Ukraine – Russie (6)

  • Interview de Witalij Machinko, Syndicat de solidarité des travailleurs (Trudowa Solidarnist, Kiev)
  • Appel du « Center for civil liberties » Ukraine
  • Roane Carey : Comment la gauche devrait réagir à l’invasion de l’Ukraine par la Russie
  • MMF France : Non à la guerre en Ukraine, Non à Poutine ! Soutien à la démocratie ukrainienne, soutien au peuple ukrainien !
  • Leyla Binici, Jérôme Gleizes, Abdessalam Kleiche, Myriam Laïdouni-Denis, Didier Claude Rod : Réflexions écologistes sur l’agression de Vladimir Poutine contre l’Ukraine.
  • La Cimade demande une protection pour toutes les personnes qui quittent l’Ukraine
  • Amb el poble d’Ucraïna!
  • Nous, Européen·ne·s de l’Est…
  • Patrick Cockburn : La Blitzkrieg pré-annoncée de Poutine en échec. Un danger encore plus grand (…)
  • NON à la guerre en Ukraine !
  • Des militant·es pour la démocratie au Myanmar organisent des rassemblements pour soutenir l’Ukraine
  • Razem : « Chère gauche occidentale, on ne vous demande pas d’aimer l’OTAN… »
  • Fondation Frantz Fanon : Guerre d’agression contre l’Ukraine : qui a mis K.O le droit international ?
  • William Bourdon et Véronique Nahoum-Grappe : Poutine et ses sbires : un jour dans le box de la Cour Pénale Internationale ?

Interview de Witalij Machinko, Syndicat de solidarité des travailleurs (Trudowa Solidarnist, Kiev)

Vitaly, tout d’abord, dites-nous quelle est la situation actuelle des travailleurs des travailleuses en Ukraine. Que font les membres de votre syndicat ?

Certains et certaines vont travailler et d’autres restent à la maison ou se cachent dans des abris anti-bombes. Une partie essaie d’aller en Pologne, d’autres sont partis en Ukraine occidentale pour rester avec leurs familles.

Le travail continue ?

Oui, la guerre ne donne pas de congé. Ceux qui ne sont pas partis et pour qui les circonstances le permettent, travaillent. Même sur le territoire contrôlé par la Fédération de Russie.

Quelle est la situation actuelle des travailleurs et travailleuses en Ukraine ?

Elle est très mauvaise, la situation des travailleurs et travailleuses, et leurs droits, seront désormais la dernière préoccupation de tous.

Alors, quel rôle les syndicats peuvent-ils jouer dans ces conditions difficiles de guerre, et comment pouvons-nous vous soutenir ?

Je vois deux axes principaux de soutien. Le premier concerne la protection des réfugié.es ukrainien.nes et des migrant.es ukrainien.nes en Pologne. Et le second est la collecte de fonds pour les citoyens et citoyennes qui sont restés en Ukraine et sont devenus des réfugié.es ou sont resté.es dans des territoires où se déroulent des hostilités.

Quant à la Pologne, malheureusement, une grande partie des entreprises polonaises essaieront de profiter du contexte. Les réfugié.es d’Ukraine ne connaissent pas la réglementation, ne parlent pas la langue, donc la situation est très difficile. Ils et elles seront obligé.es d’accepter des emplois différents de ceux qu’ils et elles avaient. Je suis très préoccupé par cette énorme exploitation illégale qui va être faite de nos concitoyens.nes d’Ukraine. Avec un tel afflux de réfugiés, ce problème sera beaucoup plus aigu qu’en 2015, 2016. C’est pourquoi nous avons besoin de l’aide des syndicats polonais et des syndicats européens en général pour aider les travailleurs et travailleuses ukrainien.es à protéger leurs droits..

J’espère qu’il y aura le moins besoin possible de votre aide. La deuxième direction dans laquelle les syndicats polonais pourraient nous aider est l’organisation de l’acheminement des produits de première nécessité, des médicaments essentiels qui sont déjà indispensables en Ukraine et le seront encore plus dans un proche avenir. Si nous considérons notre expérience de 14 ans dans le Donbass et l’appliquons à la situation actuelle en Ukraine, dans les grandes villes comme Kiev et Kharkiv, où les hostilités sont en cours, avec le niveau de population ce sera une énorme catastrophe. Si ces actions sont prolongées d’une semaine supplémentaire, nous aurons une crise humanitaire importante, déjà commencée. Vous devez essayer, même si vous ne pouvez pas l’empêcher, au moins de minimiser cela. C’est pourquoi j’espère l’aide des syndicats européens.

Deuxième question, qu’aimeriez-vous dire aux syndicats et aux personnes issues des mouvements de gauche en Pologne, en Europe et dans le monde ?

Je voudrais demander à tout le monde de soutenir l’Ukraine, de soutenir les réfugié.es ukrainien.nes, les migrant.es ukrainien.nes et d’aider tout le monde en Ukraine. Rester avec nous. Ensemble nous vaincrons. Il est important d’envoyer un signal clair aux employeurs qu’il n’y aura pas de place pour leurs éventuelles pratiques déloyales. Ils doivent avoir peur de cela : nous sommes déjà en colère maintenant, ne nous énervez pas encore plus.

Intervieweur : Ignacy Jóźwiak (27 février 2022)

http://www.laboursolidarity.org/Interview-de-Witalij-Machinko

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Appel du « Center for civil liberties » Ukraine

Le Center for Civil Liberties est une organisation non gouvernementale qui travaille pour la promotion des droits de l’homme, de la démocratie et de la solidarité en Ukraine et en Eurasie et pour renforcer le principe de la dignité humaine. L’organisation a notamment documenté les violences contre les manifestants de la place Maïdan en 2013 et celles de la guerre qui a suivi depuis 2014 dans la région du Donbass, dans l’est du pays. Elle est membre de la Plateforme CivilM+ dont l’AEC (Assemblée Européenne des Citoyens/Helsinki Citizen Assembly) est également membre.

Nous vous contactons car vous avez assisté à notre événement « Comment la société civile internationale peut soutenir l’Ukraine » du 22 février 2022, organisé conjointement par des organisations de la société civile allemande, ukrainienne, polonaise, néerlandaise et belge.

Le 24 février 2022, le Président russe et ses forces armées ont commencé une opération militaire à grande échelle dans le but de contrôler Kiev et tout le pays. Le peuple ukrainien, et tous nos partenaires en Ukraine, défendent courageusement non pas seulement leur pays, mais aussi la liberté et la paix de tous les peuples d’Europe et de l’Union européenne.

Poutine a commencé une guerre contre la démocratie.

Il y a déjà des pertes humaines et il y en aura encore davantage.

Nos intervenants ukrainiens de la rencontre, de même que les autres organisations membres de CivilMPlus, plateforme internationale de la société civile qui fut créée dès 2017 pour agir pour la paix dans l’est de l’Ukraine, continuent leur action depuis leurs abris, les stations de métro, faisant face à des alertes aériennes, à l’insécurité généralisée et au chaos des opérations militaires.

Il est temps pour les dirigeants politiques des pays de l’UE de prendre leurs responsabilités et de soutenir l’Ukraine, de sauver des vies ukrainiennes et d’arrêter Poutine.

En ce moment, nous vous demandons à vous et à vos organisations d’exiger plus d’actions rapides et ciblées de vos gouvernements :

  1. Les plus hautes sanctions économiques, dont l’exclusion de la Russie du système bancaire SWIFT, l’embargo économique. Le gouvernement hongrois est le seul qui continue de s’opposer à la mesure d’exclusion du SWIFT, s’il vous plait, utilisez tous vos moyens pour atteindre les membres du parlement là-bas.

  2. Protéger le ciel ukrainien des attaques aériennes

  3. Fournir des équipements défensifs à l’Ukraine, notamment aériens. Ce point est crucial, car il aidera à la défense aérienne au moins contre les missiles russes.

  4. Imposer immédiatement des sanctions personnelles (interdiction d’entrée dans l’UE et saisie de leurs avoirs) aux oligarques et politiciens soutenant Poutine et pas seulement le cercle étroit actuel (voir plus sur #BlockPutinWallets)

  5. Attribution d’une aide financière maximale à l’Ukraine

  6. Fermeture du passage dans le Bosphore et les Dardanelles pour stopper les navires de guerre russes

  7. Mettre en place une aide humanitaire et des corridors humanitaires pour les civils

  8. Préparer une aide pour les réfugiés ukrainiens, comprenant un hébergement, une aide financière et faciliter les conditions d’accès

  9. Soutenir politiquement, matériellement et financièrement toute initiative de soutien aux ukrainiens en Ukraine et à l’étranger

Contactez (mobiliser) vos responsables politiques et allez aux manifestations en soutien à l’Ukraine contre l’agression russe.

Faites des dons aux organisations en Ukraine

Soutenez l’armée ukrainienne directement , si c’est possible

Soutenez l’association VostokSOS qui aide les déplacés internes de guerre et fait un travail d’information

Soutenez la Fondation « Voices of children » , qui aide les enfants affectés par la guerre à l’est de l’Ukraine  au niveau psychologique et psychosocial

Soutenez le bataillon (battalion) médical « Hospitaliers », composé de médecins qui travaillent en première ligne (forefront) (lien Moneygram et Westernunion sont possibles)

Soutenez les organisations de bienfaisance recevant et distribuant dons, nourriture et aide médicale.

Soutenez les hôpitaux ukrainiens

Soutenez les médias indépendants

The Kyiv indépendant https://www.patreaon.com/kyivindependent

Patreon, reporter de guerre sur la ligne de front du Donbas

Si vous voulez contacter nos collègues  en Ukraine, contactez-nous directement ou bien par le Center for Civil Liberties

Sasha Romantsova

Directrice exécutive

« Center for Civil Liberties »

e-mail : ccl.org.ua@gmail.com

mob.phone : +38 (050)341 13 77

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Comment la gauche devrait réagir à l’invasion de l’Ukraine par la Russie

Ceux et celles qui ne sont pas solidaires des opprimé es ne peuvent pas se considérer comme réellement de gauche.

Avec l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie depuis trois directions, le président russe Vladimir Poutine semble déterminé à renverser le gouvernement ukrainien et à installer un régime fantoche. S’il persiste dans cet acte fou d’agression impériale, ce sera catastrophique non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour la Russie et toute l’Europe – et peut-être même pour le monde entier. Alors que ses forces encerclent Kiev mais s’enlisent après cinq jours de combats acharnés, Poutine a mis les forces nucléaires russes en état d’alerte.

Si vous vous êtes opposés à l’attaque criminelle des États-Unis contre l’Irak en 2003, alors vous devez vous opposer à cette attaque criminelle contre l’Ukraine.

Si vous vous identifiez comme réellement de gauche, où que vous viviez et quelle que soit votre nationalité, votre devoir est maintenant de soutenir le peuple ukrainien dans sa résistance au terrorisme d’État russe – et de soutenir les milliers de citoyens russes qui protestent courageusement contre la guerre dans des dizaines de villes de leur pays. Si vous vous êtes opposés à l’attaque criminelle des États-Unis contre l’Irak en 2003, alors vous devez vous opposer à cette attaque criminelle contre l’Ukraine. Non seulement la cohérence, mais un degré minimal de décence et de solidarité humaine l’exige. La guerre de Poutine est une violation flagrante du droit international contre un pays indépendant qui ne représentait aucune menace pour la Russie.

La solidarité avec les opprimés – indépendamment de la race, de la religion, de la nationalité, du sexe, etc. – doit être la force motrice de la politique de gauche si elle veut avoir une quelconque valeur éthique. Malheureusement, une petite faction bruyante qui prétend être de gauche et anti-impérialiste soutient depuis des années des dictatures profondément oppressives dans le monde entier, de Bachar el-Assad en Syrie, qui a déclaré la guerre à son propre peuple, au gouvernement chinois, qui a détenu de force jusqu’à un million de musulmans dans des camps d’internement, en passant par Daniel Ortega au Nicaragua, qui a abandonné la gauche il y a de nombreuses années et règne aujourd’hui sur son pays en dictateur de droite.

