Ukraine : « Les coopératives sont une façon de propager les principes de l’auto-organisation dans la société »

Entretien avec ReSew coop – Швейний Кооператив

385527873_183881624785926_404595528557935777_n

Dès les premiers jours de la guerre à grande échelle, la capacité d’auto-organisation de la société ukrainienne a été cruciale. Là où l’Etat ne pouvait pas assumer ses tâches, la société s’est organisée pour y répondre. Un gigantesque travail social, humanitaire et de solidarité, s’est développé. Même dans le domaine miliaire avec la Défense territoriale qui est devenue d’une certaine façon l’organisation du peuple en armes. Cette tradition d’auto-organisation ne vient pas de nulle part. La Commune de Maïdan (novembre 2013 – février 2014) avait déjà montré au monde entier la disposition profonde du peuple ukrainien de prendre ses affaires en mains. Plus avant, le puissant mouvement des coopératives ukrainiennes au début du 20e siècle a certainement nourri cette aptitude. Il a été un chemin et un instrument autant d’émancipation nationale (anticoloniale) que d’émancipation sociale et économique. L’un des programmes du festival du film féministe de 2023 sera consacré aux droits du travail. Selon les organisatrices « Bien qu’on nous vende activement l’idée de la réussite professionnelle et que le bureau soit comme une deuxième maison, le travail n’est souvent pas une question de plaisir mais une question de survie. Pour nous, les droits du travail sont avant tout une question de solidarité et d’empathie. C’est pourquoi nous avons invité à co-organiser ce programme une coopérative de couture ReSew – Швейний Кооператив (Chveïniï kooperativ), qui existe politiquement et écologiquement sans patrons ni subordonnées et est unie par l’amour de leur travail – la couture ». Nous poursuivons notre exploration du monde des coopératives et des formes inédites d’auto-organisation de la société ukrainienne avec un échange avec les animatrices de cette coopérative.
Patrick Le Tréhondat
Continuer à lire … « Ukraine : « Les coopératives sont une façon de propager les principes de l’auto-organisation dans la société » »

Quelques réflexions sur la question de l’émancipation

une-reve-generale

Présentation du livre de Denis Paillard : Rêve générale, ceux d’en bas et l’émancipation1

La question de l’émancipation est à l’ordre du jour. La période historique actuelle, contradictoire, est en rupture avec celle qui avait commencé à la fin de la deuxième guerre mondiale, en 1945. Les contradictions économiques, sociales, démocratiques et politiques, géopolitiques, idéologiques se sont accentuées. Il est probable que nous entrerons dans une transition par rapport à l’évolution des deux ou trois derniers siècles, par rapport à un capitalisme dominant. Le capitalisme n’est pas éternel, il a eu un début et il aura une fin. Dans les trente prochaines années, le capitalisme ne sera probablement plus le mode de production dominant. Il ne disparaître pas pour autant. Il restera encore longtemps comme un des modes de production existants, mais pas comme le mode dominant, comme un mode secondaire, dans les sociétés et les formations sociales et dans le monde. Les structures d’un autre mode de production dominant se définiront à partir de l’évolution des contradictions actuelles. Le mode de production dominant qui caractérisera les sociétés dans la période à venir n’est pas encore déterminé ; il dépendra de l’évolution de la situation et des luttes sociales. La possibilité de l’émancipation s’inscrit dans les avenirs possibles. Continuer à lire … « Quelques réflexions sur la question de l’émancipation »

Une stratégie de l’émancipation

A partir du livre : La fabrique de l’émancipation de Bruno Frère et Jean Louis Laville

148487_couverture_Hres_0

Bruno Frère et Jean-Louis Laville ont rédigé un livre très important, La Fabrique de l’émancipation [1]. Ils poursuivent un projet ambitieux, Repenser la critique du capitalisme à partir des expériences, démocratiques et solidaires. C’est un livre très consistant, de 450 pages, qui nécessite une lecture attentive ; il présente l’état des réflexions, des recherches et des alternatives sur une question essentielle, celle de l’émancipation, et ouvre la discussion sur la définition des projets alternatifs. Je résumerai les propositions de ce livre, dans une première partie, avant de proposer quelques réflexions pour en prolonger les interrogations.

