a-t-il eu tromperie sur la marchandise ‘Europe’ ? Avons-nous été des victimes consentantes d’un enfumage ? Des élites de l’U.E. se sont enorgueillis de disposer d’une ‘puissance tranquille’ (Todorov), une ‘puissance civile’ ; et nous avons été bercés par les flatteries sur les ‘dividendes de la paix’ et le ‘soft power’. Certains ont applaudi lorsque l’U.E. s’est vu décerner le Prix Nobel de la Paix en 2012. Mais la récompense était censée gommer les déchirures à Chypre depuis 74 et l’implosion de la Yougoslavie jusqu’au massacre de Srebeniza. Le palmarès prétendument pacifique n’a pas empêché 5 Etats (sur les 27) de figurer au hit-parade des exportateurs d’armement ; et, en l’espace de 20 ans, le nombre d’alliés de la famille atlantique est passé de 16 à 30. S’il fallait condenser les séquences, nous avons vécu sur une fausse paix, une paix « enceinte d’une guerre qui se prépare » comme aurait dit le père de la polémologie Gaston Bouthoul. Nous n’avons pas capté que le règlement auquel ces acteurs sont parvenus dans la foulée de l’effondrement du Mur de Berlin n’a pas supprimé les causes – ou en a fait apparaître de nouvelles.

Au-delà de l’indignation

L’inaptitude d’une certaine gauche à insérer la paix et le désarmement dans son programme politique, à actualiser les idées de ‘deuxième gauche’ propagées par des hommes comme Claude Bourdet – qui présidera l’organisation non-alignée ‘Mouvement contre l’Armement Atomique’ ou MCAA, – ne peut être dissociée de sa dérive et de son déclin. Au sein du mouvement écologiste, il semblerait que la surenchère pour fournir des armes aux Ukrainiens vise à contrebalancer le désintérêt des militants pour la chose militaire et l’insouciance à l’égard des enjeux géopolitiques. En tout cas, ces deux courants sont hermétiques aux ressorts de la militarisation à laquelle, avec nos impôts, nous avons contribué, tout en confiant le soin à nos ‘économistes atterrés’ de faire l’impasse sur le concept de ‘capitalisme militarisé’. Ces derniers seraient bien inspirés de lire l’un de ceux qui avaient anticipé cette déroute. Dans son ouvrage intitulé ‘l’Insécurité du territoire’, Virilio dénonce dès 1976 « le nouveau mode d’invasion des territoires par les militaires ». Il nous invite à apprécier à sa juste valeur combien « l’administration de la peur a repris du service actif ». Décrié alors comme prophète du malheur, Virilio ajoutai : ‘On a oublié un peu vite que la croissance matérielle n’était pas une politique économique, mais bien une politique militaire, un leurre, une ruse de guerre qui se dissipe lorsque ses nécessités stratégiques ne se font plus sentir’. Alors que nous avons tardé à détecter ces « leurres », il n’est pas inutile de rapprocher l’analyse de Virilio à la remarque un peu cynique d’Anatole France qui rappelait qu’‘On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels’. La formule est pourtant d’actualité puisque, sans vouloir dédouaner le tsar du Kremlin, les fers-de-lance de l’élargissement de l’OTAN appartiennent au gratin du ‘complexe militaro-industriel’ auquel se référait Eisenhower. Qu’on en juge : parmi ses illustres représentants, l’entreprise Raytheon (trois fois la taille de Safran et Thalès). Elle s’est emparée dès 2002 du pécule consécutif à la démolition de l’ensemble des bombardiers de l’Ukraine ; parmi les autres ‘grands’ du complexe, mentionnons aussi Lockheed-Martin, missionné pour vendre le bombardier F-35, une arme dite ‘de pénétration aérienne’, destinée à porter des vecteurs nucléaires ; et qui va équiper les forces aériennes alliées, ainsi que celles de la Finlande et de la Suisse à la recherche de gages de bonne conduite pro-atlantiste.

