Politique sanitaire, vaccins, pass sanitaire… (quelques textes)

 

Pourquoi je me suis fait vacciner contre la Covid-19
par Marc Zaffran/Martin Winckler

En des temps où les inquiétudes vis-à-vis des vaccins (et pas seulement) vont bon train, et où les gouvernements ont parfois (suivez mon regard) des discours au moins incohérents, au pire totalitaires, je me permets de dire ici pourquoi, en tant que citoyen, je me fais vacciner – et en particulier, tout récemment, contre la Covid-19. 

Important (1) : si vous faites partie des personnes qui contestent la réalité de la pandémie de Covid-19, je ne discuterai pas votre opinion et cet article n’est pas fait pour vous.

Important (2) : Je vis à Montréal (Québec) et j’ai bénéficié de l’organisation communautaire de santé. Je suis allé me faire vacciner dans un centre municipal près de chez moi, à la date indiquée par le site ClicSanté quand je me suis inscrit. 

Lire ici la description de mon parcours de vaccination 

Ensuite, une précision : je suis médecin de formation et, même si je n’exerce plus depuis fin 2008, je continue à baigner dans les informations médicales et sanitaires. Mes choix sont issus à la fois de ma formation, de mes lectures et de mon expérience, qui est celle d’un citoyen, d’un soignant, mais aussi d’un parent. 

Ensuite, une déclaration de conflits d’intérêts : je n’en ai aucun dans le domaine considéré. (J’en ai sûrement dans d’autres domaines…) 

Je ne suis pas rémunéré/financé/sponsorisé par un fabriquant de vaccins et j’ai la réputation (depuis mon passage sur France Inter, en 2002-2003) d’être critique avec les industriels du médicament. Cette attitude critique remontait à ma collaboration à la Revue Prescrire, entre 1983 et 1989, elle ne date donc pas d’hier. On pourra d’ailleurs lire sur cette page ce que cette revue, très pointilleuse, pense de différents vaccins. 

Se faire vacciner ou non 

Se faire vacciner ou faire vacciner ses enfants quand on est parents est une décision importante, qui soulève toutes les questions de l’autonomie en santé. Il s’agit d’une part d’opter ou non pour une méthode à visée préventive (on peut rejeter la méthode dans son ensemble) et, d’autre part, d’opter pour un ou plusieurs vaccins. 

Cette décision devrait presque toujours faire l’objet d’une information, d’un échange de point de vue, de la prise en compte des craintes des personnes concernées par les professionnelles, et (à mon avis) ne jamais se solder par une décision autoritaire desdits professionnelles, ni être commentée par des jugements de valeur. Le soin est incompatible avec les rapports de force et avec le mépris. 

Je suis une personne comme les autres, avant d’être médecin je n’étais pas médecin, et mes décisions personnelles sont fondées sur ce que j’ai observé ou vécu au cours de ces différentes périodes : mon enfance/adolescence, mes études, mon exercice médical (1983-2008), et les quinze années écoulées. 

Ce que j’ai vécu dans mon enfance n’est pas neutre : mon père était médecin. Il avait grandi à une époque où les vaccins n’existaient pas, et il nous a vaccinés, mes frère et soeur et moi-même, mais aussi ma mère et tous les membres de la famille qui le demandaient, sans aucune hésitation. Je ne l’ai jamais entendu contraindre personne à se faire vacciner. Dans son esprit, la vaccination était un bienfait pour l’humanité et quand on s’intéresse à l’histoire des maladies (en commençant par la variolisation, pratiquée depuis le 18e siècle, bien avant qu’on sache ce qu’était un virus) il est difficile de prétendre le contraire. (Encore une fois, je parle ici de la méthode, ce qui ne veut pas dire que je mets tous les vaccins dans le même panier, j’y reviens plus loin). 

Avant qu’un vaccin existe, j’ai souffert de la rougeole et de la coqueluche. Grâce à la vaccination, j’ai échappé à la polio, à la diphtérie et au tétanos. (Enfin, jusqu’ici. Je pense qu’il faudrait que j’aille me faire faire un rappel…) 

Quelques souvenirs : 

Je me souviens d’un de mes camarades de classe qui avait avait contracté la poliomyélite à une époque où tout le monde n’avait pas été encore vacciné en France (probablement entre 1955 et 1965). L’un de ses bras était paralysé, et sa main toujours bloquée dans la poche de sa blouse ou de sa veste, pour que son bras ne ballotte pas. 

Je me souviens aussi d’avoir reçu, quand j’étais étudiant hospitalier/externe en pédiatrie au centre hospitalier du Mans, un garçon de huit ans qui faisait une encéphalite rougeoleuse, c’est à dire une infection grave du système nerveux provoquée par le virus de la rougeole. Il a gardé des séquelles graves : paralysies, épilepsie, handicap psychomoteur profond. Sa famille ne l’avait jamais vacciné. 

Je me souviens d’avoir vu plusieurs personnes mourir de tétanos en réanimation, après un avortement clandestin ou après s’être écorchées à une épine de rose dans leur jardin. 

Je me souviens avoir soigné une fratrie de trois enfants de moins de dix ans d’une coqueluche carabinée (les parents étaient opposés au fait de les faire vacciner). Les trois enfants ont beaucoup dérouillé (c’est une saloperie, la coqueluche) mais les parents aussi. Je n’ai pas porté de jugement de valeur, j’ai soigné les enfants, un point c’est tout. Quelques semaines après, la mère est revenue me voir pour discuter des vaccins à leur faire, l’un après l’autre. Et on en a parlé posément. Et elle a pris sa décision posément. 

D’un autre côté, en tant que médecin qui vaccinait couramment adultes et enfants, j’ai pu observer des effets indésirables de la vaccination : douleur et rougeur au point d’injection (très fréquent), fièvre et courbatures (également) et parfois fièvre très élevée (en particulier chez deux de mes propres enfants). 

Je n’ai pas, au cours de ma carrière, eu à constater d’effets secondaires graves d’un vaccin. Ca ne veut pas dire qu’ils n’existent pas, mais qu’ils sont suffisamment rares pour que je n’en ai pas vus (alors que, je le répète, des effets bénins, j’en ai vu souvent). 

Chaque vaccin mérite réflexion 

En tant que médecin, j’ai été interrogé par de nombreuses personnes sur la sécurité, l’efficacité et la légitimité des vaccins. Et je leur ai toujours répondu ceci : chaque vaccin concerne une maladie particulière. En principe, vous êtes en droit de peser le pour et le contre de l’intérêt de chaque vaccin face à la probabilité de contracter la maladie concernée. 

C’est assez simple à concevoir : quand on ne vit ou ne voyage pas dans un pays où la fièvre jaune est endémique, il n’est pas légitime de se faire vacciner contre elle. 

Quand, à l’opposé, une maladie existe partout, et si cette maladie n’a pas de traitement curatif il est légitime de s’en protéger (diphtérie, tétanos, polio). 

A noter que lorsqu’une maladie a été éradiquée du globe (c’est le cas de la variole au milieu des années soixante-dix, ce sera bientôt nous l’espérons tous le cas de la polio), il devient moins bénéfique de vacciner que de ne pas le faire : les effets indésirables deviennent inévitablement plus nombreux que les cas de maladie et, bien entendu, les effets graves du vaccin sont alors plus nombreux que ceux de l’infection. Et, de fait, la vaccination contre la variole a été supprimée sur toute la planète. Celle contre la polio pourrait bien l’être d’ici quelques années. 

Est-il, pour autant, obligatoire de se faire administrer (ou de faire administrer à ses enfants) tous les vaccins qui existent ? 

Il me semble, raisonnablement, que non. Si j’étais encore médecin de famille aujourd’hui, je défendrais la liberté, pour les parents, de peser le pour et le contre de chaque vaccin, en leur donnant les informations nécessaires, sans leur imposer quoi que ce soit. On peut à la rigueur imposer la vaccination contre une maladie transmissible (quand je me vaccine, je protège aussi les autres et je me protège des personnes qui pourraient me contaminer) mais on ne devrait pas imposer la vaccination contre une maladie qui n’est pas transmissible (provoquée par une bactérie non transmissible à l’entourage, par exemple, comme le pneumocoque). 

La France est notoirement autoritaire en ce domaine, alors que rien ne prouve que ce soit nécessaire : en Grande-Bretagne, aucune vaccination n’est obligatoire, on informe la population, et la couverture vaccinale (la proportion de personnes vaccinées) est similaire à celle de la population française. 

Comme l’a été la vaccination contre l’hépatite B, maladie grave qui peut tuer à court terme ou à long terme en provoquant l’apparition de cancers, la mise au point d’un vaccin anti-VIH (qui protègerait de l’infection provoquant le SIDA) serait certainement bien accueillie par une grande partie de la population mondiale, en particulier dans les pays émergents, où les deux maladies sont très répandues et s’aggravent mutuellement. 

Est-ce que tous les habitants des pays industrialisés se vaccineraient contre le VIH si c’était possible ? Probablement pas, car beaucoup ne se sentent pas menacés par cette maladie uniquement liée à l’activité sexuelle. Et aussi parce qu’aujourd’hui, on peut vivre en étant VIH-positif, grâce à la trithérapie antivirale mise au point ces dix dernières années. La possibilité de traiter une maladie (même sans la guérir) modifie l’intérêt/l’urgence/l’importance d’un vaccin. 

Mais il y a fort à parier que le fabriquant d’un tel vaccin inciterait certainement les parents à vacciner leurs enfants… (J’ai écrit ici ce que je pense de la vaccination contre le HPV, en particulier.) 

Les vaccins sont-ils un marché ? 

Oui. Comme tous les médicaments. On en a eu une illustration éclatante en 2009 lors de la pandémie de grippe A/H1N1, qui était présentée comme « la » pandémie du siècle (et ça fait bien rire aujourd’hui). On en a une autre démonstration en ce moment : une demi-douzaine de vaccins contre la Covid-19 sont en développement, quatre ou cinq sont déjà approuvés ou en voie de l’être. Il y a un marché mondial, littéralement, à prendre. 

Est-ce qu’une vaccination contre la Covid-19 est légitime ? 

Sans avoir besoin de citer des chiffres, il me semble que ça n’est pas discutable. Sauf, évidemment, si l’on conteste l’existence de la pandémie. 

Est-ce qu’une vaccination de TOUTE la population est légitime ? 

Dans la mesure où l’on n’a pas démontré qu’une partie de la population mondiale est déjà immunisée contre la Covid (et ne risque donc ni d’en souffrir, ni de contaminer les personnes non immunisées) il me semble que la réponse est oui. 

Si l’on fait partie d’une population à risque élevé, le vaccin nous protège. 

Si l’on fait partie d’une population à risque faible, le vaccin sert à nous protéger ET à protéger les plus vulnérables. C’est une démarche solidaire – comme pour la variole et la polio, par exemple ; et peut-être aussi dans une certaine mesure pour l’Hépatite B et, si le vaccin existait, le VIH.

Est-ce que tous les vaccins contre la Covid-19 se valent ? 

