« Certains « travailleurs du sexe » militants sont en réalité des proxénètes

Quelques vérités très gênantes : acheteurs de sexe, contraintes sexuelles et déni des dommages liés à la prostitution

« La mondialisation a poussé un cran plus loin le déséquilibre de pouvoir entre l’homme-client au portefeuille rempli d’argent et la femme qui met un tarif pour la location de son vagin. En France, 85% des prostituées sont des immigrantes vulnérables, dont plusieurs sont sans papiers. En Allemagne, avec les super-bordels légaux, il s’agit des deux tiers. Si la demande n’est pas abordée, plus d’immigrantes arriveront. Est-ce quelque chose dont n’importe quelle nation occidentale devrait être fière : une sous-classe de femmes pauvres venues des villages de Thaïlande ou d’Ukraine, immigrées pour servir les pénis du monde occidental ? »

Janice Turner, 20141.

Certains proxénètes, certains acheteurs de sexe et certains gouvernements ont pris la décision qu’il est raisonnable de s’attendre à ce que certaines femmes tolèrent l’exploitation sexuelle et les agressions sexuelles afin de survivre. La plupart du temps, ces femmes sont pauvres et la plupart du temps elles sont marginalisées à cause de leur ethnie ou parce qu’elles sont racisées. Les hommes qui les achètent ou les violent, ont beaucoup plus de ressources et de pouvoir social qu’elles. Par exemple, un touriste prostitueur canadien au sujet des femmes Thaï, commente : « Ces filles doivent se nourrir n’est-ce pas ? Je les aide à mettre du pain sur leur table. Je contribue. Elles mourraient de faim si elles n’étaient pas des putes »2.

Cet auto-renforcement darwinien évite la question : Est-ce que les femmes ont le droit de vivre sans le harcèlement et l’exploitation de la prostitution, ou est-ce que ce droit est réservé seulement à celles qui ont un privilège de classe ou de couleur de peau ? « Vous obtenez ce pour quoi vous payez, sans avoir à endurer un « non » », explique un consommateur3. Les femmes non prostituées ont le droit de dire « non ». Nous avons une protection légale contre le harcèlement et l’exploitation sexuelle. Pourtant, tolérer les abus sexuels fait partie de la description de tâches dans la prostitution.

Un des plus grands mensonges est que la prostitution est volontaire. S’il n’y a aucune preuve de force contre elle, son expérience est considérée comme volontaire et « consentante ». Un client dit : « Si je ne vois pas de chaîne à sa jambe, je suppose qu’elle a fait le choix d’être là ». Mais la majorité de la prostitution de nos jours est ce que les abolitionnistes allemandes appellent de la prostitution de pauvreté. En gros, elle a faim, elle ne peut trouver un travail et elle n’a pas d’alternatives. L’argent des prostituteurs ne fait pas disparaître ce que l’on sait sur la violence sexuelle, la violence conjugale et le viol. Qu’elle soit légale ou non, la prostitution est extrêmement dommageable pour les femmes. Les femmes prostituées ont les plus hauts taux de viol, d’agressions physiques et de meurtres de toutes les femmes jamais étudiées. Selon une étude néerlandaise, 60% des femmes dans la prostitution légale avaient subi des agressions physiques, 70% avaient été menacées d’agression physique, 40% avaient subi de la violence sexuelle et 40% avaient été forcées d’entrer dans la prostitution légale4.

Depuis la dernière décennie, après avoir rencontré des centaines d’acheteurs de sexe de cinq pays (EUA, GB, Inde, Cambodge et Écosse), nous sommes en mesure de regarder plus précisément les comportements et attitudes qui attisent la misogynie de la prostitution et nous comprenons mieux quelles sont les motivations de ces hommes. Le comportement typique de l’acheteur de sexe est ce refus de voir sa participation dans la déshumanisation des femmes lorsqu’il humilie, harcèle verbalement ou sexuellement ou paie pour forcer une femme à performer des actes sexuels qu’elle ne ferait pas autrement.

  • L’objectivation et la réification sont à la base de la violence dans la prostitution

Les acheteurs de sexe ne reconnaissent pas l’humanité chez les femmes qu’ils utilisent pour le sexe. Dès qu’une personne est réduite à être un objet, l’exploitation et l’abus semblent presque acceptables.

Dans nos entretiens avec ces prostituteurs de différentes cultures, des exemples à donner froid dans le dos de la réification des femmes sont ressortis. La prostitution était vue comme la « location d’un organe pour 10 minutes »5. Un consommateur des États-Unis a mentionné que « être avec une prostituée c’est comme avoir une tasse de café, quand vous en avez fini avec, vous la jetez »6. Les acheteurs choisissent les femmes en fonction des stéréotypes ethno-sexualisés qu’ils ont appris7. « J’avais une liste mentale de critères en terme de race » dit un acheteur britannique. « Je les ai toutes essayées au cours des cinq dernières années, mais elles se sont avérées être toutes pareilles »8. Au Cambodge, la prostitution était comprise ainsi : « Nous, les hommes, sommes les consommateurs, les femmes sont les biens de consommation, et le propriétaire de bordel est le vendeur »9. Une femme ayant été dans la prostitution à Vancouver pendant 19 ans expliquait la prostitution de la même façon que les acheteurs, « Ils vous possèdent pour ce 30 minutes ou 20 minutes ou une heure. Ils vous achètent. Il n’y a aucune connexion, vous n’êtes pas une personne, vous êtres une chose à utiliser »10.

  • Les prostituteurs ne connaissent pas l’empathie

En utilisant sa propre logique, l’acheteur de sexe calcule qu’en plus d’acheter l’accès à du sexe, payer lui procure aussi le droit de ne pas réfléchir aux impacts de la prostitution sur les femmes dont il se sert11. Son fantasme est la copine sans tracas qui ne lui fait aucune demande mais qui est disponible pour satisfaire ses besoins sexuels à lui. « C’est comme louer une copine ou une épouse. Tu peux choisir comme dans un catalogue » explique cet acheteur britannique12. Les prostituteurs veulent l’apparence d’une relation. Certains expliquent leur désir de créer une illusion pour faire croire aux autres hommes qu’ils ont réussi à obtenir une femme attirante sans avoir eu à payer. « Je veux que mes prostituées ne se comportent pas comme tel » dit un acheteur de Londres. « Je veux qu’elles jouent le rôle de la copine. Pour une personne de l’extérieur, nous avons l’air d’être amoureux »13. Certains acheteurs veulent se payer un semblant de relation qu’ils ne peuvent pas ou ne veulent pas avoir avec une non-prostituée. Ils peuvent jouer l’intimité émotionnelle, toutefois la relation avec une femme dans la prostitution manque toujours de réciprocité émotive. S’ils s’imaginent une relation émotionnelle satisfaisante avec la femme qu’ils paient, ils peuvent garder l’opinion qu’ils ont d’eux-mêmes comme étant des « bons gars ». Cependant, ces hommes demandent de grands et d’épuisants mensonges de la part des femmes. Une survivante de la prostitution en parle en écrivant à un prostitueur :

« Cette vérité, que tu essaies désespérément de fuir, est que tu es comme un gentil violeur. Ton attitude et ta conduite n’atténuent pas ce que tu es. Le dommage que tu imposes est incalculable, mais tu te racontes que tu ne commets aucun tort, et tu te sers du sourire des femmes que tu paies comme d’une crédibilité ; elles te permettent d’acheter ta propre foutaise… Je ne voulais pas t’avoir près de moi, encore moins à l’intérieur de moi. Tes bras autour de moi me donnaient envie de vomir encore plus que ton pénis… Chaque moment avec toi était un mensonge, et j’en ai détesté chaque seconde ». – Rachel Moran, 201414.

