Une nouvelle étape de la crise économique et financière secoue la planète

Elle frappe de plein fouet les populations du monde entier et plus durement encore celles des pays appauvris par des dizaines d’années de dettes odieuses et de politiques néolibérales et néocoloniales. Selon toutes les prévisions disponibles depuis les années 2018-2019, le monde devait affronter une récession et une violente crise financière au cours de la période 2020-2021. Le système global ne s’est en effet jamais rétabli de la crise des années 2007-2008 et tous les indicateurs permettaient déjà d’affirmer que les niveaux insoutenables d’endettement privé et public mèneraient à l’éclatement de bulles financières et provoqueraient un nouveau choc économique. Le discours des médias dominants tente de nous induire en erreur en expliquant l’effondrement actuel par la seule action du coronavirus. Cependant, il est évident que cette pandémie met à nu le caractère insoutenable du système capitaliste et révèle les ravages causés par l’application de l’idéologie néolibérale avec le profit pour seule boussole.

Depuis la mi-mars 2020, les principales banques centrales de la planète interviennent massivement pour tenter de limiter l’extension de l’incendie financier en cours et empêcher de nouvelles déflagrations. Elles tentent également de relancer la consommation des ménages et la production de marchandises et de services en arrosant les banques privées de monnaie fraîchement créée. Leur action se combine à celles des gouvernements qui empruntent à tour de bras pour fournir des revenus de remplacement ou de complément aux travailleur.euse.s, ce qui à court terme soulage leur détresse mais allège aussi le coût de la crise pour les plus gros détenteurs de capitaux. Si ces gouvernements promettent de venir en aide aux microentreprises, aux travailleurs indépendants et aux PME, c’est pour s’assurer que les flux financiers continuent d’alimenter les propriétaires immobiliers, les grandes entreprises et les banques : tout est fait pour que les loyers continuent d’être payés, que les factures continuent d’être honorées, que les emprunts continuent d’être remboursés. Ce sont in fine les grandes entreprises privées et leurs gros actionnaires qui sont soutenues avec de l’argent public.

Après l’éclatement de la bulle boursière en février-mars 2020, c’est la bulle du marché de la dette qui menace d’éclater elle aussi, même si l’injection massive de liquidités par les banques centrales a pour effet d’éviter que les cours ne s’effondrent. En comparaison aux mesures prises suite à la crise financière de 2008, l’intervention des banques centrales de ce printemps 2020 est colossale. Si cela peut avoir pour effet de limiter (ou plutôt retarder, voire déplacer !) les dégâts, les problèmes de fond ne seront pas réglés pour autant. Cela va conduire à une augmentation gigantesque des dettes publiques tant en valeur absolue qu’en proportion du PIB. L’économie mesurée par le PIB connaîtra une forte récession en 2020, ce qui renforcera encore l’augmentation du ratio dette / PIB.

Au-delà des analyses sur les responsabilités, les causes et les conséquences du mécanisme de la dette et des politiques d’austérité, ce dossier met également en avant un certain nombre de revendications portées par des mouvements sociaux. En faisant des propositions programmatiques qui partent d’un cadre de pensée consensuel et défini par les acteurs dominants (étatiques, politiques, économiques), les organisations politiques et institutionnelles réduisent leur champ d’action. C’est pourquoi le CADTM a choisi de manifester son soutien aux pistes de réflexion portées par les mouvements sociaux et les populations du Nord comme du Sud.

Plusieurs appels à l’annulation des dettes illégitimes ont émergé ces dernières semaines d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie du Sud. Les mouvements populaires et leurs prises de position forment le terreau d’un monde alternatif basé sur les droits humains fondamentaux. Il en va du CADTM d’y participer pleinement.

De manière générale, la crise actuelle, dont le détonateur aura été la pandémie de covid-19 est une crise globale dont l’origine se trouve dans le système capitaliste et ses nombreux vices et failles. Les précédents dossiers des Autres Voix de la Planète se sont penchés sur une diversité de problématiques dont la majorité se retrouve aujourd’hui au centre de l’actualité. Notons par exemple que :

  • les pays du Sud, non contents de porter depuis des décennies le fardeau des dettes coloniales et des cures d’austérité imposées par les institutions financières internationales (IFI) voient encore une fois le FMI venir se poser en pompier pyromane ;

  • les banques privées, au bord de la banqueroute en 2008 et sauvées par des États qui n’ont fait que socialiser les pertes sans réguler les marchés financiers, parient encore sur l’avenir du monde dans les salles de trading, avec l’aide des banques centrales ;

  • les fonds vautours rôdent plus que jamais autour de la carcasse fumante de services publics abandonnés et trop longtemps sous-investis au détriment des populations ;

  • la restructuration des dettes publiques au profit des créanciers (IFI, Club de Paris, etc.) reste la norme, alors que seules des annulations de dettes permettraient des politiques qui mettent le bien-être de la population au centre des préoccupations.

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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