L’eau n’est pas une marchandise !

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Peu évoqué dans les débats publics, l’accès à l’eau est pourtant une question cruciale. Le réchauffement menace de nombreuses sources et l’eau est devenue pour beaucoup un vecteur de profit. Contre cette marchandisation, des populations se lèvent aux quatre coins du monde. Tour d’horizon avec l’infatigable militante canadienne Maude Barlow. (Renaud Duterme)

Comme de nombreux éléments indispensables à la vie, l’eau est revendiquée par une majorité comme un bien commun. Revendication attestée par de nombreux textes internationaux considérant l’accès à une eau salubre comme un droit humain fondamental. Pourtant, on assiste depuis quelques décennies à une privatisation rampante de cette ressource, en particulier sous l’impulsion de politique néolibérales promues par des gouvernements ou des institutions internationales (Banque mondiale, Commission européenne, etc.). Du Royaume-Uni au Chili, en passant par l’Espagne, la France ou encore l’Inde et le Mexique, la marchandisation de l’eau impacte des millions de personnes, en particulier les plus démunies.

Explosion des tarifs et coupures d’alimentation pour les « mauvais payeurs » à la suite de la privatisation des services de distribution ; prélèvements démesurés et épuisements des nappes phréatiques par l’industrie de l’eau en bouteille (forçant parfois les habitants à consommer de l’eau insalubre) ; production astronomique de plastique et émissions de gaz à effet de serre (l’eau en bouteille nécessiterait près de 2000 fois plus d’énergie que l’eau du robinet) ; exportation de milliards de litres d’eau virtuelle hors des régions d’origine ; rémunérations exorbitante pour les actionnaires des grandes multinationales du secteur. En bref, la gestion privée de l’eau douce illustre à elle seule les dérives inhérentes au capitalisme globalisé.

Fort heureusement, face à cet accaparement, des hommes et des femmes luttent et revendiquent une gestion de leurs ressources hydriques hors des forces du marché. Cette lutte se matérialise notamment par l’instauration des Communautés Bleues. Ces collectivités (villes, régions, communes, etc.) ou institutions (universités, écoles, etc.) « s’engagent à défendre le droit à l’eau et à restreindre la contamination par le plastique au sein de leurs communautés ». Concrètement, elles agissent via trois axes :

a) s’engager à protéger et à promouvoir l’eau et les services d’assainissement en tant que droits de la personne ;

b) protéger l’eau comme un bien commun en faisant la promotion de services d’eau potable et d’eaux usées financés, détenus et exploités par la collectivité (ce qui exclut toute prise de décision par des investisseurs à buts lucratifs) ;

c) bannir progressivement la vente d’eau embouteillée, si tant est qu’existent des sources d’eau potables accessibles au public.

Bien entendu, l’appellation de Communauté Bleue ne garantit pas à elle seule un accès équitable à l’eau pour une population. Il n’empêche qu’elles constituent un contre-pouvoir face à une logique marchande prédatrice qui ne manquera pas de profiter des crises en cours et à venir pour tenter de mettre la main sur un des pans essentiels de notre quotidien. Or, ce contre-pouvoir passe d’abord par une conscientisation sur ces enjeux, qui plus est dans des pays prospères où il suffit d’ouvrir son robinet pour bénéficier d’une eau propre et abondante.

Maude Barlow, À qui appartient l’eau ? Faire barrage à la privatisation d’une ressource vitale, Écosociété, 2021.

Les communautés bleues : https://eausecours.org/communautes-bleues/

Renaud Duterme

https://geographiesenmouvement.com/2021/11/25/leau-nest-pas-une-marchandise/


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Auteur : entreleslignesentrelesmots

notes de lecture

Une réflexion sur « L’eau n’est pas une marchandise ! »

  1. APPEL AUX MANIFESTATIONS DEVANT LES PARLEMENTS
    ENSEMBLE CONTRE LA SPOLIATION DE L’EAU ET DE LA VIE
    RDV le 7 décembre à 14H devant l’Assemblée Nationale de Paris
    CRISE PLANETAIRE HYDRIQUE