C’est difficile à dire, et la réponse est probablement non, mais en toute bonne logique ça n’a pas d’importance : d’abord parce que leur efficacité est suffisante pour prévenir la maladie, même si (et ça n’est jamais) une efficacité à 100%. Ensuite parce que, plus le nombre de personnes vaccinées sera grand, quel que soit le vaccin utilisé, moins la maladie circulera. Rappelons ainsi qu’un vaccin, même très efficace, ne l’est pas de la même manière pour toutes les personnes vaccinées. L’immunité contractée lors d’une maladie (la grippe, par exemple) est elle aussi variable d’une personne à une autre. Il n’est donc pas illogique de penser que si tous les vaccins contre la Covid-19 (qu’ils soient efficaces à 75 ou 95%) sont diffusés sur l’ensemble de la planète, la protection obtenue sera meilleure (et plus rapide) que si on essaie de vacciner toute la planète avec le vaccin « le plus efficace » (qu’on ne va probablement jamais identifier précisément…) 

Ce ne sera pas la première fois qu’on utilise plusieurs vaccins différents pour combattre une maladie planétaire : c’était déjà le cas de la polio. Et pour chaque maladie infantile, par exemple, il existe de nombreux vaccins selon le pays/le marché où il est diffusé… 

Est-ce que les risques de la vaccination l’emportent sur celui de contracter la Covid-19 ? 

En l’état actuel des choses, il me semble que non (je dispose des mêmes informations que tout le monde). J’ai 66 ans, je m’approche donc de l’âge où c’est problématique (même si je n’ai pas de maladie chronique qui me rende particulièrement vulnérable) mais même si je n’en avais que 50 (ou 45) je me ferais vacciner, pour protéger les personnes âgées de mon entourage, et les patientes à qui j’aurais affaire en tant que soignante. 

Quand toutes les personnes vulnérables seront vaccinées, est-ce que les personnes qui ne se feront pas vacciner s(er)ont des inconscientes ou des criminelles ? 

Non, parce que ne pas se vacciner n’empêchera personne de le faire et parce que le risque qu’elles prendront ne concernera qu’elles. (Comme pour les personnes qui ne se vaccinent pas contre la grippe et qui ne sont pas au contact de personnes vulnérables, ou sont au contact de personnes vulnérables vaccinées.) 

En attendant, je suis d’avis que la solidarité de chacune vis-à-vis des personnes non vaccinées qui nous entourent nous impose de porter un masque, de se laver les mains, de garder ses distances et d’éviter les réunions en lieu clos. C’est ce que je fais, c’est ce que fait mon entourage. Et nous n’avons pas le sentiment que ça entrave notre liberté. (Il faut préciser aussi que je vis dans un pays où la liberté n’est pas décrétée par l’Etat…) 

Est-ce que les discours gouvernementaux sur les vaccins sont fiables ? 

Là encore, je ne pense pas que ce soit important. Il y a suffisamment de sources d’informations scientifiques (revues médicales indépendantes, organismes internationaux comme l’OMS, ONG) pour se faire une idée raisonnable. Les gouvernements eux-mêmes n’ont d’importance pour votre décision que dans la mesure où ils contrôlent l’accès au vaccin (ce qui n’est pas rien). Mais pas pour votre réflexion en elle-même. 

Voilà, je vous ai dit pourquoi, à titre personnel, je me suis fait vacciner contre la Covid-19. J’espère que ces réflexions vous aideront à prendre une décision sereine. 

Quelle que soit cette décision, bon vent à vous. 

Martin Winckler/Marc Zaffran 

Publié sur :

L’école des soignant.e.s

Un blog participatif et coopératif rédigé pour et par des citoyen.ne.s, des patient.e.s, des soignant.e.s.

https://ecoledessoignants.blogspot.com/2021/03/pourquoi-je-me-suis-fait-vacciner.html

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Face au covid-19 tout le monde mérite protection

Pas de profit sur la pandémie

La COVID-19 se propage comme un feu de forêt. Les solutions doivent se propager plus rapidement encore. Personne n’est en sécurité tant que tout le monde n’a pas accès à des traitements et des vaccins sûrs et efficaces.

Nous avons tous droit à la protection.

Signez cette initiative citoyenne européenne afin que la Commission européenne prenne des mesures pour faire des vaccins et des traitements anti-pandémiques un bien public mondial, librement accessible à tous.

Pour signer : https://eci.ec.europa.eu/015/public

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Sur la vaccination…

Quelques remarques sur le débat en cours.

1. Le problème de la vaccination ne peut pas être traité comme un simple problème de liberté individuelle, tout simplement parce que ne pas être vacciné a des conséquences sur les autres. Toute liberté est toujours encadrée et relative au bien commun. La vaccination obligatoire existe déjà, et depuis longtemps, pour un certain nombre de vaccins. De plus, quand on va dans un certain nombre de pays, il est obligatoire de se faire vacciner contre telle ou telle maladie. Dans son principe, la vaccination obligatoire ne pose pas de problème particulier. Elle relève des politiques de santé publique qui, par définition, sont contraignantes.

2. La cohérence voudrait donc que la vaccination contre la covid soit obligatoire pour tout le monde au vu des conséquences sociales que cette maladie entraine. Or cette obligation ne s’applique que pour les soignants (et je crois les pompiers). Ni les flics, ni les militaires ne sont concernés. Le fait de ne cibler que les soignants est un scandale qu’il faut dénoncer, mais pas au nom de la liberté individuelle, mais au nom du fait que, face à la gravité de la situation, il faut vacciner tout le monde.

3. Il vaut toujours mieux convaincre que d’obliger. Mais une fois cela dit, comment on fait ? Ce qui est sûr, c’est qu’il faut lutter contre les inégalités sociales en matière de vaccination. Le fait par exemple que le 93 ait un taux de vaccination dérisoire par rapport au quartiers huppés de Paris n’est pas dû au fait que les habitants du 93 soient rétifs à la vaccination mais au fait que les conditions concrètes de celle-ci sont très difficiles dans ce département. Ce qui pose problème dans ce que dit Macron c’est qu’il reporte tout sur une responsabilité individuelle. Les antivax s’appuient sur la liberté individuelle, lui sur la responsabilité individuelle. Or, comme toutes les politiques publiques, la vaccination dépend des moyens que l’on met pour que ça marche. Un député LFI (Corbière je crois) a dit qu’il fallait amener la vaccination au pied des immeubles. Il a raison.

4. La cohérence voudrait aussi que la vaccination soit généralisée à l’échelle internationale car, au-delà même des questions humanitaires quand même essentielles quand on est à Attac, si ce n’est pas le cas on aura, comme pour le variant delta, de nouveaux variants qui nous reviendront comme un boomerang sans que l’on soit sûr que la vaccination déjà effectuée soit efficace. La bataille pour la levée des brevets devrait être une priorité politique.

5. Aujourd’hui des centaines de millions de personnes sont vaccinées contre la covid et les cas de réactions négatives graves sont infinitésimales. Tout médicament peut entrainer des réactions nocives. Il n’y a qu’à lire les notices dans les boites de médicaments… Le fait de dire que l’on a pas de recul sur les vaccins est un faux argument. Les vieux vaccins ne l’ont pas toujours été et il a bien fallu à un moment donné commencer à vacciner les gens alors même que l’on ne connaissait pas les conséquences à long terme. La question aujourd’hui est de savoir si on considère que le fait que les agences de sécurité du médicament aient donné leur agrément à ces vaccins est malgré tout une garantie qui permet de les utiliser. Si on pense que toutes sont pourries et vendues à l’industrie pharmaceutique, alors évidemment… Mais ce qui vaut pour les vaccins vaut aussi pour tout nouveau médicament. Plus généralement aucune société ne peut fonctionner sans un minimum de confiance. Je sais que, en général, les entreprises veulent faire le maximum de profit, mais a priori je pense quand même qu’elles ne vont pas m’empoisonner pour cela, sinon la vie de tous les jours devient impossible. Alors certes, il y a des salauds qui le font, par exemple Servier, mais si on pense que tout le monde est un Servier en puissance comment peut-on vivre ?

6. Il y a donc un problème profond qui renvoie à la défiance envers les scientifiques, défiance qui est souvent justifiée : liens financiers avec les laboratoires, jeux de pouvoir internes au corps médical ou autre, scandales récurrents et instrumentalisation par l’industrie… Tout ça a miné la confiance envers les scientifiques et nourri le complotisme. Il ne suffit donc pas de se référer à la Science pour convaincre. D’où la nécessité absolue du débat démocratique, de la transparence et de la confrontation des opinions. Or la façon de gouverner de Macron, qui pousse à l’extrême les caractéristiques de la Ve République, vont à l’encontre de ces exigences : décisions autoritaires prises par un seul individu dans un cadre de délibération obscur, le conseil de défense. Les conditions de mise en place du pass sanitaire – en pleine vacances, dans des délais très rapprochés impossibles à tenir – en portent la marque.

7. Le succès des manifs antivax, pilotées plus ou moins par une certaine extrême droite (Philippot, Dupont-Aignan), montrent la nécessité d’un positionnement qui se démarque de Macron mais qui ne laisse aucune ambiguïté sur la question de la vaccination. On ne gagnera rien à courir après les complotistes et l’extrême droite.

Pierre Khalfa 

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Covid-19 (France) : Refusons le projet de loi sanitaire

et les régressions sociales

Un collectif de responsables associatifs, d’élus et de personnalités s’opposent à la nouvelle loi étendant le pass sanitaire, discutée ces jours-ci à l’Assemblée. Ils appellent à une mobilisation sur le long terme contre une politique sanitaire autoritaire.

Le pass sanitaire marquera la vie de millions de Français·es, puisqu’en très peu de temps, et encore plus dès lors que le test PCR ne sera plus gratuit, toute vie sociale et professionnelle sera contrainte par le fait d’être vacciné. Pourtant, cette décision a été prise de façon autoritaire, non démocratique, dans un cadre de délibérations obscures, celui d’un seul homme : le président de la République qui n’aura réuni que le seul Conseil de défense. Elle passe outre toute discussion réelle au Parlement qui est, une fois encore, considérée comme une chambre d’enregistrement. La démocratie ne saurait être sacrifiée, et elle est pour nous plus que jamais la clé pour sortir de cette crise.

Pourtant, il y a moins d’un mois, Emmanuel Macron, le ministre de la santé, les député.es de la majorité, à l’image de la présidente de la commission des lois qui avait même déposé un amendement pour en figer l’impossibilité d’avoir une obligation publique dans la loi, tou.te.s se disaient opposées à la généralisation du pass sanitaire au nom des libertés et individuelles tout comme à une vaccinale. Alors que tout indique que nous avons pour au moins des mois à vivre avec le virus, on ne peut rentrer dans la société du contrôle généralisé que le gouvernement veut imposer ainsi à la population.

Une vaccination large et massive est nécessaire pour combattre cette pandémie, à commencer par la couverture des plus fragiles. Nous nous démarquons de toutes celles et ceux qui font de leur opposition frontale au vaccin un déversoir sectaire et complotiste et nous dénonçons fermement toute assimilation de la stratégie vaccinale à la Shoah ou à l’apartheid.