Tel que n’importe quel autre homme agressif, les acheteurs de sexe n’ont aucune empathie pour les femmes dans la prostitution. En Écosse, les chercheures ont trouvé que plus les hommes achètent du sexe, moins ils ont de l’empathie pour les femmes prostituées. « Je ne veux rien connaitre sur elle » dit un prostitueur. « Je ne veux pas qu’elle pleure ou quoique ce soit parce que ça ruine l’idée que je me fais »15. Ces hommes se créent une version sexuelle excitante de ce que pensent et ressentent les femmes prostituées qui a bien peu à voir avec la réalité16. Contre tout jugement sensé, la plupart des clients interrogés croyaient que les femmes étaient satisfaites sexuellement de leurs performances sexuelles. La recherche auprès des femmes, d’un autre côté, a démontré que celles-ci ne sont pas excitées par la prostitution, et qu’au fil du temps, elle abime leur sexualité17. [17]

Une des rares différences entre la violence conjugale et la prostitution est que dans la dernière, les agresseurs tirent profit de l’exploitation sexuelle. À cause de l’argent, la prostitution est beaucoup mieux organisée comme système que la violence d’un seul homme envers sa conjointe. Beckie Masaki, qui fut directrice de l’Abri pour femmes asiatiques de San Francisco, a discuté de l’onde de choc qui a eu lieu quand l’organisme a commencé à accepter des femmes qui avaient été trafiquées pour la prostitution. Auparavant, elles n’avaient travaillé qu’avec des femmes battues. Désormais, elles acceptaient par dizaines des femmes trafiquées. Les groupes de criminels chinois, vietnamiens et coréens qui les trafiquaient n’ont pas, on peut s’y attendre, apprécié la perte de revenus. Par la suite, une augmentation de la sécurité à la ressource d’hébergement a été requise pour protéger ces femmes.

  • Les acheteurs de sexe et la contrainte sexuelle

L’opinion favorable qu’ont les hommes en faveur de la prostitution est l’une des attitudes qui encourage et justifie la violence envers les femmes18. La posture de droit à l’accès sexuel et à l’agression sexuelle ainsi que l’attitude de supériorité face aux femmes sont liées à la violence qui leur est faite. Les études montrent que les prostituteurs, comme les autres hommes violents, tendent à préférer le sexe impersonnel, craignent le rejet des femmes, ont une auto-identification hostile et seraient plus disposés à violer que les non-acheteurs s’ils avaient la garantie de ne pas se faire prendre19. Au Chili, en Croatie, en Inde, au Mexique et au Rwanda, il y avait plus de probabilités que les prostituteurs violent que les autres hommes20. Les hommes qui avaient acheté des femmes avaient aussi beaucoup plus de chances d’avoir violé des femmes que les hommes qui n’achetaient pas de sexe21. En Écosse, nous avons découvert que plus un client avait acheté souvent des femmes, plus il y avait des probabilités qu’il ait fait subir des actes sexuels non désirés à des femmes non-prostituées22.

  • Le déni des dommages créés par la prostitution

Les bars de danseuses ne mettent pas de miroirs dans des endroits où les clients pourraient se voir, nous expliquait un proxénète qui avait été gérant d’un de ces bars durant de nombreuses années23. Que préfèrent-ils ne pas voir ? Veulent-ils éviter de voir leurs magouilles de prédateurs ? Ne veulent-ils pas voir leur propre côté minable ? Veulent-ils fermer les yeux sur le fait que les femmes doivent mentir sur leur attirance envers eux ? Refusent-ils de reconnaitre que tandis qu’ils s’imaginent comme des vainqueurs, les non-acheteurs de sexe les voient comme des perdants ? La vérité sur la prostitution est embarrassante pour les hommes qui achètent du sexe.

Un prostitueur de Londres, témoin actif que les femmes de l’Europe de l’Est prostituées et entourées de « gardes du corps » étaient visiblement trafiquées, commente :

« La relation avait l’air très professionnelle, comme une entreprise. Pourtant, il leur disait de faire des choses qu’elles ne semblaient pas très contentes de faire. Un regard sévère de sa part et une voix un peu élevée, me rendait mal à l’aise. Mais après qu’il ait parlé à la fille, elle mettait un visage professionnel et elle allait de l’avant. Mon inconfort disparaissait parce qu’elle le faisait, elle aurait pu quitter le travail ». Melissa Farley, Julie Bindel, Jacqueline M. Golding, 200924.

Les prostituteurs voient, et pourtant ils refusent de voir, la peur, le désespoir et le dégoût chez les femmes qu’ils achètent. Puisque la femme n’a pas quitté la chambre en criant « Au secours ! Trafic de femmes ! », le client conclut qu’elle a choisi la prostitution. Savoir que les femmes prostituées sont exploitées, forcées, sous l’emprise d’un proxénète ou trafiquées, ne dissuade pas ces acheteurs. La moitié des clients d’un groupe de 103 Londoniens ont admis avoir utilisé une femme qu’ils savaient être sous l’emprise d’un proxénète, tel que l’un d’entre eux le mentionne : « C’est comme si elle lui appartenait ». Un autre a dit : « Cette fille se fait dire ce qu’elle doit faire. Vous pouvez vous détendre, c’est son travail »25. En Roumanie, les chercheures ont interrogé des clients, des femmes prostituées, des proxénètes et des officiers de police. Tous s’entendaient pour dire que « les clients ne veulent pas savoir si les filles sont trafiquées ou non, mais si elles pourront satisfaire leurs demandes sexuelles »26.

  • Rationalisations utilisées pour justifier la légalisation et la décriminalisation de la prostitution

Les lois contre l’achat de sexe et le proxénétisme sont des barrières à l’exploitation sexuelle. La légalisation et la décriminalisation répartissent la prostitution dans des secteurs où il est légal d’acheter, vendre et être vendue pour du sexe. Sous ces lois, les intérêts des hommes qui veulent acheter du sexe et ceux des proxénètes sont protégés27.

L’argument que la légalisation rendrait la prostitution plus sécuritaire est la première justification utilisée pour promouvoir la légalisation. Toutefois, il n’y a aucune preuve de ceci. Au contraire, ces arguments, défendus avec véhémence, ne sont pas accompagnés d’évidences empiriques pouvant les soutenir. Les conséquences de la légalisation aux Pays-Bas et en Allemagne ont plutôt démontré jusqu’à quel point la situation peut dégénérer. En 2016, 80% de l’industrie du sexe dans ces deux pays étaient sous le contrôle du crime organisé.