L’ambition de ce livre est de construire une conception renouvelée de l’émancipation. Il propose pour cela de définir les fondements d’une nouvelle théorie en partant de la théorie critique centrée sur l’ampleur des aliénations et des dominations, mais de ne pas s’y cantonner. Pour cela, ils proposent de partir du croisement de la philosophie et des sciences sociales et de rechercher les voies par lesquelles la démocratie se réinvente au-delà des haines, des violences et des menaces démocratiques. La démarche propose de s’appuyer sur la diversité des approches et des épistémologies, au sens des théories des connaissances, en s’appuyant sur les apports des philosophies et connaissances du Sud et de l’économie solidaire. Continuer à lire … « Une stratégie de l’émancipation »

Créer les conditions pour des systèmes de santé gratuits pour toustes

une-face-au-covid

« La crise déclenchée par la pandémie de Covid-19 présente un caractère doublement global : elle est à la fois mondiale et multidimensionnelle, non seulement sanitaire mais aussi économique, sociale, politique, idéologique, psychique. À ce double titre, elle a déstabilisé gravement le pouvoir capitaliste dans ses différentes composantes, en le mettant au défi de se renouveler, d’inventer et de développer de nouvelles modalités de domination, au-delà de celles dont il a déjà usé pour pallier les anciennes mises à mal.

Du même coup, cette crise constitue aussi un défi lancé à toutes les forces anticapitalistes, lui aussi double. Défensivement, elles doivent anticiper la mise en œuvre de ces nouvelles modalités de domination capitaliste. Offensivement, elles doivent tirer profit de l’affaiblissement conjoncturel du pouvoir capitaliste pour faire évoluer le rapport de force en leur faveur, voire pour tenter d’ouvrir des brèches susceptibles de s’élargir sur des perspectives révolutionnaires.

Les pages qui suivent n’ont d’autre ambition que d’exposer quelques thèses concernant l’un et l’autre de ces deux aspects de la crise et de contribuer ainsi à la discussion qui s’est déjà amorcée à ce sujet dans les rangs anticapitalistes. » Continuer à lire … « Créer les conditions pour des systèmes de santé gratuits pour toustes »

Collectif « Plus jamais ça ! » : Propositions pour un plan de rupture

plan_de_rupture

Avant-propos

Le 18 janvier 2020, dans un monde frappé de stupeur et d’immobilisme par la pandémie, 8 organisations nationales, syndicales et associatives, publiaient une tribune intitulée « Plus jamais ça » pour appeler à la reconstruction d’un monde de justice sociale et environnementale.

Rapidement rejointes par une vingtaine d’autres organisations et associations, la dynamique collective « Plus jamais ça » a publié, le 26 mai 2020, un « plan de sortie de crise » composé de 34 mesures d’urgence soumises au débat public.

12 mois plus tard, plus d’une trentaine de collectifs locaux Plus jamais ça se sont librement organisés sur l’ensemble du territoire. Dans les conditions que nous avons tou·tes connues d’entraves de nos libertés fondamentales, ils ont organisé des luttes exemplaires pour faire la démonstration qu’un autre monde est non seulement urgent mais surtout possible : mobilisation pour le rétablissement des trains Perpignan-Rungis, contre l’installation d’entrepôts Amazon, pour l’accès de tou·tes à une alimentation saine…

Au niveau national, nous nous sommes uni·es pour faire entendre la voix de salarié·es qui, comme à Chapelle Darblay ou à Grandpuits, ont élaboré des projets innovants, économiquement responsables et répondant à l’urgence sociale et environnementale.