Le pass sanitaire est antisocial

Nous dénonçons la méthode employée par le gouvernement, génératrice de fortes tensions, ce qui est délétère en pleine crise épidémique. Les premiers leviers activés devraient être un grand débat démocratique, une information d’ampleur, des droits d’utilisation sur le temps de travail pour se faire vacciner, une prévention notamment par la gratuité des masques, une couverture bien plus importante des centres de vaccination et des moyens associés plus conséquents… La corrélation entre la vaccination et les revenus fait dire qu’en l’état actuel le pass sanitaire est antisocial. Ce sont des milliers de milliers de travailleurs·se·s qui se trouvent contraint·es et menacé·es de sanctions graves.

Depuis le début de la pandémie, les moyens financiers et humains réclamés par les syndicats et associations de soignants, pour remettre debout les hôpitaux publics et soigner correctement, n’ont pas été octroyés. Il en est de même pour les Ehpad. Pire, dans certains endroits nous constatons même que la casse de l’hôpital public continue (fermeture de lits, suppressions de poste…).

Et pendant ce temps, la France s’oppose toujours, avec l’Union européenne, à la levée des brevets au sein de l’Organisation mondiale du commerce, alors que c’est la seule façon pour que, dans les pays pauvres et émergents, les vaccins puissent être fabriqués et distribués massivement. C’est à la fois une question de solidarité internationale, de santé publique et d’efficacité. Car tant que la pandémie ne sera pas résolue à l’échelle mondiale, elle ne le sera nulle part.

Enfin, pendant que ces décisions heurtent et divisent la population, de graves attaques contre les droits sociaux sont annoncées. Autoritarisme et casse sociale vont de pair. La réforme régressive de l’assurance-chômage serait entérinée dès le 1er octobre, diminuant fortement les durées et les montants des allocations des chômeurs. Et Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de reporter l’âge légal de départ en retraite et la fin de tous les régimes spéciaux. Alors que le patrimoine cumulé des 500 plus grandes fortunes de France a augmenté de 30% en 2020, le gouvernement ne revient aucunement sur toutes les largesses qu’il leur a accordées depuis le début du quinquennat et veut faire payer la crise aux chômeurs et aux retraités. A l’inverse, nous demandons que soient mis à contribution, bien davantage qu’aujourd’hui, les multinationales et les très riches, au profit de la solidarité nationale. Nous exigeons une politique sociale ambitieuse, passant par des services publics de qualité et des droits sociaux plus importants.

Pour cette raison, au nom de l’efficacité sur le long terme contre l’épidémie et pour préserver nos libertés, nous nous opposons à la nouvelle loi proposée à l’assemblée, tout comme aux mesures antisociales qui visent à faire payer la note de la crise sociale au monde du travail. A cette fin, nous aspirons à des mobilisations dans les semaines et mois qui viennent.

Premiers signataires

Responsables d’organisations : Aurélie Trouvé et Raphaël Pradeau (porte-parole d’Attac), Céline Verzeletti (secrétaire confédérale de la CGT), Simon Duteil et Murielle Guilbert (délégué·es généraux de l’Union syndicale Solidaires), Thomas Portes (porte-parole de Génération·s), Mélanie Luce (présidente de l’UNEF), Khaled Gaiji (président des Amis de la Terre France), Pierre Khalfa et Willy Pelletier (Fondation Copernic), Emmanuel Vire (secrétaire général du SNJ-CGT), Mireille Stivala (secrétaire générale de la fédération CGT Santé et action sociale), Jean Marc Devauchelle (secrétaire général de la Fédération SUD Santé Sociaux), Thierry Amouroux (porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI), Hafsa Askar (Secrétaire Générale de la FSE), Denis Lalys (secrétaire général de la FNPOS de la CGT), Ana Azaria (présidente Femmes égalité), Lenny Gras (porte parole du MNL), Mathieu Devlaminck (UNL), Aneth Hembert (co-secrétaire fédérale des Jeunes Ecologistes), Jean-Christophe Sellin et Hélène Le Cacheux (coordinateurs du Parti de Gauche), Jean-François Pellissier et Myriam Martin (porte parole d’ENSEMBLE !), Christine Poupin et Olivier Besancenot (porte-parole du NPA), Christian Pierrel (porte parole du PCOF), Christian Eyschen (secrétaire général de la Libre Pensée), Martin Méchin et Louise Tort (Black Robe Brigade), Anthony Caillé CGT-Police, Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole Droit Au Logement, Delphine Glachant, présidente de l’Union syndicale de la psychiatrie.

Elu·e·s : Éric Coquerel (député LFI), Elsa Faucillon (députée PCF), Eric Piolle (maire EELV), Jean-Luc Mélenchon (député LFI), Sébastien Jumel (député PCF), Emilie Carriou (députée Nouveaux Démocrates), Clémentine Autain (députée LFI), Aurélien Taché (député Nouveaux Démocrates), Mathilde Pannot (députée LFI), Pierre Dhareville (député PCF), Caroline Fiat (députée LFI), Manon Aubry (députée LFI), Adrien Quatennens (député LFI), François Ruffin (député LFI), Muriel Ressiguier (députée LFI)

Personnalités : Youcef Brakni (militant antiraciste), Sandrine Rousseau (EELV), Caroline Mecary (avocate), Taha Bouhafs (journaliste), Jean-Marie Harribey (économiste), Arie Alimi (avocat), Kevin Vacher et Deborah Ozil (Rencontre des Justices), Stéphane Joueux (syndicaliste), Nicolas Mayart (journaliste), Dominique Plihon (économiste), Paul Poulain (spécialiste des risques industriels), Laure Vermeersch (L’ACID), Gilles Perret (réalisateur)

https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/refusons-le-projet-de-loi-sanitaire-et-les-regressions-sociales-20210722_UB4ASS6UARC5PLCU3FJVN5VV7U/

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article58975

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Oui à la vaccination, non au passeport sanitaire et aux licenciements ! 

Face à cette pandémie mondiale, l’Union syndicale Solidaires réclame depuis des mois la levée des brevets et l’accès au vaccin pour tous les pays afin que l’ensemble de la population mondiale puisse y avoir accès.

La vaccination, un des outils de lutte contre la pandémie, ne peut occulter l’incurie gouvernementale en matière de moyens humains et matériels pour les hôpitaux. Elle ne doit pas non plus être un prétexte à l’explosion d’un discours anti-scientifique voire complotiste, ni à stigmatiser les personnes qui craignent encore de se faire vacciner.

Les craintes sur la vaccination peuvent exister, liées au légitime manque de confiance envers ce gouvernement. Il faut des moyens humains massifs d’accompagnement pour répondre aux questions qui peuvent se poser.

C’est dans ce contexte que le gouvernement entend généraliser dans la société le passe sanitaire. Dans sa construction actuelle, c’est une réponse autoritaire et inadaptée. C’est également une mesure antisociale : ce sont les plus précaires et les plus pauvres qui sont les moins vacciné-es.

Solidaires se positionne contre le passe sanitaire qui se construit contre les travailleuses et les travailleurs, avec des menaces fortes (pertes de salaires, mises à pied, licenciements…), et qui met en danger le secret médical. Solidaires dénonce fortement l’amendement qui permet la suspension du contrat de travail, et le licenciement à l’issue d’un délai de deux mois, des salarié-es ne justifiant pas de passe sanitaire.

Ceux et surtout celles qui étaient premier-es de corvées, travaillant sans aucune protection lors de la première vague, seront cette fois-ci les premier-es sanctionné-es ! Ce n’est pas acceptable.

D’autres solutions urgentes doivent être mises en place : vaccination au plus prêt de la population et des salarié.es, y compris dans les quartiers populaires, levée des brevets sur les vaccins, moyens humains et matériels massifs pour la recherche et la santé publiques, socialisation de l’industrie pharmaceutique…

L’Union syndicale Solidaires appelle sur ces bases à participer aux mobilisations sociales et de défense des libertés qui se construisent et qui n’ont rien à voir avec les rassemblements initiés par l’extrême-droite et les mouvances complotistes, que nous combattons.

23 juillet 2021

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Communiqué de la Coordination Nationale du 20 Juillet 2021 - Plus nous vaccinerons A

Communiqué de la Coordination Nationale du 20 Juillet 2021 - Plus nous vaccinerons B

Communiqué de l'USP_Sommes-nous des obligés

 

 

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Quelques réflexions sur la contestation
à la politique sanitaire

La situation actuelle – en France mais surtout, « dans la rue », dans les réactions aux annonces, dans les polémiques – amène à la réflexion. 

Et surtout, devrait inviter un peu plus à l’action de la « gauche de lutte » dans son ensemble.

À mon avis il faut calmement mais sérieusement prendre la mesure de ce qui est entrain de se jouer, sans ignorer aucun éléments. 

Certes, on aimerait que la réaction immédiate de la population soit de se mobiliser massivement contre les réformes des retraites et du chômage et la casse de la Sécu. 

Et il faut espérer qu’en septembre un mouvement de masse affronte le gouvernement sur ces questions, avec pourquoi pas une grève générale. Et si on veut que cela ait lieu, on doit par ailleurs y travailler.

Mais. 

Mais la réaction première, la plus visible, la plus bruyante, est de rejeter violemment le pass sanitaire et l’obligation de se faire vacciner. 

Je reviendrai après sur le pass, parce que c’est l’élément le plus problématique a mon sens, et une campagne de gauche conséquente dans la période devrait questionner sérieusement les enjeux autours de cette question.

Sur les vaccins. Je fais partie des personnes à essayer de convaincre tout le monde de se faire vacciner. 

Dès que j’ai pu, je me suis faite vacciner, dans l’espoir d’avoir une vie sociale cet été. 

Mais. Mais il n’y a pas que Philippot, Dupont Aignan, Thierry l’antisémite et des Jean Michel Soucoupes Volantes qui refusent la vaccination obligatoire.

Voire qui refusent de se faire vacciner.

Et si nous devions mener une campagne sérieuse pour une vaccination de masse sous contrôle de notre classe, pour l’expropriation et la gratuité des vaccins, etc. le fait étant que jusqu’à présent nous ne l’avons pas fait.

 Et que le seul discours qui est relayé a une échelle de masse en faveur de la vaccination viens du gouvernement. D’un gouvernement corrompu, autoritaire, qui détruit la démocratie bourgeoise, ment et qui est lié aux industries pharmaceutiques : et quand on pense au scandale du médiator par exemple, comment ne pas trouver légitime de questionner l’honnêteté d’entreprises opaques qui mettent les profits bien avant la vie, alors qu’elles sont censées fabriquer des produits « pour » la vie ?

Donc dans ce contexte, et après 4 ans de crise grave du régime, des personnes n’ont pas confiance. 

Je ne suis pas sûre que de dire que « oui mais d’autres vaccins sont obligatoires », soit « du bon sens », etc soit la solution magique.

Ni de traiter d’abruti-e-s des personnes qui n’ont pas confiance en un discours qui vient du gouvernement bourgeois et autoritaire. 

C’est sans doute regrettable cet amalgame entre vaccin et macronisme, mais c’est un fait. 

Et je pense que pour lier une argumentation en faveur d’une vaccination de masse ET une perspective anticapitaliste et progressiste, la seule possibilité est d’aller avec celles et ceux qui pour l’instant se méfient du vaccin parce qu’ielles l’associe au capitalisme. Sans nier non plus qu’au milieu il y a Philippot, des antisémites, Dupont Aignan et Jean Michel OVNI. 