Depuis la légalisation aux Pays-Bas, le crime organisé est devenu incontrôlable et les femmes prostituées ne sont pas plus en sécurité que lorsque c’était illégal. Job Cohen, le maire d’Amsterdam, a fermé la plupart des lieux de prostitution légaux afin de réagir au crime organisé28. Après la légalisation à Victoria en Australie, les proxénètes ont ouvert 95 bordels légaux et du même coup, 400 bordels illégaux.29 Au lieu de diminuer l’aspect criminel de l’industrie, la légalisation a résulté en une augmentation du trafic sexuel selon des recherches menées dans 150 pays30.

N’importe qui connaissant le quotidien des personnes dans la prostitution comprend que la sécurité dans cette industrie est une chimère. Les défenseurs de la légalisation et de la décriminalisation savent ceci, mais rarement oseront l’admettre. Pourtant, l’évidence existe. Par exemple, le groupe d’intervention pour l’éducation et le soutien aux travailleuses du sexe d’Afrique du sud (Sex Workers Education and Advocacy Taskforce) a distribué une liste de conseils de sécurité aux « travailleuses », dont la recommandation que pendant qu’elle se déshabille, la femme devrait « accidentellement » pousser un soulier sous le lit, et en se penchant pour le ramasser, elle pourrait voir si le client y a placé un couteau, des menottes ou une corde. Le pamphlet recommande aussi de secouer l’oreiller pour détecter une potentielle arme31. Comprenant l’existence de la violence parfois mortelle dirigée vers les femmes dans la prostitution, un proxénète « légal » néerlandais a mentionné à un journaliste « Vous ne voulez pas un oreiller dans une chambre de bordel. C’est une arme létale. »32 Une organisation de San Francisco conseille de « prendre connaissance de où sont les sorties et d’éviter que les clients bloquent ces sorties » et que « vos chaussures devraient s’enlever facilement ou être adéquates pour courir » et « d’éviter de porter des colliers, foulards, sacs en bandoulière ou n’importe quoi qui pourrait accidentellement ou volontairement être utilisé pour vous étouffer »33. Dans le code du travail et de sécurité Australien pour la prostitution, des spécifications sont apportées sur les dangers possibles du « métier ». L’institution recommande des ateliers de négociations pour les femmes prostituées en cas de prise d’otage, ceci contredisant complètement l’idée que la prostitution est un travail comme un autre34. Les boutons-panique dans les salons de massage, les saunas et les bordels ne peuvent jamais apporter une réaction assez rapide pour empêcher la violence. Ces boutons-panique font autant de sens qu’un bouton-panique dans la maison d’une femme battue.

La santé publique est un autre élément avancé pour promouvoir la décriminalisation. Dans les années 1980, des groupes comme le Collectif des prostituées de Nouvelle-Zélande (NZPC) se sont fait un capital de sympathie avec l’épidémie de sida en mettant l’emphase sur la sensibilisation au VIH et la réduction des méfaits auprès des personnes dans l’industrie du sexe35. Ce focus a amené une quantité considérable de financement pour les groupes de travailleuses du sexe, qui ont utilisé les fonds pour faire la promotion de la décriminalisation36. L’approche de réduction des méfaits de ces groupes au sujet de la prévention du VIH semble être que si suffisamment de préservatifs sont distribués aux clients, la vie de tout le monde s’en portera mieux. En réalité, les femmes souhaitent à la fois l’élimination des méfaits (sortir de la prostitution) et la réduction des méfaits. Mais la majorité des clients de la planète refusent de porter le préservatif. Les épidémiologistes ont trouvé que les plus hauts risques de transmission du VIH viennent des agressions sexuelles et d’un grand nombre de partenaires sexuels. Aucun de ces aspects n’a été discuté dans les syndicats de travailleuses du sexe.

Même si elle fut promue comme une loi protégeant les travailleuses du sexe, l’évaluation de ladite loi par le gouvernement de Nouvelle-Zélande est arrivée à la conclusion que suite à la décriminalisation, la violence et les abus se sont maintenus comme auparavant37. « La majorité des travailleuses du sexe considèrent que la loi ne peut pas grand-chose contre la violence qui a lieu » et que ceci est un aspect inévitable de l’industrie38. Durant un an, 35% des femmes travaillant dans la prostitution légale ont été forcées39. Les plus hauts taux de contraintes de la part des clients ont été rapportés par les femmes travaillant dans les salons de massage et ayant un proxénète (ou un « gérant » selon la définition du gouvernement). La stigmatisation sociale liée à la prostitution et le manque de confiance envers la police ont aussi persisté après la décriminalisation. La plupart des femmes n’ont pas rapporté les actes de violence ou les crimes commis suite à la décriminalisation40. Dans Auckland post-décriminalisation, des groupes de proxénètes ont mené des guerres de territoire pour le contrôle de la prostitution41, et la prostitution de rue a pris une ampleur démesurée allant jusqu’à une augmentation de 200% selon certains rapports42.

  • Idées fausses, rationalisation et déni au sujet de la prostitution dans l’espace publique

Les idées fausses répandues dans l’espace public découlent des récits de clients et de proxénètes qui ont intérêt à cacher la violence de l’industrie. Les justifications utilisées par les hommes pour les différentes formes de violence faites aux femmes sont très similaires à celles utilisées pour justifier la prostitution. Ils blâment les victimes, ils voient les femmes dans la prostitution comme profondément différentes des autres femmes et avec un manque de moralité. Les batteurs justifient leur violence en disant que les femmes l’ont cherché ou ont été provocantes. Les prostituteurs justifient leur achat de sexe en disant que les femmes s’enrichissent ou qu’elles font un travail, peut-être non stimulant, mais nécessaire, comme c’est le cas pour le travail en usine. Les acheteurs et les défenseurs de ce commerce reconnaissent peut-être une partie de l’abus et de l’exploitation, mais ils les justifient parce qu’ils permettent aux femmes de faire de l’argent. Une fois la transaction payée, l’exploitation, l’abus et le viol disparaissent. « Elles sont toutes exploitées. Par contre, elles en retirent un bon revenu » dit un client italien43. Un autre client a décrit les viols d’une femme par son proxénète. Il a tout de même dit « ce n’était qu’à l’occasion, pas à chaque semaine »44. Si les attentes sexuelles des hommes ne sont pas satisfaites, le viol et la prostitution sont présumés inévitables. Les femmes qui ne réussissent pas à procurer les actes sexuels demandés par leur partenaire sont alors blâmées pour le recours à la prostitution de celui-ci. « Si ma fiancée refuse de se plier au sexe anal, je sais que quelqu’un d’autre le fera »45.