Ces pseudo-de-gauche –parfois appelés « tankistes », un nom dérivé d’une ancienne génération de soi-disant de gauche occidentaux qui ont soutenu l’invasion soviétique de la Hongrie en 1956 – défendent également le comportement de la Russie aujourd’hui. D’autres commentateurs, comme Gilbert Achcar et Dan La Botz, ont expliqué en détail les origines de cette foule, mais l’élément clé de l’état d’esprit des « tankistes » est l’hypothèse simple d’esprit selon laquelle seuls les États-Unis peuvent être impérialistes, et donc que tout pays qui s’oppose aux États-Unis doit être soutenu. Comme l’a dit l’auteur et activiste des droits de l’homme Leila Al-Shami il y a plusieurs années, « La gauche pro-fasciste semble aveugle à toute forme d’impérialisme qui n’est pas d’origine occidentale. Elle combine politique identitaire et égoïsme. Tout ce qui se passe est vu à travers le prisme de ce que cela signifie pour les Occidentaux – seuls les hommes blancs ont le pouvoir d’écrire l’histoire. »

Dans le contexte actuel, les « tankies » défendent directement, ou trouvent des excuses à Poutine et à la Russie, même si le gouvernement est phénoménalement corrompu, un régime capitaliste de copinage dirigé par un voyou qui assassine ses opposants politiques. Les « tankistes » ont tendance à être correctement critiques et interrogatifs à propos de l’empire américain, mais ils n’appliquent pas ces facultés critiques à la Russie. Ils deviennent crédules et naïfs lorsqu’ils ont affaire aux responsables russes et à leur discours. Il serait tentant de simplement ignorer les « tankistes », mais nous devons les répudier. Si nous ne le faisons pas, ils continueront à donner une mauvaise réputation à la gauche, en particulier parmi les personnes qui luttent contre les régimes répressifs, qui supposent souvent que les « tankistes » parlent pour le reste d’entre nous et se sentent donc trahis par les soi-disant de gauche occidentaux.

Ce que les « tankistes » ne reconnaissent pas, c’est que le régime de Poutine est aussi profondément réactionnaire sur le plan social qu’il est répressif sur le plan politique. C’est pourquoi les extrémistes de droite en Europe occidentale et aux États-Unis, y compris Tucker Carlson et Steve Bannon, l’ont applaudi, et pourquoi les néo-nazis l’ont célébré comme le sauveur de la race blanche. En soutenant Poutine, les tankistes sont de mèche avec l’extrême droite.

Roane Carey

1er mars 2022, 20h51

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Don’t Be a Tankie: How the Left Should Respond to Russia’s Invasion of Ukraine

Those who don’t stand in solidarity with the oppressed cannot call themselves leftists.

Roane Carey

March 1 2022, 8:51 p.m.

With Russia’s massive invasion of Ukraine from three directions, Russian President Vladimir Putin seems determined to overthrow Ukraine’s government and install a puppet regime. If he persists in this mad act of imperial aggression, it will be catastrophic not only for Ukraine but for Russia and all of Europe — and maybe even the entire world. With his forces encircling Kyiv but bogged down after five days of heavy combat, Putin placed Russia’s nuclear forces on alert.

If you opposed the criminal U.S. attack on Iraq in 2003, then you must oppose this criminal attack on Ukraine.

If you identify as a leftist, wherever you live and whatever your nationality, your duty now is to stand by the people of Ukraine as they resist Russian state terrorism — and to stand by those thousands of  Russian citizens courageously protesting the war in dozens of cities across their country. If you opposed the criminal U.S. attack on Iraq in 2003, then you must oppose this criminal attack on Ukraine. Not just consistency, but a minimal degree of decency and human solidarity requires it. Putin’s war is a blatant violation of international law against an independent country that posed no threat to Russia.

Solidarity with the oppressed — regardless of race, religion, nationality, gender, and so on — must be the driving force of leftist politics if they are to have any ethical value. Unfortunately, a small but loud faction that claims to be on the left and to be anti-imperialist has for years backed deeply oppressive dictatorships around the world, from Syria’s Bashar al-Assad, who declared war against his own people, to the Chinese government, which has forcibly detained up to a million Turkic Muslims in internment camps, to Nicaragua’s Daniel Ortega, who abandoned the left many years ago and now rules over his country as a right-wing dictator.

These pseudo-leftists — sometimes called “tankies,” a name deriving from an earlier generation of Western leftists who backed the Soviet invasion of Hungary in 1956 — also defend Russia’s behavior today. Other commentators like Gilbert Achcar and Dan La Botz have explained this crowd’s origins in detail, but the key element in the tankie mindset is the simple-minded assumption that only the U.S. can be imperialist, and thus any country that opposes the U.S. must be supported. As author and human rights activist Leila Al-Shami put it several years ago, “The pro-fascist left seems blind to any form of imperialism that is non-western in origin. It combines identity politics with egoism. Everything that happens is viewed through the prism of what it means for westerners — only white men have the power to make history.”

I’m in

In the present context, the tankies either directly defend, or make excuses for, Putin and Russia, even though the government is phenomenally corrupt, a crony capitalist regime led by a thug who assassinates his political opponents. The tankies tend to be correctly critical and probing about U.S. empire but don’t apply these critical faculties to Russia. They become gullible and naïve when dealing with Russian officials and their narrative. It would be tempting simply to ignore the tankies, but we must repudiate them. If we don’t, they will continue to give the left a bad name, especially among people fighting repressive regimes, who often assume tankies speak for the rest of us and thus feel betrayed by Western leftists.

What the tankies fail to acknowledge is that Putin’s regime is as deeply reactionary socially as it is repressive politically. That’s why right-wing extremists in western Europe and the U.S., including Tucker Carlson and Steve Bannon, have applauded him, and why neo-Nazis have celebrated him as the savior of the white race. In supporting Putin, the tankies are in league with the far right.

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Non à la guerre en Ukraine, Non à Poutine !

Soutien à la démocratie ukrainienne, soutien au peuple ukrainien !

La tension et l’escalade militaire en Europe de l’Est ces derniers jours ont atteint leur apogée avec l’entrée en guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine.

Le monde connaît encore une fois une terrible guerre dont le coût sera très lourd, surtout pour les peuples d’Ukraine, de Russie, d’Europe et de tous les pays de la région.

Depuis sa création, la Marche Mondiale des Femmes a affirmé son engagement dans la lutte pour la paix et le rejet de la guerre et de la militarisation des sociétés. La guerre, comme dans tous les conflits armés, cible particulièrement les femmes et les enfants et n’est jamais une solution.

La Marche Mondiale des Femmes France dénonce la guerre contre le peuple ukrainien.

Elle rejette toute menace et attaque militaire contre un Etat souverain. L’indépendance, l’intégrité territoriale et la volonté du peuple ukrainien doivent être respectées.

Les États-Unis et l’OTAN doivent avant tout œuvrer à la paix et annoncer qu’ils cesseront d’envoyer des armes et des munitions dès que les négociations pour la paix avanceront vers une fin de conflit.

L’impérialisme ne doit pas répéter ce qu’il a fait en Irak et en Syrie, cette fois-ci d’une manière différente en Ukraine, et une fois de plus sacrifier les peuples du monde.

La Marche Mondiale des Femmes est solidaire de toutes les forces politiques, démocratiques et sociales en Ukraine, en Russie et dans le monde entier.

Nous défendons une solution pacifique.

Nous condamnons les actes de guerre de la Russie et appelons partout à l’action pour dire NON A LA GUERRE !

Nous résistons pour vivre, nous luttons pour exister

Nous marchons pour changer le monde !

Marche Mondiale des Femmes France

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Réflexions écologistes sur l’agression de Vladimir Poutine contre l’Ukraine

Il y aura un « avant » et « après » 24 février 2022. Cette date entrera dans l’Histoire, reste à savoir si elle sera de l’ampleur du 28 juin 1914, jour de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg à Sarajevo ou du 1er septembre 1939, jour de l’invasion de la Pologne ou du 29 septembre 1938, jour de l’annexion de la région des Sudètes par l’Allemagne nazie, ou si elle sera le début du déclin du pouvoir de Vladimir Poutine. Quelle que soit la suite des évènements, pour la première fois depuis 1945 en Europe, un pays envahit un autre en niant sa souveraineté. De surcroit, ce pays est une puissance nucléaire, membre du Conseil de Sécurité de l’ONU, et dans sa déclaration de guerre, Vladimir Poutine l’a rappelé tout en rajoutant qu’ils disposaient de nouvelles armes, sans doute des avions supersoniques à propulsion MHD, nouveau vecteur nucléaire indétectable. La dernière tension nucléaire remonte à octobre 1962 avec la crise des missiles de Cuba.

Depuis son accès au pouvoir le 31 décembre 1999, Vladimir Poutine a l’ambition de reconstruire la grande Russie et d’assumer un pouvoir autocratique. Il ne faut pas relativiser son action actuelle et ses actions futures belliqueuses. La guerre risque d’être longue et ne pas s’arrêter à l’Ukraine, ou de se limiter à un front uniquement militaire. Par rapport à toutes les conflits précédents, se préparer à la guerre doit être une possibilité, ce qui est une rupture pour les écologistes. À ce sujet, une déclaration de Gandhi de 1920 « Je crois en vérité que s’il fallait absolument faire un choix entre la lâcheté et la violence, je conseillerais la violence. […] C’est pourquoi je suis d’avis que ceux qui croient à la violence apprennent le maniement des armes. Je préférerais assurément que l’Inde eût recours aux armes pour défendre son honneur plutôt que de la voir devenir ou rester lâchement l’impuissant témoin de son déshonneur. Mais je crois que la non-violence est infiniment supérieure à la violence : pardonner est plus viril que punir. Le pardon est la parure du soldat. Mais s’abstenir n’est pardonner que s’il y a possibilité de punir : l’abstention n’a aucun sens si elle provient de l’impuissance. » [1] Cette déclaration est à mettre en parallèle avec l’analyse des libertaires ukrainiens : « Aujourd’hui, les anarchistes tentent de créer des liens horizontaux à la base de la société, fondés sur des intérêts communs, pour que les communautés puissent répondre à leurs propres besoins, y compris l’autodéfense […] mais si une guerre éclate, il s’agira avant tout d’être capables de participer à un conflit armé. » [2]

Quel équilibre trouver entre le maintien d’une stratégie de non-violence et de construction de la paix et le rétablissement de la souveraineté de l’Ukraine ? La priorité reste la désescalade, donc le cessez-au-feu et le retour à la table de négociation, au maintien des accords de Minsk 1 et 2, à réhabiliter l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe qui avait une mission d’observation en Ukraine jusqu’au début de la guerre [3]. Il n’y a jamais de solution uniquement militaire à une question politique, du moins pour les démocrates. La notion de désescalade est cruciale car il ne faut pas entrer dans une logique de guerre tout en n’écartant pas la possibilité d’être contraint d’y entrer : « gagner la guerre avant la guerre ». Personne ne sait jusqu’où est capable d’aller Vladimir Poutine dans les agressions contre d’autres pays, personne ne sait quelles sont les moyens qu’il est capable d’utiliser. Va-t-il couper l’alimentation de gaz naturel pour l’Europe ? Va-t-il bloquer les exportations de matières premières, des produits agricoles russes mais aussi ukrainiennes ? Toute action actuelle doit anticiper ces scénarios de crise car un des premiers constats que nous pouvons faire, c’est que peu de personnes avait prévu cette invasion, et que depuis l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine, rien n’a été fait pour réduire la dépendance de l’Europe aux ressources russes et pour construire une défense européenne autonome de l’OTAN. Le temps est une donnée centrale pour stopper Vladimir Poutine pour éviter un engrenage militaire meurtrier dont nous ne connaissons pas la fin. La Russie doit être bloquée dans toutes ses dimensions comme ce fut fait pour l’Afrique du Sud, économique, financier, sportif, culturel… Après un démarrage poussif, des sanctions pénalisantes commencent à être prise comme l’exclusion des banques russes du système SWIFT mais tout doit être fait pour isoler Poutine dans son propre pays et le plus rapidement possible. Le coût de la guerre doit l’obliger à revenir à la table de négociation.

Comment rétablir la souveraineté de l’Ukraine ? C’est la question la plus difficile pour les écologistes et cela renvoie à la déclaration de Gandhi. Les ukrainiens sont dans une relation asymétrique face à un agresseur qui dispose d’une surcapacité miliaire et de l’arme atomique. Même la Chine n’a pas posé son véto contre la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’agression russe. L’Ukraine, comme tous les peuples, a le droit à décider d’eux-mêmes de leur avenir, et a le droit et la nécessité de se défendre. Et à ce titre, elle reçoit une aide financière internationale et même militaire dont celle de la France. Nous devons être prudents dans des revendications bellicistes mais une proposition de force d’interposition sous mandat de l’ONU doit être faite.