Nous nous faisons déjà une petite idée de la paix des cimetières qui se profile à l’horizon parce que certains mégalos – qui prétendent ‘dénazifier’ avec le concours des sbires de Wagner (!) – ont scénarisé leurs méfaits pour ‘entrer dans l’Histoire’ avec un grand H. Ils s’arrangent trop souvent pour rendre leurs guerres inévitables. Mais à l’heure des dilemmes et des cas de consciences, il nous incombe d’évaluer l’impact de cette longue marche de l’U.E. vers la militarisation, en accordant aussi toute notre attention aux retombées d’une Allemagne ‘décomplexée’.

Les enseignements qui dérangent

Primo, lorsque les armes se mettent à parler, lorsque les chars entrent en action, toute remise en question de notre appartenance à l’OTAN est invalidée. Même si notre confiance dans l’imperméabilité du parapluie nucléaire américain est toute relative. Même si nous avons de bonnes raisons d’affirmer que cette alliance justifie sa raison d’être sur la base de conflits qu’elle s’est évertuée à provoquer. Et nombreux sont nos concitoyens – pas seulement quelques pacifistes égarés – qui regrettent que l’OTAN ait survécu à la disparition de l’URSS. Soit. Mais elle a retrouvé un certificat de respectabilité   depuis que les bruits de bottes envahissent nos écrans de télévision.

Secundo, lorsque la paix est fracturée, que le discours dominant se résume à des appels en faveur de la ‘cessation des hostilités’, et sachant que ‘toute guerre ouvre les portes de l’enfer qui ne se referment pas’, (Srećko Horvat) de si tôt, l’impasse se répercute sur tout et partout. L’aggiornamento du mouvement écolo-pacifiste s’en ressent. L’invasion du 24 février a rendu tout discours sur le désarmement quasi inaudible. Aucune de nos capitales n’éprouve la moindre vocation pour suivre l’exemple du Costa Rica qui a mis sa quincaillerie militaire au Musée des Beaux-Arts. Chez les Verts, le discours autour de la ‘neutralité carbone’ a surplombé toute réflexion sur les meilleures conditions de promouvoir la neutralité en tant que doctrine de sécurité. D’ailleurs, même les plus sceptiques (et les moins informés) seraient tentés de faire l’amalgame entre ‘vivre sur un territoire neutre’ et ‘être neutralisé’, à l’image de ceux qui confondent ‘paix’ et ‘pacification’.

Le discours sur le désarmement nucléaire est tout aussi inaudible. Nul Etat européen ne va s’empresser de copier la Mongolie qui a été reconnue (via l’Assemblée Générale de l’ONU) en tant qu’Etat dénucléarisé. Nul ne songe sur le Vieux Continent à adopter demain le statut d’Etat bannissant le stationnement d’armes nucléaires, pas même la Biélorussie dont le gouvernement avait suggéré en 1990 une « ceinture dénucléarisée » de la Baltique à la Mer Noire. En partant de cette configuration, on peut s’interroger sur les prétendus mérites d’une adhésion au Traité d’interdiction des Armes Nucléaires (TIAN), à moins qu’il s’agisse d’incantations pour ne pas s’impliquer politiquement en vue de dénucléariser l’Europe ; en laissant les juristes nous faire croire que les postures militaires vont influer sur le politique, alors que c’est l’inverse.

Si nous parvenons à digérer ces enseignements, nous affranchir du logiciel ringard de la guerre froide, et surmonter nos peurs, tout reste à faire pour nous raccrocher à une certaine idée de l’Europe. Pas n’importe laquelle et pas n’importe comment. Au risque de flirter avec une nouvelle utopie, la vision qui s’impose est celle d’une Europe-puissance, qui s’affirme dans un non-alignement stratégique, et fondée sur une économie de la coopération. Une utopie critique qui s’inscrit dans le sillon d’une démarche de paix et de sécurité, une démarche que nous, les Européens, (de l’U.E. mais pas que) n’avons pas su chérir et cultiver.

Ben Cramer, 10 mars 2022 https://www.athena21.org/

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v9svi

Réunion Solidarité Ukraine

Le 31 mars à 18h30

Au Maltais Rouge, 40 rue de Malte 75011 Paris

L’histoire bégaie dit-on souvent ; plus généralement, elle offre de saississants retours en arrière. Autrefois – il n’y a pas si longtemps – l’URSS considérait la défunte « Europe de l’est » comme sa chasse gardée, et n’hésitait pas à y actionner ses forces armées pour y rétablir son pouvoir s’il venait à y être contesté. 