Les mots et les concepts qui mentent au sujet de la prostitution amènent de la confusion : la prostitution volontaire laisse entendre que la femme a consenti alors qu’elle n’avait pas d’autre alternative de survie ; le trafic forcé sous-entend que des femmes peuvent être consentantes à être trafiquées ; travail du sexe définit la prostitution comme un travail et non comme une forme de violence. L’expression travailleuse du sexe migrante suppose que le trafic et la prostitution sont acceptables. La prostitution dans les bars de danseuses a été rebaptisée comme une expression sexuelle ou la liberté d’une personne d’exprimer sa sensualité. Les bordels sont appelés salons de massage, saunas ou centres de santé. Les hommes plus âgés qui achètent des adolescentes à Séoul sont considérés faire des rencontres compensatoires. À Tokyo, la prostitution est décrite comme des rapports sexuels assistés. Les hommes qui achètent des femmes sont la partie intéressée et les proxénètes sont des gérants. Les proxénètes et les trafiquants réussissent de cette façon à brouiller les cartes et à faciliter le déni en présentant l’industrie comme étant amusante, facile et payante pour les femmes.

Des femmes aussi peuvent être proxénètes. Ainsi, certaines travailleuses du sexe militantes s’identifient comme « travailleuse du sexe », tout en étant en réalité les gérantes de d’autres femmes prostituées. Certaines ont même été arrêtées pour trafic, tenue de bordel ou proxénétisme. Il y a un conflit d’intérêt évident quand les personnes qui sont gérant-e-s/propriétaires/proxénètes sont dans la même organisation que celles qui sont sous leur contrôle. La déformation est encore plus non-éthique quand les propriétaires, gérant-e-s ou membres du conseil d’administration des commerces ou organismes cachent leurs affiliations et prétendant défendre les intérêts des femmes. Se dissimulant derrière des prétendus syndicats de travailleuses du sexe, les proxénètes attirent de cette façon les sympathies de la Gauche. Pourtant, des groupes faisant la promotion de la prostitution comme un travail, tels que le Collectif des Prostituées de Nouvelle-Zélande, le Syndicat International des travailleuses du sexe (UK), le Fil Rouge (Pays-Bas), le Comité de Mahila Samanwaya de Durbar (Inde), Stella (Canada), et le Projet Organisateur des travailleuses du sexe (USA), ne ressemblent aucunement à ce que la plupart d’entre nous imaginons des syndicats. Ils n’offrent aucune pension, sécurité, heures de travail normales, assurance-chômage ou services pour sortir de l’industrie (ce que 90% des femmes souhaitent pourtant). Plutôt, ces groupes font la promotion du libre-marché d’humaines vendues pour du sexe.46 Nous avons localisé 12 personnes de 8 pays différents qui s’identifiaient publiquement comme des travailleuses du sexe ou des défenseures du travail du sexe, mais qui avaient vendu d’autres personnes ou avaient participé à la gestion du commerce du sexe de diverses façons. Chacune de ces personnes encourageaient la décriminalisation du proxénétisme. Plusieurs d’entre elles ont déjà été arrêtées pour trafic, proxénétisme, tenue de bordels ou d’agences d’escortes, prostitution à l’échelle nationale ou pour avoir vécu des fruits de la prostitution47.

  • Comment répondre de façon éthique et appropriée à l’existence de la prostitution?

L’existence de la prostitution, peu importe la forme qu’elle prenne, est une trahison sociale envers les femmes, particulièrement celles qui sont marginalisées et vulnérables à cause de leur sexe, leur origine ethnique, leur pauvreté ou leur histoire d’abus et de négligence. La prostitution est une forme de harcèlement sexuel, d’exploitation sexuelle et parfois de torture. Les femmes dans la prostitution font face à une forte probabilité d’agression sexuelle, et ce, sur une base hebdomadaire, que l’on pourrait décrire comme de la violence conjugale poussée à l’extrême.

La complicité des gouvernements maintient l’existence de la prostitution. Lorsque l’industrie du sexe prolifère, les femmes ont moins tendance à entrer en compétition avec les hommes pour obtenir des emplois. Lorsque la prostitution est une composante de l’économie d’un État, les gouvernements sont exemptés d’aider les femmes à obtenir d’autres emplois. Les taxes de sang sont collectées par les États-proxénètes dans les lieux où la légalisation ou la décriminalisation sont instaurées. Les banques, les compagnies aériennes, les fournisseurs d’accès internet, les hôtels, les agences de voyage et les médias sont parties prenantes de l’exploitation et l’abus des femmes dans le tourisme sexuel. Ils font d’immenses profits et représentent une part considérable de l’économie.

Si nous prenons en compte la voix et l’analyse des survivantes de l’industrie – celles qui ne sont plus sous l’emprise d’un proxénète ou des trafiquants – elles nous indiquent les solutions légales à entreprendre. Les hommes qui achètent des femmes doivent être tenus responsables pour leurs agressions prédatrices. Celles dans la prostitution doivent se voir offrir de réelles alternatives de survie et ne jamais être judiciarisées. Ceux qui profitent de la prostitution – les proxénètes et les trafiquants – doivent aussi être tenus responsables. Une approche basée sur les droits humains, reconnaissant que la prostitution est de l’exploitation sexuelle, comme celle de la Suède, de la Norvège et bientôt de l’Irlande du Nord, permettrait de la sécurité et de l’espoir. Dans cette approche, les clients sont criminalisés, ainsi que les autres acteurs mâles de l’industrie; les personnes vendant du sexe sont décriminalisées et se voient offrir des services pour sortir de l’industrie et de la formation à l’emploi. Tout d’abord, il nous faut aller au-delà des mensonges de ceux qui profitent de la prostitution. Je sais que nous pouvons le faire.

En résumé :

  1. La vérité sur la prostitution est souvent cachée derrière les mensonges, la manipulation et les déformations des gens qui profitent du commerce du sexe. La vérité plus profonde vient des survivantes et de leurs témoignages, ainsi que par des recherches sur les dimensions psychologiques et biopsychologiques de la prostitution.

  2. À la base de la prostitution, comme c’est le cas dans tout autre système coercitif, se trouve la déshumanisation, l’objectivation, le sexisme, le racisme, la misogynie, l’absence d’empathie, un sentiment de droit acquis pathologique, la domination, l’exploitation et une exposition chronique à la violence et à la dégradation qui détruit la personnalité et l’esprit.

  3. La prostitution ne peut pas être rendue sécuritaire par la légalisation ou la décriminalisation. Elle doit être complètement abolie.

  4. La prostitution est beaucoup plus similaire à du harcèlement, de la mise en danger et de l’agression sexuelle, qu’à un travail dans une chaîne de fast-food. La majorité des femmes dans l’industrie souffrent de SSPT et souhaitent en sortir.

  5. Les acheteurs de sexe sont des prédateurs; ils adoptent souvent des comportements coercitifs, ils manquent d’empathie et ont des attitudes sexistes qui justifient leur abus des femmes.

  6. Il existe une solution. Elle se nomme le modèle suédois et elle a été adoptée par plusieurs pays dont la Suède, la Norvège, l’Irlande du Nord et l’Islande. L’essence de cette solution est : la criminalisation des clients et des proxénètes; la décriminalisation des femmes prostituées et la mise en place de ressources, d’alternatives, de maisons et de réhabilitation.

