Dans toute histoire du jazz qui se respecte, les femmes ne sont pas oubliées.
Mary-Lou Williams, pianiste, compositeure, arrangeure – il faut lire son portrait par Jacques Réda (1) – eût la première l’audace de constituer un combo (c’est le nom traditionnellement donné aux petits ensembles) uniquement constitué de jazzwomen (2) et a su, tout au long de sa vie, se convertir – j’emprunte le terme à Réda – pour rester contemporaine, après avoir été moderne dans les années 1930. Pour indiquer sa place dans les mondes du jazz, à cette époque, il suffit de dire que c’est elle que les musiciens ont décidé de réveiller pour arbitrer le match entre Coleman Hawkins et Lester Young à Kansas City, dans le milieu des années 1930, qui n’en finissait pas. Un match sans vainqueur ou plutôt avec deux vainqueurs suivant les penchants de chaque auditeur(e). Elle est certes citée, louangée même pour son travail d’arrangeure – elle est responsable de la sonorité particulière de l’orchestre d’Andy Kirk au nom ravissant, les « 12 nuages de joie » – sans que son influence ne soit mise en évidence. Le seul à la revendiquer est Hilton Ruiz qui a étudié avec elle et lui a dédiée une de ses compositions (3). Lire la suite →