Aujourd’hui, nous revendiquons un véritable plan de rupture. Continuer à lire … « Collectif « Plus jamais ça ! » : Propositions pour un plan de rupture »

Michel Husson

Jean-Marie Harribey : Michel Husson :
derrière l’économiste, l’homme

Michel Husson nous a quittés. La nouvelle nous laisse sans voix. Faut-il rendre d’abord hommage à l’économiste hors pair qu’il était ou bien à l’homme pétri de gentillesse et d’humour ravageur, doté d’un sens pédagogue peu commun pour décortiquer les études les plus techniques ?

Michel Husson fait partie d’une génération d’économistes-statisticiens, formés à la rigueur scientifique tout en possédant une culture d’économie politique critique fondée à la meilleure source : Marx. Il compte parmi les quelques rares analystes ayant consacré leur travail à analyser l’évolution du capitalisme contemporain mondialisé et financiarisé en utilisant les concepts de suraccumulation du capital et de taux de profit dont l’évolution rythme les transformations du capitalisme. Des transformations dont les conséquences sur le travail, la répartition des revenus, la protection sociale ont été au centre de ses préoccupations pendant toute la période néolibérale. Michel Husson fut entre autres l’un les plus ardents défenseurs de la réduction du temps de travail et ses travaux récents montraient encore l’enjeu qu’elle représentait même au temps de la crise sanitaire. Et le moindre de ses mérites n’est pas de s’être dégagé d’une culture productiviste, trop longtemps véhiculé par les mouvements progressistes, pour prendre en compte la crise écologique et associer sa résolution à celle de la crise sociale. Continuer à lire … « Michel Husson »

Notre futur est inscrit dans notre liberté

Dans sa préface écrite deux mois avant la pandémie, « Trois pas de plus dans l’agonie », Gilbert Dalgalian aborde entre autres, la destruction de l’environnement et du climat, l’impasse du capitalisme, la perte de la démocratie, la démission citoyenne et la délégation de pouvoirs, « Les phénomènes de violence eux-mêmes sont souvent en proportion de la perte de démocratie », les mobilisations à travers le monde, les inégalités, « un joli mot pour dire la misère des uns et l’exubérante accumulation par quelques autres », l’impossibilité d’une auto-abolition des privilèges par les privilégiés eux-mêmes, « Il y aura des heurts, des résistances, des aveuglements, des sabotages et des répressions. La violence est le fruit du système », les capacités – dont les capacités d’auto-intoxication – des humains, « C’est avec les mêmes neurones que se construisent les savoirs et les inepties, la science et la superstition, le vrai et le faux »… Continuer à lire … « Notre futur est inscrit dans notre liberté »

Des résistances fertiles autour d’un bien commun

« Au cours des dernières décennies, le continent européen a été soumis à un ensemble de facteurs impactant fortement l’agriculture : politiques agricoles et alimentaires, accords de libre-échange, politiques de libéralisation et énergétiques dominées par le marché, projets miniers et d’infrastructures, et vagues d’urbanisation. Les exemples sont légion, de l’actuelle PAC et du manque de mécanismes adaptés de régulation des marchés et des prix, aux divers textes législatifs nationaux, ou au changement croissant d’usages des sols. Cette accumulation de facteurs a conduit à l’industrialisation du système agricole et à la marchandisation de sa composante fondamentale : la terre. Les principales conséquences de cette grande transformation des zones rurales européennes sont nombreuses : la chute vertigineuse du nombre d’agriculteurs ; la concentration des terres entre les mains d’un petit nombre ; le vieillissement de la population agricole ; la volatilité des prix qui empêche les agriculteurs de gagner décemment leur vie ; la disparition de terres agricoles ; la dégradation rapide des sols et des écosystèmes, et l’utilisation de la terre comme monnaie d’échange dans la libre circulation des capitaux. » Continuer à lire … « Des résistances fertiles autour d’un bien commun »

Exigences citoyennes et transition énergétique

« La résistance à la privatisation a donné naissance à un puissant moteur de changement : la (re)municipalisation, c’est-à-dire la reconquête de la propriété et de la gestion publique des services ainsi que la création de nouveaux services publics. Ces dernières années, le Transnational Institute et ses partenaires ont identifié plus de 1 400 cas de (re)municipalisations réussies impliquant plus de 2 400 villes dans 58 pays à travers le monde. » Continuer à lire … « Exigences citoyennes et transition énergétique »