N’oublions pas que la France est intervenue militaire au Rojava à Kobane auprès des forces kurdes contre l’État islamique sans le reconnaître officiellement. Faut-il s’engager publiquement auprès de l’Ukraine ? Cela serait imprudent face à une puissance nucléaire et un homme dont nous ne connaissons pas les limites.

Ce conflit nous impose de présenter une réponse graduelle, car nous ne savons pas où va s’arrêter Vladimir Poutine, préparer l’après conflit avec deux hypothèses, le retrait de la Russie ou la défaite de l’Ukraine, car tout doit être fait pour éviter l’écrasement de l’Ukraine et son corolaire l’écrasement de l’opposition démocrate en Russie. Ni angélisme, ni bellicisme. Sortir par le haut en acceptant l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne, la construction d’une défense européenne en sortant progressivement de l’OTAN qui n’est pas une solution à moyen terme à cause de la présence de la Turquie d’Erdogan, de la neutralité de Biden ou d’un retour possible de Trump (élection de mi-mandat aux États-Unis). Accélérer notre sortie de la dépendance énergétique aux énergies fossiles et au nucléaire car la question énergétique est une des armes de Vladimir Poutine.

Pour terminer, jamais depuis 1945, nous n’avons été confrontés à un tel risque de guerre en Europe. L’unité nationale risque d’être à un moment ou un autre évoquée. Ce n’est pas le temps des polémiques, même si l’élection présidentielle et l’ambiguïté du président Emmanuel Macron compliquent la tâche.

Leyla Binici, Jérôme Gleizes, Abdessalam Kleiche, Myriam Laïdouni-Denis, Didier Claude Rod 

[1] La doctrine de l’épée – Gandhi (Young India, 11 août 1920, In La Jeune Inde, 1924, Stock, pp. 107-109)

[2] Anarchistes et guerre: Perspectives anti-autoritaires en Ukraine

[3] Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine | L’OSCE

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La Cimade demande une protection pour toutes les personnes qui quittent l’Ukraine

28 février 2022

L’Union européenne doit faire respecter le droit international en garantissant que les ukrainien.ne.s, ainsi que les étrange·re·s sur place obtiennent une protection dans les pays de l’UE.

Le Conseil national de La Cimade s’est réuni les 25 et 26 février 2022 au moment même où l’armée russe envahissait l’Ukraine en bombardant les principales villes du pays. Par ce communiqué, la Cimade souhaite exprimer sa solidarité avec le peuple ukrainien face à cette guerre d’invasion, ainsi qu’avec les citoyen.ne.s russes qui ont le courage de manifester pour la paix. Ce drame qui se déroule en Europe pousse et va continuer à pousser un grand nombre de personnes à l’exil, qui s’ajoutent à celles déplacées depuis le début du conflit dans l’est du pays en 2014.

L’Union européenne et la France en particulier qui en assure actuellement la présidence tournante ne peuvent ignorer cette situation terrible. Elles doivent faire respecter le droit international en garantissant que les ukrainien.ne.s, ainsi que les étrange·re·s qui étaient nombreux à y étudier ou travailler, à y être réfugiées, obtiennent une protection dans les pays de l’Union européenne. Cela implique d’exhorter les pays limitrophes de l’Ukraine à laisser leurs frontières ouvertes et à respecter le principe de non refoulement. La Cimade tient ainsi à rappeler que l’accueil des personnes réfugiées est un principe fondamental du droit international qui ne saurait souffrir d’exception, et dénonce les discours abjects voulant conditionner l’accueil à des questions de culture, de religion, de couleur de peau…, ou ramenant celui-ci à une opportunité dont on pourrait « tirer profit ».

La France doit se montrer exemplaire en mettant en œuvre rapidement tous les moyens pratiques pour faciliter, dans cette situation d’urgence, l’accueil de celles et ceux qui demanderont la protection de notre pays. Le dispositif d’accueil doit ainsi être significativement renforcé pour héberger ces personnes sans écarter les autres personnes demandeur.euses d’asile et réfugiées déjà présentes en France et les initiatives des villes et des associations pour cet accueil. Enfin, un moratoire doit intervenir contre les expulsions vers l’Ukraine et, en conséquence, contre le placement en rétention de ressortissant.e.s ukrainien.ne.s.

La Cimade qui « défend la dignité et les droits des personnes réfugiées et migrantes » est prête à accompagner notamment dans l’exercice de leurs droits toutes celles et tous ceux qui sont déjà forcé.e.s ou qui vont bientôt l’être de quitter l’Ukraine pour chercher refuge dans les pays membres de l’Union européenne dont la France.

La Cimade – l’humanité passe par l’autre

https://www.lacimade.org/presse/la-cimade-demande-une-protection-pour-toutes-les-personnes-qui-quittent-lukraine/?

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Amb el poble d’Ucraïna!

La matinada del 24 de febrer, les tropes de la Federació Russa van iniciar una ofensiva militar per terra, mar i aire contra el territori d’Ucraïna. En l’àmbit humanitari aquestes accions han provocat ja la mort d’almenys 350 civils, milers de ferits i milions de refugiats i desplaçats interns. 

Des de l’Assemblea Nacional Catalana condemnem de forma rotunda el recurs a l’agressió militar com a instrument per  abordar disputes territorials, en tant que contrari al dret internacional i als drets humans. En aquest sentit manifestem la necessitat d’abordar la resolució del conflicte per la via diplomàtica, des del respecte al dret internacional, i al dret a l’autodeterminació dels pobles. De la mateixa manera, considerem necessària la creació d’un sistema de seguretat europeu realment inclusiu en el marc d’organitzacions com l’Organització per a la Seguretat i la Cooperació a Europa, que tingui en compte els interessos, preocupacions i percepcions d’amenaça de tots els països del continent, com a una garantia possible per a la pau i l’estabilitat a Europa a mig i llarg termini i de protecció per a tots els seus pobles.  

Volem fer arribar tota la nostra solidaritat i suport al poble d’Ucraïna en aquests moments tan difícils i dolorosos, i ens posem a la disposició de les organitzacions de la diàspora ucraïnesa a Catalunya per tot allò que sigui necessari, també des d’un punt de vista de l’esforç en el pla humanitari. També ens solidaritzem amb el poble de Rússia, que ja ha començat a patir les conseqüències econòmiques i polítiques d’aquesta situació, i d’una guerra que en absolut respon als interessos i necessitats del poble rus.

Per últim, convoquem la ciutadania a les concentracions que organitza la comunitat ucraïnesa cada dia a la plaça Catalunya de Barcelona, a les 18h, i en especial aquest dimecres; així com a la convocatòria del municipalisme català aquest dimarts a les 19h davant dels ajuntaments de tot el país.

https://assemblea.cat/amb-el-poble-ducraina/

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Nous, Européen·ne·s de l’Est…

La guerre a éclaté en Europe. Nous, qui sommes né.e.s en Europe de l’Est après 1989, dans un monde de paix et de liberté, voyons aujourd’hui se recomposer devant nos yeux nos mémoires familiales. Un empire, qui aurait dû appartenir au passé, réclame par la violence militaire un territoire et un peuple qui ne lui appartiennent point.

La Russie a envahi l’Ukraine. La Russie bombarde des villes ukrainiennes. À Kyïv, Marioupol, Kharkiv, et dans bien d’autres lieux du territoire ukrainien, les victimes, y compris civiles, se comptent déjà en centaines. Poutine est un criminel. Face à lui, l’Ukraine – un État souverain au cœur de l’Europe – se défend avec courage et ténacité.

Il est utile de rappeler ces quelques vérités, car le mensonge s’est avéré une arme clé dans l’arsenal du régime de Poutine. Il a menti pour justifier sa guerre, il ment sur les violences que son armée commet. Il ment au monde et surtout à son propre peuple.

Il n’est pas inutile de rappeler aussi quelques autres vérités. La Russie avait déjà envahi la Géorgie en 2008. Elle a attaqué l’Ukraine en 2014, en annexant la Crimée et en soutenant les séparatistes du Donbass. La guerre qui a sévi depuis dans l’Est du pays a déjà fait 14 000 morts. Les voix d’Europe centrale et orientale s’élevaient à chaque fois contre ces agressions et appelaient à de fermes réactions. Les réactions des Européens de l’Ouest ont toutefois été trop molles, les sanctions n’ont pas suffi et le business as usual a continué, ce dont le gazoduc Nord Stream 2 est un honteux témoignage.

Aujourd’hui, neuf pays de notre région: la Finlande, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la Moldavie sont ceux qui partagent les frontières de la Russie, de la Biélorussie et de l’Ukraine. Cette guerre est à nos portes. Celles et ceux d’entre nous qui vivent en Pologne se démènent, chaque jour et à toutes les heures, pour accueillir des Ukrainien.ne.s qui affluent par milliers. Les services médicaux polonais s’organisent pour accueillir des personnes ukrainophones et russophones, mais aussi non-ukrainiennes qui fuient la guerre. Rechercher un logement, accueillir quelqu’un sous son toit, participer à des collectes d’habits, de médicaments, de produits hygiéniques et de nourriture, participer aux dons de sang pour les blessés et prendre des nouvelles de nos proches ukrainien.ne.s resté.e.s sur place, voilà notre nouveau quotidien. Un quotidien dont le lendemain est fait d’incertitudes, augmentées par la présence de troupes russes à nos propres frontières.

Et si l’Europe de l’Ouest s’unit, sa réaction doit se renforcer davantage, et fédérer l’ensemble de ses gouvernements et de ses sociétés. Surtout, aux yeux de celles et ceux d’entre nous qui vivent en France, la réaction et l’engagement au sein des sociétés occidentales, dont celle française, demeurent trop éloignés. Un rassemblement, jeudi dernier, place de la République à Paris, réunissait surtout des est-européens, venus soutenir l’Ukraine et les Ukrainien.ne.s, ce qui demeure une image forte de cet éloignement.

Cela doit changer. Les Ukrainien.ne.s qui défendent vaillamment leur pays, défendent en réalité toute l’Europe, menacée par une guerre d’envergure et par la puissance d’un empire autoritaire.

Nous appelons donc nos ami.e.s, concitoyen.ne.s de l’UE, à se mobiliser à nos côtés pour l’Ukraine. L’Ukraine a besoin de notre soutien, symbolique et matériel, et d’une pression sur les gouvernements occidentaux qui peuvent faire plus pour contrer la Russie. La cause ukrainienne doit désormais devenir la boussole qui guide les choix politiques des citoyen.ne.s de l’UE.

Du Portugal à l’Estonie et de la Grèce à l’Irlande, les Européen.ne.s doivent agir pour l’Ukraine: il n’est plus temps de préférer des intérêts commerciaux particuliers à la liberté et aux vies des Ukrainien.ne.s, ou de ne pas se sentir concerné par leur combat.

Nous appelons les gouvernements et dirigeants occidentaux à fournir à l’Ukraine les armes dont elle a besoin pour se défendre, ainsi que l’aide médicale et humanitaire nécessaire.

Nous appelons l’UE et ses Etats membres à accueillir sans réserve les réfugié.e.s d’Ukraine, et à prolonger indéfiniment les titres de séjour de celles et ceux résidant déjà sur leurs territoires.

Nous demandons la saisie des biens appartenant aux oligarques russes.

Nous acclamons le blocage annoncé des chaînes de propagande russe en Europe, ainsi que l’exclusion de la Russie du système bancaire Swift.

Nous exprimons notre admiration aux citoyen.ne.s de Russie qui, malgré la censure et la répression, ont le courage de manifester pour la paix. Eux aussi ont besoin aujourd’hui de notre solidarité.

De même, nous affirmons notre plein soutien à la diaspora biélorusse, à la présidente légitime de la Biélorussie, Svetlana Tikhanovskaïa, et aux citoyen.ne.s de Biélorussie qui protestent contre la guerre: ils représentent le vrai visage de leur pays, malmené par un dictateur complice de Poutine.

Cette solidarité, que nous affirmons aujourd’hui avec l’Ukraine et tous ceux qui se battent pour la liberté et pour la paix, est complète et inébranlable. Elle doit s’étendre à l’ensemble de l’Europe et ne peut pas se limiter aux mots. Il est temps que les voix d’Europe centrale et orientale, et surtout les voix des Ukrainien.ne.s eux-mêmes, soient écoutées et guident l’action commune des européen.ne.s. Car Poutine ne sera jamais le tsar des Ukrainien.ne.s, ni le nôtre.

Слава Україні! Героям слава!