  7. La prostitution affecte toutes les femmes, pas seulement celles qui sont dans l’industrie.

Melissa Farley, publié sur LOGOS JOURNAL, 2016

TRADUCTION : Claudine G. pour RESSOURCES PROSTITUTION

https://ressourcesprostitution.wordpress.com/2016/12/06/certains-travailleurs-du-sexe-militants-sont-en-realite-des-proxenetes/

1 Janice Turner (2014) « L’humeur a changé. Acheter du sexe est inacceptable » (The mood’s changed. Buying sex is just wrong) The Times, Londres, 8 février 2014. http://www.thetimes.co.uk/tto/opinion/columnists/article3999436.ece

2 Moore, C.G. (1991) Un sourire ravageur (A Killing Smile). Bangkok : White Lotus Press. Cité dans Ryan Bishop & Lillian Robinson (1997) Marché de nuit : Les cultures sexuelles et le miracle de l’économie Thaïlandaise (Night Market: Sexual Cultures and the Thai Economic Miracle). New York : Routledge, p 168-9.

3 Farley, M., Macleod, J., Anderson, L., and Golding, J. (2011) Attitudes et caractéristiques sociales des hommes qui achètent du sexe en Écosse (Attitudes and Social Characteristics of Men Who Buy Sex in Scotland). Psychological Trauma: Theory, Research, Practice, and Policy, 3/4: 369-383.

4 Vanwesenbeeck I. (1994) Le bien-être et le risque des femmes prostituées (Prostitutes’ Well-Being and Risk). Amsterdam: VU University Press.

5 Farley, M. (2007) « Louer un organe pour 10 minutes : ce que les passes nous disent sur la prostitution, la pornographie et le trafic » (‘Renting an Organ for Ten Minutes :’ What Tricks Tell us about Prostitution, Pornography, and Trafficking) dans D.E. Guinn and J. DiCaro (eds) Pornography: Driving the Demand in International Sex Trafficking, Pp 144-152. Los Angeles: Captive Daughters Media.

6 Farley, M., Schuckman, E., Golding, J.M., Houser, K., Jarrett, L., Qualliotine, P., Decker, M. (2011) « Comparaison entre les hommes qui achètent du sexe et ceux qui ne le font pas : Vous pouvez passer un bon moment avec la servitude vs Vous supportez un système de dégradation » (Comparing Sex Buyers with Men Who Don’t Buy Sex : « You can have a good time with the servitude » vs. « You’re supporting a system of degradation) », Communication présentée lors de la rencontre annuelle des psychologues pour la responsabilisation sociale (Psychologists for Social Responsibility Annual Meeting) le 15 juillet 2011 à Boston.

7 Marttila, A-M. (2000) Désirer l’autre : les clients de la prostitution dans un quartier rouge à la limite de la Finlande, l’Estonie et la Russie (Desiring the ‘Other:’ Prostitution Clients on a Transnational Red-Light District in the Border Area of Finland, Estonia and Russia). Gender, Technology, and Development 12(1): 31-51.

8 Farley, M., Bindel, J. and Golding, J.M. (2009) Les prostituteurs : qui ils achètent et ce qu’ils savent (Men who buy sex : who they buy and what they know). Eaves: London and Prostitution Research & Education: San Francisco. http://www.prostitutionresearch.com/c-prostitution-research.html

9 Farley, M., Freed, W., Kien, S. P., Golding, J.M. (2012) Une épine au Coeur : les hommes cambodgiens qui achètent du sexe (A Thorn in the Heart : Cambodian Men who Buy Sex). Presenté le 17 juillet 2012 à la conférence co-hébergée par le Centre des femmes cambodgiennes pour la recherche et l’éducation sur la prostitution : emphase sur les hommes qui achètent du sexe : décourager la demande, arrêter le trafic (Cambodian Women’s Crisis Center and Prostitution Research & Education : Focus on Men who Buy Sex :  Discourage Men’s Demand for Prostitution, Stop Sex Trafficking). Hôtel Himawari, Phnom Penh, Cambodia.

10 Pornographie et prostitution au Canada : rapport du comité spécial sur la prostitution et la pornographie (1985) (Pornography and Prostitution in Canada : Report of the Special Committee on Pornography and Prostitution) 2. Ministère de l’approvisionnement et des services, Canada. p. 376–77.

11 Spurrell, C. (2006) Qui paie pour du sexe ? Vous seriez étonnés (Who Pays for Sex ? You’d Be Surprised). Times en ligne, 7 novembre 2006. www.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/men/article627388.ece

12 Farley, M., Bindel, J. and Golding, J.M. , 2009.

13 Farley, M., Bindel, J. and Golding, J.M. , 2009.

14 Moran, R. (2014) Lettre ouverte au « bon client » (An Open Letter to the ‘Good’ Punter). 19 mai 2014. Survivor’s View Blog. Prostitution Research & Education. http://prostitutionresearch.com/pre_blog/2014/05/19/an-open-letter-to-the-good-punter/

15 Farley, M., Bindel, J. and Golding, J.M. , 2009.

16 Jeffreys, S. (1997) L’idée de la prostitution (The idea of prostitution). North Melbourne: Spinifex Press.; Plumridge, E.W., Chetwynd, S.J., Reed, A. (1997) Le contrôle et les condoms dans le commerce du sexe : la perspective des clients (Control and condoms in commercial sex: client perspectives). Sociology of Health & Illness 19 (2): 228-243.

17 Barry, K. (1995) La prostitutionalisation de la sexualité (The Prostitution of Sexuality). New York: New York University Press; Funari, V. (1997) Nue, vilaine, obscène : réflexions sur les peepshow (Naked, naughty, nasty : peepshow reflections) dans Nagle, J. (ed.) Putains et autres féministes (Whores and Other Feminists). New York : Routledge; Giobbe, E. (1991) Prostitution, acheter le droit de violer (Prostitution, Buying the Right to Rape) dans Burgess, A.W. (ed.) Rape and Sexual Assault III : a Research Handbook. New York : Garland Press ; Hoigard, C. & Finstad, L. (1986) Ruelles: prostitution, argent et amour (Backstreets : Prostitution, Money and Love). University Park : Pennsylvania State University Press ; Raymond, J., D’Cunha, J., Dzuhayatin, S.R., Hynes, H.P., Ramirez Rodriguez, Z., and Santos, A. (2002) Étude comparative sur les femmes trafiquées durant le processus de migration : modèle, profils et conséquences sur la santé de l’exploitation sexuelle dans 5 pays (Indonésie, Philippines, Thaïlande, Venezuela et États-Unis) (A Comparative Study of Women Trafficked in the Migration Process : Patterns, Profiles and Health Consequences of Sexual Exploitation in Five Countries) ; N. Amherst, MA: Coalition Against Trafficking in Women (CATW). Disponible à : www.catwinternational.org

18 Flood, M., & Pease, B. (2009) Facteurs influençant les attitudes envers la violence faite aux femmes (Factors influencing attitudes to violence against women). Trauma, Violence, and Abuse, 10, 125-142; Koss, M. P., & Cleveland, H. H. (1997) Marcher sur les orteils: les causes sociales du « date rape » mènent à l’impossibilité de traitement et à la politisation (Stepping on toes : Social roots of date rape lead to intractability and politicization) dans M. D. Schwartz (Ed.), Researching sexual violence against women: Methodological and personal perspectives (pp. 4-21). London : Sage.

