Grimpons au sommet d’un building histoire d’aller croquer quelques avions de chasse

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« La culture systémique du viol préside à l’organisation de nos sociétés occidentales. L’objet de ce livre est de montrer qu’elle irrigue aussi tout un pan de la culture pop : celui des dinosaures en littérature et au cinéma »

Loin des tristesses ou de l’arrogance de certaines analyses, Ïan Larue éclaire la nuit de ludiques images. Elle nous parle avec humour de dinosaures, de constructions mentales, de serpent et d’anathème religieux, « Les animales que nous fantasmons sous le nom de reptiles sont pensées comme notre envers diamétral », de scènes cultes hollywoodiennes, de reptiliennes et de déesses.

Je souligne sa capacité à rire des constructions sexistes des mondes, de l’idéologie sociale masculiniste, « Les petits riens comme les grands sauriens », des imaginaires normées pour que rien ne change dans la domination, des fantasmes masculinistes de bipède alpha et assassin, de la taxonomie hiérarchisante, de la glorification fantasmatique du tirex, des frontières construites et déplacées, « cette ligne mythifiée qui abrite la civilisation », des monstres qui éblouissent les petits garçons, de la jungle au prisme hollywoodien, des tartes à la crème du patriarcat, « Accuser la victime d’un viol d’avoir provoqué ce crime et la tragédie qui s’en suit est une des tartes à la crème du patriarcat »…

L’autrice discute de la construction sociale et historique des morphologies, du rabougrissement physique des humaines (en complément possible, Priscille Touraille : hommes grands, femmes petites : une évolution coûteuse – les régimes de genre comme force sélective de l’adaptation biologique, https://entreleslignesentrelesmots.blog/2014/10/22/les-inegalites-de-genre-pourraient-etre-enregistrees-au-niveau-du-genome-jusqua-devenir-ce-que-nous-identifions-ensuite-comme-des-caracteres-sexues/), de la puissance carnivore, des sciences viscéralement sexistes, des violences historiques contre les femmes, des sauropodes et de l’iguanodon, des connotations bibliques et de la défaite du serpent, de la prédation assimilée à un rapport sexuel, de la brutalité des uns et de l’assignation des autres à des « fragiles petites choses »…

Le manque de sources sur nos préhistoriques ancêtres, n’empêche pas les constructions fantasmatiques profondément imprégnées de préjugés, les accommodements à la sauce hollywood, les émotions nous clouant à l’écran, « ces émotions-là ne doivent surtout pas embrayer sur une action collective qui aurait des conséquences sur le réel », l’utilisation du rouge, « Le rouge marque ici le triomphe du sang versé, la violence dramatique de la dévoration », les trompettes du capitalisme prédateur, les valeurs patriarcales et familialistes, les réels des primates…

L’autrice nous invite à suivre « le cordon de lumière de la science-fiction féministe », l’option des matronymes, les apports du féminisme et de l’écoféminisme.

Le choix des illustrations (en noir et blanc) anime le texte de multiples couleurs. Il participe de la nécessaire compréhension des réalités culturelles inventant une « nature des choses »…

Ïan Larue : Les dinosaures rêvent-elles de Hollywood ?

Ou comment l’industrie cinématographique vulgarise la culture du viol.

Editions iXe, Donnemarie-Dontilly 2021, 208 pages, 19 euros

https://www.editions-ixe.fr/catalogue/les-dinosaures-revent-elles-dhollywood/

Didier Epsztajn

 

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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