Signataires :

Tymoteusz Skowroński
Artur 
Kula
Marie 
Tomaszewski
Eva 
Tomaszewski
Jan 
Kucharski
Weronika 
Binieda
Wiktoria 
Binieda
Zbigniew 
Borowski
Elżbieta 
Orłowska
Milena 
Sudołowicz
Stefan 
Jankowski
Maria 
Skowrońska
Maria 
Stępień
Klara 
Orłowska
Barbara 
Pięta
Tadeusz 
Kolasiński
Adam 
Hsakou
Alicja 
Lelwic
Jan 
Svoboda

Milena Rach

 Ádám Bozsik

Aneta Kožušníková

Michaela Kožmínová

Mai Anh Le

Hélène Kwasieborski

Kajetan Rościszewski

https://blogs.mediapart.fr/collectif-deuropeen-ne-s-de-lest/blog/010322/nous-europeen-ne-s-de-l-est

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La Blitzkrieg pré-annoncée de Poutine en échec. Un danger encore plus grand (…)

La décision du président Vladimir Poutine de mettre les forces nucléaires stratégiques de la Russie en état d’alerte est encore plus dangereuse qu’il n’y paraît, car il s’agit d’un acte de désespoir. La menace nucléaire rappelle que la Russie est toujours une grande puissance à craindre, malgré ses multiples échecs depuis qu’elle a envahi l’Ukraine la semaine dernière.

L’invasion n’a peut-être eu lieu que jeudi dernier 24 février, mais la Russie est déjà plus faible aux yeux du monde car elle n’a pas atteint ses objectifs. Son armée n’a pas réussi à prendre [en date du 28 février] les grandes villes ukrainiennes et la résistance ukrainienne a bloqué l’avancée russe sur presque tous les fronts. Les images des épaves fumantes des véhicules blindés russes remplissent les écrans de télévision tous les soirs.

Le plan de campagne russe supposait apparemment une avancée éclair (Blitzkrieg) contre une opposition négligeable, éliminant rapidement les dirigeants politiques et militaires ukrainiens. La seule raison pour laquelle Poutine a pu imaginer qu’une armée de seulement 190 000 soldats, parmi lesquels des cuisiniers, des chauffeurs et autres non-combattants, serait capable de s’emparer et d’occuper un pays trois fois plus grand que la Grande-Bretagne est un vœu pieux.

Un expert russe en politique étrangère, Andrei Kortunov, du Conseil russe des affaires internationales, affirme que le plan initial du Kremlin était de boucler l’opération en deux semaines. Il ajoute que les membres du ministère russe des Affaires étrangères ont été « très surpris, choqués, voire consternés » [1] par cette décision, qu’ils ont probablement considérée comme le début d’une guerre ingagnable.

La guerre ne concerne plus seulement l’avenir de l’Ukraine, mais celui de Poutine, qui a peu de chances de survivre à un fiasco russe complet. Non seulement il a donné l’ordre d’envahir et d’occuper l’Ukraine, mais il s’attendait manifestement à une victoire facile.

Tout ce qu’il a réalisé ou espéré réaliser au cours de ses 22 années au Kremlin est en train de s’effilocher à une vitesse extraordinaire. Il a dit qu’il voulait empêcher l’extension de l’OTAN vers l’est, mais il a fait en sorte que l’Ukraine soit à l’avenir soudée politiquement et militairement à l’OTAN et à l’UE, qui lui fournissent armes et argent. Il avait cherché à tirer parti de la désunion des Occidentaux dans leurs relations avec Moscou, mais il a maintenant contraint l’Allemagne et la France à adopter la même ligne dure envers la Russie que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

Il en va de même sur le front intérieur. Lorsque Poutine a pris la tête de la Russie en 1999, il était considéré comme un garant de stabilité qui mettrait fin au chaos de l’ère Boris Eltsine. Mais lundi, le rouble russe a perdu 25% de sa valeur et la Banque centrale a relevé ses taux d’intérêt à 20%. Les sanctions économiques entraveront l’économie pendant des décennies, et la Russie pourrait même devoir payer des réparations. En ce qui concerne l’impact à long terme, pour exemple, ce n’est que ce mois-ci que l’Irak a effectué le dernier paiement de compensation au Koweït pour l’invasion d’il y a 30 ans, portant le montant total des réparations à 52,4 milliards de dollars. Combien la Russie pourrait-elle avoir à payer pour les dommages de guerre en Ukraine ?

La liste des calamités qui ont déjà frappé la Russie, ou qui pourraient le faire bientôt, ne laisse à Poutine qu’une seule option politique : tenter de remporter une victoire militaire en Ukraine afin que son invasion ne soit pas considérée comme un désastre complet. Il y a peu de chances qu’un cessez-le-feu soit négocié lors d’une réunion à la frontière entre l’Ukraine et la Biélorussie ce 28 février, puisque Poutine exige une capitulation totale du gouvernement ukrainien et la reddition de son armée.

Les généraux de Poutine peuvent-ils retourner la situation militaire à ce stade ? Ils ont perdu l’avantage de la surprise et le moral des militaires ukrainiens est élevé. Le président Volodymyr Zelensky se révèle être un leader fervent et charismatique. Par contre, seulement 60% des forces russes qui entourent l’Ukraine ont été déployées et elles n’ont pas utilisé leur artillerie lourde ou leurs bombardiers de manière significative.

Elles pourraient être déployées lors de la prochaine phase de la guerre, qui pourrait bien être le siège de villes – notamment la capitale Kiev, qui compte 2,8 millions d’habitants, et la deuxième plus grande ville, Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, qui compte 1,4 million d’habitants [2]. Peut-être les Russes pourraient-ils les capturer en utilisant uniquement des chars et de l’infanterie, bien que cela ne se soit pas produit jusqu’à présent.

J’ai rendu compte du siège de Mossoul, dans le nord de l’Irak, pendant neuf mois en 2016/17, qui a infligé d’horribles pertes à la population civile et détruit la majeure partie de la vieille ville. En effet, l’armée irakienne qui avançait ne pouvait éliminer les combattants de l’Etat islamique qu’en faisant appel aux frappes aériennes des Etats-Unis ou en détruisant des quartiers entiers avec des obus et des roquettes. Le niveau de destruction à Raqqa, la capitale de facto de l’Etat islamique en Syrie, était encore pire et pour la même raison. Une infanterie déterminée, retranchée dans une ville, ne peut être facilement vaincue sans utiliser une puissance de feu massive qui inflige de lourdes pertes en vies humaines.

L’issue sinistre de la guerre de siège en Irak et en Syrie ne se reproduira pas nécessairement en Ukraine, mais des sièges comme celui de Beyrouth par Israël en 1982 et celui de Grozny par la Russie en 1999 ont également entraîné de lourdes destructions et de nombreuses pertes civiles.

Mais les Ukrainiens se battront pour leurs villes sous les yeux d’un monde compatissant, la mort ou la blessure de chaque civil tué par un obus russe étant enregistrée sur une caméra de téléphone.

Poutine s’est engagé dans une guerre ingagnable, mais il n’est pas certain qu’il le sache. Au début de la guerre, il a fait preuve d’un excès de confiance extrême en demandant à l’armée ukrainienne de déposer les armes et de renverser un gouvernement ukrainien « néonazi ». Cela a montré un détachement presque total de la réalité sur le terrain. L’accent mis sur l’état mental de Poutine détourne l’attention du fait inquiétant que son entrée en guerre en Ukraine a toujours été une aventure insensée – et qu’il pourrait faire preuve du même manque de jugement lorsqu’il s’agit d’armes nucléaires.

Patrick Cockburn :

Article publié sur le site de The Independent, le 28 février 2022 ; traduction rédaction A l’Encontre

http://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/russie-ukraine-debat-la-blitzkrieg-pre-annoncee-de-poutine-en-echec-un-danger-encore-plus-grand.html

[1] Le 3 février, un haut militaire, l’ex-général Mikhail Mikhailovich Khodarenok, décrivait dans un article les diverses difficultés de mener une guerre contre l’Ukraine. Il commençait son article ainsi dénonçant les a priori dominant parmi certains milieux dirigeants politiques de la Fédération de Russie et certains dits experts militaires : « Certains représentants de la classe politique russe affirment aujourd’hui que la Russie est capable d’infliger une défaite cuisante à l’Ukraine en quelques heures (des périodes plus courtes sont également mentionnées) si un conflit militaire éclate. Voyons comment de telles déclarations correspondent à la réalité. Dans la communauté des experts de Russie, l’opinion s’est récemment enracinée assez fortement qu’il ne sera même pas nécessaire d’envoyer des troupes sur le territoire de l’Ukraine, puisque les forces armées de ce pays sont dans un état déplorable. Certains analystes politiques soulignent qu’une puissante frappe de feu russe détruira presque tous les systèmes de surveillance et de communication, l’artillerie et les formations de chars. En outre, un certain nombre d’experts concluent que même un seul coup massif porté par la Russie sera suffisant pour mettre fin à une telle guerre. Comme une cerise sur le gâteau, certains analystes soulignent le fait que personne en Ukraine ne défendra le “régime de Kiev”. »

Par la suite, son article répond à tous ces a priori. Il conclut ainsi sa réponse articulée : « Globalement, il n’y aura pas de blitzkrieg ukrainien. Les déclarations de certains experts telles que “l’armée russe vaincra la plupart des unités des Forces armées ukrainiennes en 30-40 minutes”, “la Russie est capable de vaincre l’Ukraine en 10 minutes en cas de guerre totale”, “la Russie vaincra l’Ukraine en huit minutes” n’ont aucun fondement sérieux. Et enfin, le plus important. Un conflit armé avec l’Ukraine n’est actuellement pas fondamentalement dans l’intérêt national de la Russie. Par conséquent, il est préférable pour certains experts russes surexcités d’oublier leurs fantasmes haineux. Et afin d’éviter de nouvelles pertes de réputation, de ne plus jamais s’en souvenir.» Un article à lire dans sa totalité, dans sa version anglaise traduite du russe. (Réd. A l’Encontre)

[2] Diverses sources d’information crédibles indiquent un accroissement important dès le 28 au soir des bombardements sur la ville de Kharkiv et y compris le largage de bombes à fragmentation sur des zones résidentielles. Et des dizaines de kilomètres de blindés de l’armée de la Fédération de Russie aux portes de Kiev (Réd. A l’Encontre)

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NON à la guerre en Ukraine !

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La guerre d’agression lancée par la Russie contre l’Ukraine doit cesser immédiatement. De réelles négociations doivent s’engager en vue de garantir la non-expansion de l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie et l’application des Accords de Minsk en guise de résolution de la guerre civile qui dure depuis 2014 en Ukraine.

Une agression injustifiable

L’agression et l’invasion de l’Ukraine par la Russie sont injustifiables. Elles violent le droit international de façon évidente. Les présenter comme une opération de défense des républiques sécessionnistes de Donetsk et de Lougansk relève de la pratique typique des États agresseurs qui se drapent de motifs humanitaires, comme les États-Unis et leurs alliés l’ont fait nombre de fois depuis la fin de la Guerre froide.

Si la Russie peut légitimement prétendre que l’expansion de l’OTAN en Europe de l’Est jusqu’à ses frontières représente une menace sécuritaire pour elle, cela ne l’autorise aucunement à attaquer un pays voisin et à le transformer en zone tampon pour ses propres intérêts.

La propagande dans laquelle nous baignons

Il n’y a pas que la Russie qui est présentement en guerre. Les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN mènent aussi une guerre à coups de sanctions et en armant l’Ukraine. Des consultations au sein de l’OTAN ont conduit à une déclaration de son secrétaire général, Jens Stoltenberg, le 25 février, à l’effet que l’OTAN s’engageait à défendre tous ses alliés, incluant l’Ukraine. Simultanément, pour la première fois depuis sa mise en place en 2004, la Force de réaction rapide l’OTAN, comprenant 40 000 militaires, a été activée.

Nous assistons aussi à une véritable guerre de l’opinion, sans contexte ni regard critique. La rare unanimité des dirigeants politiques occidentaux nous est présentée comme étant celle du monde entier. Leurs déclarations grandiloquentes les campent comme étant profondément préoccupés…

par les coûts humains de cette guerre… sans qu’on leur rappelle les 929 000 morts et les 38 millions de réfugié.e.s causés par leurs propres guerres « contre le terrorisme » ;

par le droit international qui viendrait tout juste de voler en éclats… alors que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN l’ont enfreint à répétition contre la Serbie, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, et la Syrie ;

par la nécessité de ne pas laisser de tels crimes impunis, alors que les Bush, Cheney, Rumsfeld et Blair, responsables de crimes semblables, et à plus grande échelle, n’ont jamais été officiellement vilipendés, encore moins visés par quelque poursuite légale ou sanction que ce soit.