Disponible à : http://prostitutionresearch.com/2015/09/01/men-who-buy-sex-have-much-in-common-with-sexually-coercive-men-new-study-shows-4/

19 Farley, M., Golding, J., Matthews, E.S., Malamuth, N., Jarrett, L. (2015) Comparaison entre les hommes qui achètent du sexe et ceux qui ne le font pas : nouvelles données sur la prostitution et le trafic (Comparing Sex Buyers with Men Who Do Not Buy Sex : New Data on Prostitution and Trafficking). Journal of Interpersonal Violence (Août 2015) 1-25.

20 Heilman, B., Herbert, L., & Paul-Gera, N. (2014) La fabrication de la violence sexuelle : comment un garçon est-il conditionné à commettre un viol ? Évidences tirées de 5 pays (The making of sexual violence: How does a boy grow up to commit rape ? Evidence from five IMAGES countries). Washington, DC: International Center for Research on Women (ICRW) and Washington, DC : Promundo. Tiré de : http://www.icrw.org/files/publications/The%20Making%20Of%20Sexual%20Violence%20-%20June%202014%20-%20WEB%20PREVIEW.pdf

21 Monto, M. A., & McRee, N. (2005) Comparaison entre les clients masculins de la prostitution de rue et un échantillon national d’hommes « moyens » (A comparison of the male customers of female street prostitutes with national samples of men). International Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology, 49, 505-529.

22 Farley, M., Macleod, J., Anderson, L., and Golding, J. (2011) Les attitudes et les caractéristiques sociales des prostituteurs en Écosse (Attitudes and Social Characteristics of Men Who Buy Sex in Scotland). Psychological Trauma:  Theory, Research, Practice, and Policy 3/4: 369-383.

23 La prostitution se retrouve dans 99% des clubs de danseuses. Holsopple, K. (1998) Les clubs de danseuses vues par les danseuses : lever le voile sur la violence dans le milieu de travail (Stripclubs According to Strippers: Exposing Workplace Violence). Article non-publié ; Farley, M. (2004) « Mauvais pour le corps, mauvais pour le coeur » : la prostitution nuit aux femmes malgré la légalisation ou la décriminalisation (Bad for the Body, Bad for the Heart : » Prostitution Harms Women Even If Legalized or Decriminalized). Violence Against Women 10: 1087-1125.

24 Farley, M., Bindel, J. and Golding, J.M. , 2009.

25 Farley, M., Bindel, J., and Golding, J.M.2009.

26 Dragomirescu, D.A., Necula, C., & Simion, R. (2009) « Roumanie: marché émergeant pour le trafic ? prostituteurs et femmes trafiquées en Roumanie » (Romania : Emerging Market for Trafficking ? Clients and Trafficked Women in Romania). dans A. Di Nicola (ed.) Prostitution and Human Trafficking: Focus on Clients. New York: Springer. p. 160

27 « L’approche du ‘travail du sexe’ vis-à-vis de la prostitution favorise la décriminalisation hors frontière sous diverses formes de légalisation, ordinairement avec une quelconque réglementation des États, parfois avec de la syndicalisation. Son but est de retirer toute sanction légale envers tous les acteurs de l’industrie du sexe afin que la prostitution devienne aussi légitime que n’importe quelle autre façon de vivre » (The sex work approach to prostitution favors across-the-board decriminalization with various forms of legalization, usually with some state regulation, sometimes beginning with unionization. Its goal is to remove criminal sanctions from all actors in the sex industry so that prostitution becomes as legitimate as any other mode of livelihood.) Catharine A. MacKinnon (2011) Trafficking, Prostitution, and Inequality. Harvard Civil Rights-Civil Liberties Law Review 46: 701-739.

28 Charter, D. (2008) La moitié des vitrines du quartier rouge d’Amsterdman ferment (Half of Amsterdam’s red-light windows close). The Times UK, 27 décembre 2008. http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/europe/article5400641.ece.

29 Jeffreys, S. (2003) La légalisation de la prostitution : une expérimentation sociale qui a échoué (The legalisation of prostitution: A failed social experiment). Women’s Health Watch Newsletter, 64: 8-11. http://www.women’shealth.org.nz.

30 Cho, S-Y., Dreher, A., Neymayer, E. (2013) La légalisation de la prostitution augmente-t-elle le trafic humain ? (Does Legalized Prostitution Increase Human Trafficking?) World Development 41:67-82. 

http://www.lse.ac.uk/geographyAndEnvironment/whosWho/profiles/neumayer/pdf/Article-for-World-Development-_prostitution_-anonymous-REVISED.pdf

31 Farley, M. (2004)  La prostitution nuit aux femmes malgré la légalisation ou la décriminalisation (Prostitution Harms Women Even If Legalized or Decriminalized).

32 Daley, S. (2001) Nouveaux droits pour les prostituées néerlandaises, mais aucun gain (New Rights for Dutch Prostitutes, but No Gain). New York Times. 12 août 2001. http://www.nytimes.com/2001/08/12/international/12DUTC.html

33 St James Infirmary (2004) p 172. St James Infirmary (2004 2nd edition) Occupational Health and Safety Handbook ; San Francisco : Alliance des danseuses exotiques, prévention des ITSS et services de contrôle de San Francisco (Exotic Dancers Alliance and STD Prevention and Control Services of the City and County of San Francisco).

34 Sullivan, M. (2007) Travail du sexe : une expérimentation échouée de prostitution légale  (Making Sex Work: a failed experiment with legal prostitution). Melbourne: Spinifex.

35 Priscilla Alexander a remarqué que l’épidémie de sida a apporté avec elle certains avantages fiscaux pour ceux et celles faisant la promotion de l’industrie du sexe. Alexander, P. (1996) Foreword. Priscilla Alexander dans N. McKeganey and M. Barnard (Eds.) Le travail du sexe de rue: les prostituées et leurs clients (Sex Work on the Streets : Prostitutes and Their Clients) Philadelphia: Open University Press.

36 Jenness, V. (1993) Faire fonctionner l’industrie : perspectives sur le mouvement des droits des prostituées (Making It Work : the Prostitutes’ Rights Movement in Perspective). New York: De Gruyter

37 Comité de révision de la loi sur la prostitution (2008) Rapport du comité de révision de la loi sur la prostitution au sujet de l’application de la loi sur la réforme de 2003 (Report of the Prostitution Law Review Committee on the Operation of the Prostitution Reform Act 2003). Wellington, New Zealand. http://www.justice.govt.nz/prostitution-law-review-committee/publications/plrc-report/index.html:157

38 Prostitution Law Review Committee (2008), pp.14 and 57

39 Prostitution Law Review Committee (2008), page 46.

40 Prostitution Law Review Committee (2008), p. 122.

41 Tapaleao, Vaimoana (2009, May 4). La ville amène le dilemme lié à la prostitution jusqu’au sommet (City takes prostitute dilemma to the top). New Zealand Herald. http://www.nzherald.co.nz/nz/news/article.cfm?c_id=1&objectid=10570143.