Aujourd’hui, la Russie post-soviétique , mais toujours impérialiste, raisonne de même pour ce qui lui reste de ce qu’elle nomme son « glacis protecteur » ! Et n’hésite pas à envahir un pays indépendant, membre de l’ONU ! L’agression russe contre l’Ukraine viole toutes les règles internationales et cet acte est condamnable.

L’impérialisme poutinien est condamné par l’histoire et par le simple fait qu’il soude contre lui le peuple ukrainien et la très grande majorité des nations ; il faut le stopper par la résistance des peuples et une lutte constante pour la paix avec dans l’immédiat l’objectif d’un cessez le feu pour protéger les populations civiles, et d’un retrait des troupes russes.

Solidarité avec le peuple ukrainien

Cessez-le-feu et retrait des troupes russes

Indépendance de l’Ukraine garantie par une Conférence de paix sous l’égide de l’OSCE et de l’ONU

Liberté et démocratie pour les peuples russe, bielo-russe et ukrainien

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Liens avec d’autres textes

« Au nom de tous les Ukrainiens, nous exigeons l’annulation de la dette »

https://basta.media/Ukraine-guerre-annulation-de-la-dette-FMI-banque-centrale-europenndepenses-militaires-humanitaires

Quels sont les dangers sanitaires et écologiques d’une activité militaire à Tchernobyl

https://theconversation.com/quels-sont-les-dangers-sanitaires-et-ecologiques-dune-activite-militaire-a-tchernobyl-178859

Wayne Jordash : « Tout est là pour montrer que l’Ukraine a le droit de son côté »

https://www.justiceinfo.net/fr/88586-wayne-jordash-ukraine-droit-de-son-cote.html?

Working People Oppose Putin’s Invasion of Ukraine

https://aflcio.org/2022/3/9/working-people-oppose-putins-invasion-ukraine

« L’agroindustrie instrumentalise la guerre en Ukraine pour augmenter ses profits »

https://lareleveetlapeste.fr/lagroindustrie-instrumentalise-la-guerre-en-ukraine-pour-augmenter-ses-profits/

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En complément possible

Pour le droit à l’autodéfense par tous les moyens nécessaires

Les Cahiers de l’antidote : Liberté et démocratie pour les peuples d’Ukraine (Volume 2)

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/11/pour-le-droit-a-lautodefense-par-tous-les-moyens-necessaires/

Denis Sieffert : Donner aux Ukrainiens ce qu’ils demandent

« Bilan » des manifestations en Russie

Michel Roche : La Russie de Vladimir Poutine : un régime bonapartiste

Mike Davis : Poutine, Biden, Xi… « Thanatos triomphant »

L’observatoire de la liberté de création s’oppose au boycott des artistes russes

Solidarité de la gauche avec l’Ukraine

Karine Clément : L’opposition à la guerre en Russie

Guerre en Ukraine : dix leçons de la Syrie. Exilés syriens sur la façon dont leur expérience peut éclairer la résistance à l’invasion

Gilbert Achcar : L’anti-impérialisme aujourd’hui et la guerre en Ukraine. Réponse à Stathis Kouvélakis

La Syrie, est le laboratoire de la barbarie guerrière que Vladimir Poutine perpétue aujourd’hui en Ukraine

La guerre en Ukraine vue depuis le terrain. Entretien avec Oksana Dutchak

Interview de Slavoj Žižek : « Quelle idéologie se cache derrière l’expansionnisme de Poutine ? »

Liens avec autres textes

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/10/ukraine-russie-mais-pas-que-12/

Étienne Balibar : « Le pacifisme n’est pas une option »

Valerie Hopkins (LVIV, Ukraine) : « Des Ukrainiens constatent que des membres de leur famille en Russie ne croient pas que c’est une guerre »

Razem quitte Progressive International et DiEM25

La Cimade : Protégeons le peuple ukrainien, défendons les droits de toutes les personnes exilées