Ces jours-ci, nos médias nous informent des horribles conséquences de la guerre pour la population ukrainienne. Mais quand ceux et celles qui subissent ces conséquences font face à NOS propres agressions ou à celles de nos alliés, que ce soit en Afghanistan ou en Irak, au Yémen ou en Palestine, ce robinet de l’empathie humaine – toujours nécessaire ! – ne laisse plus couler une seule goutte.

Une guerre qui pourrait bien servir les États-Unis

Les États-Unis, chef de file de l’OTAN, détiennent la clé d’une issue rapide à cette guerre : annoncer que l’OTAN renonce définitivement à solliciter l’adhésion de l’Ukraine et s’engage à respecter un statut de neutralité pour ce pays. Mais ce serait contraire à tout ce qu’ils ont concocté depuis des années. Et, pour le moment en tout cas, cette guerre les arrange bien. Elle contribue à asseoir leur nouvelle orientation de « compétition stratégique » avec la Russie et la Chine auprès de tous les alliés de l’OTAN, à justifier les pressions pour qu’ils augmentent leurs dépenses et leurs effectifs militaires, à accroitre leurs déploiements dans les pays d’Europe de l’Est, à consolider la peur et leur rôle dans la « protection » de l’Europe.

La Russie espérait peut-être accentuer en sa faveur les divisions au sein de l’OTAN. Mais son agression actuelle est en train de produire le contraire. L’Allemagne vient même de réviser sa position historique de ne pas envoyer d’armes dans les zones de conflit en décidant de fournir des armes antichars et des missiles antiaériens à l’Ukraine. Elle a aussi annoncé une très importante augmentation de son budget militaire. De plus, l’agression russe pourrait amener plusieurs pays européens à revoir leur stratégie d’approvisionnement en gaz naturel – dont 40% provient de la Russie – en se tournant vers d’autres sources, dont les États-Unis et le Canada.

D’urgence, exigeons la fin de la guerre et de réelles négociations

La guerre, l’activité humaine la plus terrifiante et destructrice, s’abat maintenant sur l’Ukraine, avec son cortège de morts, de blessé.e.s, de réfugié.e.s. Un jour ou l’autre, tout cela devra aboutir à des négociations. Maintenant ou après combien de milliers, de dizaines de milliers, ou de centaines de milliers de victimes?

La situation est rapidement en train de dégénérer. Pour la première fois de son histoire, l’Union européenne (UE) soutient militairement un pays en guerre, en envoyant 450 millions d’euros d’armements à l’Ukraine. Elle annonce que son Centre satellitaire à Madrid soutiendra l’Ukraine dans le renseignement spatial et elle décrète la censure des médias Russia Today et Sputnik News. Liz Truss, la secrétaire aux affaires étrangères du Royaume-Uni, appuie « absolument » les citoyens britanniques qui veulent aller combattre en Ukraine. La Suisse rompt avec sa tradition de neutralité et participe aux sanctions financières contre la Russie. Alors même que le président Zelensky a accepté de négocier avec la Russie, il demande qu’elle soit exclue du Conseil de sécurité de l’ONU parce ses actions frôleraient le génocide. Et il demande l’adhésion immédiate de l’Ukraine à l’UE. Le 27 février, par référendum, la Biélorussie a notamment retiré de sa constitution la partie qui en faisait une zone libre d’armes nucléaires. Pour couronner le tout, face à l’extrêmement dangereuse mise en état d’alerte des forces nucléaires stratégiques de la Russie, la Maison blanche jette encore plus d’huile sur le feu en déclarant que « nous devons continuer à endiguer ses actions de la manière la plus ferme possible » et que « nous avons la capacité de nous défendre ». Soyons clairs : il n’y a PAS de défense contre une guerre nucléaire ; c’est la survie même de l’humanité qui est en jeu!

Dans tout cela, avec ses déploiements militaires en Lettonie et en Pologne, son appel à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, ses ventes d’armes à ce pays et sa propagande primaire antirusse et antichinoise, le Canada joue un rôle particulièrement funeste.

Les enjeux globaux du réchauffement climatique et des pandémies exigent une collaboration mondiale plus urgente que jamais. Il est impératif de réagir fortement, dans tous les pays, pour éviter que nos dirigeants économiques et politiques nous plongent plutôt dans l’affrontement, la haine les uns des autres et une psychose de guerre généralisée. Les seuls bénéficiaires sont les complexes militaro-industriels, eux aussi des menaces à la survie de l’humanité.

Nous saluons le courage de nos allié.e.s en Russie qui manifestent contre la guerre dans des conditions de répression très dures et nous exigeons aussi la fin de l’agression russe. Nous exigeons également la fin des manœuvres d’encerclement de l’OTAN vis-à-vis la Russie et la fin de l’attisement des ressentiments et des peurs instrumentalisés pour des intérêts qui ne sont pas les nôtres.

https://www.cahiersdusocialisme.org/non-a-la-guerre-en-ukraine/

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Des militant·es pour la démocratie au Myanmar organisent des rassemblements pour soutenir l’Ukraine

Bravant la répression brutale de la junte, les militant·es de la démocratie au Myanmar ont organisé des manifestations ce week-end pour montrer leur solidarité avec le peuple ukrainien qui tente de repousser l’invasion de son pays par la Russie.

Des dizaines de jeunes manifestant·es portant des bannières en faveur de la démocratie et des drapeaux ukrainiens ont organisé dimanche des manifestations éclair dans le centre commercial du Myanmar, Yangon, ainsi qu’à Dawei, dans la région de Tanintharyi, dans l’extrême sud du pays, et dans l’État de Kachin, dans le nord, alors que leurs homologues civils en Ukraine se sont emparés d’armes automatiques pour repousser les envahisseurs russes. Myanmar est soumis à une dictature militaire depuis février de l’année dernière. Depuis lors, l’ensemble du pays résiste au régime par tous les moyens à sa disposition, de la protestation pacifique à la lutte armée. À ce jour, plus de 1 500 civils ont été tués par le régime.

Jusqu’en mai de l’année dernière, l’Ukraine avait des liens avec l’armée du Myanmar, avec des exportations d’armes et des transferts de technologie. Malgré cela, l’invasion russe du deuxième plus grand pays d’Europe la semaine dernière a rendu furieux les militant·es pour la démocratie du Myanmar, qui se sentent liés aux civils ukrainiens qui prennent les armes pour défendre leur terre.

En apparence, les manifestations de dimanche au Myanmar étaient une dénonciation de l’intimidation militaire russe et un soutien d’un groupe de civils qui se sont battus pour la liberté et la démocratie à un autre. Au-delà du soutien moral, cependant, le Myanmar et l’Ukraine ont un ennemi commun. Pour les Ukrainiens, le président russe Vladimir Poutine est leur envahisseur. Pour le peuple du Myanmar, la Russie est un allié proche du régime du Myanmar, lui fournissant du matériel militaire, entre autres types de soutien.

Levant un salut à trois doigts, Raymond, membre du Comité de grève du mouvement démocratique (Dawei), a déclaré que le mouvement anti-régime du Myanmar, connu sous le nom de Révolution de printemps, se sentait solidaire du peuple opprimé d’Ukraine.

« Nous sommes inspirés par la guerre menée par l’Ukraine pour défendre la démocratie. Comme eux, la révolution du Printemps de Myanmar continuera à se battre pour notre liberté jusqu’à ce que nous gagnions », a-t-il déclaré dans une vidéo. Derrière lui, un groupe de jeunes militant·es tenait des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Gloire à l’Ukraine » et « Poutine doit échouer ».

Il a ajouté que si Poutine gagnait en Ukraine, cela donnerait un coup de pouce au régime militaire du Myanmar et aux ennemis de la démocratie partout dans le monde.

« Le monde est un endroit effrayant en ce moment. Mais nous sommes tous dans le même bateau, et lorsque les gens s’unissent, nous pouvons tout accomplir. Slava Ukraini ! La démocratie doit prévaloir ! » a-t-il déclaré.

À Yangon, un environnement plus difficile pour les manifestant·es, étant donné la répression brutale du régime dans la ville, un groupe de jeunes militant·es a organisé une manifestation éclair, criant des slogans anti-régime et brandissant des pancartes portant des slogans tels que « Solidarité avec l’Ukraine ». Heureusement, la manifestation n’a pas été attaquée et les manifestant·es se sont dispersés sans problème.

Dans l’État de Kachin, dans le nord du Myanmar, plus d’une douzaine de jeunes de l’ethnie Kachin ont organisé un rassemblement pour montrer leur soutien à l’Ukraine. Certains participant·es au rassemblement ont peint leur visage des couleurs du drapeau ukrainien, tandis que d’autres tenaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Sauvez l’Ukraine » et « Arrêtez la guerre ».

Le gouvernement en exil d’unité nationale du Myanmar a déclaré vendredi qu’il condamnait la guerre russe contre l’Ukraine et son peuple, ajoutant que « le Myanmar est solidaire du peuple ukrainien. »

Alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a été condamnée dans le monde entier, le régime du Myanmar a adopté une approche différente.

Dans une tentative apparente de montrer sa gratitude envers la Russie pour son soutien, le régime a déclaré que la Russie agissait pour maintenir sa souveraineté et a loué Moscou pour ce qu’il appelle son rôle dans l’équilibre du pouvoir mondial.

http://www.laboursolidarity.org/Des-militant-es-pour-la-democratie

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« Chère gauche occidentale, on ne vous demande pas d’aimer l’OTAN… »

« Chère gauche occidentale, on ne vous demande pas d’aimer l’OTAN mais la Russie n’est pas l’acteur menacé et en danger ici. »

Dans cette tribune, des membres du parti politique polonais de gauche Razem (Ensemble) interpellent les gauches occidentales sur leur position vis-à-vis du conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Par Zofia Malisz, Magdalena Milenkovska, Dorota Kolarska et Jakub Gronowski, experts du secrétariat des affaires internationales du parti politique polonais de gauche Razem (Ensemble). Ils sont également actifs dans ses circonscriptions étrangères Razem Berlin, Razem France et Razem International. 

Traduction et adaptation : Anna C. Zielinska

Depuis des décennies, la Russie tente de se présenter comme une victime entourée de forces hostiles censées menacer sa sécurité. Les faits contredisent cette affirmation. C’est la Russie, avec sa puissante armée, son imposant arsenal d’ogives nucléaires et ses ambitions impériales, qui tente d’imposer sa volonté aux pays voisins – et c’est à cela que la gauche doit s’opposer.

Dans un récent article paru dans le Berliner Zeitung, Michael von der Schulenburg affirme que le déploiement par la Russie de plus de 100 000 soldats à sa frontière avec l’Ukraine était une réponse directe à l’OTAN annonçant que l’Ukraine pourrait un jour devenir membre de l’Alliance. Cette opinion fait écho aux voix de la gauche occidentale à Berlin, Paris ou Madrid, qui depuis le début des hostilités en Ukraine a tendance à regarder la situation du point de vue de Moscou.

La crainte de la Russie concernant sa propre sécurité est mise en avant comme l’argument suprême pour justifier l’action militaire russe. Le regard critique se déplace de Poutine vers l’OTAN qui, accusée d’« expansion » ou d’« agression », bouleverserait prétendument l’équilibre des forces en Europe et s’immiscerait dans la « sphère d’influence » de la Russie.

Les véritables raisons qui sous-tendent les actions de Moscou : un sentiment illégitime de souveraineté sur l’Ukraine et des aspirations néo-impérialistes.

Malgré notre scepticisme à l’égard de l’OTAN et de la politique américaine, nous voyons un piège dans ce raisonnement. Il conduit facilement à négliger les véritables raisons qui sous-tendent les actions de Moscou : un sentiment illégitime de souveraineté sur l’Ukraine et des aspirations néo-impérialistes. Nous pensons que la politique étrangère devrait être guidée par l’anti-impérialisme et le souci de préserver l’autonomie des citoyens, leur capacité de décider pour eux-mêmes. La dénonciation de l’impérialisme russe n’exclut pas la critique des États-Unis, au contraire, elle permet de dépasser un regard géopolitique issu de la guerre froide, voire d’une époque coloniale.

D’où parlez-vous ?