Pandémie, autodéfense sanitaire, autogestion

Ce huitième volume de Autogestion, l’encyclopédie internationale parait en pleine pandémie du Covid-19. La propagation mondiale du virus a mis à l’arrêt pendant plusieurs semaines pratiquement l’ensemble du système de production mondiale. En raison de la division du travail internationale modelée par le Capital et des politiques d’austérité menée dans tous les pays contre les systèmes de santé, la plupart des États se sont trouvés démunis pour lutter contre le virus et ont dû avoir recourt au confinement de leur population à l’exception des travailleurs et travailleuses des secteurs considérés de première nécessité comme ceux de la santé, l’alimentation, les transports, l’énergie par exemple. Durant cette période de réclusion sanitaire, ces salarié·es ont été largement exposé·es à la contamination du virus en raison de l’absence de protection individuelle et comptent de nombreux morts du Covid-19 dans leurs rangs. Dans cette situation dramatique, où leurs vies étaient en jeu, la peur aurait pu paralyser les salarié·es livré·es à eux et elles-mêmes. Il n’en a pas été ainsi. Soucieu·ses, de leur intégrité physique, ils et elles se sont rebellés contre la condition qui leur était faite et se sont révolté·es contre la précarité sanitaire qu’ils et elles subissaient. Dans de nombreux pays du Nord au Sud, des grèves et des mobilisations ont eu lieu portant sur les mêmes revendications pour l’obtention de masques, de gel hydro-alcoolique, une autre organisation du travail et des primes de risques. Face à l’impéritie des États, notamment en matière de mise à disposition de masques des États, la question de la reconversion de lignes de production des entreprises à des fins socialement utiles a de nouveau ressurgi. Elle a été portée par exemple pour la fabrication de masques ou de respirateurs dans les installations d’aviation de GE à Lynn, dans le Massachusetts, et à son siège de Boston, par les membres du syndicat de la division industrielle des travailleurs de la communication d’Amérique (IUE-CWA). Nul doute que la question de la reconversion devra être de nouveau posée comme issue socialement acceptable et soutenable, face aux nombreuses faillites de sociétés auxquelles va conduire la crise économique que connait le système capitaliste. On pense ici notamment à l’industrie automobile et aéronautique. Continuer à lire … « Pandémie, autodéfense sanitaire, autogestion »

Plan de sortie de crise

Plus jamais ça ! Un monde à reconstruire

Le contexte de « déconfinement progressif » est encore très incertain et beaucoup dépend de paramètres que personne ne maîtrise, comme la mise au point d’un vaccin ou la découverte de traitements efficaces contre le Covid-19. Mais c’est précisément dans les périodes de choc d’immédiat après-crise que l’histoire s’accélère, que les bifurcations sont engagées ou pas, que les décisions prises conditionnent pour une longue période la construction du futur. L’expérience toute récente est source de prises de conscience et de réflexions de plus long terme sur lesquelles nous entendons bien nous appuyer. Continuer à lire … « Plan de sortie de crise »

Ouverture de chantier pour le monde d’après

Dans le monde d’avant, nous avons sérieusement cru en la mise en œuvre de solutions abstraites d’hébergement. Nous avons milité mille fois pour qu’en nombre des espaces soient ouverts, créés, réquisitionnés, et pour que les innombrables corps sans toit y soient mis à l’abri. Nous avons laissé entendre que la crise pouvait s’énoncer en langage mathématique et qu’une politique digne de ce nom pouvait consister en une arithmétique élémentaire : aux surnuméraires, des places en plus. Dans le monde d’avant, nous avons écrit, plaidé, manifesté, que faire l’hospitalité pouvait et devait consister en une opération de prise en charge et que, par conséquent, des administrations devaient en être tenues comptables, responsables. Nous avons laissé entendre qu’accueillir nécessitait un effort de gestion et que nous, citoyens engagés, avions à forcer la main du gestionnaire. Continuer à lire … « Ouverture de chantier pour le monde d’après »