Yassin al-Haj Saleh : Pourquoi l’Ukraine est une cause syrienne

Pavlo Lodyn : L’agression de Poutine et la menace d’une catastrophe environnementale en Europe

Amélie Poinssot : L’agression russe sur l’Ukraine, un cauchemar pour l’écologie

UPJB : Sur la guerre en Ukraine

Mouvement socialiste de Russie : Le pouvoir russe se prépare à combattre jusqu’au dernier soldat

Déclaration intersyndicale de soutien à l’Ukraine (Québec)

Sudfa : Les Soudanais-e-s dénoncent la collaboration entre Hemetti et Poutine

Collectif Pour une Syrie Libre et Démocratique : De Grozny à Kiev en passant par Alep, allons nous indéfiniment laisser Vladimir Poutine terroriser les populations qui revendiquent la liberté et la justice ?

Siné mensuel

Solidarité avec les ukrainiens et ukrainiennes

Yorgos Mitralias : Poutine : « Lénine est l’auteur de l’Ukraine d’aujourd’hui » ou comment tout ça est la faute à… Lénine et aux bolcheviks !

Crimes contre l’humanité et CPI

Liens avec autres textes

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/09/ukraine-russie-mais-pas-que-11/

Déclaration de fondation du Comité de solidarité avec le peuple ukrainien et avec les opposant·e·s russes à la guerre (Suisse)

Viktoriia Pihul : Les gens du monde entier demandent au FMI d’annuler la dette injuste de l’Ukraine

6 grandes ONG s’unissent face à l’ampleur des besoins humanitaires : c’est l’alliance urgences

Timothy Snyder : « Comment parler de la guerre ? » Histoire et mythe dans les écoles russes, selon « Novaya Gazeta »

Entretien avec Denys Pankratov, organisateur de l’Union des grutiers de la région de Lviv – Ukraine

L’université Lomonossov de Moscou (MGU) contre la guerre

Agression russe en Ukraine : Communiqué de l’assemblée européenne des citoyens

UJFP : Le droit international pour tous et partout, sans exception !

Liens d’initiatives de soutien à la population ukrainienne

Liens vers d’autres textes publiés dans la presse

En débat : Campisme ou anti-impérialisme. Quelques textes

Deux livres de Svetlana Alexievitch

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/07/ukraine-russie-mais-pas-que-10/

CGT : Douze questions sur la guerre en Ukraine Paix en Ukraine – Liberté en Russie

Maxime Combes, Amélie Canonne, Nicolas Haeringer : Quels sont les intérêts de TotalEnergies en Russie ?

Appel à l’action de la Confédération européenne des syndicats (CES) – La guerre en Ukraine doit cesser maintenant !

Roger Martelli : Dans la guerre ukrainienne, la gauche joue une part de sa survie

Lettre ouverte de géographes russes à Vladimir Poutine : « Nous voulons vivre sous un ciel pacifique »

Luke Harding (Lviv) : Des soldats russes démoralisés expriment leur colère d’avoir été « trompés » dans la guerre

Réseau des GLI : déclaration de solidarité avec le peuple ukrainien et ses organisations syndicales et contre la guerre menée par un régime autoritaire

Union Syndicale Solidaires : Stop au tri raciste des réfugié-es qui fuient les guerres !

Marc Bonhomme : Ukraine : la guerre de tous les risques de plus en plus cruelle

Israéliens solidaires de l’opposition russe à la guerre d’Ukraine

Volodymyr Artiukh : L’Ukraine – à la gauche occidentale, sur vos et sur nos erreurs

Michael Shank : Nous nous soucions davantage de l’Ukraine parce que les victimes sont blanches

Association France Palestine Solidarité : Non à l’agression de la Russie contre l’Ukraine, il faut faire respecter le droit… partout dans le monde

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/05/ukraine-russie-mais-pas-que-9/

Dockers néo-zélandais solidaires avec l’Ukraine

Pierre Baudet : La guerre en Ukraine menace la paix dans le monde…

L’édito de PEPS : L’Ukraine, une guerre aux multiples enjeux écologiques

Francine Sporenda : Poutinophilie : « c’est l’Otan le problème »

Richard Abernethy : Arrêtez la guerre impérialiste de la Russie contre l’Ukraine ! Solidarité avec la résistance du peuple ukrainien !