Razem est un parti politique polonais fondé en 2015. Parmi ses objectifs, se trouve celui d’introduire le point de vue de l’Europe centrale et orientale au sein de la gauche européenne. L’absence de cette perspective dans les discours des personnalités politiques de gauche en Allemagne, en France et en Espagne nous a frappés, notamment quand il s’agit des questions de la défense européenne, y compris sur le flanc est de l’UE. Nous voulons, en offrant notre point de vue – venant du centre d’une région qui se trouve dans un voisinage tendu avec la Russie – introduire quelques nuances dans la vision occidentale de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Si nos partenaires et amis occidentaux pouvaient s’emparer de ces éléments, cela nous permettrait d’éviter les simplifications pernicieuses qui conduisent à un soutien naïf de la version russe.

Et c’est bien quelque chose que nous ne pouvons pas nous permettre. Pas au moment où la Russie tente sans relâche de saper le statut d’État et la souveraineté de l’Ukraine, tout comme la capacité des Ukrainiens de décider de leur destin. L’annexion de la Crimée en 2014, la fomentation et la participation au conflit séparatiste dans le Donbass, ou le déploiement de plus de 100 000 soldats autour des frontières de l’Ukraine et enfin l’agression ouverte initiée le 24 février – tout cela poursuit la stratégie russe de soumission politique et militaire des anciennes républiques soviétiques se trouvant à sa frontière occidentale. Nous nous opposons au monde dans lequel le plus fort tente d’imposer sa volonté au plus faible par la force, et c’est pourtant la seule interprétation qui peut être donnée des dernières manœuvres de Moscou.

Le Kremlin tente depuis des décennies de renverser cet équilibre réel des pouvoirs. Pour justifier ses actions, il utilise la rhétorique d’une Russie « encerclée » par des forces hostiles qui constitueraient une menace pour sa sécurité. Entre-temps, ces propos sont contredits par les faits : contrairement à la Russie, l’OTAN n’a jamais envisagé d’envahir un membre de la Communauté des États indépendants, et les capacités militaires russes dépassent de loin celles dont disposent les États de l’Alliance en Europe. Par ailleurs, les discussions occultent souvent l’enclave de Kaliningrad – une « île » russe lourdement armée située au centre de la région baltique. Enfin, face à un énorme arsenal d’ogives nucléaires, le récit de la Russie en tant que victime est difficilement défendable. 

L’invasion militaire russe s’accompagne également d’une agression verbale. Les demandes et déclarations officielles faisant fi de la souveraineté de l’Ukraine et de l’Europe de l’Est donnent à la force militaire susmentionnée une interprétation et un contexte – celui de la volonté russe de recoloniser la région et de restaurer l’ordre de la guerre froide. Un exemple parmi tant d’autres est la déclaration du vice-ministre des Affaires étrangères, M. Ryabkov : « Nous exigeons une confirmation écrite que l’Ukraine et la Géorgie ne rejoindront jamais, mais absolument jamais, l’OTAN ».

Ajoutez à cela les nombreux exemples de révisionnisme historique, le fantasme d’une Grande Russie de Poutine, dans lequel les Bélarusses, les Ukrainiens et les Russes ne forment qu’une seule nation. De telles déclarations ont une très forte résonance dans les pays d’Europe centrale et orientale et sont perçues comme un désaveu agressif, de la part d’un empire voisin, de l’émancipation de la région, accomplie ou en cours.

La demande de Poutine de ramener les forces de l’OTAN au statu quo de 1997 constitue une manifestation flagrante des ambitions de recolonisation de la Russie en Europe centrale et orientale. Rappelons que la Pologne, la Hongrie et la République tchèque – conformément à leur volonté – ont rejoint l’Alliance en 1999, et les États baltes en 2004.

Au-delà du cliché impérial

Ces faits semblent malheureusement être négligés par certains de nos partenaires allemands de la gauche. Gregor Gysi et Sevim Dagdelen de die Linke utilisent souvent des expressions comme « expansion » ou même l’« agression de l’OTAN » ; Jean-Luc Mélénchon parle en France de « l’annexion » de l’Ukraine par l’OTAN. Rolf Muetzenich du SPD a quant à lui exprimé, dans la semaine qui précédait l’agression russe, sa compréhension face aux « préoccupations légitimes de la Russie en matière de sécurité ». De telles déclarations ancrent ces hommes politiques, souvent sans qu’ils en soient conscients, dans la rhétorique de la Guerre froide, dont la gauche tente pourtant de s’éloigner.

Michael von der Schulenburg, cité plus haut, va dans le même sens dans sa présentation de l’invasion de l’Ukraine comme « un affrontement entre les deux plus puissantes puissances nucléaires du monde, les États-Unis et la Russie, sur le sol européen ». Yanis Varoufakis note, depuis la Grèce, que la défense du droit des Ukrainiens de choisir l’OTAN n’est qu’une posture morale de « ceux qui placent l’auto-validation au-dessus des intérêts des Ukrainiens », en déclarant sans consulter aucun pays intéressé que l’Ukraine devrait devenir « neutre », comme la Finlande. Le mythe de la neutralité a été rejeté avec véhémence par Alexander Stubb, l’ancien premier ministre du pays, soulignant cette neutralité « n’était pas un choix, mais une nécessité », et que la « finlandisation est une insulte ultime à un pays qui a été contraint de compromettre ses valeurs démocratiques face à un agresseur ».

En France, Ségolène Royal s’oppose aux sanctions contre la Russie, en exprimant sa nostalgie pour un « général de Gaulle qui se faisait respecter de nos amis américains en leur disant de retirer leurs troupes ». Elle le fait au nom du droit de la Russie au « respect des accords sur la sécurité à ses frontières » – et qui de nouveau place l’agresseur dans la position de la victime. Mener la discussion sur ces questions sans faire intervenir les voix d’Europe centrale et orientale conduit finalement à l’exclusion et à l’objectivation des pays directement touchés par le conflit.

Mener la discussion sur les questions de sécurité à l’Est sans faire intervenir les voix d’Europe centrale et orientale conduit finalement à l’exclusion et à l’objectivation des pays directement touchés par le conflit.

S’il fallait encore une preuve du fait que l’histoire de l’Europe centrale et orientale s’écrit sans les principaux intéressés, on la trouve avec le gazoduc Nord Stream 2 – critiqué à plusieurs reprises par les dirigeants d’Europe de l’Est, il montre aujourd’hui son potentiel destructeur. De notre point de vue, de telles paroles et actes font spontanément penser à un type de politique paternaliste que l’Occident a pendant longtemps poursuivi (et poursuit encore par moments) à l’égard de l’Afrique ou du Moyen-Orient. 

Nous ne pouvons pas l’accepter. Nous nous attendons à une toute autre stratégie de la part des pays européens, et tout particulièrement de la part des mouvements de gauche occidentaux. Ici, l’impératif de paix et le slogan « Plus jamais de guerre » pourrait indiquer plutôt la construction d’un consensus par des actions pratiques au sein des alliances stratégiques et un dialogue pragmatique, et non pas un pacifisme naïf. Nous espérons également qu’au lieu de la critique habituelle de l’OTAN, la gauche soit capable de formuler des propositions alternatives spécifiques sur sa vision de garantie de la paix en Europe de l’Est, dans les pays nordiques et dans les États baltes – et nous pourrions en discuter ensemble. Une telle proposition ne nous a pas encore été présentée. Le parti Razem, quant à lui, propose le développement d’une force d’autodéfense européenne comme élément clé pour préserver la paix face à la politique agressive de la Russie.

Nous avons tous à perdre de la guerre – Écouter l’Est

Nous n’avons aucun doute – nous serons tous perdants dans le cas où cette guerre s’étend. Son intensification, quelle que soit son ampleur, entraînera le chaos dévastateur de la guerre, et ce sont les citoyens ukrainiens qui en souffriront le plus. Les scénarios noirs estiment que plus d’un million de civils sans défense pourraient fuir vers la seule Pologne – plusieurs dizaines de milliers s’y sont déjà réfugiés. Les citoyens russes, que l’on doit considérer de façon tout à fait distincte de Poutine et des élites non démocratiques, souffriront également de la guerre. Comme le montrent les sondages, les Russes ne sont pas prêts à mourir pour le projet de Grande Russie du Kremlin, et ils sont nombreux à prendre des risques importants en allant manifester contre les actions de leur propre gouvernement. Enfin nous, les citoyens de l’Union européenne, serons également perdants. Du point de vue de la Pologne, voisine de l’Ukraine et située sur le flanc oriental de l’UE, ce scénario est particulièrement inquiétant, car il constitue une menace directe pour sa sécurité.

Nous nous opposons catégoriquement à la guerre – la diplomatie devrait être le principal outil de résolution des conflits. Cependant, en tant qu’alliés européens de l’Ukraine, nous devons la soutenir dans le renforcement de ses capacités défensives en cas d’agression russe. Une coopération en matière de renseignement et un soutien en termes d’équipements militaires sont notamment nécessaires.

Toutefois, le but de ces actions ne doit pas être de construire nos propres instruments de pression et d’imposer notre volonté à l’Ukraine, mais de créer un espace dans lequel elle aura la possibilité de prendre une décision souveraine sur son avenir, même si cette décision ne correspond pas aux ambitions bigotes du Kremlin ou ne succombe pas à la pression du capitalisme occidental.

Par conséquent, à la suite du Mouvement social ukrainien, nous appelons à une révision du parcours socio-économique proposé à l’Ukraine par l’Occident : au lieu de réformes néolibérales destructrices sous la pression du FMI, la liquidation inconditionnelle de la dette extérieure de l’Ukraine.

La guerre qui dure depuis 2014 a laissé des traces sur la situation économique du pays, et les tensions actuelles ne font que renforcer l’ampleur de la crise. Nous devons donc être prêts à offrir une aide financière accrue aux régions touchées par le conflit, qui soutiendraient avant tout leurs résidents.

Toutefois, nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à tolérer l’empiétement de l’élite oligarchique russe sur le système financier européen. Cela doit changer – nous ne pouvons tolérer un système qui menace l’Europe et exploite les Russes. Nous devons soutenir des mesures similaires face à l’oligarchie ukrainienne, qui fait obstacle à la poursuite de la démocratisation du pays depuis des décennies.

Une solution européenne

Razem ne soutient pas de façon enthousiaste l’alliance transatlantique l’OTAN dans sa forme actuelle, mais nous acceptons son existence en tant que garant aujourd’hui le plus efficace de la sécurité de la Pologne et de l’Europe. En même temps, nous croyons que l’Europe a des moyens pour évoluer vers l’autonomie sur ce terrain, et qu’elle a le potentiel pour pouvoir constituer un arsenal de défense collective à son niveau. Les portes de la co-création de cette structure devraient toujours êtres laissées ouvertes à l’Ukraine.

Nous devons appeler les pays de l’Union européenne à discuter d’un système de sécurité commun, y compris de la sécurité énergétique. C’est là un point essentiel si nous voulons entamer un véritable dialogue de partenariat avec les États-Unis et négocier sur un pied d’égalité avec la Russie. Un engagement multidimensionnel et solidaire des pays, des institutions et des dirigeants de l’Union européenne en faveur de la sécurité du continent est également nécessaire. Nous ne pouvons pas nous permettre d’être limités par les intérêts nationaux des différents États membres.

L’Europe attend que l’Allemagne assume la charge de diriger les efforts visant à créer un système de sécurité commun. L’attaque de la Russie contre l’Ukraine a mis en évidence la nécessité de prendre des mesures décisives dans ce domaine. Un tel scénario est également dans l’intérêt de l’Allemagne : la création d’une initiative européenne plus large permettrait de repartir la responsabilité de la sécurité entre tous les membres de la communauté.

Vers un dialogue inclusif

La voix de notre partie de l’Europe doit enfin être entendue. Nous appelons à un dialogue avec les sociétés d’Europe centrale et orientale, fondé sur le respect de leur subjectivité et un partenariat sincère. Par cela, nous entendons également reconnaître et soutenir les mouvements d’émancipation de gauche émergents dans notre région, y compris en Russie. La solidarité internationale basée sur la compréhension mutuelle est notre chance de construire une alternative viable. 

