Qui revendique, à jamais revendique un baiser

En avant-propos, Ta-Nehisi Coates, parle des conférences sur « la littérature de l’appartenance » données à l’université de Harvard en 2016. Elle aborde cette Origine des Autres, la politique identitaire du racisme, la création des étranger·es, la construction de barrières, les liens entre racisme et race, « le racisme précède la race », le « gouffre racial », le concept ténu qui a néanmoins pu avoir une forte emprise sur des millions de personnes, la fabrication de l’« Autre », une « sorte de ligne de démarcation naturelle et divine entre celui qui fait esclave et celui qui le devient », la peur de perdre son rang et de perdre sa propre différence « consacrée et prisée », la politique policière, le langage de la justification, les frontières du pouvoir, les privilèges jamais abandonnés par altruisme, les partisans de la blancheur, les luttes pour l’égalité, Toni Morrison, « Son œuvre est enracinée dans l’Histoire et puise sa beauté dans les manifestations les plus monstrueuses »…

Six conférences :

  1. Embellir l’esclavage

  2. Etre ou devenir l’étranger

  3. L’obsession de la couleur

  4. Configurations de la noirceur

  5. Raconter l’Autre

  6. La patrie de l’étranger

Toni Morrison analyse, entre autres, « les ingrédients qui font que l’on est inférieur », les constructions de l’« Altérité », les critères de différenciation (race, classe sociale, genre), le racisme scientifique, « l’un des objectifs du racisme scientifique est d’identifier un élément marginal afin de définir ce que l’on est », le devenir – car on ne nait pas – raciste ou sexiste, l’esclavage et sa tolérance, l’utilisation de la force brute ou son embellissement, les viols, l’espace noir, la fabrication de l’« appartenance ».

L’autrice parle aussi de littérature, de quelques-uns de ses livres et de leur construction.

Elle souligne que les Noirs sont indispensables « à une définition blanche de l’humanité », l’utilisation de « caractéristiques » pour obtenir l’ascendant et le pouvoir, la confirmation de la (sa) « normalité » par la construction de l’esclave comme « espèce étrangère », la dignité « d’être su à propos de ce que nous ressentons », l’étranger.e comme « aléatoire » ou comme « remémoration », la négation dans l’autre de son « individualité spécifique » sur laquelle « nous insistons par nous-mêmes ».

La « goutte du mystique sang « noir » », l’obsession de la couleur traquée par Toni Morrison dans des œuvres littéraires, les lois interdisant la mixité « raciale », « elles ont déroulés le tapis sur lequel ont dansé de nombreux écrivains », les configurations de la noirceur, les prétendues caractéristiques de la « couleur » et les définitions toujours sociales et politiques…

Les migrations (Contrairement à ce qu’écrit l’autrice, si en nombre de migrant es, les mouvements de population sont aujourd’hui importants, en pourcentage de la population mondiale, ils restent très faibles), la patrie de l’étranger·e, les exils aussi dans les lieux « où étaient leur place », les perceptions de l’extranéité (menace, dépravation, inintelligibilité), l’espèce humaine, « Ne savais-tu pas que je t’attendais ? ».

Le titre de cette note, emprunté à l’autrice, est la dernière phrase de la conférence nommée « Raconter l’autre ».

Toni Morrison : L’origine des autres

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Laferrière

Christian Bourgois éditeur 2018, 96 pages, 13 euros

Didier Epsztajn


Parmi, l’oeuvre très riche de l’autrice :

L’oeil le plus bleu, the-bluest-eye/

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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