Ecrivains du monde entier solidaires avec l’Ukraine

Igor Ilyash : Quels sont la place et le rôle de la Biélorussie dans l’invasion de l’Ukraine par la Russie ?

Un appel d’un socialiste russe : Poutine intensifie la répression

Non à la guerre en Ukraine. Non à l’Otan. Contre les guerres impérialistes, femmes des peuples du monde entier Solidarité

Akram Belkaïd : Le pas de côté : Non au campisme

Québec : Déclaration intersyndicale de soutien à l’Ukraine

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/04/ukraine-russie-8/

Les Cahiers de l’antidote n°1 « Spécial Ukraine » : Liberté et démocratie pour les peuples d’Ukraine !

Lettre ouverte des travailleurs russes des arts et de la culture contre la guerre avec l’Ukraine

Pascal Boniface : Poutine attaque l’Ukraine et fait perdre la Russie

Yorgos Mitralias : Нет войне! Non à la guerre ! Нет войне!

Izabella Marengo et Pierre Jasmin : NON à l’invasion de l’Ukraine ! NON à l’expansion de l’OTAN

Message du président de la confédération syndicale indépendante bélarusse devant le pire

Les Russes veulent-ielles la guerre ? Réflexions depuis Moscou, le 1er jour de l’invasion de l’Ukraine

Tentons d’être à la hauteur de la résistance ukrainienne

Stefan Bekier : « Démilitariser » et «dénazifier » l’Ukraine ?!

Manifeste de la plate-forme « Arrêtons la guerre »

Déclaration intersyndicale : Non à la guerre : retrait immédiat des troupes russes, solidarité avec le peuple ukrainien

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/03/ukraine-russie-7/

Interview de Witalij Machinko, Syndicat de solidarité des travailleurs (Trudowa Solidarnist, Kiev)

Appel du « Center for civil liberties » Ukraine

Roane Carey : Comment la gauche devrait réagir à l’invasion de l’Ukraine par la Russie

MMF France : Non à la guerre en Ukraine, Non à Poutine ! Soutien à la démocratie ukrainienne, soutien au peuple ukrainien !

Leyla Binici, Jérôme Gleizes, Abdessalam Kleiche, Myriam Laïdouni-Denis, Didier Claude Rod : Réflexions écologistes sur l’agression de Vladimir Poutine contre l’Ukraine.

La Cimade demande une protection pour toutes les personnes qui quittent l’Ukraine

Amb el poble d’Ucraïna!

Nous, Européen·ne·s de l’Est…

Patrick Cockburn : La Blitzkrieg pré-annoncée de Poutine en échec. Un danger encore plus grand (…)

NON à la guerre en Ukraine !

Des militant·es pour la démocratie au Myanmar organisent des rassemblements pour soutenir l’Ukraine

Razem : « Chère gauche occidentale, on ne vous demande pas d’aimer l’OTAN… »

Fondation Frantz Fanon : Guerre d’agression contre l’Ukraine : qui a mis K.O le droit international ?

William Bourdon et Véronique Nahoum-Grappe : Poutine et ses sbires : un jour dans le box de la Cour Pénale Internationale ?

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/02/ukraine-russie-6/

Hugues Le Paige : Ukraine : pour la solidarité, contre la chasse aux sorcières

Lettre de l’Union syndicale Solidaires et de la fédération Sud-Rail

Les experts de l’ONU appellent à la fin de l’agression russe contre l’Ukraine et à la protection urgente des droits de l’homme

Russie : Contre l’impérialisme russe, ne touchez pas à l’Ukraine !