La récente prise de position des dirigeants de Die Linke doit être considérée comme une percée dans leur politique orientale jusqu’à présent, indiquant une ouverture au dialogue. C’est précisément un tel dialogue et un tel soutien que craint Poutine – non sans raison puisqu’il soutient l’extrême droite dans toute l’Europe, de Madrid à Varsovie, sapant ainsi le projet européen démocratique commun. Ne lui permettons pas de le faire.

https://courrierdeuropecentrale.fr/chere-gauche-occidentale-on-ne-vous-demande-pas-daimer-lotan/

https://basta.media/Otan-Ukraine-alliances-position-gauche-europenne-face-a-la-guerre-imperialisme-Pologne 

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Guerre d’agression contre l’Ukraine : qui a mis K.O le droit international ?

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La Fondation Frantz Fanon dénonce la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, Etat souverain. 

Plusieurs constats doivent être faits car ils questionnent à plus d’un titre : au moment où résonnaient les premiers tirs sur l’Ukraine, le monde occidental s’est levé dans une surprenante unité ; si cette unité rassure sur les capacités de solidarité s’exprimant dans le cas d’une agression armée, elle questionne les positions de repli, les silences adoptés par ce même monde qui, du bout des lèvres, dénonce les crimes de guerre commis par l’État d’Israël et regarde depuis plus de dix ans la Bande de Gaza mourir sous ses yeux au nom du droit d’Israël à se défendre. Sans omettre les agressions subies, entre autres par le Yémen, le Sahara Occidental, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye…

Pourquoi une telle sélection dans l’assistance aux peuples en danger et pourquoi convoquer les principes fondateurs de la Charte des Nations Unies et du jus cogens lorsqu’il s’agit de l’Ukraine et prétendre que ce n’est pas pareil quand il s’agit d’autres peuples ? Cette différence de traitement marque une fois de plus l’impéritie de la communauté internationale qui participe activement, avec cette politique du deux poids deux mesures, à la dérégulation et à la déstructuration du droit international.

Si au sortir de la deuxième guerre mondiale, la société internationale et les relations internationales étaient de facto façonnées par des rapports de forces plus ou moins équilibrés entre le bloc socialiste et le bloc capitaliste, le droit international – essentiellement dans la période où le poids des nouveaux États indépendants commençait à peser dans la balance des relations internationales- jouissait alors d’une nature hétérogène et relativement pluraliste. Avec la disparition du bloc socialiste, cet équilibre précaire a été rompu.

Après la recomposition des rapports de force, des changements de fond concernant la régulation internationale tant juridique que politique se sont produits. Le droit international, remis en cause par l’offensive idéologique et raciste du capitalisme et de son système financier, a connu dès lors une dégradation généralisée qui a affecté, entre autres, les relations et les rapports sociaux internationaux qui ont alors été façonnés par une structure unipolaire dominée principalement par les Etats-Unis, qui sont ainsi devenus l’acteur étatique principal des relations internationales grâce à leur supériorité technologique et militaire et toujours sans aucun contrepoids stratégique. La prééminence et la domination nord-américaines sont reflétées par son refus obstiné d’encadrer ses actions impériales dans la légalité internationale. Cette stratégie a des conséquences directes sur les règles du droit international en tant que système de régulation des rapports sociaux internationaux et sur tout le système de sécurité collective construit après la deuxième guerre mondiale.

L’ordre néo-colonial a été le plus violent en facilitant l’érosion du système de sécurité collective, notamment par les tentatives d’abolition de facto de l’interdiction générale du recours à la force consacrée par l’article 2 § 4 de la Charte des Nations Unies : opération militaire « Renard du désert » (décembre 1998) contre l’Irak sans autorisation du Conseil de sécurité, agression contre l’Afghanistan et mise en place d’un gouvernement satellite, agression de l’OTAN au Kosovo sans base légale et sans mandat des Nations Unies, guerre d’agression contre l’Irak et de nouveau l’installation d’un gouvernement satellite…sans oublier la guerre d’agression contre le Liban. Toutes ces initiatives ont visé à la restructuration des relations internationales contemporaines par l’exercice de la violence afin de laisser le champ libre à la mondialisation du monde. On peut reprocher beaucoup à Poutine, mais il a bien appris la leçon de ses anciens ennemis d’hier et de ses faux amis d’aujourd’hui.

Il met en pratique le retour au jus ad bellum des temps anciens (droit de faire la guerre), logiquement le « droit » de l’exercice de la violence des plus forts contre les peuples les plus faibles d’autant qu’il sait qu’il peut bloquer le processus de décision du Conseil de sécurité puisque son pays en fait partie et qu’il a compris que l’ONU n’était plus qu’une forme molle et sans aucune direction.

Depuis ce consensus des puissances occidentales visant à se débarrasser du droit international et encore plus du droit international humanitaire est revenue avec force la notion très controversée d’Etats ‘civilisés’ (de nature occidentale et porteuse d’ordres) face à des Etats et des peuples dits ‘non civilisés’ pour lesquels la protection du droit en général et du droit international en particulier est à géométrie variable. Peu importe les peuples palestinien, libyen, sahraoui, afghan, irakien, libanais. Avec la gestion de l’agression contre l’Ukraine est définitivement acté que ne peut exister qu’un système de droit essentiellement occidental et néo-colonial pour préserver la Modernité euro centrée.

C’est bien autour de ce manichéisme politico-idéologique, qui assure que la lumière vient de l’ouest -partout ailleurs ne régnerait que l’obscurantisme-, que les Européens et plus largement les Occidentaux ont exprimé leur solidarité avec l’Ukraine. Il n’est d’ailleurs qu’à observer la carte analysant les réactions de l’ensemble des Etats en date du 24 février 2022 pour comprendre que lorsque l’un des membres du monde blanc est attaqué, il est majoritairement soutenu par ses alliés appartenant à la même sphère culturelle.

Et pour s’en convaincre, il n’est qu’à écouter certains politiques et journalistes français pour qui les Ukrainiens font partie de cette nation civilisée revendiquée par le suprématie blanche : « ce sont des Européens de culture, même si on n’est pas dans l’Union européenne », « Immigration de grande qualité, ce sont des intellectuels, (…) on pourra tirer profit de cette immigration » ; « on ne parle pas de Syriens fuyant le régime, on parle d’Européens fuyant dans des voitures ressemblant à nos voitures» ; « il y a une différence avec les Ukrainiens qui participent de notre espace civilisationnel avec d’autres qui appartiennent à d’autres civilisations ».

La situation des étudiants africains cherchant à fuir de l’Ukraine est un autre signe de l’indignité de cet Occident, qui tente de se sauver tout en oubliant que face à lui, il y a l’autre, l’humain. On devrait à propos de la gravité de cette agression ne pas devoir parler de racisme structurel mais voilà, à peine la frontière polonaise franchie, ces étudiants se sont vu refuser le droit d’entrée en Pologne, tout comme quelques heures auparavant ils avaient été violemment repoussés alors qu’ils tentaient de monter dans des trains au départ de Kiev. Ils ont dû en venir aux mains pour que leurs amies et compagnes africaines accèdent aux trains spécialement réservés aux femmes et aux enfants.

A peine quelques jours après le début de cette agression illicite commise contre le peuple ukrainien, ceux qui sont supposés ne pas appartenir à cette culture sont appréhendés comme des Non Êtres et ne peuvent bénéficier de la protection due à tout humain en temps de guerre. Et l’on retourne en accéléré en arrière ; ce que ne supportent pas les Européens, après avoir refusé à l’Ukraine d’entrer dans la communauté européenne, c’est que cette agression soit commise contre leurs autres eux-mêmes, partageant la même culture: « c’est le crime contre l’homme blanc, c’est l’humiliation de l’homme blanc et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes » (Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Paris, Présence africaine, 1955, p.11). Ce sont eux qui se sentent visés dans leur soit disant légitimité de domination; sans oublier que certains pays européens sont à portée de fusil des troupes russes.

Que le corps noir meure sous les armes russes, ce n’est qu’un point de détail qui démontre, par ailleurs, que l’ONU n’a toujours pas voulu se doter des moyens drastiques pour gagner le combat contre la négrophobie, alors qu’elle a lancé une décennie internationale pour les Afro-descendants totalement inaudible et invisible et qu’un forum international pour les Personnes d’ascendance africaine n’a été finalement lancé qu’en 2021. Soulignons que ces deux mécanismes n’ont été rendus possibles que grâce au soutien de certains états africains et d’Amérique du Sud, et à la mobilisation des diaspora afro-descendantes et africaines, alors que la majorité des pays occidentaux les a toujours désapprouvés. 

Face à cette agression russe et à une énième incapacité de l’ONU à éviter un tel acte illicite au regard du droit international, la communauté internationale n’a d’autres choix que de changer radicalement le fonctionnement des relations et des rapports sociaux internationaux afin que la violence ne joue plus un rôle de premier niveau dans un processus de mutation de l’ordre mondial et que le droit international retrouve ses principes et ses normes effectives – égalité souveraine, non-intervention, non recours à la force, règlement pacifique des différends, droits de l’homme et droit des peuples, droit au choix de son propre système économique et social, droit au contrôle des activités des transnationales…. -.

Dans le contexte de l’agression subie par le peuple ukrainien, la vision politico-idéologique manichéiste du monde fait son retour en force ; elle est complétée et véhiculée sur le plan des relations économiques internationales par l’imposition d’un modèle social fondé sur les lois du marché, dont le fer de lance est constitué par l’action des institutions multilatérales de nature financière et commerciale (FMI/BM/OMC) en tant qu’éléments faisant partie de la contre-révolution néo-libérale. 

Depuis un moment la question de la légitimité de l’ONU se pose tant il est évident que le système de nature politique, économique, financière et commerciale doit être reconstruit pour abolir le processus de globalisation adhérant à la régence du marché, à la primauté des intérêts privés sur les intérêts publics afin que l’exigence du respect du droit international devienne l’une des priorités sur le plan institutionnel international.

Cette nouvelle structure ne pourra émerger sans la participation effective des peuples. En même temps, dans un processus de déstructuration du droit international, où le droit à la guerre refait surface avec force et où le droit de faire la guerre ( unilatérale ou multilatérale) est de règle, le défi passe également par la construction d’un système efficace de règlement pacifique des différends, somme toute, de la paix et de la sécurité internationales de toute l’humanité et de la coopération internationale dans les domaines économique, social, du développement et de la protection de l’environnement. Le respect intégral du droit international en général et des règles de protection des droits humains en particulier, doivent être l’une des conditions sine qua non de tout processus de transformation de l’ONU.

Cette guerre illicite engage à repenser un nouvel ordre mondial décolonial. Sur un plan institutionnel, il est temps de s’interroger sur la pertinence du maintien du Conseil de sécurité ; en tout état de cause, sa composition doit être élargie ; sa gestion doit être repensée entre autres, ses pouvoirs doivent être limités et ses pouvoirs de sanction doivent être transférés à l’Assemblée générale. Un système juridictionnel international de contrôle concernant la légalité de ses actes gagnerait à être mis en place dont les compétences pourraient être attribuées à la Cour Internationale de Justice. Mais il est impératif, pour cela, de lancer un processus de démocratisation débarrassée du racisme structurel et de l’eurocentrisme fonctionnant comme une pensée unique indépassable non seulement au sein de l’Assemblée générale mais aussi au sein des autres organes, en intégrant, notamment, les organisations non inféodées au modèle libéral et raciste et les mouvements sociaux travaillant à un projet alternatif d’un monde réellement décolonial aux délégations des Etats membres. En résumé, il est temps que les peuples, sujets de droit international reconnus par la Charte, exercent le rôle qui leur est dû.  

Fondation Frantz Fanon

War of aggression against Ukraine: who knocked out international law?

https://fondation-frantzfanon.com/guerre-dagression-contre-lukraine-qui-a-mis-k-o-le-droit-international/?

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Poutine et ses sbires : un jour dans le box de la Cour Pénale Internationale ?

En ce moment circulent plusieurs pétitions internationales demandant l’incrimination du président russe devant une juridiction internationale.

Le lundi 28 février 2022, au soir, le nouveau Procureur de la Cour Pénale Internationale a annoncé l’ouverture imminente d’une enquête pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, rendant possible ce qui pouvait nous apparaitre, il y a peu, impensable, le jugement de Vladimir Poutine et de ses complices.

Souvenons-nous que l’aspiration collective à la possibilité d’une justice est le grand rêve des victimes survivantes, un rêve qui flotte aussi au-dessus des charniers.

Il se trouve que la criminalité politique des états dictatoriaux exercée à l’encontre d’une fraction de sa propre population ou de celle d’un autre pays est à la fois la plus immense en termes de production de souffrances et de dégâts, et une des moins appréhendée par le droit international, malgré les immenses progrès de la fin du XXème siècle et le début du XXIème.

