La force simple de mots, de situations banales, d’événements courants lors de la petite enfance, des questions et cette réponse lancinante « parce que ».
Les repas, il est possible de péter à table mais pas d’y lire, au lit, les ronflements, une sœur, un accident, l’effrayant « il n’y a que les meilleures qui s’en vont », le silence, ce qui n’est jamais évoqué, « Tout ce silence, tout ce poids… », mon père et les sales races, ma mère et la violence, le dressage, mon frère n°2 et mon frère n°1, la construction du masculinisme, mon frère n°3 et la droite extrême, le voisinage, « on ne sort pas sans chapeau », les boches, le rejet et la fascination pour l’ordre, les policiers français, ceux qui ne faisaient que leur devoir, les colonies de vacances, la peinture, les parents et cette accusation « tu n’est pas normale ! », la tendresse de grands-parent·es, l’assignation des filles au mariage, les logements et les « je me souviens »… partir à 18 ans, « bêtement enceinte »…
Quarante cinq pages, de denses illustrations, le refus et la révolte simplement mis en mots, une façon libertaire de répéter « Famille, je vous hais ! »
Tit’Soso : Pas normale
Laurence Biberfield illustratrice, Valentin Coré coloriste
Les Editions libertaires – collection féminisme, antipatriarcat, etc. -, Saint-Georges-d’Oléron 2018, 48 pages, 8 euros
Didier Epsztajn