De manière générale, quand des mouvements spontanés de la classe ont lieu, ils sont rarement pur.

Tout le monde trouvait ça normal jusqu’à peu de lutter dans des mouvements sociaux au milieu de militants beaufs, sexistes, homophobes, racistes et transphobes. Et ce qui a permis de changer un peu la donne durant les GJ et la réforme des retraites, c’est l’organisation de cortèges féministes, antiracistes ou queer dans ces mouvements. 

C’est l’auto organisation et la confrontation avec le reste de la classe pour politiser. 

Pourquoi cela devrait-il être différent face au conspirationnisme ?

Sur le pass sanitaire. Nous devrions avoir un discours uni de la gauche au sens large contre le pass sanitaire tel qu’il est proposé par le gouvernement.

Le pass sanitaire normalise les contrôles d’identité. Si cela peut être pénible pour tout un chacun, la banalisation du contrôle d’identité tend à marginaliser encore plus deux populations déjà très marginalisées : les sans papiers et les personnes trans. 

Pour les premiers, n’ayant pas de papier, cela les prive de fait de tout un tas de lieu. 

Pour les personnes trans, accepter des contrôles d’identité, c’est s’exposer en permanence à du outing, avec toute la violence qui en découle : rappelons que les meurtres de personnes trans ont souvent lieu suite à la « découverte » de la transidentité. 

Sans aller jusque là, toutes les personnes trans on déjà vécus des violences physiques, verbales et humiliations suite à un outing. 

Le pass sanitaire, c’est donc devoir risquer en permanence de subir une violence… Et d’autant plus dans le contexte actuel de fascisation de la société et d’augmentation spectaculaire des agressions et meurtres contre des personnes LGBTQI. 

De fait, cela va se traduire par une marginalisation : entre risquer d’être agressée ou rester chez soi, le choix et vite fait.

Donc le pass sanitaire va marginaliser des personnes de notre classe, des personnes qui sont déjà marginalisées dans la société.

Et il y a urgence à créer des solidarités pour que ces personnes ne finissent pas totalement en dehors de la société. 

Mais cela ne peut passer que par une campagne contre le pass tel que mis en place par le gouvernement. Qui allie les légitimes craintes de privation de liberté qu’implique le pass sanitaire du gouvernement a une nécessaire solidarité avec celles et ceux qui vont réellement être marginalisés par ce pass. 

Cela pourrait permettre aussi de contrer les arguments antisémites et complotiste et d’avancer une ligne antiraciste, féministe et pro-lgbtqi : une ligne de gauche, en somme.

Cela pourrait nous permettre aussi d’avancer des solutions programmatique. Comme par exemple la vaccination libre et publique, mais aussi de réfléchir à ce qui ne va pas avec ce pass, et quel type de pass pourrait être opposé. Par exemple, un pass anonyme, qui présente « publiquement » que les résultats et pas l’identité. 

En lien avec cette question, nous devrions remettre sur la table la nécessaire régularisation de toustes les sans papiers et le changement d’état civil sur simple demande pour les personnes trans. 

Enfin, sortir de la culpabilisation et être offensif/ves contre le capital : quand on voit que les non vacciné-e-s sont très majoritairement les plus exploité-e-s et/ou précaires, avancer des revendications en terme de diminution du temps de travail, d’arrêts de la production non essentiel, de contrôle des salarié-e-s dans les entreprises sur la prise de décision, etc.

Cela pourrait nous permettre finalement de sortir de la déprime, d’agir et d’essayer de construire un peu le monde d’après que nous avions commencé à dessiner entre 2018 et 2020, d’AG gilets Jaunes a mobilisations climat, de grèves féministes a grève contre la réforme des retraites.

Arya Meroni

https://blogs.mediapart.fr/arya-meroni/blog/160721/quelques-reflexions-sur-la-contestation-la-politique-sanitaire

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Variant delta, vaccination, passe sanitaire :
que faire (quand on est de gauche) ?

Depuis qu’Emmanuel Macron, le 12 juillet, a annoncé vouloir généraliser l’usage du passe sanitaire aux lieux culturels ainsi qu’aux bars, restaurants, transports, etc., toute une partie de la gauche semble, une nouvelle fois, ne plus savoir quoi penser. Chez certain.e.s, on ne cache pas son envie d’aller manifester aux côtés des pires réactionnaires contre le passe sanitaire (les gilets jaunes sont passés par là…). Pour d’autres, c’est la vaccination obligatoire qui serait la solution. Enfin, d’autres demandent qu’on se concentre sur la seule annonce de la réforme des retraites, mère de toutes les bataillesquand le reste ne serait que diversion.

Ce gouvernement et ce président n’ont plus la confiance et la légitimité dont ils auraient besoin pour mener à bien une politique de santé publique efficace. Mensonges, manipulations, répression… ; depuis le début de cette pandémie, le gouvernement aura tout fait pour rendre sa parole inaudible. Emmanuel Macron a même réussi à conclure son discours sanitaire, qui aurait dû être rassembleur, par des attaques contre notre système de protection sociale en annonçant vouloir réformer l’assurance chômage et notre système de retraite ! Comment pourrait-il maintenant convaincre que ce qu’il décide est bon pour nous ? Pourtant, et alors que nous avons désormais tous les moyens à notre disposition pour combattre ce virus, l’arrivée du variant Delta rend à nouveau la situation sanitaire préoccupante.

Après avoir réfléchi et échangé toute la semaine, j’ai essayé de poser noir et sur blanc une série de propositions qui seraient, à mon sens, des propositions de gauche pour répondre à la situation actuelle. A la fois une approche d’urgence et une approche de plus long terme. J’oublie certainement beaucoup de choses. Ces propositions n’ont pas vocation à devenir quoi que ce soit, si ce n’est peut-être une base de discussion entre nous, militantes et militant, pour essayer de retrouver une approche commune de la situation. Je vous les livre donc ; n’hésitez pas dans les commentaires à les critiquer, les améliorer, en proposer d’autres… C’est fait pour ça !

Notre premier combat est pour la santé des travailleuses et des travailleurs et, de manière générale, des classes populaires. La vaccination est à ce jour le moyen le plus sûr de nous protéger efficacement, il faut donc la généraliser le plus rapidement possible.

Dans la population générale, il faut développer extrêmement rapidement des centres de vaccination et des centres d’information de proximité, quartier par quartier, associer la médecine du travail, la médecine de ville, proposer spontanément des rendez-vous par courrier (comme cela avait été fait, par exemple, pour la vaccination contre le H1N1, sans passer par les plateformes privées type Doctolib), vacciner dans les universités, les lieux touristiques, etc. Faire appel à l’expertise d’associations comme ActUp, qui ont déjà organisé des opérations de prévention au plus près des publics qui en avaient besoin (pour la prévention du SIDA).

Mettre en place une journée de congés payés pour la vaccination (ou indemnités de sécurité sociale pour les non salarié.e.s), voire plus si effets secondaires. Cette mesure est importante pour toutes celles et ceux qui ont du mal à trouver du temps, c’est à dire les précaires, les femmes qui ont charge d’enfants, celles et ceux qui cumulent des contrats à temps partiel, etc.

Se donner quelques semaines pour mettre en œuvre et observer les résultats de cette campagne de vaccination et dans le même temps lancer un débat démocratique, transparent, sur l’opportunité d’une obligation vaccinale.

Le COVID19 est devenu la première maladie nosocomiale à l’hôpital. Il est donc très important que les soignant.e.s soient vacciné.e.s, comme elles et ils le sont déjà de manière obligatoire avec 4 autres vaccins. Plutôt que de les menacer de licenciement, envisager des reconversions si les personnels ne souhaitent pas se faire vacciner.

Face à la circulation extrêmement rapide du variant delta, des mesures de freinage sont nécessaires si l’on veut éviter à nouveau un nombre important de personnes hospitalisées, de « covid long » et de décès. Ces mesures de freinage impliquent forcément de restreindre l’accès aux lieux où l’on se contamine le plus (bars, restaurants, etc.). En limiter l’accès aux personnes immunisées (vaccin ou contamination) ou ayant réalisé un test PCR permet de ne pas fermer totalement ces secteurs pendant l’été, alors qu’ils sortent déjà de plusieurs mois de fermetures. Cette situation devrait durer un temps relativement court (quelques semaines) si la campagne de vaccination porte rapidement ses fruits.

Ce n’est pas aux gérants de ces établissements de contrôler l’état de vaccination (ou le résultat des tests de dépistage) des clients, car comme le recommandait la CNIL « l’usage de ce pass [devrait être] limité aux évènements impliquant de grands rassemblements de personnes, à l’exclusion notamment des activités de la vie courante (lieux de travail, restaurants, commerces, etc.), [pour permettre] de limiter les atteintes au droit à la protection des données et au respect de la vie privée des personnes. » C’est donc à des agents formés par les Agences Régionales de Santé de réaliser ces contrôles, de manière aléatoire, sans que la responsabilité des gérants de ces établissements puisse être engagée.

L’objectif de ces contrôles serait avant tout de faire de la prévention et non pas de punir.

Pour les professions de santé, pour lesquelles la vaccination serait obligatoire, les contrôles ne doivent pas être fait par les employeurs mais par des agents de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie ou des Agences Régionales de Santé.

Mettre en place en grand plan d’équipement des écoles et des lieux rassemblant du public de systèmes de renouvellement de l’air et de détection de CO2 (permettant de lutter contre l’aérosolisation du virus).

Renforcer le droit du travail sur l’interdiction des discriminations « en raison de l’état de santé et en raison du profil vaccinal ».

Lever les brevets sur les futurs vaccins français pour permettre leur fabrication à peu de frais pour les pays du sud et œuvrer au niveau international pour faciliter la distribution équitable des vaccins actuels.

Donner les moyens au CSA de lutter efficacement contre toute forme de propagande mensongère en matière de santé publique.

Merci à toutes celles et ceux avec qui j’ai eu le plaisir de discuter (en particulier Marion Alcaraz) et qui m’ont aidé à me remettre les idées au clair.

Fabien Marcot

https://blogs.mediapart.fr/fabien-marcot/blog/160721/variant-delta-vaccination-passe-sanitaire-que-faire-quand-est-de-gauche

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Covid-19, une pandémie si moderne ?

La pandémie de Covid-19 s’est propagée à une vitesse jamais vue, la vitesse des classes les plus mobiles, au mode de vie le plus globalisé, de nos sociétés. Son origine est encore incertaine mais, qu’il s’agisse d’une fuite d’un labo P4 ou d’une zoonose (maladie se transmettant de l’animal à l’humain, c’est le cas de 75% des maladies émergentes contre 60% des maladies infectieuses classiques) due à la destruction d’écosystèmes, elle a des causes qui tiennent bien à notre modernité industrielle. Voilà qui converge avec la critique d’une partie des critiques de la technique et autres écologistes radicaux et radicales.