42 Le comité de révision de la loi sur la prostitution de Nouvelle-Zélande a noté en 2008 (p. 118) que la prostitution de rue à Auckland a plus que doublé en un an (2006-2007). D’autres rapports proposent des chiffres encore plus élevés. « Des estimations indiquent que le nombre de prostituées de rue à Manukau aurait quadruplé depuis juin 2003… ». Conseil de ville de Manukau City, Rapport du comité du conseil de ville de Manukau sur le contrôle de la prostitution de rue.

http:// http://www.manukau.govt.nz/uploadedFiles/manukau.govt.nz/Publications/ Plans_&_Poli cies/mcc-report-on-streetprostitution-aug-2005.pdf.

43 Di Nicola, A., Cuaduro, A., Lombardi, M., Ruspini, P. (editors) (2009) Prostitution et trafic humain : focus sur les clients (Prostitution and Human Trafficking: Focus on Clients). New York: Springer.

44 Farley, M., Schuckman, E., Golding, J.M., Houser, K., Jarrett, L., Qualliotine, P., Decker, M. (2011) Comparaison entre les hommes qui achètent du sexe et ceux qui ne le font pas : « Vous pouvez passer un bon moment avec la servitude » vs « Vous supportez un système de dégradation » (Comparing Sex Buyers with Men Who Don’t Buy Sex : « You can have a good time with the servitude » vs. « You’re supporting a system of degradation »). Communication présentée lors de la rencontre annuelle des psychologues pour la responsabilisation sociale le 15 juillet 2011 à Boston.

45 Farley, M., Schuckman, E., Golding, J.M., Houser, K., Jarrett, L., Qualliotine, P., Decker, M. (2011).

46 Cecilie Hoigard (2015) La présence de la douleur dans le débat sur la prostitution (The Presence of Pain in the Debate on Prostitution), Le Front des femmes de Norvège. Disponible à: http://kvinnefronten.no/wp-content/uploads/2015/05/Two-Articles-on-Prostitution.pdf

47 Norma Jean Almodovar, USA, Fondation internationale des travailleuses du sexe pour l’art, la culture et l’éducation (International Sex Worker Foundation for Art, Culture, and Education) et Call Off Your Old Tired Ethics (COYOTE). La directrice de COYOTE/Los Angeles, Norma Jean Almodovar, a été reconnue coupable de proxénétisme. Voir le rapport dans leSpokane Chronicle du 27 septembre 1984, https://news.google.com/newspapers?nid=1345&dat=19840927&id=PldOAAAAIBAJ&sjid=jfkDAAAAIBAJ&pg=7010,2487624&hl=en ; voir aussi le rapport dans le Register-Guard Eugene Oregon, https://news.google.com/newspapers?nid=1310&dat=19840927&id=Aa1jAAAAIBAJ&sjid=iuEDAAAAIBAJ&pg=6617,6534751&hl=en;

Terri Jean Bedford, Canada, militante pour l’industrie du sexe, a été reconnue coupable de tenir un bordel. Bedford était l’une des 3 demandeures, se décrivant comme travailleuses du sexe, de la révision de la loi sur la prostitution, avec pour but d’amener la décriminalisation au Canada. Voir http://www.cbc.ca/news/canada/dominatrix-found-guilty-1.165890 pour une description de son arrestation. Voir aussi Toronto Star Archives, Paul Moloney (1994) Sexual bondage parlor raided in Thornhill. Toronto Star 17 septembre 1994 http://www.thestar.com/news/gta/2011/06/13/the_making_of_abad_girl.html for a description of her arrest for running a bawdy house. « La police de la région de York a saisi une importante collection d’attirails de servitude sexuelle lors d’une descente dans un bungalow de Thornhill s’affichant en tant que « Maison de l’érotisme de Madame de Sade ». En plus d’un assortiment de fouets, de chaînes, de pagaies de fessée, de menottes, de masques, de perruques et de bottes, la police a aussi saisi un trône, des réserves, un banc à fessée et une croix noire en bois avec des attaches pour les pieds, les mains et la tête. Deux personnes préposées à la « domination » et une à la « soumission » – Maitresse Marie, Maitresse Morgan et Princesse – offraient des sessions qui permettaient la satisfaction sexuelle, surtout par la masturbation, selon les enquêteurs »;

Claudia Brizuela, Argentina, Association des femmes prostituées d’Argentine, Réseau latino- Americain et des Caraïbes des femmes travailleuses du sexe (Latin American-Caribbean Female Sex Workers Network). Claudia Brizuela, une ancienne dirigeante de la Asociacion de Mujeres Meretrices de Argentina (AMMAR) et une fondatrice du Réseau latino-American et des Caraïbes des femmes travailleuses du sexe, fut arrêtée, accusée et reconnue coupable de trafic sexuel en 2014. Les deux groupes de travailleuses du sexe ont été financés par ONUSIDA et supportés par Amnistie Internationale pour leur plaidoyer en faveur de la décriminalisation. Voir Ex dirigente de Ammar procesada por liderar red de trata (source Anna Djinn) https://thefeministahood.wordpress.com/2015/08/24/what-amnesty-did-wrong/;

Maxine Doogan, USA, Syndicat des dispensatrices de services érotiques (Erotic Service Providers Union). Mary Ellen (Maxine) Doogan a été proxénète de femmes dans un service d’escortes à Seattle, WA du nom de Personal Touch Escort Service, pour lequel elle a été accusée de faire la promotion criminelle de la prostitution, de tenue d’agence d’escortes et de blanchiment d’argent. Elle a plaidé coupable afin d’obtenir une condamnation plus clémente de proxénétisme et fut reconnue coupable en 1994 de promotion criminelle de la prostitution au 2e degré. La poursuite pour la promotion de la prostitution au 2e degré signifie « tirer profit de la prostitution ». Cour Supérieure: La Cour Supérieure de King County, No. 93-1-04076-4, Anthony P. Wartnik, J., émit un jugement sur le verdict de culpabilité le 8 Août 1994;

Robyn Few, USA, Projet de sensibilisation auprès des travailleuses du sexe (Sex Workers Outreach Project). Robyn Few fut condamnée pour violation de la loi fédérale et de conspiration pour promouvoir la prostitution entre les différents États. Elle est la fondatrice de « Sex Workers Outreach Project ». http://www.swopusa.org/about-us/founder-robyn-few/; Jesse Jardim (2004) Ex-Prostitute Hits the Streets to Decriminalize Prostitution. Daily Californian 29 janvier 2004. http://archive.dailycal.org/article.php?id=13940;