Après la pandémie, plaidoyer pour une société résiliente // « Cinq propositions pour un monde meilleur après la pandémie »

Frappés par la pandémie de COVID-19, des pans entiers de l’activité économique sont à l’arrêt soudain et presque total. Pertes de revenus, endettement, faillites d’entreprises appréhendées : l’effondrement rappelle les pires semaines du krach de 1929. Ainsi, le premier ministre François Legault annonçait récemment que son gouvernement réoriente ses priorités afin de préparer la relance de l’économie suivant la crise sanitaire. Au palier fédéral, où les dépenses liées à la pandémie se comptent en centaines de milliards de dollars, le gouvernement de Justin Trudeau devra se livrer au même exercice.

Mais de quelle relance parle-t-on ? Là est la question. Continuer à lire … « Après la pandémie, plaidoyer pour une société résiliente // « Cinq propositions pour un monde meilleur après la pandémie » »

Vers des jours heureux…

Avec l’aimable autorisation de l’autrice

Un virus inconnu circule autour de la planète depuis le début de l’année. Péril mortel et invisible, nous obligeant à nous écarter les uns des autres comme si nous étions dangereux les uns pour les autres, il a retourné les tréfonds des sociétés comme on retourne un gant et il a mis au grand jour ce que l’on tentait jusqu’ici de masquer. Sans doute provoque-t-il un nombre important de morts et met-il sous une lumière crue les limites des systèmes de santé des pays développés, y compris les plus riches d’entre eux. Sans doute, ailleurs, expose-t-il les populations de pays plus pauvres à un extrême danger, les contraignant pour se protéger à accomplir une obligation impossible, le confinement. Mais ceci n’est que la surface des choses.  Continuer à lire … « Vers des jours heureux… »

COVID-19. Pour une socialisation de l’appareil sanitaire (et) L’épreuve politique de la pandémie

La situation créée par la pandémie de Covid-19 est une démonstration grandeur nature et sans appel de l’inanité de la thèse soutenue, depuis des décennies, par les tenants de la libéralisation du système sanitaire. Leur postulat de base : chacun·e est détenteur d’un « capital santé » dont il est le principal voire le seul responsable (à lui de le conserver et, mieux même, de le valoriser – de l’améliorer), se trouve démenti depuis quelques semaines à une échelle proprement planétaire [1]. Continuer à lire … « COVID-19. Pour une socialisation de l’appareil sanitaire (et) L’épreuve politique de la pandémie »

Nourrir bien plus de 10 milliards d’êtres humains

A l’opposé de la collapsologie, « sans préjudice pour l’environnement ni pour notre santé », ce petit livre montre que notre planète peut nourrir bien plus de 10 milliards d’êtres humains (p.12). L’auteur poursuit un but, exposer des faits et des possibilités, expliquer, convaincre, « car sans l’adhésion générale, une révolution aussi radicale que celle inspirée par l’agroécologie n’aboutira jamais » (p.20). Continuer à lire … « Nourrir bien plus de 10 milliards d’êtres humains »

Introduction du livre coordonné par Christian Laval et Francis Vergne : N’attendons pas la fin du monde

Avec l’aimable autorisation des éditions Syllepse

« L’impossible d’aujourd’hui, c’est le possible de demain », Henri Lefebvre.