Mais outre ces quelques éléments, cette pandémie a des airs plus familiers – que nous pensions ne plus jamais connaître, nous qui vivons dans des sociétés industrielles et très médicalisées. Les maladies infectieuses ont beaucoup reculé au XXe siècle, notamment en raison de la vaccination, et les maladies du mode de vie les ont remplacées : maladies cardio-vasculaires, diabète, cancers sont nos maladies de riches. Et nous voilà de nouveau vulnérables à ces maladies de pauvres.

Pire encore : la théorie des miasmes est de retour. La science moderne avait établi que beaucoup de maladies se transmettaient par les surfaces et la désinfection des mains a sauvé plus de personnes qu’aucune technique médicale high tech. Las, il faut faire le deuil de ce progrès et revenir à une représentation très ancienne : certains virus se propagent par les aérosols, c’est le cas de celui-ci. (On le sait paradoxalement grâce à une recherche médicale de pointe et le temps perdu à le comprendre est l’une des graves fautes de ce gouvernement (1)).

Lors du premier confinement, beaucoup ont pu être choqué·es par une méthode de protection des populations si archaïque. Se mettre en quarantaine, se confiner, c’est bien le sort commun de l’humanité. Dans http://blog.ecologie-politique.eu/post/Homo-domesticus son ouvrage sur l’« histoire profonde des premiers États », James Scott décrit les premières villes du Néolithique comme des bombes virales, dans lesquelles la protection contre les maladies infectieuses était une préoccupation majeure. Pendant des siècles, les voyageurs ont fait étape dans des lazarets, en quarantaine le temps d’établir leur innocuité. Les confinements étaient la réponse classique à des épidémies qui sévissaient en ville comme dans les campagnes. Patrick Boucheron, dans https://www.college-de-france.fr/site/patrick-boucheron/course-2020-2021.htm son cours au Collège de France sur la peste noire, décrit le confinement de Marseille en 1720-21 et les habitant·es qui se parlaient depuis le pas de leur porte, bien avant les apéros Skype.

Or, depuis plus d’un an, les discours écologistes radicaux semblent ignorer tout cela. C’est une myopie regrettable car si la crise sanitaire a été l’occasion d’un déferlement technologique sans précédent, ni le confinement, ni le port du masque (voir l’illustration) ne sont propres à nos sociétés industrielles. À l’instar des libertarien·nes US et des individus des sociétés libérales bien campés sur  http://blog.ecologie-politique.eu/post/La-liberte-de-boire-des-coups leur droit à la jouissance quoi qu’il arrive aux autres, beaucoup trop d’anti-tech ont critiqué sans discernement des outils très low-tech de protection des populations, les mettant dans le même sac que d’autres dimensions bien plus politiques de la gestion de la crise sanitaire (la concentration des pouvoirs, la répression inéquitable, les arbitrages douteux entre vie sociale et économie, les échanges à distance et la numérisation de nos vies, etc.).

Le vaccin est une autre différence majeure d’avec les épidémies des sociétés préindustrielles. Son économie, ses risques au regard d’une évaluation exceptionnellement courte, ses bénéfices et notre incapacité collective à le proposer aux pays du Sud pourraient faire l’objet de débats. Mais avec qui ? Avec celles et ceux pour qui il était vital de conspuer le port du masque et le principe du confinement ? Aujourd’hui la start-up nation fait le pari du tout vaccin et de l’obligation vaccinale pour mieux laisser ouverts bars, restaurants et lieux de spectacle, leur fermeture étant une technique de lutte contre la pandémie désormais trop simple et trop « coûteuse » (2). Il me semble plus facile de critiquer l’autoritarisme du pass vaccinal quasi-obligatoire (3) quand on a défendu des techniques immémoriales et éprouvées de protection des personnes que quand on n’a rien proposé d’autre que http://blog.ecologie-politique.eu/post/La-prevention-et-la-responsabilite-cetait-nous le déni et la mauvaise foi.

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Illustration   Médecin durant une épidémie de peste à Rome au XVIIe siècle (gravure de Paul Füerst, 1656) : tunique recouvrant tout le corps, gants, bésicles de protection portées sur un masque en forme de bec, chapeau et baguette. Le surnom « Doctor Schnabel » signifie « docteur Bec ». Fichier et légende Wikimedia.

(1) J’entends beaucoup ces temps-ci qu’on « ne pouvait pas savoir ». L’état des savoirs était établi à la fin du printemps 2020 et https://theconversation.com/aerosols-are-a-bigger-coronavirus-threat-than-who-guidelines-suggest-heres-what-you-need-to-know-142233 l’OMS a dû faire un virage en juillet de cette même année. Rozenn Le Saint a consacré https://www.mediapart.fr/journal/france/080621/transmission-du-virus-par-aerosol-l-executif-persiste-dans-le-deni un article à cette question en juin 2021.
(2) La vaccination « garantit la sécurité sanitaire de tous. Elle nous permettra de retrouver le plus rapidement possible une vie normale, de la croissance, des emplois et de l’activité », selon Bruno Le Maire, ministre de l’économie (Le Parisien, 2 juillet 202

(3) https://blogs.mediapart.fr/stephanelavignotteorg/blog/120721/stigmatiser-les-non-vaccines-est-ce-bien-responsable Stéphane Lavignotte le fait ici très bien en rappelant les oublié·es de la campagne vaccinale et de la santé publique. J’ajouterais néanmoins que j’ai vu trop d’écolos de la petite bourgeoisie refuser de comprendre la notion même de santé publique, façon « Je fais ce que je veux, c’est mon corps », comme s’ils vivaient sur une île déserte et ne devaient vraiment rien à personne.

Aude Vidal

http://blog.ecologie-politique.eu/post/Une-pandemie-si-moderne

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Le pire des mondes

Mustapha Saha dans son bureau au Palais de l'Elysée.

Paris. Lundi, 12 juillet 2021. Le discours présidentiel annonce un été de mobilisation pour la vaccination partout, à tout moment. Les non-vaccinés sont désormais harcelés, persécutés, criminalisés. Un ministre commente : « Il s’agit de convaincre, voire de cogner sur les non-vaccinés… ». Les soignants qui refusent la vaccination obligatoire, « ne pourront plus travailler. Ils ne seront plus payés ». S’ils ne se plient pas aux injonctions gouvernementales, ils seront licenciés, excommuniés, pestiférées. Brebis galeuses. Boucs émissaires mis au ban de la société.

L’avant-projet de « loi relatif à l’adaptation des outils de gestion de la crise sanitaire » prévoit l’extension du passe sanitaire, l’obligation vaccinale des soignants, des sanctions contre les opposants. Le passe sanitaire se généralise à tous les lieux publics recevant plus de cinquante personnes, aux déplacements de longue distance par transports publics, aux restaurants, aux débits de boisson, aux foires, aux salons professionnels, aux centres commerciaux. Des sanctions pénales et pécuniaires sont prévues contre les récalcitrants, six mois de prison et dix mille euros d’amande pour les clients, un an de prison et quarante-cinq mille euros d’amande pour les responsables des établissements qui ne contrôlent pas la conformité des passes sanitaires. Le Parlement est sommé de voter le texte de la loi dans les plus brefs délais. Les garde-fous juridiques sont neutralisés. S’instaure un régime disciplinaire qui broie toutes les libertés à marche forcée. Le contrat social se fracture.

La déontologie médicale se méprise. Serment d’Hippocrate actualisé par l’Ordre des médecins en 2012. « Au moment d’être admis à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité. J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. Admis dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services  qui me seront demandés. J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité. Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré et méprisé si j’y manque ».

Se dédaigne la résolution européenne n°2361 du 27 janvier 2021qui recommande « de s’assurer que les citoyens et citoyennes sont informés que la vaccination n’est pas obligatoire et que personne ne subit de pressions politiques, sociales ou autres pour se faire vacciner, s’il ou elle ne souhaite pas le faire personnellement, de veiller à ce que personne ne soit victime de discrimination pour ne pas avoir été vacciné, en raison de risques potentiels pour la santé ou pour ne pas vouloir se faire vacciner ». Se bafouent les lois internationales et nationales qui interdisent la vaccination obligatoire, ou indirectement obligée par un passe sanitaire. « Une intervention dans le domaine de la santé ne peut être effectuée qu’après que la personne concernée y a donné son consentement libre et éclairé. Cette personne reçoit préalablement une information adéquate quant au but et à la nature de l’intervention ainsi que quant à ses conséquences et ses risques. La personne concernée peut, à tout moment, librement retirer son consentement » (Article 5 de la Convention sur les Droits de l’Homme et la biomédecine, dite Convention d’Oviedo, du 4 avril 1997). Chaque patient et chaque patient peut demander aux vaccinateurs des informations exhaustives sur l’acte médical proposé et le refuser (Loi n°2002-303 du 4 mars 2002). « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment » (Article L1111-4 du Code de la Sécurité de la Santé Publique). « Chacun a droit au respect de son corps. Le corps humain est inviolable » (Loi sur le respect du corps humain insérée dans le Code civil, Articles 16-1 et suivants, 29 juillet 1994).

31 mai 2021. La loi n°2021-689, intitulée gestion de la sortie de crise sanitaire, valide le passe sanitaire sans le moindre seuil d’application. Elle permet au gouvernement de continuer à prendre des mesures contraignantes. Le passe sanitaire impose, de fait, une surveillance généralisée des corps. Il acte un régime de ségrégation. Les droits d’aller et venir, d’avoir une vie sociale, d’entretenir des activités culturelles, sont subordonnés au statut sérologique. S’exigent, de manière discrétionnaire, un test antigénique négatif, un certificat d’immunité, une attestation de vaccination, pour vaquer aux occupations quotidiennes. S’institue une catégorie de citoyens damnés pour avoir refusé d’obtempérer aux semonces du biopouvoir. S’inaugure une société caporalisée, robotisée, régulée algorithmiquement, où la population est réduite à sa seule existence biologique. Une société désensibilisée, déresponsabilisée, moutonnisée, livrée aux modélisations numériques. La crise sanitaire sert d’alibi pour l’élargissement des fichiers de police aux convictions syndicales et politiques. Visages sous masques. Corps sous perfusions. Pensées sous chapes de plomb.

Le président : « Nous déploierons la vaccination au plus près du terrain, et nous irons vacciner celles et ceux qui sont aussi le plus loin des soins. Pour les collégiens, les lycéens, les étudiants, des campagnes de vaccination spécifiques seront développées dans les établissements scolaires dès la rentrée… En complément de la vaccination, nous mettrons en place de nouvelles mesures… Nous ferons porter les restrictions sur les non-vaccinés… Le passe sanitaire sera étendu aux lieux de loisirs et de culture. Il faudra, pour accéder à un spectacle, un parc d’attraction, un concert ou un festival, avoir été vacciné ou présenter un test négatif récent… Le pass sanitaire s’appliquera dans les cafés, les restaurants, les centres commerciaux, ainsi que dans les hôpitaux, les maisons de retraites, les établissements médico-sociaux mais aussi dans les avions, les trains et les cars… Nous nous poserons la question de l’extension du passe sanitaire à d’autres activités encore… La vaccination n’est pas tout de suite obligatoire pour tout le monde, mais nous allons étendre au maximum le passe sanitaire pour pousser le maximum de personnes à se faire vacciner… ».