    L’eau, source de vie, est en train de se tarir sur notre planète. Sécheresses et inondations blessent la vie des
    humains et de la Terre. Les glaces de la planète sont en train de disparaître et le niveau de l’eau de la mer,
    salée, augmente dangereusement. Tout cela à cause de notre système de vie prédateur qui est à l’origine du
    changement climatique dévastateur. Les conditions de vie se dégradent, surtout pour les milliards de
    personnes qui souffrent déjà du non accès à l’eau et à l’assainissement. Les activités économiques
    sont bouleversées, les famines se multiplient et s’aggravent, la désolation s’ensuit, les
    populations émigrent.
    Face à cette crise, les groupes dominants n’ont su faire de mieux que mettre l’eau en Bourse : Le 7
    décembre 2020, la bourse de Chicago a ouvert les marchés spéculatifs aux transactions commerciales sur
    l’eau. En septembre 2021, la bourse de New York a décidé de confier 30 % du monde naturel de la planète à
    la gestion privée de nouvelles entreprises cotées en Bourse (les Natural Assets Corporation). Une véritable
    spoliation de la vie par l’argent. L’eau est devenue un avoir financier comme le cuivre, le gaz, le pétrole…
    sa valeur est un prix fixé par les marchés financiers. C’est inadmissible.
    Les citoyens n’ont pas voté pour les bourses ni les fonds d’investissements privés
    (BlackRock ,Vanguard, State Street…), ni les banques. Mais les propriétaires et les manipulateurs
    d’argent décident, les pouvoirs publics suivent.
    Dans ce cadre, la démocratie (le pouvoir par le peuple et pour le peuple) c’est de la fumée. Or, en laissant
    faire les maîtres de l’argent, les majorités parlementaires ont contribué à faire de la finance le domaine
    d’activité économique le moins réglementé et le plus libre au monde. Elles sont devenues les complices de
    la grande prédation, spoliation de la vie.
    Les citoyens n’ont pas élu leurs représentants pour que ceux-ci soient au service des intérêts
    des dominants.
    Ils les ont choisi pour qu’ils défendent, sauvegardent et favorisent le bien-être, les droits universels et la
    dignité de tous les habitant·es de la Terre et qu’ils prennent soin de la vie de notre planète. Tel est le sens
    du grand principe de la justice globale. À appliquer d’urgence.

    QUE FAIRE ?
    La finance est censée être un instrument au service de la vie et des droits à la vie. Elle ne peut pas être le
    but. Nous proposons que, sous leur pression mais aussi à travers les institutions de démocratie directe, les
    citoyens fassent prendre, par les pouvoirs publics dans leur pleine responsabilité et sans délai, les mesures
    suivantes :
    * Abolir les mesures prises par les Bourses et réaffirmer le principe que l’eau est, avec l’air et
    l’énergie solaire, le principal bien commun public mondial essentiel pour la vie et que son accès est et
    doit être un droit universel. Par conséquent,
    * Porter devant la Cour Internationale de Justice, les Etats qui ne respectent pas la résolution de
    l’ONU du 28 juillet 2010 stipulant que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est un droit
    universel ;
    * Mettre hors-la-loi les paradis fiscaux et les règles qui permettent l’évasion fiscale à vaste
    échelle (la collectivité mondiale a perdu en 2021 plus de 700 milliards de dollars suite à l’évasion
    fiscale) !
    * Redéfinir le cadre réglementaire notamment financier, des biens communs publics mondiaux
    essentiels pour la vie que sont l’eau, la santé, les semences, le logement, l’éducation et la connaissance.
    * Une des mesures urgentes à cette fin est de stopper les mécanismes de l’endettement continu des
    pays appauvris ;
    * Convoquer une conférence mondiale dès 2024 pour discuter et mettre en place un nouveau système
    financier mondial. Ce système prédateur est le pire ennemi des gens et du climat.
    Les parlements, les citoyens, sont à haut risque de disparition. La spoliation de l’eau, des droits
    universels et de la vie c’est aussi la spoliation de la res publica, de l’Etat démocratique et juste.
    Ensemble, citoyen.nes et élu.es, construisons une autre histoire de l’Humanité !
    Ensemble, le 7 décembre est une étape.
    Nous vous donnons rendez-vous à 14H devant l’Assemblée Nationale à Paris !
    Une conférence débat aura également lieu le soir à 19h30 sur la financiarisation de l’eau avec Bernard
    Mounier d’EBC PACA, au centre Paris Anim’ Victoire Tinayre, 24 rue Daviel dans le 13e.
    D’autres rendez-vous auront lieu également :
    – le 7 décembre à 11h devant le Parlement Européen place du Luxembourg et 13h devant le Conseil Européen à
    Schuman
    – le 10 décembre à Montréal et
    – le 15 décembre à Rome
    L’Agora des Habitants de la Terre, les Collectifs Bassines Non Merci 79 et Berry, Eco Avenir , L’Eau qui
    mord, le Collectif Eau 88, AVEC, La Coordination Eau île de France et l’Université du Bien Commun Paris

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