Halifax, Africville. La traite négrière, les « marrons », celles et ceux qui franchissent les frontières – dans la pluralité de sens du terme – le Canada, la fièvre du cabanon…
Le temps long d’une famille, ou plus exactement d’une branche familiale, de quelques individus. Des liens qui se distendent, s’effacent presque, la frontière de la peau, les lieux et les éloignements, les souvenirs triés et persistants, les fils tenus qui peuvent se renouer. La memoire effacée et reconstituée jusqu’à cette arrière grande mère Zeta…
Halifax, un territoire, des commerces, un cimetière. Les vies, les relations, les constructions intimes, « Noir si je veux », les possibles contraints, les amours et les deuils, la conjugaison parfois au pluriel de la parentalité …
Les années 1930, les années 1960, les années 1980, Kath Ella, Etienne, Warner…
Jeffrey Colvin, à travers les choix de ses personnages, nous parle aussi de l’obsession raciale, des corbeaux, de la « clause du cavalier blanc », du franchissement de la ligne, de la frontière de couleur, des fossés qui se creusent et qui se comblent…
Pour celles et ceux qui pensent encore que le noir est simplement une couleur de peau…
Jeffrey Colvin : Africville
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Serge Chauvin
Harper Collins, Paris 2020, 384 pages, 20 euros
Didier Epsztajn
Note de Nicolas Beniès :
Jeffrey Colvin, dans « Africville », raconte une saga familiale des années 1930 jusque la fin du 20e siècle…