30 avril 2021, le président confie au quotidien Le progrès : « Jamais un droit d’accès qui différencie les Français ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, les théâtres et les cinémas ». Deux mois plus tard, il agite l’épouvantail du variant Delta pour se dédire et torpiller l’égalité des citoyens devant le droit. Les restrictions s’accumulent, s’alourdissent, s’annoncent avant leur passage par le filtre parlementaire. Le sanitaire, devenu sécuritaire détruit les libertés tous azimuts, dans un excès de zèle jamais vu. Le pistage systématique multiplie les barrages, transforme chaque individu en policier de lui-même et des autres.

La bienveillance étatique veille sur le bonheur de tous. L’allégresse abstinente. La traçabilité permanente. La béatitude immanente. La claustration libératrice. La privation salvatrice. La frustration consolatrice. Littérature officielle, courtoise, déférente, consensuelle. Œuvres contestataires, saisies pour exercice illégal de l’écriture. Un juge unique, le grand ordinateur judiciaire. Règlement de travail de la Compagnie d’Analyses Générales : « Les principales qualités attendues des travailleurs de l’entreprise sont l’esprit d’équipe, l’efficacité dans le service, le respect de la discipline intérieure. Tout manquement aux normes établies par le présent règlement sera passible de renvoi immédiat ». Les soignants opposés à la vaccination obligatoire sont prévenus. Circulaire de la Caisse Nationale d’Assurance Médicale Unifiée : « Les agents de la Police Médicale auront les plus larges pouvoirs de surveillance et d’investigation pour sanctionner les contrevenants ». Arrêté ministériel : « Pour jouir de la plénitude de ses droits civiques, tout citoyen doit être enregistré au Fichier Central de la Population. Les agents de la Police du Fichier, relevant du ministère de la Sécurité Publique, auront toute qualité pour interpeller les contrevenants ». Les indisciplinables sont condamnés à la mort civile. (SOS Bonheur, Scénario de Jean Van Hamme, dessins de Griffo, bande dessinée, éditions Dupuis)

Le président laisse entendre que la vaccination est la panacée universelle, qui délivrera l’humanité des géhennes covidiennes. Des fantômes se profilent au fond du décor. La fondation Bill et Melinda Gates, l’un des principaux financiers de l’Organisation Mondiale de la Santé, dispose d’un pouvoir d’influence gigantesque. Bill Gates, philanthrope planétaire, incarne, dans toute sa force attractive, le soft power américain. Dans une tribune publiée par le journal Le Monde du 12 avril 2020, dont il sponsorise par ailleurs la rubrique Monde Afrique, Bill Gates se déclare pour une approche globale de la lutte contre le coronavirus. Il suggère aux dirigeants de la planète, aux membres du G20 notamment, « que les professionnels de la santé soient testés en premier et bénéficient d’un accès aux équipements de protection individuelle  Je crois beaucoup au capitalisme, mais certains marchés ne fonctionnent tout simplement pas en temps de pandémie, et celui des fournitures vitales est un parfait exemple. Le secteur privé a un rôle important à jouer, mais si notre stratégie de lutte contre le Covid se fonde sur la loi du plus offrant, cette maladie fera encore plus de victimes qu’elle n’en ferait autrement ». La philanthropie comme soupape de sécurité du néolibéralisme.

« Ce n’est qu’en immunisant tout le monde que nous pourrons mettre fin à cette pandémie ». Bill Gatt s’exprime comme un chef d’orchestre. « Nous devons concevoir des règles communes. Les dirigeants des pays développés et en voie de développement devraient travailler avec l’Organisation mondiale de la santé et avec ses partenaires pour rendre ces règles officielles. Tous les pays devraient accepter ces règles publiquement pour être tenus de les respecter. Ces accords seront d’une importance toute particulière une fois qu’un vaccin contre le Covid-19 sera enfin disponible, car ce n’est qu’en immunisant tout le monde que nous pourrons mettre fin à cette pandémie ». Les mêmes éléments de langage structurent les communications gouvernementales. « Il est impératif d’allouer des fonds suffisants à la recherche et au développement d’un vaccin ». Se découvrent sans complexes les raisons de l’énigmatique générosité. « La science nous offre une rare lueur d’espoir. Notre Fondation Bill et Melinda Gatesle Wellcome Trust et divers gouvernements ont lancé la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies – la CEPI (The Coalition for Epidemic Preparedness Innovations). L’objectif était d’accélérer le processus de test des vaccins et de financer en premier lieu de nouvelles méthodes plus rapides d’immunisation. Si un nouveau virus devait commencer à se propager dans le monde entier, nous voulions être prêts. La CEPI développe déjà au moins huit vaccins potentiels pour le Covid-19, et les chercheurs sont confiants dans le fait qu’ils en auront au moins un de prêt dans les dix-huit mois. Il s’agira alors du délai le plus court de l’histoire entre l’apparition d’un nouveau pathogène et le développement d’un vaccin pour s’en protéger. Toutefois, ce calendrier dépend des financements… L’innovation est pleine d’imprévus, mais les pays du G20 devraient s’engager résolument. Ils devraient établir clairement que ce financement est octroyé pour le développement du vaccin uniquement, et non pour sa fabrication ou sa distribution. Cela nécessitera encore davantage de fonds et de planification… Nous ne savons pas encore quel vaccin sera le plus efficace. Chacun d’entre eux requiert une technologie particulière pour être fabriqué. Cela signifie que les pays doivent investir dans de nombreuses infrastructures de fabrication, tout en sachant que certaines ne seront au final jamais utilisées… Si le secteur privé est prêt à intensifier ses efforts et à produire ce vaccin, il ne devrait pas perdre de l’argent pour le faire… Depuis vingt ans, j’encourage les dirigeants du monde à investir dans la santé des populations les plus pauvres du monde… Après tout, l’humanité n’est pas uniquement liée par des valeurs communes et des liens sociaux. Nous sommes aussi reliés les uns aux autres sur le plan biologique par un réseau microscopique de germes qui lient la santé d’une personne à celle de toutes les autres. Dans cette pandémie, nous sommes tous interconnectés… ». La vaccination, bouée de sauvetage de l’humanité, motrice d’intelligence artificielle, locomotive invisible de transgénisme.

Il suffit de constater que la Fondation Bill et Melinda Gates est une omnipotence financière à l’échelle mondiale, qu’elle dispose d’un budget plus important que le produit intérieur brut de plusieurs pays africains, pour saisir son impact sur les décisions politiques. C’est Bill Gates, acteur international majeur dans le domaine de la santé, qui aiguillonne la recherche en matière de vaccins, lance le challenge insensé de produire sept milliards de vaccins, impulse les décisions gouvernementales. Cette bienfaisance massive interroge d’autant plus qu’elle soutient activement les organismes génétiquement modifiés dans l’agriculture et les vaccinations massives au détriment des alternatives naturelles. La même fondation finance des programmes de lutte contre la famine et la malnutrition alimentés par des industries destructrices de l’environnement, (Lionel Astruc, L’Art de la fausse générosité. La Fondation Bill et Melinda Gates, éditions Actes Sud, 2019). En 2016, Microsoft a obtenu l’autorisation d’héberger des données de santé en travaillant avec des hôpitaux et des établissements spécialisés français. La fondation Gates a subventionné, en 2019, une équipe du Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour tester un carnet de vaccination injecté sous la peau au Kenya et au Malawi. Ces carnets de nanocristaux à base de cuivre, appelés boîtes quantiques(quantum dots) serviront également, selon Bill Gates, à savoir qui a été vacciné contre le covid, qui a été contaminé, qui a guéri, autrement dit à fixer une identité sanitaire à chaque individu, immédiatement consultable sur smartphone. Microsoft et les autres géants mondiaux d’hébergement de données, comme Google et Amazon, se constituent des big data pour entraîner des intelligences artificielles à l’analyse d’images et d’informations en quantités considérables. Quand il s’agit d’un secteur sensible comme la santé, toutes les inquiétudes sont permises.

Je relis Le Meilleur des mondes (Brave New World) d’Aldous Huxley (traduction française éditions Plon, 1932). L’anticipation dystopique décrit une société mondialisée où les humains sont dopés au Soma, la drogue du bonheur obligatoire, aux effets euphoriques, narcotiques, hallucinogènes, qui permet de calmer l’anxiété, la tristesse, la colère, et de se sentir dans un état de félicité permanente. Une minorité de sauvages, perpétuant la reproduction vivipare, est parquée dans des réserves, protégées par de hautes barrières électrifiées. Les habitants du Meilleur des mondes sont en des transhumains, créés en laboratoire. Les fœtus évoluent dans des flacons. Les traitements subis par les embryons déterminent leurs aptitudes, leurs inclinations, leurs comportements. Les castes inférieures, formées de clones parfaitement identiques, sont des forces de travail produites en série, par division cellulaire pendant la fécondation in vitro. Les enfants reçoivent un enseignement hypnopédique pendant le sommeil, qui génère une morale commune enracinée dans les subconscients. Les esprits sont ainsi définitivement formatés. La société est composée de cinq castes. Les Alphas constituent les élites dirigeantes, les technocrates vêtus de gris. Les Betas sont des travailleurs intelligents occupant des postes de responsabilité. Les Gammas composent la classe moyenne. Les Deltas et les Epsilons, travailleurs manuels, forment les couches inférieures. Tous les individus, consommateurs irréprochables, se satisfont de leur condition. « Le monde est stable à présent. Les gens sont heureux. Ils obtiennent ce qu’ils veulent. Ils ne veulent jamais ce qu’ils ne peuvent obtenir. Ils sont à l’aise. Ils sont en sécurité. Ils ne sont jamais malades. Ils n’ont pas peur de la mort. Ils sont dans une sereine ignorance des passions et de la vieillesse… Ils sont conditionnés de telle sorte que, pratiquement, ils ne peuvent s’empêcher de se conduire comme ils le doivent. Et si par hasard quelque chose allait de travers, il y a le soma… La dictature parfaite. Une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude ». Dans son essai Retour au meilleur des mondes (traduction française éditions Plon, 1959), Aldous Huxley écrit : « Les prophéties faites en 1931 se réalisent bien plus tôt que je le pensais… Aujourd’hui, il semble pratiquement possible que cette horreur s’abatte sur nous… un seul totalitarisme supranational suscité par le chaos social résultant du progrès technologique ».

La mémoire collective garde vive la souvenance du sang contaminé. Scandale sanitaire et politique. Mutisme coupable des décideurs administratifs et médicaux. Alors que la première information suggérant un lien entre les transfusions sanguines et le sida remonte à 1982, ce n’est qu’en 1991que la presse rend public le rapport confidentiel du Centre national de transfusion sanguine (CNTS) qui révèle le scandale de médecins ayant délibérément laissé contaminer des patients en mettant des considérations économiques au dessus des impératifs éthiques. Un hémophile sur deux contaminé, près de deux mille personnes. Le directeur Michel Garretta démissionne de son poste de directeur du CNTS en recevant trois millions de francs d’indemnités. Deux semaines plus tard, il est inculpé, en compagnie du docteur Jean-Pierre Allain, du docteur Robert Netter et du professeur Jacques Roux, pour infraction à la loi de 1905 sur les fraudes pour avoir laissé sur le marché des produits corrompus et toxiques. L’infamie prend une tournure plus monstrueuse quand se dévoilent les motivations financières et les responsabilités politiques. La confiance des malades dans leurs médecins s’altère. Les risques, longtemps occultés, des produits sanguins éclatent au grand jour. Les spécialistes médicaux et la Haute Administration se retrouvent mis à nus dans un domaine qu’ils considérent une zone d’exercice de plein droit échappant aux investigations journalistiques et aux poursuites judiciaires. Les rapports occultes entre médecine, politique et industrie pharmaceutique sont brutalement démasqués. L’honnêteté des professions médicales est radicalement remise en cause. L’affaire du sang contaminé, où la recherche aveugle du profit prime sur le souci de la santé publique, décrédibilise définitivement le mythe de l’Etat protecteur, garant de l’intérêt général et du bien-être des citoyens.