Douglas Fox, UK, Syndicat International des travailleuses du sexe (International Union of Sex Workers), consultant auprès d’Amnistie Internationale, co-gérant d’une agence d’escortes. Douglas Fox est l’un des fondateurs de la International Union of Sex Workers. Il fut arrêté pour avoir vécu des fruits de la prostitution lors d’une opération policière à l’agence d’escortes Christony Companions. Julie Bindel (2015) « Ce que vous appelez des proxénètes, nous appelons des gérants » (What you call pimps, we call managers). En ligne le 21 juillet 2015. https://www.byline.com/column/7/article/188. La journaliste d’enquête Julie Bindel arrive à la conclusion que la raison d’être de la « International Union of Sex Workers » semble être de « normaliser le proxénétisme et de faire pression pour la disparition des lois qui criminalisent les exploiteurs de l’industrie du sexe, et ultimement de faire changer la vision sur la prostitution afin de la faire passer pour un travail comme un autre ». Voir Bindel, J. (2013) Un syndicat improbable : Julie Bindel enquête sur un monde de travailleuses du sexe, de proxénètes et de prostituteurs (An Unlikely Union: Julie Bindel investigates a world of workers, pimps, and punters). The Gaze. avril 2013. http://www.gaze-amodernreview.co.uk/contributors.html (also available from the author);

Eliana Gil, Mexico, Réseau mondial de projets de travailleuses du sexe (Global Network of Sex Work Projects), Réseau latino- Americain et des Caraïbes des femmes travailleuses du sexe (Latin American-Caribbean Female Sex Workers Network). Eliana Gil a été arrêtée en 2014 et condamnée en 2015 pour trafic sexuel. http://www.sinembargo.mx/22-02-2014/912026. Selon le témoignage d’une victime, elle a soumis à son emprise et à celle de son fils environ 200 femmes à Mexico City. Le « Latin American-Caribbean Female Sex Workers Network » était affilié et financé par le programme des Nations- Unies pour le VIH/Sida, affilié à l’Organisation Mondiale de la Santé et promu par Amnistie Internationale http://www.faber.co.uk/blog/a-human-rights-scandal-by-kat-banyard/;

Pye Jakobsson, Sweden, Rose Alliance, Réseau mondial de projets de travailleuses du sexe (Global Network of Sex Work Projects), membre de longue-date du conseil d’administration d’un club de danseuses de Stockholm, où elle était rémunérée pour organiser l’horaire de travail du club et pour insérer les nouvelles recrues dans l’horaire. Elle a tenu un mandat similaire et fut adjointe à la gérance dans un second club (Erostop). Pye Jakobsson a reconnu avoir été sur le CA du club de danseuses Flirt Fashion en 2001-2012. « La fondatrice également membre du conseil d’administration d’un club de danseuses » (Founder also on board of strip club), 14 janvier 2013 Kajsa Skarsgård Commentary http://www.dagensarena.se/innehall/frontfigur-ocksa-i-styrelse-for-strippklubb/; Gerda Christensen (Traduction vers l’anglais : Annina Claesson) « L’alliance Rose de Suède – une organisation frauduleuse » (Swedish Rose Alliance – a fraudulent organization), 2013 Newsletter of Kvinnofronten, Le Front des femmes de Suède (the Women’s front in Sweden) http://kvinnofronten.nu/eng/Newsletter/debate-rose-alliance.htm. Une survivante qui a rencontré Jakobsson à l’Alliance Rose stipule que Jakobsson y recrutait des femmes pour qu’elles viennent travailler au club.

http://bibbidibobbidibutthole.tumblr.com/post/125394583276/womensliberationfront-gerda-christenson-of Jakobsson fut interviewée par un journaliste alors qu’elle travaillait à Erostop, où elle fut encore décrite comme la personne qui « s’occupait des horaires » : « Pye Jakobsson, 32 ans, gère les horaires et d’autres détails entourant les effeuilleuses à l’Erostop. » http://wwwc.aftonbladet.se/nyheter/0006/24/sexklubb.html Une critique de 2007 par les clients de l’Erostop décrit des actes de prostitution au club où Jakobsson gère les horaires et d’autres détails : « Spectacles privés où les femmes montrent leur sexe et où vous vous faites baiser de 500$ » https://www.flashback.org/t2831p3;

Jackie McMillan, Australia, Projet de sensibilisation auprès des travailleuses du sexe (Sex Workers Outreach Project), productrice de pornographie, gérante d’un club-cachot et promotrice. Jackie McMillan a affirmé avoir produit de la pornographie durant 10 ans. https://www.facebook.com/WomanSaySomething/posts/782787211765971. McMillan a aussi été gérante d’un club fétichiste à Sydney avec son conjoint Craig Donarski, le Hellfire Club’s, où les employées offraient une expérience de cachot/excentricités avec de la domination, de la soumisison, de l’esclavage et du sadisme.

http://www.au.timeout.com/sydney/adult/features/11813/bdsm-in-sydney;

https:// www.linkedin.com/in/jackiemcmillan; Donarski et McMillan ont reçu un prix hommage pour leur club le Hellfire Club en 2014. http://australianpridenetwork.com.au/sydney-lgbti-community-honours-its-heroes/;

Maggie McNeil, USA, Projet de sensibilisation auprès des travailleuses du sexe (Sex Workers Outreach Project), propriétaire d’une agence d’escortes de Nouvelle- Orléans. Maggie McNeil admet « J’étais propriétaire d’une agence d’escorte. J’étais une Madame » https://maggiemcneill.wordpress.com/2011/11/17/across-the-pond/#comment-15832 et

« J’étais la meilleure propriétaire d’agence en Nouvelle-Orléans »

http://titsandsass.com/haters-gonna-hate-even-when-youre-both-sex-workers/#comment-3022;

Tanja Sommer, Germany, militante pour le travail du sexe auprès de l’Association commerciale de services sexuels et érotiques (Berufsverband erotische und sexuelle Dienstleistungen (BesD). Gérante d’un studio de dominatrice et locatrice de chambres à des femmes de l’industrie. Tout en ayant un rôle principal à l’Association BesD, elle gère aussi son studio de dominatrice dans lequel d’autres femmes se prostituent. http://berufsverband-sexarbeit.de/en/contact/ also runs her own dominatrix studio in which other women prostitute. Der Spiegel, « Uncovered »28 mars 2015: http://www.spiegel.de/spiegel/print/d-132909484.html Sa collègue Holger Rettig est la directrice de l’Association commerciale des commerces érotiques d’Allemagne, la UEGD (Unternehmerverband Erotikgewerbe Deutschland). Cette organisation, qui est constituée uniquement de proxénètes propriétaires de bordels, a aidé à la fondation de BesD et travaille en étroite collaboration avec elle. http://www.spiegel.de/spiegel/print/d-132909484.html;

Margo St James, USA, COYOTE, arrêtée pour avoir tenu un bordel. Pour une biographie de la vie et de l’arrestation de Margo St. James, voir Alison Bass (2015) « Se faire baiser: les travailleuses du sexe et la loi ». (Getting Screwed: Sex Workers and the Law), qui documente son arrestation à partir d’une entrevue avec elle, où elle décrit la déposition de l’officier de police qui dit qu’elle l’a sollicité, sa condamnation pour tenue d’une « maison du désordre », c-à-d un bordel, sa déclaration voulant que ses co-locataires se prostituaient mais que elle-même ne le faisait pas au moment de l’arrestation.

Auteur : entreleslignesentrelesmots

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