Comme pour Hitler et Milosevic, il faut le plus souvent une victoire militaire pour pouvoir juger le criminel contre la paix et déconstruire les idéologies qui ont couvert la réalisation de ces crimes. 

Trop souvent, le dictateur invaincu, en proie à l’ubris du sinistre vertige du pouvoir, finit seul dans son palace-bunker, pendant que ceux qu’il n’a pas encore tués lui vouent un culte religieux.

Aujourd’hui, même si Poutine peut encore pendant des années poursuivre son œuvre mortifère de désinformation et de révisionnisme, tentant d’imposer à son opinion publique une version alternative de la vérité, un jour peut-être, au travail des historiens qui déconstruiront cette mystification, s’ajoutera l’œuvre judiciaire de la justice internationale.

Mais la planète vit une situation absolument inédite historiquement, en temps réel, qui semble rendre peu réaliste une victoire des Ukrainiens sur le terrain mais semble en même temps rendre réaliste la poursuite des principaux responsables de ce grand crime d’Etat.

Depuis le 22 février 2002, assister en direct sur les écrans et sur la planète entière à une invasion d’une violence transgressive sidérante, est une expérience collective sans précédent de l’humanité.

On rêverait que la résistance incroyable, magnifique, des combattants et civils ukrainiens et de leur président, puissent sauver leur pays, en face d’un terrifiant Goliath, elle sauve déjà la vérité des faits, en rendant de plus en plus grotesque la propagande du grand criminel. En effet, le monde voit bien que le président ukrainien n’est ni nazi, ni drogué.

La résistance ukrainienne détruit collatéralement le mensonge politique de Poutine, et ains elle offre au monde la possibilité d’une plus juste intelligence des faits : toute la désinformation déjà programmée – et c’est sans précédent – s’effondrera même si, simultanément, l’Ukraine s’effondre sous les coups de boutoir de l’armée russe.

Ainsi, c’est la première fois que pourrait être trainé dans le box le dirigeant, et en l’espèce celui d’un des plus puissants Etats de la planète, alors même qu’il aurait gagné militairement.

Pour la première fois, alors que les grandes criminalités d’Etat en cours, en Syrie en Chine et hélas ailleurs, restent trop souvent dénuées d’images en temps réel, trop souvent hors champ des prises de consciences collectives, à chaque seconde nous sommes témoins dans l’immédiateté des crimes. 

Vladimir Poutine est aujourd’hui démasqué dans sa vision du monde souvent délirante sa propagande mensongère perdent en légitimité : « Quand le menteur n’est plus cru, il est cuit » (Alfonse Allais).

Un cercle de millions de visages sidérés font face à l’écran du tragique, aux images et aux bruits, aux silences de la guerre vraie, à l’angoisse des vrais confinements… Et depuis hier, une autre menace, portée du fond de l’écran par la lueur glaçante des tous petits yeux du dictateur plongeant dans les vôtres – a-t-on bien entendu ? – oui, il s‘agit bien de la menace du cataclysme nucléaire. Comme dans un avatar contemporain du chœur des tragédies antiques, le cercle d’une réception mondiale voit se promettre là, à un souffle devant, l’abîme.

Alors, le chœur du XXI° siècle n’en appelle pas seulement aux dieux s’ils existent mais à la justice internationale pensable, possible : à menace contre l’humanité, tribunal de l’humanité.

Or, l’hypothèse de voir Vladimir Poutine, ses complices et au premier chef, le président biélorusse, condamnés dans quelques années par la CPI n’est plus impossible. 

En effet l’Ukraine il y a six ans a reconnu la compétence de la CPI pour des crimes commis sur son territoire à compter du 20 février 2014. S’agissant des crimes commis au Donbass en Crimée et pendant la révolution de Maidan, déjà la procureure précédente avait fait savoir que l’ouverture d’une enquête était à l’étude. Reste que ni l’Ukraine ni la Russie n’ont ratifié le statut de la CPI, et donc aucune poursuite pour crime d’agression, ou crime contre la paix, ne peut aujourd’hui être possible à l’initiative du procureur de la CPI.

Les atrocités actuelles nous rappellent à quel point le droit de veto à l’ONU des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies est obsolète au regard de l’exigence d’une justice universelle.

Un verrou tant utilisé comme garantie d’impunité par la Russie et la Chine, mais également pour protéger Bachar EL ASSAD, un instrument tout aussi essentiel pour les Américains quand il s’agit de se protéger des conséquences de leur propre criminalité.

Alors que se dessine un consensus inédit dans l’histoire depuis 1945 pour condamner l’agression, la communauté internationale, tirant les conséquences de cette quasi-unanimité, doit imaginer un processus pour que non seulement Vladimir Poutine soit poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, ce qui serait déjà immense, mais également pour crime d’agression. 

Il n’est ainsi pas absurde qu’un tribunal ad hoc spécifiquement chargé de juger Vladimir Poutine pour crime d’agression soit institué, un tribunal dont les travaux pourraient se poursuivre en collaboration avec ceux du procureur de la Cour Pénale Internationale.

Terrible dilemme de rappeler que pour que la justice soit rendue complètement, il faut peut-être prendre le risque d’affaiblir un système onusien en le contournant et donner ainsi des arguments à tous ceux qui rêvent de déconstruire de grand système multilatéral construit après 1945.

On doit espérer également que l’assemblée générale des Nations Unies vote massivement une résolution condamnant Vladimir Poutine pour crime d’agression, mais il y aura des résistances.

On le sait, l’infâme bourreau du Kremlin a su braconner avec cynisme dans le sentiment antioccidental, et plus particulièrement la francophobie qui court en Afrique mais aussi l’américanophobie en Amérique latine.

Un sentiment nourri par notre arrogance collective, notre mépris, notre myopie dont tirent profit en Afrique les milices Wagner à la solde de Poutine qui y commettent déjà des actes les plus atroces.

Une escouade, qui non seulement s’étend en Afrique pour poursuivre chaque jour son œuvre de mort, mais une milice aussi à la solde des oligarques, séides de Poutine, pour mettre la main sur les ressources minières les plus juteuses.

Par tous les moyens, Poutine devra être jugé pour les crimes qu’il commet chaque jour en Ukraine et pour tous les autres qu’il a commis au Donbass et en Crimée.

Reste que pour la première fois dans l’histoire depuis 1945, le dirigeant d’un pays membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, peut rendre des comptes des crimes qu’il commet contre la paix et contre l’humanité. 

L’annonce faite par le procureur est un message puissant à l’adresse des victimes et des survivants pour leur rappeler que l’impunité de leur bourreau ne sera pas éternelle. Nous retenons tous notre souffle en espérant que la double mâchoire, judiciaire et financière, résultant des mesures de saisies des avoirs de la clique d’oligarques qui doivent tant à Poutine, puisse retenir son glaive.

Nous rêvons qu’il ne soit pas impensable que ceux dont l’allégeance à Poutine aura permis des enrichissements gigantesques, devenus parias du monde mais surtout appauvris, se retournent contre lui.

Rêvons aussi que les militaires qui l’accompagnent dans son œuvre de mort s’imaginant un jour condamnés aux peines les plus lourdes se dressent contre leur mentor, sans doute prenant tous les risques et ainsi mettre l’humanité à l’abri des risques imprévisibles que les évènements tragiques chaque jour lui font courir.

William Bourdon et Véronique Nahoum-Grappe

William Bourdon – Avocat

Véronique Nahoum-Grappe – Chercheure en sciences sociales

https://blogs.mediapart.fr/william-bourdon-et-veronique-nahoum-grappe/blog/020322/poutine-et-ses-sbires-un-jour-dans-le-box-de-la-cour-penale-internat

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En complément possible

Hugues Le Paige : Ukraine : pour la solidarité, contre la chasse aux sorcières

Lettre de l’Union syndicale Solidaires et de la fédération Sud-Rail

Les experts de l’ONU appellent à la fin de l’agression russe contre l’Ukraine et à la protection urgente des droits de l’homme

Russie : Contre l’impérialisme russe, ne touchez pas à l’Ukraine !

Lettre ouverte de scientifiques et journalistes scientifiques russes contre la guerre

María R. Sahuquillo : Des milliers de volontaires civils rejoignent la résistance pour repousser l’avancée des troupes de Poutine

Pierre Khalfa : De la difficulté d’une politique internationale altermondialiste

En Russie, les féministes descendent dans la rue contre la guerre de Vladimir Poutine

Mario Kessler : Les fantasmes antibolcheviques de Poutine pourraient causer sa perte

Zbigniew Marcin Kowalewski : Impérialisme russe

Solidarité avec les réfugiés ukrainiens

Nicole Roelens : La lutte internationale des femmes contre le meurtre de masse utilisé comme outil de pouvoir

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/03/01/ukraine-russie-5/

Gilbert Achcar : Invasion russe de l’Ukraine : Vladimir Poutine dans les pas de Saddam Hussein ?

Bernard Dréano : La guerre de Poutine en Ukraine, des questions et quelques réponses

David Broder : Cessez de prétendre que la gauche serait du côté de Poutine

Gilbert Achcar : Mémorandum sur une position anti-impérialiste radicale concernant la guerre en Ukraine

Déclaration commune de syndicats ukrainiens

Mykhailo Volynets : La Russie a attaqué et commencé l’invasion de l’Ukraine

Contre la guerre impériale de Poutine en Ukraine, une prise de position de la revue LeftEast

À quoi pense Vladimir Poutine ? Entretien avec Ilya Boudraitskis

Invasion russe de l’Ukraine : Vladimir Poutine dans les pas de Saddam Hussein ?

Solidarité de la communauté scientifique avec l’Ukraine

Esprit : Pour une Ukraine libre !

MAN : Pour une résistance civile non-violente en Ukraine

Attac Espagne : Non à la guerre !

Halya Coynash : Le grand rabbin d’Ukraine démolit l’excuse de Poutine pour l’invasion de la Russie  

Edo Konrad : L’invasion de la Russie devrait être un miroir pour la société israélienne

Professeurs chinois : notre attitude face à l’invasion russe de l’Ukraine

Déclaration des étudiant·es des universités de Hong Kong sur la guerre d’invasion menée par la Russie contre l’Ukraine

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/28/ukraine-russie-4/

Non à l’agression impérialiste de la Russie contre l’Ukraine

Déclaration du Comité exécutif du Congrès des syndicats démocratiques de Biélorussie

Danya P. :Pour le défaitisme révolutionnaire

Sotsialnyi Ruh : Arrêtez Immédiatement L’agression De Poutine !

Une déclaration du Comité national de l’OZZ Inicjatywa Pracownicza (Syndicat d’initiative des travailleurs) sur l’agression russe contre l’Ukraine

Communiqué de la Confédération du travail de Russie (KTR)

Les femmes l’exigent : Non à la guerre en Ukraine, Non à l’OTAN !

Taras Bilous :« Une lettre de Kiev à une gauche occidentale »

Stop à l’agression russe en Ukraine ! Pour une Ukraine libre et souveraine pour les travailleurs et travailleuses !

Santiago Alba Rico :« Non à la guerre ». Le sens de certains slogans face à l’invasion de l’Ukraine par le régime de Poutine ?

Vanesa Jiménez : Comme c’est triste de regarder la guerre

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/26/textes-sur-lukraine-3/

Déclaration commune de syndicats ukrainiens

Mykhailo Volynets : La Russie a attaqué et commencé l’invasion de l’Ukraine

Vicken Cheterian :Le long hiver qui s’annonce : la Russie envahit l’Ukraine

Plate-forme TSS : Non à la Guerre. Pour une Politique Transnationale de la Paix

Communiqué LDH : Solidarité avec le peuple ukrainien

Pjort Sauer et Andrew Roth :L’opposition s’exprime en Russie contre l’invasion de l’Ukraine. La répression poutinienne la combat

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/25/invasion-de-lukraine-quelques-textes/

Les dirigeants des grandes puissances jouent avec le feu

Renaud Duterme : Les leçons géopolitiques de la crise ukrainienne

Appel : Non à la guerre – Russie, bas les pattes devant l’Ukraine !

Russie-Ukraine : « Une situation pire que durant la guerre froide ». Entretien avec Ilya Boudraitskis

Ilya Matveev, Ilya Budraitskis : Les Russes ordinaires ne veulent pas de cette guerre

https://entreleslignesentrelesmots.blog/2022/02/04/les-dirigeants-des-grandes-puissances-jouent-avec-le-feu/

 

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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