L’instrumentalisation politique de la pandémie débouche sur la tyrannie sanitaire. Michel Foucault décrit pertinemment le biopouvoir. Le dénominateur commun entre l’individu et la masse est la norme statistique. Le pouvoir disciplinaire s’exerce sur le corps à travers les techniques de surveillance et les institutions punitives. Le biopouvoir s’exécute sur la population, la vie et les vivants. La gouvernementalité libérale s’est inscrite dès le milieu du XVIIIème siècle dans la gestion rationnelle des phénomènes sociaux dans leur naturalité. La vie humaine devient l’enjeu central des stratégies politiques. Apparaissent des mécanismes régulateurs qui encadrent la vie des corps et contrôlent les processus biologiques.

Le biopouvoir déborde sa légitimation législative sous prétexte de protéger la santé publique en situation d’urgence. La discipline individualisante, fragmentante, atomisante, et le biopouvoir homogénéisant, uniformisant, massifiant, se superposent. Les êtres vivants dans sont ciblés dans leur singularité et leur multiplicité, de la naissance à la mort, en passant les maladies saisonnières, les pathologies récurrentes, les épidémies, facteurs de soustraction des forces, comme « masse globale affectée de processus d’ensemble propres à la vie ». Les mécanismes d’assistance et d’assurance ne sont que des moyens de surveillance et de contrôle. L’objet de la biopolitique n’est autre que la population considérée comme un problème scientifique et politique. Il n’est pas anodin que le président s’entoure d’un comité scientifique et d’un conseil militaire pour donner une caution morale à ses décisions autocratiques. Il n’est laissé aux individus qu’une alternative, la soumission volontaire ou la contrainte policière. « On demeure attaché à une certaine image du pouvoir-loi, du pouvoir-souveraineté que les théoriciens du droit et de l’institution monarchique ont dessinée. Et c’est de cette image qu’il faut s’affranchir, c’est-à-dire du privilège théorique de la loi et de la souveraineté, si on veut faire une analyse du pouvoir dans le jeu concret et historique de ses procédés. Il faut bâtir une analytique du pouvoir qui ne prendra plus le droit pour modèle et pour code » (Michel Foucault). Il se faut se déprendre des codes juridico-politiques par lesquels le pouvoir se sacralise. Le pouvoir ne fonctionne pas sur le droit, qui n’est que son alibi réglementaire, mais sur les techniques de répression qui écrasent toute velléité de désobéissance. Le biopouvoir met en jeu la vie pour normaliser les individus jusque dans leurs corps, jusque dans leur intangible intimité. L’état d’exception, dernière forme de légitimation, rend visible la structure cachée du pouvoir, la conjonction de la violence et du droit. Retour au droit de vie et de mort du souverain sur ses sujets. « La souveraineté se présente comme une incorporation de l’état de nature dans la société ou, si l’on préfère comme un seuil d’indifférence entre nature et culture, violence et loi, et c’est justement cette indistinction qui constitue la spécificité de la violence souveraine… L’Etat moderne, en  plaçant la vie biologique au centre de ses calculs, met en lumière le lien secret qui unit le pouvoir et la vie… Ce qui caractérise la politique moderne n’est pas l’inclusion de la zoé dans la polis, en soi très ancienne, ni simplement le fait que la vie comme telle devient un objet éminent de calculs et de prévisions du pouvoir étatique. Le fait décisif est plutôt que, parallèlement au processus en vertu duquel l’exception devient partout la règle, l’espace de la vie nue, situé en marge de l’organisation politique, finit par coïncider avec l’espace politique, où exclusion et inclusion, extérieur et intérieur, bios et zoé, entrent dans une zone d’indifférenciation irréductible ». (Giorgio Agamben, Homo Sacer. Le Pouvoir souverain et la vie nue, Editions du Seuil, 1997). La logique de la sphère étatique est l’exception.

Puisque le biopouvoir utilise la raison médicale comme moteur de la tyrannie sanitaire, il faut penser la vie comme levier de la résistance à son despotisme. Il faut se défaire du modèle léviathanien de Thomas Hobbes définissant le pouvoir conçu comme foyer central, défini en termes juridiques. Le pouvoir s’analyse à partir de « ses techniques et de ses tactiques de domination ». Puisque le biopouvoir évince la vie naturelle pour se constituer en vie politique, la vie doit mobiliser sa puissance naturelle pour se retourner contre le système qui la contrôle. Chaque personne doit s’opposer aux assujettissements opérés par les technologies du pouvoir, s’approprier le droit à la vie, à la santé, au bonheur. (Michel Foucault, La Volonté de savoir, éditions Gallimard, 1976. Michel Foucault, Il faut défendre la société. Cours au Collège de France, 1976, éditions Gallimard / éditions du Seuil, 1997. Sécurité, Territoire, Population. Cours au collège de France, 1977-1978, éditions Gallimard / éditions du Seuil, 2004. Michel Foucault, La Naissance de la biopolitique. Cours au Collège de France, 1978-1979, éditions Gallimard / éditions du Seuil, 2004.)

Mustapha Saha

Sociologue, poète, artiste peintre

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Pass sanitaire : l’obligation vaccinale déguisée
entrave nos libertés

Depuis les annonces d’Emmanuel Macron d’obligation vaccinale pour les soignants et de chantage aux libertés pour les autres, nous sommes sous le choc. Sous le choc, d’une décision qui nous monte les uns contre les autres et attaque nos libertés de choix pour se soigner, de nos libertés de circuler de travailler, d’étudier, d’accéder à la culture et aux loisirs… En bref de vivre. Cette décision affecte aussi la conduite de nos activités économiques. Quand un chef de l’État impose ce genre de décision, il démontre un peu plus la fragilité de sa base démocratique et républicaine.

La vaccination est un choix personnel, non anodin, mais faisant partie des différents outils nous permettant de lutter contre cette pandémie. Seulement il n’est pas le seul et il ne peut être ainsi imposé à toutes et tous sous la contrainte et la sanction. Toutes les voies pour diminuer les effets de cette pandémie doivent continuer à être recherchées, l’investissement de L’État dans le service public de santé doit rapidement prendre de l’ampleur et nous devons lutter contre les causes conduisant à l’expansion de cette pandémie : perte de biodiversité, dérèglement climatique, mondialisation des échanges, affaiblissement immunitaire des populations par la sédentarisation, la malbouffe…

Nous ne sommes ni « anti-vax » ni « complotiste », mais sans cet ensemble d’actions, la stratégie sanitaire nous semble inutile et illusoire : les variants vont continuer de proliférer et la pandémie suivante sera à coup sûr encore plus sévère. Il est grand temps d’engager l’ensemble de la société vers une transition écologique et sociale, solidaire et équitable.

Nous sommes responsables et nous ne voulons pas participer à la diffusion de la pandémie sur nos fermes, dans nos activités de vente ou de production, sur les marchés et les magasins de producteurs et productrices. Pour autant, imposer le pass sanitaire et exiger de nous de le faire respecter à nos client.es est inacceptable. Là encore, la liberté de choix doit prédominer et nous savons pouvoir compter sur la responsabilité et la solidarité des paysannes et paysans ; comme des citoyennes et citoyens.

Confédération paysanne

https://www.confederationpaysanne.fr/rp_article.php?YPBXThEiyIt.facebook

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Vaincre le virus, préserver nos droits et libertés,
changer le système

Nous faisons face au développement du variant delta. La vaccination est un élément clef pour stopper ou limiter les dégâts de l’épidémie. Mais le gouvernement, par le biais du pass sanitaire, adopte une démarche autoritaire. Pire, il n’annonce que des mesures de régression sociale et rien sur la crise écologique.

Vaccination et pass sanitaire

La vaccination obligatoire de certaines professions sert à cacher l’incurie du gouvernement depuis le début de la pandémie. Alors que les personnels de santé ont été exposé-es sans protection, sans matériel adéquat pendant de nombreux mois, c’est la culpabilisation sur la vaccination, voir le licenciement qui leurs sont imposés. Les héros et héroïnes d’hier, qui étaient sommé-e-s de travailler auprès des patient-e-s même quand ils/elles étaient positives au covid, sont stigmatisé.es aujourd’hui.

Les cartes de vaccination en région parisienne montrent que ce sont les villes ou les quartiers les plus riches où la vaccination est la plus importante. Cela révèle à quel point l’accès à la vaccination reste une question sociale. Le pass sanitaire qui restreint les libertés et la vie sociale est bien aussi une mesure inégalitaire et antisociale.

Se faire vacciner doit rester un acte de volontariat. C’est l’information transparente, convaincre de cette nécessité qui doit primer. Il faut multiplier le travail de terrain et les points de vaccination pour rapprocher la possibilité de se faire vacciner du plus grand nombre, donner des droits sur le temps de travail… Il y a nécessité de fournir aux personnes les plus éloignées de l’information, les moyens d’appréhender le sujet et de répondre à leurs questions. La pédagogie et les moyens plutôt que le bâton et l’autoritarisme.

Ce n’est pas une forme de répression, de restriction des droits, le contrôle chaque jour un peu plus poussé de la population, qui pourra nous faire aller vers une responsabilisation collective sereine. L’annonce de sanctions professionnelles à partir du 15 septembre ou de privation de salaire ne sont pas acceptables.

L’autoritarisme se cache souvent sous les meilleures intentions et malheureusement les lois sécurité globale, et « séparatisme » nous ont déjà prouvé les dérives autoritaires et liberticides de ce gouvernement.

Où sont les moyens pour le service public de santé ? 

Les choix qui sont faits ne remettent toujours pas en cause les politiques néolibérales qui ont cassé l’hôpital et plus généralement le service public de santé, et mis en danger les malades et les soignant-es lors des premières vagues.

Nous n’oublions pas les milliers de suppressions de lits pour raisons « économiques », les nombreux hôpitaux fermés, les démissions de soignant-es liées aux conditions de travail dégradées !

Nous voulons vaincre ce virus. Nous portons des revendications dans ce sens depuis le début de la crise. Cela passe par la gratuité des masques, la création de lits et de services et le recrutement massif des personnels nécessaires dotés des moyens matériels indispensables pour les hôpitaux publics, les EHPAD, les associations sociales et médico-sociales, un accès facile aux soins sur l’ensemble des territoires.