Lettre ouverte de scientifiques et journalistes scientifiques russes contre la guerre

María R. Sahuquillo : Des milliers de volontaires civils rejoignent la résistance pour repousser l’avancée des troupes de Poutine

Pierre Khalfa : De la difficulté d’une politique internationale altermondialiste

En Russie, les féministes descendent dans la rue contre la guerre de Vladimir Poutine

Mario Kessler : Les fantasmes antibolcheviques de Poutine pourraient causer sa perte

Zbigniew Marcin Kowalewski : Impérialisme russe

Solidarité avec les réfugiés ukrainiens

Nicole Roelens : La lutte internationale des femmes contre le meurtre de masse utilisé comme outil de pouvoir

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/01/ukraine-russie-5/

Gilbert Achcar : Invasion russe de l’Ukraine : Vladimir Poutine dans les pas de Saddam Hussein ?

Bernard Dréano : La guerre de Poutine en Ukraine, des questions et quelques réponses

David Broder : Cessez de prétendre que la gauche serait du côté de Poutine

Gilbert Achcar :Mémorandum sur une position anti-impérialiste radicale concernant la guerre en Ukraine

Déclaration commune de syndicats ukrainiens

Mykhailo Volynets : La Russie a attaqué et commencé l’invasion de l’Ukraine

Contre la guerre impériale de Poutine en Ukraine, une prise de position de la revue LeftEast

À quoi pense Vladimir Poutine ? Entretien avec Ilya Boudraitskis

Invasion russe de l’Ukraine : Vladimir Poutine dans les pas de Saddam Hussein ?

Solidarité de la communauté scientifique avec l’Ukraine

Esprit : Pour une Ukraine libre !

MAN : Pour une résistance civile non-violente en Ukraine

Attac Espagne : Non à la guerre !

Halya Coynash : Le grand rabbin d’Ukraine démolit l’excuse de Poutine pour l’invasion de la Russie  

Edo Konrad : L’invasion de la Russie devrait être un miroir pour la société israélienne

Professeurs chinois : notre attitude face à l’invasion russe de l’Ukraine

Déclaration des étudiant·es des universités de Hong Kong sur la guerre d’invasion menée par la Russie contre l’Ukraine

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/28/ukraine-russie-4/

Non à l’agression impérialiste de la Russie contre l’Ukraine

Déclaration du Comité exécutif du Congrès des syndicats démocratiques de Biélorussie

Danya P. :Pour le défaitisme révolutionnaire

Sotsialnyi Ruh : Arrêtez Immédiatement L’agression De Poutine !

Une déclaration du Comité national de l’OZZ Inicjatywa Pracownicza (Syndicat d’initiative des travailleurs) sur l’agression russe contre l’Ukraine

Communiqué de la Confédération du travail de Russie (KTR)

Les femmes l’exigent : Non à la guerre en Ukraine, Non à l’OTAN !

Taras Bilous :« Une lettre de Kiev à une gauche occidentale »

Stop à l’agression russe en Ukraine ! Pour une Ukraine libre et souveraine pour les travailleurs et travailleuses !

Santiago Alba Rico :« Non à la guerre ». Le sens de certains slogans face à l’invasion de l’Ukraine par le régime de Poutine ?

Vanesa Jiménez : Comme c’est triste de regarder la guerre

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/26/textes-sur-lukraine-3/

Déclaration commune de syndicats ukrainiens

Mykhailo Volynets : La Russie a attaqué et commencé l’invasion de l’Ukraine

Vicken Cheterian :Le long hiver qui s’annonce : la Russie envahit l’Ukraine

Plate-forme TSS : Non à la Guerre. Pour une Politique Transnationale de la Paix

Communiqué LDH : Solidarité avec le peuple ukrainien

Pjort Sauer et Andrew Roth :L’opposition s’exprime en Russie contre l’invasion de l’Ukraine. La répression poutinienne la combat

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/25/invasion-de-lukraine-quelques-textes/

Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

Renaud Duterme : Les leçons géopolitiques de la crise ukrainienne

Appel : Non à la guerre – Russie, bas les pattes devant l’Ukraine !

Russie-Ukraine : « Une situation pire que durant la guerre froide ». Entretien avec Ilya Boudraitskis

Ilya Matveev, Ilya Budraitskis : Les Russes ordinaires ne veulent pas de cette guerre

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/04/les-dirigeants-des-grandes-puissances-jouent-avec-le-feu/

 

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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