Comment le monde du travail peut-il envisager l’avenir ? Mieux, comment peut-il inventer un autre avenir que celui que lui promet le néolibéralisme ? Voilà la question que nous voulons poser dans cet ouvrage. Un grand projet historique a traversé et nourri deux siècles de mouvement ouvrier et syndical : celui de l’émancipation du salariat et du travail. Est-il toujours d’actualité et quelle signification lui donner en ce début du 21siècle ? Élargir le champ des possibles en cherchant à repérer ce qui peut ouvrir des voies nouvelles demeure aujourd’hui l’une des tâches majeures du mouvement social comme elle l’est pour les sciences sociales et la philosophie 1. En ces temps de triomphe bruyant et d’imposition brutale de l’ordre néolibéral, une telle ambition peut sembler démesurée. L’objection principale est connue et répétée à l’envi depuis des décennies : « There is no alternative ». Pourtant, les pratiques répressives mises en œuvre depuis Margaret Thatcher et ses nombreux successeurs contredisent ce discours. Car s’il n’y avait pas d’alternative pourquoi tant s’acharner à détruire toute tentative de résistance, comme on l’a vu avec la brutale répression du mouvement des Gilets jaunes, et toute invention d’autres manières de vivre et de travailler ? Pourquoi recourir comme cela s’est fait à Notre-Dame-des-Landes à la violence policière pour éradiquer des façons de produire, de consommer et d’échanger fondées sur le droit d’usage plutôt que sur la logique propriétaire ou étatique ? Pourquoi balayer d’un revers de main et refuser de discuter des contre-plans syndicaux présentés par les cheminot·es, par les personnels hospitaliers et les enseignant·es pour qui les transports publics, l’hôpital ou l’école et l’université ne sauraient être des « entreprises comme les autres » ? Pourquoi tant d’obstacles juridiques et financiers à la reprise d’entreprises sous forme de Scop par les salarié·es ? Ce que révèlent les dispositifs répressifs et les discours fatalistes du néolibéralisme, c’est d’abord que les luttes du monde du travail contre l’exploitation et la domination du capital ne sont pas finies, et c’est ensuite qu’il existe bel et bien des alternatives qui méritent d’être connues et défendues. Continuer à lire … « Introduction du livre coordonné par Christian Laval et Francis Vergne : N’attendons pas la fin du monde »

Avant-propos au livre de César Rendueles et Joan Subirats : La cité en communs Des biens communs au municipalisme

Avec l’aimable autorisation des Editions C&F

« En commun », « biens commun », « pour le bien commun ». Le concept de « communs » et tous ses dérivés possibles sont des mots qui résonnent de plus en plus dans le monde des idées politiques, économiques et culturelles… Pourquoi ? Qu’est-ce qui rend si intéressant ce mot aux interprétations multiples ? Que nous apporte « le commun » à un moment aussi complexe que celui d’aujourd’hui ? Continuer à lire … « Avant-propos au livre de César Rendueles et Joan Subirats : La cité en communs Des biens communs au municipalisme »

Les Victoires sociales et écologiques du mois de novembre 2019 – Pour rompre avec le fatalisme TINA. La newsletter qui fait du bien

La célèbre expression de Margaret Thatcher « TINA » (There Is No Alternative) est tout sauf vraie.

Partout sur la planète, des alternatives sociales, économiques, démocratiques et écologiques se mettent en place.

Partout dans le monde, des hommes et des femmes refusent et combattent l’injustice. Certains de ces combats mènent à des victoires.

Le site IL FAUT TUER TINA / VICTOIRES poursuit l’objectif de rendre visibles ces petites et grandes victoires qui, bien que partielles et insuffisantes, nous aident à rompre avec le fatalisme et constituent des sources d’inspiration pour nos actions individuelles et collectives. Continuer à lire … « Les Victoires sociales et écologiques du mois de novembre 2019 – Pour rompre avec le fatalisme TINA. La newsletter qui fait du bien »

Ouvrir le volontariat monde et la mobilité solidaire à tous les jeunes du monde

Edith Heurgon et Alain Raymond nous offrent un très beau livre et un très beau projet. Ils nous invitent à partager une longue enquête et une réflexion approfondie, le récit d’une aventure. C’est le résultat d’une rencontre improbable, l’une amenant l’optimisme méthodologique de la prospective du présent, l’autre son engagement et ses ouvertures sur le volontariat international. Un beau récit à deux voix qui se répondent et se complètent. Continuer à lire … « Ouvrir le volontariat monde et la mobilité solidaire à tous les jeunes du monde »