La lutte contre le virus est internationale. Les annonces de « dons de vaccins » sont une fois de plus l’exercice du pouvoir des pays riches sur les plus pauvres. Croire que nous pourrons vaincre la maladie sur un seul territoire est un leurre. Pour bloquer le virus, c’est une solidarité mondiale qu’il faut développer, qui passe par la levée des brevets sur les vaccins et les traitements anti covid, et enfin la constitution d’un pôle public du médicament pour en finir avec les lobbys pharmaceutiques en pleine course au profit.

Fuite en avant anti-sociale

Dans ces circonstances où chacun·e ressent un épuisement plus ou moins grand, nous n’oublions pas non plus les effets économiques et dégâts humains que cela signifie, de cette pandémie qui n’en finit pas.

Et c’est à ce moment que Macron nous annonce, en termes elliptiques, qu’il va continuer de dérouler sa politique de casse sociale à court ou moyen terme. Nos retraites et notre protection sociale, nos services publics (avec une énième « réorganisation »de l’État), les indemnisations des chômeuses et chômeurs… sont les cibles.

Ce n’est pas l’annonce d’un « revenu d’engagement » pour les jeunes de 18 à 25 ans dans une logique de « devoirs et de droits », sorte de garantie jeunes revisitée, qui permettra de répondre aux enjeux de précarités.

C’est une véritable remise en cause de notre modèle social et une volonté de destruction de notre protection sociale. Le gouvernement entend protéger les plus riches et les dominants. Le monde d’après de Macron, c’est bien celui d’avant en pire.

Rien sur l’urgence écologique

Alors que la crise écologique et climatique s’aggrave, Macron propose un même modèle de société basé sur un capitalisme prédateur et destructeur. C’est acter une fuite en avant irrémédiable.

L’urgence d’une rupture et de mesures fortes 

Pour l’Union syndicale Solidaires, il est vraiment temps de changer de politique, et ce système qui ne peut qu’aggraver les inégalités sociales, les catastrophes écologiques, et la répression de la population.

Nous pouvons vaincre le chômage et la misère. Il y a nécessité de poser la question du partage du temps de travail, de nouveaux types de financement pour les services publics, d’un modèle de transition écologique ambitieux. Cela passe forcément par un autre partage des richesses et une rupture avec le mode de production et de consommation capitaliste.

Passons à l’action ! 

Dans ce contexte, l’Union syndicale Solidaires continue à construire unitairement la lutte en appelant à la convergence, en proposant nos alternatives syndicalement et dans le cadre du collectif « Plus jamais ça ». Nous n’obtiendrons rien sans nous mobiliser fortement !

Il est plus qu’urgent de changer de politique et de système, pour la justice sociale, écologique et un monde où les dominations et inégalités cessent.

L’Union syndicale appelle dès à présent à construire une rentrée sociale à la hauteur des attaques en préparation contre le monde du travail.

https://solidaires.org/Vaincre-le-virus-preserver-nos-droits-et-libertes-changer-le-systeme

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Une intervention présidentielle « hors sol »
et pleine de contradictions

Lors de son intervention télévisée d’hier, le président de la République a fait la démonstration de son décalage avec la réalité sociale du pays et a multiplié les contradictions. Un discours où la démagogie n’a d’égale que la visée populiste du propos.

Alors que « la terre brule » – littéralement en Amérique du Nord en ce moment – pas un mot sur le climat et les enjeux environnementaux !

Alors que les violences faites aux femmes s’accroissent, pas un mot sur la situation, pas une mesure de protection, pas un projet, rien…

Alors que de nombreux travailleur·se·s ne bouclent pas les fins de mois et que l’économie ne pourra véritablement repartir que grâce à la consommation des ménages, pas un mot sur les salaires, pas de propositions pour augmenter significativement le Smic, les minima sociaux, les pensions…

Alors que la jeunesse paie un lourd tribut en termes d’emploi, d’accroissement sans précédent de la précarité, d’isolement, de renoncement aux études, de non accès à l’alternance, à l’emploi, etc., pas un mot pour viser un retour au « plein emploi »…

Toutes les réalités sociales du quotidien ont été éludées par un président bien plus préoccupé par sa réélection que par une réponse véritable aux préoccupations du monde du travail.

Des contradictions qui confinent à l’absurde.

Il porte l’idée d’une politique industrielle en France. Pourtant, ces dernières années, les exemples ne manquent pas de fermeture de sites, de délocalisation et, à chaque fois, le même discours : « Nous n’y pouvons rien… »

Sans attendre, pourquoi alors le gouvernement n’intervient-il pas en imposant un moratoire sur les fermetures de sites industriels ? Pourquoi n’intervient-il pas, par exemple, pour maintenir l’entreprise Luxfer qui fabrique du matériel médical ? Les exemples similaires sont nombreux.

Il valorise le CDI alors même que le gouvernement n’a de cesse de le remettre en cause et de vouloir lui substituer des formes de contrat toujours plus précaires, afin de répondre aux attentes d’un patronat qui voit dans la stabilité du contrat de travail des freins à l’embauche…

Il promeut notre système de protection sociale qui nous a permis d’amortir les grandes crises (financière de 2008 et sanitaire depuis 2020), alors même que sa politique n’a de cesse de casser la Sécurité sociale, de fragiliser son financement, qu’il tente d’imposer une nouvelle réforme de l’assurance chômage, qu’il vise un nouveau recul de l’âge de départ en retraite…

Il encourage le « dialogue social », alors même qu’il tente d’imposer, au 1er octobre, une réforme de l’assurance chômage combattue par l’ensemble des organisations syndicales françaises et par le Conseil d’État lui-même…

Il présente son projet de réforme des retraites comme « particulièrement juste et nécessaire ». Pourtant, il le temporise en le reportant post Covid, autant dire dans la perspective d’un nouveau mandat…

Il encense les personnels soignants, alors même qu’il les stigmatise en les faisant passer pour des rétifs à la vaccination, de dangereux inconscients face à la situation sanitaire qu’il faut contraindre à se faire vacciner. Pourtant, les soignants sont vaccinés à ce jour à 91%, soit deux fois plus que la moyenne de la population française…

Face à cette politique gouvernementale qui ne vise que la remise en cause des acquis sociaux, la CGT appelle l’ensemble du monde du travail à se réunir et à se mobiliser pour que la rentrée sociale soit synonyme de luttes gagnantes pour le progrès social !

https://www.cgt.fr/actualites/france/interprofessionnel/mobilisation/une-intervention-presidentielle-hors-sol-et-pleine-de-contradictions

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En complément possible :

Décider d’agir ensemble pour ne pas subir

Ouvrage collectif – Les furtifs. Coordonné par Fabienne Orsi : Soigner. Manifeste pour une reconquête de l’hôpital public et du soin

Interview de Fabienne Orsi, coordinatrice de l’ouvrage

L’appel du Vinatier contre les Assises de la psychiatrie couchée

Deux propositions de tract co-écrites au début de la pandémie

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/07/01/decider-dagir-ensemble-pour-ne-pas-subir/

Création d’un réseau de résistance internationale des soignant.es !

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/06/06/creation-dun-reseau-de-resistance-internationale-des-soignant-es/

Mettons fin au système de brevets privés ! Pour une industrie pharmaceutique sous contrôle social et un système de vaccination public, universel et gratuit

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/05/25/mettons-fin-au-systeme-de-brevets-prives-pour-une-industrie-pharmaceutique-sous-controle-social-et-un-systeme-de-vaccination-public-universel-et-gratuit/

Appel à la mobilisation internationale de la santé

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/05/12/appel-a-la-mobilisation-
internationale-de-la-sante/

Stephen Bouquin : Pandémie et santé mentale. Quelques réflexions à propos du « corona-blues »

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/05/05/pandemie-et-sante-mentale-
quelques-reflexions-a-propos-du-corona-blues/

Covid et santé publique. « Nous avons besoin d’un vaccin social ! »

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/04/11/covid-et-sante-publique-nous-avons-besoin-dun-vaccin-social/

Vaccination, droits de la santé et travail des femmes dans la pandémie

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/04/09/vaccination-droits-de-la-sante-et-travail-des-femmes-dans-la-pandemie/

Des vaccins et une santé publique gratuite pour toutes et tous, partout dans le monde !

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/04/08/des-vaccins-et-une-sante-publique-gratuite-pour-toutes-et-tous-partout-dans-le-monde/

Pour le droit à la gratuité des soins de santé publique pour toutes les populations

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/03/04/pour-le-droit-a-la-gratuite-des-soins-de-sante-publique-pour-toutes-les-populations/

Jean-Pierre Martin : La santé mentale au temps du coronavirus

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/03/02/la-sante-mentale-au-temps-du-coronavirus/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

Une réflexion sur « Politique sanitaire, vaccins, pass sanitaire… (quelques textes) »

  1. Communiqué du Syndicat de la Médecine Générale (SMG)

    Communiqué de presse du 21 septembre 2021

    *Le Pass sanitaire est dangereux pour la santé*

    À l’heure où les centres commerciaux ont l’injonction d’accueillir tout le monde, des lieux de soins refusent leur accès aux malades et aux personnes vulnérables.
    Un bébé de 4 mois n’a pu être reçu pour son suivi et ses vaccinations car ses parents n’avaient pas le Pass sanitaire.
    Une femme de 84 ans, handicapée, a dû se rendre seule auprès de son spécialiste car son fils qui l’accompagnait a été refoulé.
    Un homme de 43 ans n’a pu accéder à la consultation précarité, empêché dès l’entrée de l’hôpital.
    Des personnes venant prendre rendez-vous sont bloquées avant d’atteindre l’accueil de l’hôpital.
    Le Pass sanitaire ne garantit pas l’absence de contamination, puisque l’on peut être vacciné·e et malade ou cas contact.
    Instaurer un contrôle à l’entrée des établissements de soins va à l’encontre des valeurs d’accueil qui font l’éthique des soignant·e·s.
    Rien ne justifie l’exclusion du soin et encore moins au moment de cette crise sanitaire.
    Les professionnel·le·s de santé et les structures sanitaires ont l’expertise et l’expérience de la gestion des infections nosocomiales. Iels savent mobiliser ces ressources pour éviter les risques de contamination.
    Les lieux de soins sont aussi les meilleurs endroits pour informer sur la vaccination en répondant aux inquiétudes des patient·e·s. A défaut de ces efforts, les personnes les plus fragiles et les plus éloignées du soin sont celles qui sont les plus pénalisées, tout comme elles sont celles qui payent le prix le plus fort de l’épidémie Covid.
    L’accueil dans les lieux de soins doit être inconditionnel et égalitaire.
    Nous invitons l’ensemble des professionnel·le·s de santé à s’opposer à toute mesure d’éviction des patient·e·s.
    Nous demandons aux directions des établissements de soins de refuser toute entrave à l’entrée dans leurs locaux.
    Nous exigeons du gouvernement qu’il renonce au Pass sanitaire, nouvelle source d’exclusion sociale.

    *Contacts*
    Ismaël NURENI BANAFUNZI : 07 66 19 29 39
    Mathilde BOURSIER : 06 74 21 60 57

    Pour retrouver le communiqué sur notre site
    Syndicat de la Médecine Générale
    52 rue Gallieni, 92240 Malakoff
    Tél/Fax: 01 46 57 85 85

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